Devadâsî

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Les devadâsî - littéralement servante de la divinité - étaient des jeunes filles consacrées au temple dès leur plus jeune âge, elles étaient considérées comme des épouses de la divinité. À l'origine destinées au service de la divinité, elles étaient retirées de leur famille et recevaient une éducation soignée au cours d'une initiation - appelée bottukatal - qui pouvait durer très longtemps et au cours de laquelle elle apprenait, en particulier, à maîtriser la danse - ce sont ces pratiques de danse qui ont servi de modèle au bharata natyam, la danse classique du sud de l'Inde - en suivant les enseignements d'un Natuvanar ou maître de danse, ainsi que le kannada, le tamoul, et le sanskrit, la langue des textes sacrés. Certains temples importants, celui de Brihadesvara à Tanjavûr, accueillaient plusieurs centaines de devadâsî qui participaient à leur réputation par la qualité de leur art.

Elles n'étaient autorisées à danser devant la divinité qu'après avoir passé la cérémonie de l'Arangetral à la suite de laquelle elles étaient autorisées à porter un collier d'or et recevaient le titre de Talaikole.

Elles étaient classées, traditionnellement, en sept catégories :

  • Dattâ : celles qui avaient choisi de se donner au temple,
  • Vikritâ : celles qui s'étaient vendues au temple,
  • Bhrityâ : celles qui se consacraient au temple à la suite d'un vœu,
  • Bhâktâ : celles qui dansaient par dévotion pure (bhakti) à la divinité,
  • Hritâ : celles qui, orphelines, étaient confiées au temple,
  • Alankarâ : celles qui étaient des courtisanes offertes, avec dot, au temple par un râja,
  • Gopikâ : celles qui étaient danseuses par tradition familiale,

Les devadâsî jouissaient d'une position avantageuse, elles recevaient une rétribution au cours de leur formation, puis bénéficiaient de certains privilèges. Cependant, au cours du temps, leur statut connut une évolution qui les transforma de servantes de la divinité en servantes des brahmanes, puis, les mœurs se dégradant, en quasi prostituées, ce qui entraîna l'abolition du système des devadâsî par les Britanniques en 1925. Cependant, on estime que 250 000 jeunes filles ont été consacrées aux temples de Yellamma, Hanuman et Khandoba - un aspect de Shiva - dans le Karnataka et le sud du Maharashtra entre l'indépendance de l'Inde et 1982.

Le premier sens du mot bayadère, provenant du portugais bailadeira, est synonyme de devadâsî.

[modifier] Source

  • Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, 1987

Pour aller plus loin :

KERSENBOOM S.C., Nityasumangali. Devadasi Tradition in South India, Motilal Banarsidass, Delhi, 1987. « La seule analyse sérieuse […] de la tradition devadasi du sud de l’Inde » (M.-L. Reiniche)

MARGLIN Frederique, Wives of the god king. The rituals of the devadasis of Puri, Oxford University Press, Delhi,1985. L’une des deux seules analyses sérieuses de la tradition devadasi du sud de l’Inde, d’après M.-L. Reiniche.

[modifier] Lien externe