Exode de Mariel

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L'exode de Mariel a lieu le 20 avril 1980. Le régime de Fidel Castro expulse près de 130 000 cubains, considérés comme contre-révolutionnaires. Ils embarquent au port de Mariel en direction des côtes de Floride.[1]

Sommaire

[modifier] Suites et conséquences

D'autres exodes suivent, dont celui des 30 000 balseros (boat people cubains) en août 1994. Il y a actuellement 2 millions d'exilés cubains — dont la moitié aux Etats-Unis d'Amérique — pour 11 millions d'habitants sur l'île.

C'est au cours de l'exode de Mariel que l'écrivain cubain Reinaldo Arenas put quitter l'île, après des années de persécutions homophobes et politiques. Il raconte cet épisode dans son célèbre roman autobiographique Avant la nuit.

[modifier] Interprétation économique

L'Exode de Mariel constitue une expérience naturelle permettant de mesurer la capacité d'absorption d'une économie (ici, la ville de Miami) à un choc externe (l'augmentation subite et imprévue de la population). L'économiste américain David Card, spécialiste de l'économie du travail, a publié en 1990 une étude notoire sur le sujet[2]. Card y compare l'évolution du taux de chômage et des salaires à Miami avec quatre autres villes possédant des caractéristiques voisines, mais non affectées par l'exode. Si, entre avril et juillet 1980, le taux de chômage augmente brusquement, passant de 5% à 7,1%, l'étude portant sur la période 1979-1981 parvient à une conclusion opposée : à Miami, il diminue de 1,2 points (de 5,1 à 3,9%), tandis que dans les villes-témoins il ne diminue que de 0,1 point (de 4,4 à 4,3%). Pour la population noire (la moins qualifiée et a priori la plus vulnérable à cette nouvelle concurrence), l'augmentation du taux de chômage est plus faible à Miami que dans les villes-témoins. Les résultats sont similaires pour les salaires.

Ainsi, l'étude montre que la vague d'immigration cubaine n'a eu aucun impact à moyen terme sur le taux de chômage ou les salaires. La capacité de la ville de Miami à absorber les nouveaux travailleurs issus de cet exode est un argument souvent invoqué pour invalider les thèses sur le partage du travail supposant qu'une économie dispose d'un nombre fixé d'emplois qu'il convient de répartir au sein d'une population (mythe d'une quantité fixe de travail).

[modifier] Lien interne

[modifier] Notes

  1. Appelés également Marielitos
  2. David Card, The Impact of the Mariel Boatlift on the Miami Labor Market, dans Industrial and Labor Relations Review, vol. 43, 1990, pages 245-257 version en ligne (NBER) ; l'étude est évoquée dans Pierre Cahuc et André Zylberberg, Le chômage : fatalité ou nécessité, Flammarion, 2004, ISBN 2-08-210361-7
  3. Dans les années 1980, pour servir leur propagande anti-castriste, les États-Unis offrent l'asile politique aux immigrés opposants au communisme que Fidel Castro expulse de Cuba.


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