Erreur (pédagogie)

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En pédagogie, l'erreur désigne une réponse ou un comportement de l'apprenant (élève, stagiaire) qui ne correspond pas à la réponse, au comportement attendu.

Si, traditionnellement, le concept d'erreur est liée à l'idée de faute avec ses connotations négatives, les conceptions actuelles de pédagogie préconisent que les erreurs des élèves soient prises en compte par l'enseignant. En effet, l'erreur n'est plus la manifestation d'une non-connaissance qu'il convient d'ignorer ou de corriger immédiatement, mais d'une connaissance inadéquate sur laquelle la connaissance correcte va pouvoir être construite.

De plus, l'erreur semble être inévitable dans le processus normal de l'apprentissage.

D'une part on ne saurait envisager un enseignant délivrant un enseignement parfaitement adapté à tous ses apprenants. D'autre part les personnes n'ont pas les mêmes capacités d'apprentissage selon le domaine considéré et la manière d'apprendre. Enfin, l'erreur est souhaitable, car elle est formatrice :

  • une erreur faite durant l'apprentissage sera plus rarement répétée en situation réelle ;
  • la conscience que l'on peut se tromper donne une capacité de remise en cause et d'adaptation, elle fait prendre conscience de l'intérêt de se former.

A contrario, une répétition trop fréquente d'erreurs peut décourager l'apprenant.

Une erreur de l'apprenant peut parfois révéler une erreur de l'enseignant : en effet, celui-ci peut avoir transmis une information inexacte ou erronée, ou encore utiliser une pédagogie inadaptée.

L'erreur fait partie inhérente de l'apprentissage, il convient donc de l'analyser afin de mettre en place des situations pédagogiques adaptées.

Sommaire

[modifier] Comprendre l'erreur

[modifier] Quelques repères concernant la notion d'erreur

En 1956, sur la question du savoir et de l'expérience, Célestin Freinet adopte le tatonnement expérimental : il affirmait : « C'est en parlant qu'[un enfant] apprend à parler ; c'est en dessinant qu'il apprend à dessiner ». Il met donc en évidence la pratique des essais et des erreurs, et parle d'« obstacles qui feront barrage ».

En 1938, Gaston Bachelard avait d'ailleurs défini la notion d'obstacle épistémologique : « On connait contre une connaissance antérieure, en détruisant les connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation ».

[modifier] Les origines de l'erreur

Il existe différents types d'erreurs que l'on peut classer par origine.

  • Certaines sont liées à la limitation de l'apprenant.
Cette limitation peut être due au stade de développement du sujet : par exemple, selon l'âge, un enfant a une capacité plus ou moins élevée à se concentrer, à retenir et reproduire, à abstraire.
Elle peut aussi être liée à la représentation que le sujet a du concept donné : il faut alors l'aider à prendre conscience de l'insuffisance de ses conceptions pour les faire évoluer. Le progrès sera apporté soit par les autres (situations de conflit socio-cognitif, le groupe forme une norme), soit par le milieu lui-même (situations de conflit cognitif, l'apprenant constate par expérience que sa représentation est insuffisante).
La représentation que le sujet a de lui-même comme apprenant joue également un rôle.
La surcharge cognitive, la charge mentale de travail, peut devenir excessive du fait de la gestion simultanée de plusieurs activités, du manque de procédures automatisées ou du maintien du sujet dans des algorithmes coûteux. Cela met en évidence la nécessité de la gestion du temps (aménager des temps de pause, gérer la charge de travail).
  • L'erreur peut aussi être causée par la conception que l'apprenant s'est construite du concept en jeu.
Elle peut être didactique (axe maître-savoir) ou épistémologique (pôle du savoir)
  • Enfin l'erreur peut être liée aux règles du contrat didactique.

[modifier] Traitement de l'erreur

[modifier] Détection de l'erreur

La détection des erreurs est du domaine de la docimologie (science de l'évaluation).

Bien qu'elle soit nécessairement subjective, l'évaluation est un outil essentiel tout au long de l'apprentissage. Selon la finalité qu'on lui donne, il existe différents types d'évaluation qui se situent à des moments différents de l'apprentissage.

  • Avant l'apprentissage, elle est diagnostique et doit permettre d'identifier où en sont les élèves. Des évaluations nationales sont réalisées dans ce but en chaque début de cycle éducatif, et deviennent ainsi un outil indispensable pour l'enseignant.
  • Pendant, elle est essentiellement formatrice pour l'élève à qui elle doit permettre de se repérer, d'analyser ses processus d'apprentissage, d'apprécier ses évolutions. Pour l'enseignant, elle est formative, et l'analyse des erreurs est au cœur de son dispositif de différenciation ;
  • Après l'apprentissage, elle devient sommative. On l'appelle de façon plus commune les « contrôles ».

L'intérêt de telles évaluations est bien de repérer (par l'enseignant mais surtout par l'apprenant) les types d'erreurs mises en jeu, et non juste d'indiquer ce qui est vrai ou ce qui est faux.