East Side Story

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La théorie de l'East Side Story est un modèle expliquant l’apparition de la lignée humaine en Afrique de l'Est par un changement climatique majeur lié à la formation du grand rift.

Proposé initialement par l’éthologue hollandais A. Kortlandt [1], le modèle a été popularisé sous le nom d’East Side Story par le paléoanthropologue français Y. Coppens [2],[3].

La formation du rift, il y a une dizaine de millions d'années, aurait conduit à une différentiation climatique et environnementale majeure entre la région située à l'ouest, humide et boisée, et la région située à l'est, beaucoup plus sèche et occupée par la savane. À partir d'une souche commune, deux populations de primates auraient été isolées et deux lignées évolutives auraient divergé :

  • à l'Ouest, région restée humide et couverte de forêt tropicale, se serait développée la branche des Primates regroupant les grands singes ancêtres des gorilles, des chimpanzés et des bonobos. Les caractéristiques environnementales auraient contribué à leur conserver un mode de déplacement essentiellement quadrupède et arboricole.
  • à l'Est (territoires actuels de la Tanzanie, du Kenya, de l’Éthiopie), à l'abri des précipitations bloquées par la barrière du rift, un climat beaucoup plus sec se serait mis en place accompagné de la formation d'une végétation beaucoup moins dense, faite de savanes faiblement arborées. En réponse à ce nouvel environnement, une ou plusieurs branches distinctes de la famille Hominidé se seraient développées. Les australopithèques et les paranthropes en feraient partie, ainsi que l'ancêtre de l'homme moderne. Climat et végétation auraient favorisé, chez ces ancêtres ou ces cousins de l'homme moderne, les déplacements au sol et la bipédie, permettant l'amélioration de la perception visuelle des prédateurs ou du gibier. La bipédie favorisant la libération des membres antérieurs, ceux-ci seraient devenus disponibles pour utiliser progressivement des outils.

Ce modèle séduisant a été remis en cause par la mise en évidence d’une locomotion encore largement arboricole chez certains Australopithèques, puis par les découvertes par l’équipe de Michel Brunet d'Australopithecus bahrelghazali et de Sahelanthropus tchadensis au Tchad, soit 2 500 km à l'ouest du rift [4],[5]. Si Yves Coppens a reconnu que le modèle ne correspondait plus aux données actuelles [6], l'isolement géographique de petits groupes reste une hypothèse privilégiée pour expliquer l'apparition de la bipédie.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Kortlandt, A. (1972) - New perspectives on ape and human evolution, Amsterdam, Stichting voor Psychobiologie.
  2. Coppens, Y. (1983) - Le singe, l'Afrique et l'Homme, Paris, Fayard, 148 p.
  3. Coppens, Y. (1994) - « East Side Story, the origin of Humankind », Scientific American, vol. 270, n° 5, pp. 88-95.
  4. Brunet, M. (1997) - « Origine des hominidés : East Side Story... West Side Story... », Géobios, M.S. n ° 20, 79-83.
  5. Brunet, M., Guy, F., Pilbeam, D., Mackaye, H. T., Likius, A. et al. (2002) - « A new hominid from the Upper Miocene of Chad, Central Africa », Nature, vol. 418, 11 juillet 2002, pp. 145-151.
  6. Coppens, Y. (2003) - « L'East Side Story n'existe plus », La Recherche, n° 361.

[modifier] Liens internes

  • Toumaï, l’une des découvertes qui ont fait renoncer à l'hypothèse.
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