Don de sperme

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le don de sperme est une pratique qui permet à un homme de donner son sperme afin qu’un enfant puisse naître. Le donneur peut faire ce don dans une clinique ou une banque du sperme. Dans certains pays, comme en France, il est basé sur la gratuité, l’anonymat et le volontariat. Dans d’autres pays, l’anonymat peut être interdit par la loi. La loi peut aussi limiter le nombre d’enfants qu’un donneur peut engendrer par cette pratique.

Le don de sperme est utilisé depuis plusieurs décennies, il a été établi en 1973 en France avec les CECOS (Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain). Plus de 38 000 enfants sont nés sur le territoire français grâce à plus de 9 300 donneurs. Chaque année, ils sont plus de 4 000 couples à être demandeurs. La demande étant bien supérieure à l'offre, les couples receveurs sont confrontés à des délais très importants de l'ordre de un, voire deux ans. Pour les ovocytes, ce délai est encore plus long, supérieur à deux ans.

Sommaire

[modifier] Historique

L'Insémination artificielle avec Don de Sperme (IAD) est une technique qui remonte à un peu plus 100 ans, puisque la première tentative réussie date de 1884, par le docteur William Pancoast aux États Unis.

Depuis les années 40, il est possible de congeler les spermatozoïdes sans modifier leur aptitude à la fécondation, et les premières naissances d'enfants conçus avec spermatozoïdes congelés datent de 1953.

En France, les CECOS ont été créés en 1973 pour assurer la congélation et la conservation des spermatozoïdes. Ces centres sont chargés de s'assurer que le sperme récolté est le plus fécondant possible tout en évitant la transmission des maladies héréditaires ou infectieuses.

La loi sur la bioéthique datant du 29 juillet 1994 réglemente le fonctionnement général des CECOS.

[modifier] Indications

  • Stérilité du conjoint, soit par absence ou rareté des spermatozoïdes, soit par absence de pouvoir fécondant de ces derniers. On utilise dans ce cas le don de sperme après que les tentatives d'ICSI aient échoué.
  • Anomalie génétique chez le conjoint, qui risquerait d'être transmise à l'enfant en cas de procréation normale. Le diagnostic pré-implantatoire peut être une alternative.

[modifier] Les étapes d'une demande de don de sperme

Un couple receveur fait une demande, le dossier est examiné au cours d'une réunion pluridisciplinaire à laquelle assistent le clinicien, le biologiste, le psychiatre et le généticien du CECOS. On vérifie l'indication clinique, biologique et génétique et on s'assure de la bonne prise en charge psychologique.

Si l'avis est favorable le CECOS informe par écrit le couple receveur et adresse également une attestation au Tribunal de grande instance ou au notaire auprès desquels le consentement doit être donné.

Puis le CECOS recherche au sein de ses échantillons de sperme, celui qui vient d'un donneur dont les caractéristiques sont les plus proches du couple receveur : groupe sanguin compatible mais également couleur de peau, de cheveux et des yeux.

[modifier] Technique

[modifier] Recueil du sperme

Le donneur doit se rendre dans un clinique ou banque de sperme et le recueil se fait par masturbation.

[modifier] Conservation du sperme

Le sperme recueilli est congelé sous forme de paillettes de 0.25 ml et conservées dans l'azote liquide à - 196°c.

Une fois congelé, il doit être conservé sans être utilisé pendant 6 mois au terme desquels on vérifie que les sérologies du donneur sont toujours négatives et ce afin d'éviter toute transmission de maladies sexuellement transmissibles.

Avec le recul, on sait actuellement que les spermatozoïdes peuvent garder leur pouvoir fécondant après avoir été congelés pendant 10 ans[réf. souhaitée].

[modifier] Procédures du don de sperme

Il existe quatre techniques différentes :

  • L'IAD qui correspond à un simple dépôt de sperme décongelé au niveau de la glaire cervicale. Cette technique est pratiquée directement au cabinet du gynécologue.
  • L'IIU-D qui associe l'insémination intra utérine (IUU) avec le don de sperme.
  • LA FIV-D qui associe la technique de fécondation in vitro (FIV) classique et le don du sperme.
  • L'ICSI-D qui associe la technique de la microinjection et le don du sperme.

[modifier] Réglementation

Si la gratuité du don de gamètes fait l’unanimité des pratiques et des lois en Europe, le principe de l’anonymat divise les différents pays.

L’Allemagne, l’Autriche, la Suède et la Suisse, et plus récemment les Pays-Bas et la Grande Bretagne, refusent, par exemple, le principe de l’anonymat. Alors que, à l’opposé, la France, l’Espagne et la Norvège imposent dans leur loi l’anonymat du tiers donneur de gamètes.

Ainsi le don de sperme n'est plus anonyme en Grande Bretagne depuis avril 2005, les enfants conçus après avril 2005 par assistance médicale à la procréation avec recours d'un donneur, pourront à l'âge de 18 ans et 9 mois demander l'identité de leur père biologique. [1]

[modifier] En Belgique

Le don de sperme est régi par plusieurs lois en Belgique, les réglementations sont nombreuses [2] :

  • le don n’est pas rémunéré, est volontaire et strictement anonyme ;
  • la loi de juillet 2007 interdit notamment que le sperme d'un donneur fertilise plus de six femmes différentes ;
  • tout volontaire n’est retenu comme donneur que si :
    • il a moins de 40 ans ;
    • son sperme est d’excellente qualité résistant bien à la congélation ;
    • il est exempt de maladies sexuellement transmissibles ou d’anomalies génétiques ;
    • il a une perception saine de son acte.

[modifier] Aux États-Unis

Si le principe de gratuité garantit une certaine éthique, il cause également une pénurie. Aux Etats-Unis le donneur est rémunéré pour son geste. À 15 dollars le don standard, les candidats ne manquent pas.

Aux États-Unis, des sociétés privées en font commerce, y compris sur Internet[3]. Ainsi le choix du père biologique se fait sur catalogue où l'on peut choisir entre un sportif, un scientifique, un homme d'affaire, ou un mannequin. Avec, au choix, des promesses de grande taille, de yeux bleus, de cheveux blonds ou de QI élevé.

[modifier] En France

Le don de sperme est régi par la loi de bioéthique de 1994.

La gestion des dons de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes) est régi en France par la confédération des CECOS (Centre d'Etude et de Conservation des Œufs et du Sperme humain). Cette confédération regroupe tous les centres publics autorisés à recueillir et à distribuer les paillettes de sperme.

Les réglementations du don de sperme en France sont nombreuses :

  • Le don de spermatozoïdes n'est pas rémunéré et est volontaire;
  • Il est le fait d'un couple ayant déjà au moins un enfant normal. Un homme seul ne pouvait pas faire de don de sperme mais depuis Août 2004 la loi n'impose plus d'être en couple.
  • L'homme donneur doit être agé de moins de 45 ans.
  • Si le donneur vit en couple, sa conjointe doit donner son accord;
  • Le donneur ne doit pas être porteur de maladies génétiques ou de maladies infectieuses transmissibles par le sperme. Des tests sont effectués et le sperme doit être conservé 6 mois avant d'être donné afin de vérifier que les sérologies du donneurs sont bien négatives.
  • Le don est anonyme, c’est-à-dire que le couple donneur ne connaît pas la destination du sperme et le couple receveur n'en connaît pas l'origine.
  • Le don s'adresse à un couple hétérosexuel en âge de procréer et ne pouvant avoir d'enfant pour causes médicales; les femmes seules ou les couples homosexuels ne peuvent donc être receveurs.
  • Le don aussi bien que la demande sont gardés secrets.
  • Un don ne peut être utilisé que pour donner 5 enfants, afin d'éviter le risque de consanguinité ultérieure. Des enfants nés d'un même échantillon de sperme peuvent en effet se rencontrer et procréer ensemble, la limitation du nombre d'enfants par don limite ce risque.
  • Le choix du sperme s'effectue en tenant compte des caractéristiques physiques comme la couleur de la peau ou des cheveux et des groupes sanguins du couple receveur. Ceci afin d'éviter un trop grand contraste d'apparence physique entre l'enfant et ses parents.
  • Une peine de deux ans d'emprisonnement et de 30 500 euros d'amende est prévu si un prélèvement est effectué en dehors des CECOS ou si les règles d'hygiène et de sécurité ne sont pas respectées lors d'un don.

[modifier] En Grande-Bretagne

Malgré l'abolition de l'anonymat du don en 2005, on constate une hausse du nombre des donneurs[4].

[modifier] Résultats

Les taux de succès sont à peu près les mêmes que ceux obtenus avec des spermes identiques non congelés ; ils dépendent aussi beaucoup de la fertilité de la femme.

[modifier] Particularités, problèmes éthiques

  • L'anonymat du donneur pose le problème éthique de couper l'enfant de sa filiation biologique. Cette filiation, indépendamment de toute considération affective, fait partie de l'histoire biologique de l'enfant. Elle entre dans le champ du « droit aux origines ». Le développement des dépistages de maladie génétique en fonction des critères des antécédent familiaux n'est plus possible.
  • Depuis juillet 1999, la loi française permet à titre exceptionnel le recours à un diagnostic préimplantatoire (tests de dépistage réalisés sur les embryons conçus au laboratoire avant leur transfert dans l'utérus), afin d'identifier les gènes responsables de graves maladies génétiques. Ces tests sont autorisés uniquement si le couple à une forte probabilité de donner naissance à un enfant malade.

Le tri et la sélection d’embryon est donc possible en France. Mais elle est très encadrée et n'est autorisée que pour des causes médicales graves.

  • En octobre 2000, un couple américain fertile a eu recours à une technique d'assistance médicale à la procréation, uniquement dans le but de bénéficier d'un diagnostic préimplantatoire afin de sélectionner les caractéristiques génétiques des gamètes utilisées lors de la fécondation in vitro, pour pouvoir mettre au monde un bébé capable de guérir leur fillette leucémique.

Cette première mondiale a soulevé une importante question éthique: a-t-on le droit de concevoir et de sélectionner un embryon humain dans l'unique but de soigner un enfant malade ?

  • Dans le Maryland, un couple de lesbiennes d'une trentaine d'années, toutes les deux sourdes, a choisi délibérément d'avoir un enfant sourd afin que l'enfant leur ressemble. Elles ont donc demandé à un ami, sourd et dont les parents sont sourds depuis 5 générations, de faire le don de sperme. [5]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. La revue de presse www.genethique.org du vendredi 1er avril 2005
  2. Don de sperme, Institut de pathologie et de génértique, Asbl. (Belgique)
  3. Fay B, Sperme, ovules et compagnies
  4. Day M Number of sperm donors rises despite removal of anonymity in UK, BMJ, 2007:334:971
  5. BBC News | HEALTH | Couple 'choose' to have deaf baby

[modifier] Liens externes

En France :