Denis Auguste Duchêne

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Denis Auguste Duchêne, né le 23 septembre 1862 à Juzennecourt (Haute-Marne), mort 9 juin 1950 à Bihorel (Seine-Inférieure), est un général français de la Première Guerre mondiale.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Insoumission de Duchêne et perte du Chemin des Dames

Fin 1917, le général Pétain, commandant en chef de l'armée française, donne de nouvelles instructions défensives qui prescrivent l'étalement en profondeur du réseau défensif. Il convient désormais d'éviter de défendre à tout prix une première ligne, condamnée à l'avance par les nouveaux procédés de combat ennemi (provenant du front russe), pour concentrer l'essentiel de ses forces sur une seconde ligne et, le cas échéant, sur d'autres lignes de soutien plus en arrière.

Or, ces sages prescriptions ne siéent pas au général Duchêne qui considère, à juste titre, que leur application reviendrait à abandonner le Chemin des Dames en cas d'attaque ennemie. Faisant fi des injonctions du Grand Quartier Général, le général Duchêne néglige l'aménagement de la position de soutien, qui ne sera jamais terminée, et ordonne de renforcer la 1ère ligne afin d'interdire l'accès du plateau aux Allemands. Le 20 mai 1918, il prescrit une directive à ses troupes : « combattre jusqu'au bout sur la première position. Interdire à l'ennemi de prendre pied au sud de l'Ailette et au nord du plateau du Chemin des Dames ». Mais, ce jour là, tout est calme.

L'attaque allemande est lancée dans la nuit du 27 mai 1918 et marque le début de la troisième bataille des Ardennes. À 1 heure du matin, plus de 4 000 canons et des centaines de Minenwerfer crachent un feu continu et écrasent les premières lignes de défense du Chemin des Dames ainsi que l'artillerie (les emplacements avaient été repérées par les avions d'observation allemands depuis plusieurs jours).
À 3h40, sous la protection d'obus fumigènes, 20 divisions d'infanterie allemandes se lancent à l'assaut.
Les défenseurs totalement livrés à eux-mêmes, sans le moindre point d'appui (l'artillerie française est totalement détruite), ni le moindre espoir de recevoir des renforts, se battent comme ils peuvent. Totalement submergés par la supériorité numérique et tactique de l'ennemi, des grappes de défenseurs isolés se battent avec acharnement et parfois parviennent à ralentir l'avance allemande (le saillant de Vauclair résistera 45 minutes).
À 4h30, le général Duchêne comprend la gravité de la situation. Fidèle à son choix de livrer bataille sur sa première position, il décide d'envoyer 11 bataillons en renfort.
Ces bataillons n'arriveront jamais, ils seront immédiatement happés par les bombardements et les Sturmtruppen, les troupes de choc, pendant le transfert.
Entre 5h et 7h, la totalité des troupes allemandes occupe le sommet des lignes de crêtes du Chemin des Dames.

Une fois le Chemin des Dames franchi, les troupes d'assaut se ruent vers les pentes sud du plateau.
À 6h, Craonnelle est prise.
À 7h, la 22ème division d'infanterie du général Renouard, réduite à l'état de fantôme, demande des renforts à la 157ème division d'infanterie, affaiblissant ainsi la seconde ligne de défense.
À 8h30, le général Duchêne ordonne de se préparer à détruire les ponts sur l'Aisne. Mais il est trop tard, l'avance allemande est tellement rapide que les sapeurs n'ont pas le temps d'activer les charges explosives.
À 9h30, l'état-major de la 6ème armée donne l'ordre de mise à feu mais les ponts et les passerelles sont déjà tombés intacts depuis longtemps aux mains des Allemands!
Vers 20h le front se situe sur la Vesle.
Le 28 mai 1918, la ligne de front passe désormais de Lœuilly à Celles sur Aisne puis longe l'Aisne jusqu'à Saint Mard, redescend ensuite brutalement vers la Vesle entre Courcelles et Magneux, remonte vers Maizy et se termine au nord de Saint Thierry.

Les 4 erreurs du chef de la 6ème armée ont été :

  • défense en masse de la première ligne qui contrevient aux ordres de Pétain
  • destruction de l'artillerie restée immobile
  • gaspillage des réserves dans des contre-attaques stériles
  • La perte des ponts sur l'Aisne[1]

[modifier] Caractère

Duchêne est un officier aux remarquables états de service mais s'est également fait remarquer par son caractère détestable. Il est ainsi décrit :

  • « une sorte de brute mal embouchée et peu déliée » pour Abel Ferry
  • Le général des Vallières, qui commande la 151ème DI constate « qu'il a l'art de se rendre partout indésirable ».
  • « Une humeur de dogue, un grondement perpétuel, un orage de rebuffades, tout de suite les gros mots à la bouche, sans raison. L'aborder devenait pour les officiers un supplice, qu'ils ne risquaient qu'à la dernière extrémité. Son chef d'état-major, obligé de subir ses sursauts de colère, le boudait pendant plusieurs jours, quand il avait vraiment dépassé les mesures. On croira difficilement de telles choses, mais il parait, qu'à la lettre, c'était incroyable[2]. »
  • « Colérique, Duchêne n'hésite pas à manier l'insulte à l'encontre de ceux qui osent lui opposer la moindre contestation. Sûr de lui, il impose ses idées avec une autorité qui doit autant à son grade qu'à ses coups de gueule...[3] »

[modifier] Références

  1. Histoire de la guerre mondiale tome4 du général René Tournès
  2. 3 ans au GQG tome 2 de Jean de Pierrefeu Editions Française Illustrée 1920
  3. Magazine 14-18, N°41
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