Dominique de Roux

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Dominique de Roux (Boulogne-Billancourt, 17 septembre 1935 - Paris, 29 mars 1977) était un écrivain et éditeur français.

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[modifier] Biographie

Né dans une famille de la noblesse languedocienne proche de l'extrême droite (son grand-père, Marie de Roux, a été l'avocat de Charles Maurras et de l'Action française), et – tout en demeurant toujours profondément attaché à son terroir charentais –, Dominique de Roux manifesta néanmoins une indépendance précoce, liée à sa volonté de se consacrer à la littérature. Il interrompt ses études en Première et, à la fin des années 50, il fait plusieurs stages linguistiques et périodes de travail en Allemagne, en Espagne et en Angleterre. À son retour, il fonde avec plusieurs amis (dont son frère Xavier de Roux et Jean Thibaudeau) le bulletin ronéotypé L'Herne, où il publie notamment ses « Confidences à Guillaume », chroniques d'un cynisme lyrique adressées à son géranium. À la même époque, il effectue son service militaire en France dans une base aérienne.

En 1960, il publie son premier roman, Mademoiselle Anicet, et refonde sa revue sous la forme définitive qui sera celle des Cahiers de l'Herne, une collection de monographies librement consacrées à des figures méconnues ou maudites de la littérature, comprenant des articles, des documents, et des textes inédits. Après des volumes consacrés à René-Guy Cadou (1961) et Georges Bernanos (1962), ce sont surtout celui sur Borges et les deux doubles tomes sur Louis-Ferdinand Céline et Ezra Pound, qu'il dirige personnellement, qui imposent L'Herne sur la scène littéraire française.

En 1966, la parution de son essai La Mort de L.-F. Céline inaugure la maison qu'il fonde la même année avec Christian Bourgois, sous le nom de ce dernier. Parallèlement, L'Herne ajoute à ses activités l'édition proprement dite. À trente ans à peine, il compte parmi les personnalités en vue de la littérature française, omniprésent et âpre à la polémique, notamment contre le groupe Tel Quel.

Son écoute des poètes et écrivains de la Beat Generation (en particulier Claude Pélieu, Allen Ginsberg et Bob Kaufman) et surtout sa rencontre avec Witold Gombrowicz, à qui il consacre un cahier, un essai et un livre d'entretiens, lui révèlent pourtant la possibilité d'un retrait par rapport à l'agitation parisienne. Deux événements décisifs et traumatisants le décident à partir : la censure de son recueil d'aphorismes Immédiatement (1971) à la demande de Roland Barthes (traité de « bergère ») et de Maurice Genevoix (présenté comme un « écrivain pour mulots ») et la prise de contrôle des éditions de l'Herne par Constantin Tacou à la faveur de manœuvres financières.

Dominique de Roux commence alors une vie d'errance et se réfugie à Lisbonne, puis Genève. C'est dans ces conditions qu'il animera sa nouvelle revue Exil et lancera ses nouveaux cahiers, les Dossiers H, aux Éditions de L'Âge d'Homme. Il publie plusieurs pamphlets et consacre beaucoup d'énergie au journalisme écrit et télévisuel, notamment comme correspondant et envoyé spécial dans le monde portugais au bord de l'implosion et en proie à la guerre dans ses colonies (Guinée-Bissau, Angola, Mozambique).

De Roux tisse ainsi des réseaux actifs dans le milieu lusophone, d'abord parce qu'il était au service du SDECE et, ensuite, en raison de son adhésion à un certain « transcendentalisme politique » inspiré par la lecture de Raymond Abellio avec qui ses rapports anciens s'intensifient à cette époque. Ceci s'incarne dans son utopie d'une « Internationale gaulliste » ainsi que dans son idée que le Portugal représente l'hypothèse d'une civilisation universelle, comme pour les millénaristes sébastianistes.

En avril 1974, au moment de la Révolution des œillets, il est le seul journaliste français présent à Lisbonne, et probablement l'un des étrangers ayant l'accès le plus direct au général Spinola. Il consacre ensuite plusieurs années à seconder l'opposant angolais Jonas Savimbi auprès de la presse internationale et des chancelleries de même que dans la conduite de sa guerilla. Cette contribution majeure à l'histoire de son temps – qui l'on parfois fait comparer à son ami Malraux – donne également son impulsion à ses dernières œuvres : Le Cinquième Empire (qui paraît quinze jours avant sa mort subite d'une crise cardiaque) et les posthumes La Jeune fille au ballon ronge et Le Livre nègre.

Si la postérité de Dominique de Roux recueille aujourd'hui l'admiration des lettrés pour la qualité incisive de son style et son rôle de révélateur de quelques-uns des plus grands noms de la pensée contemporaine, il demeure à craindre qu'elle ne soit également dévoyée par l'attachement que lui conservent certains milieux nationalistes.

[modifier] Œuvre

Romans
  • Mademoiselle Anicet, Julliard, 1960 ; réed. Le Rocher, 1998
  • L'Harmonika-Zug, La Table Ronde, 1963 ; réed. Folio-Gallimard, 1983
  • Maison jaune, Bourgois, 1969, 1989
  • Le Cinquième empire, Belfond, 1977 ; réed. Le Rocher, 1997
  • La Jeune fille au ballon rouge, Bourgois, 1978 ; réed. Le Rocher, 2001
  • Le Livre nègre, Le Rocher, 1997
Poésie
  • Le Gravier des vies perdues, Lettera Amorosa, 1974 ; réed. Le Temps qu'il fait, 1985
Essais
  • La Mort de L.-F. Céline, Bourgois, 1966, réed. 1994
  • L'Ecriture de Charles de Gaulle, Editions universitaires, 1967 ; réed. Le Rocher, 1994
  • L'Ouverture de la chasse, L'Âge d'homme, 1968 ; réed. Le Rocher, 2005
  • Contre Servan-Schreiber, Balland, 1970
  • Gombrowicz, 10/18, 1971 ; réed. Bourgois, 1996
  • Immédiatement, Bourgois, 1972 ; réed. La Table ronde, 1995
  • Ne traversez pas le Zambèze, La Proue, 1973
  • La France de Jean Yanne, Calmann-Lévy, 1974
  • Gamal Abdel Nasser, L'Âge d'homme, 2002
  • Il faut partir : Correspondances inédites (1953-1977), Fayard, 2007 (ISBN 978-2213628264)

[modifier] Bibliographie

  • Présence de Dominique de Roux, L'Âge d'homme, 1986
  • Dominique de Roux, L'Âge d'homme, 1997, coll. Dossiers H
  • Jean-Luc Barré, Dominique de Roux. Le provocateur, Fayard, 2005
  • La Société des lecteurs de Dominique de Roux a publié, sous la direction de Pascal Sigoda, cinq cahiers aux éditions Au Signe de la Licorne, Clermont-Ferrand : Exil (H) (1996), De Roux/Céline (1997), Politique de Dominique de Roux (1998), L'Herne avant les Cahiers (2002),Dominique de Roux et Ezra Pound (2007)

[modifier] Liens externes