Cugnon

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  Cugnon
Armoiries Drapeau
Administration
Pays Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Province de Luxembourg
Arrondissement Neufchâteau
Commune Bertrix
Géographie
Coordonnées 49°48′N 05°12′E / 49.8, 5.2
Superficie (inconnue) km²
Population
Densité
(inconnue) (??/??/????)
(inconnue) hab./km²
Autres informations
Gentilé (inconnu)
Code postal 6880
Zone téléphonique (inconnue)
Site officiel (inconnu)

Cugnon est une section de la commune belge de Bertrix située en Région wallonne dans la province de Luxembourg.

C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.

Cugnon fusionna sous le régime français avec Auby-sur-Semois, Géripont et Mortehan.

Amputée d'Auby-sur-Semois le 30 juillet 1899. Annexe en 1964 le hameau de Thibauroche, détaché de Muno.

Cugnon, le moulin (1695).
Cugnon, le moulin (1695).

Sommaire

[modifier] Étymologie

644 Casaecongidunus, Casegongidinus

Chez (latin casae « à la maison » = français chez) Congidunus (patronyme celtique, cf. le roi breton Cogidunus cité par Tacite dans Agricola, ou le gaulois Conconnetodunnus, cité par L. Roger; ce nom contient le gaulois duno « enceinte », et l'adjectif celtique *connios « malin, fin »)[1],[2].

[modifier] Histoire

Certains auteurs prétendent qu’en 648, Sigebert III, roi d’Austrasie, fonda en cet endroit un monastère gouverné par saint Remacle, apôtre des Ardennes. Mais ce dernier, trouvant sans doute les lieux trop solitaires, obtient la fondation des abbayes de Stavelot et Malmedy. Cugnon devient alors un simple prieuré.

Toutefois, d’autres auteurs, tout aussi dignes de foi que les précédents, doutent de l’érection réelle d’un monastère, saint Remacle n’ayant séjourné que fort peu de temps à Cugnon.

Ceci reste donc discuté et discutable, néanmoins une charte de cette époque existe, qui parle de la donation par Sigebert, de ce lieu, afin d’y fonder un monastère.

Voici la traduction de cet écrit, par Jacques Stiennon, professeur à l’université de Liège, qui en emprunte la traduction à François Baix.

« Sigebert, roi des Francs, à l’illustre Grimoald, maire du Palais, salut spécial et bonheur en toutes choses.
Nous croyons que le Dieu Tout Puissant nous récompense à raison des libéralités pieuses que nous faisons généreusement, grâce aux biens dus à sa munificence, on voit le pouvoir royal se consolider lorsqu’il protège spontanément les intérêts des serviteurs de Dieu.
C’est pourquoi, sous l’impulsion de notre cœur, et d’après l’avis des éminents prélats Cunibert, Mémorian, Godon, ainsi que des illustres Seigneurs Grimoald, Bobon, Adalgysel, nous voulons, à l’exemple de nos ancêtres, faire acte de largesse par l’érection d’un monastère régulier dans notre forêt d’Ardenne, en l’honneur de notre patron, de Pierre, de Paul, de Jean et des autres martyrs, en un lieu nommé Cugnon, que la Semois entoure comme une ceinture.
Avec l’aide du Christ, nous y établissons Remacle en qualité d’abbé pour qu’il fasse observer la règle et les recommandations des anciens Pères.
Dans ce but et à partir du fort lui-même et de la rivière, nous donnons aujourd’hui en toute propriété un terrain pris dans notre forêt d’Orgéo et le long de trois lieues en ligne droite y compris la vanne domaniale dite de Dognulfe, ainsi que les colons Probard et Babon avec leurs enfants.
En outre, à partir du fort, trois lieues dans l’autre forêt domaniale, plus trois lieues en ligne droite, y compris la petite vanne du ruisseau des Aleines près de la roche carrée.

Tous ces biens, provenant de notre domaine, nous le donnons avec notre immunité, pour l’usage des serviteurs de Dieu, de manière qu’ils les possèdent, en jouissent et les transmettent à leur postérité spirituelle.

Ainsi pourront-ils mettre leur bonheur et toute leur attention à prier incessamment notre miséricordieux seigneur et afin que cette ordonnance demeure ferme et inviolée, nous avons voulu y joindre en bas, de notre main, l’appui de notre souscription ».

D’une part, l’Histoire dit que les seigneurs de l’endroit cherchèrent querelle aux moines, c’est vrai qu’un fort existait déjà. D’autre part, que les terres si généreusement données par Sigebert ne lui appartenaient pas, du moins, pas toutes.

Mais revenons aux origines de Cugnon.

Casae en latin, demeures ; Congidunu, Cogidunud, Congidunud, orthographe incertaine, signifierait coin (variante : cugnonus, cugno).

Cugnon, maisons typiques.
Cugnon, maisons typiques.

Le père Wiltheim, historien de cette région, nous laisse des notes importantes et nous fait remarquer, entre autres, que dans la Vie d’Agricola, Tacite donne le nom de Cogidunu à un Breton allié de Rome : un de ses descendants, si pas lui-même, s’est-il installé à Cugnon alors quasi inexistant ?

Pour confirmer cette déclaration, un petit tour dans notre incontournable Larousse :

« Tacite : écrivain, historien latin de grande classe, bien documenté, styliste minutieux et moraliste sévère. Il vécut vers l’an 110, de famille sénatoriale, fit une carrière politique jusqu’au proconsulat. Gendre d’Agricola dont il écrivit la vie ».

Agricola (Cnaeus Julius) est né à Fréjus (Forum Julii), légat en Aquitaine, consul et pontife, acheva la conquête de la Bretagne.

Dans Tacite, on relève effectivement ce passage :

« Quaedam civitates Cogidunu regi donatae - is ad nostram us que memoriam fidissimus mansit » , que l’on pourrait traduire par : « On donna au roi Cogidunu quelques villes en partage – ce prince nous garda jusqu’à nos jours une fidélité inviolable ».

Cugnon, alors pratiquement inexistant, faisait-il partie de ces terres données à ce Breton ?

On sait déjà que la chaussée romaine passait à Cugnon, selon l’abbé Hector, dans son étude sur cette région bien précisément, et dans laquelle il joint un dessin fait en 1571, représentant le village à cette époque. On y voit la grosse tour carrée accolée à des bâtiments qu’on ne distingue pas très bien, on y voit de la fumée, preuve que le fort était occupé, on y voit également le moulin et la pêcherie.

Cugnon, le vieux moulin et son bief sur la la Semois.
Cugnon, le vieux moulin et son bief sur la la Semois.

Par contre, sur une toile présentée par Tandel et datée approximativement en 1840, on y voit encore le moulin tandis que la tour a disparu pour laisser la place à un bâtiment ressemblant à une ferme-château. Les pierres de cette tour auraient servi à reconstruire l’église de Mortehan.

Toujours selon Tandel, cette grosse tour a été occupée par les seigneur de Cugnon jusqu’en 1430 au moins, date à laquelle la famille s’établit dans d’autres contrées.

Ils s’installent à Ansay où ils semblent s’éteindre, mais achètent ensuite la seigneurie de Ethe et s’y établissent définitivement. Tous les Cugnon – Cougnon actuels en descendent.

Selon les rumeurs relevées par les différents auteurs qui se sont penchés sur le cas de cette famille, les de Cugnon sont chassés selon les uns, ruinés selon les autres, mais la seigneurie de Cugnon n’était pas bien importante, il faut le reconnaître... Et plus tard, on retrouve des actes de transactions, ventes, achats de terres ou simplement échanges concernant le moulin, une partie du jardin, de la pêcherie, même une partie de la tour, actes passés par les « paysans du village de Cugnon », ce qui pourrait vouloir dire que les derniers de Cugnon encore présents au village ont partagé leurs biens entre leurs sujets.

Le territoire des de Cugnon a toujours été – aussi loin qu’on remonte dans le temps – déclaré terre souveraine et les seigneurs de Cugnon avaient pouvoir de frapper monnaie.

Les seigneurs de La Marck qui vont leur succéder vont frapper monnaie, alors que les de Cugnon n’ont pas utilisé cette prérogative, et cette monnaie sera toujours considérée comme fausse.

Ce village était d’ailleurs compris dans les sept terres franches du comté de Chiny. Cugnon a été affranchi par la loi de Beaumont en 1269. Cette loi proclamait la liberté des personnes, abolissait le servage moyennant redevances minimes et garantissait la propriété aux bourgeois.

Dans son recueil de cartes postales de la région, Georges Maillien dira :

« l’héritage du casae congidunu mérovingien leur octroya de tout temps des droits plus importants qu’à d’autres, entre autres frapper monnaie ».

Ce fort sur la Semois reste un point d’interrogation pour les historiens. La rue de la Forteresse existe d’ailleurs toujours, mais il est vrai qu’une nouvelle bâtisse a été construite exactement sur les ruines de l’ancienne et que les fouilles entreprises afin d’essayer de retrouver quelque vestige durent être abandonnées au vu des dangers que cela pouvait représenter.

Mais il est dit aussi que le château de Dohan est l’exacte reproduction de l’ancien château de Cugnon. Ce château appartient à la famille Hallet et fut construit par Florent de Lardenois de Ville entre 1610 et 1640 ; plus affirmatifs, certains le veulent précisément construit en 1619. Il y manquait la tour, semble-t-il abattue pour laisser passer la route qui serpente juste au pied du château.

En 1743, différents greffiers, , signent des actes, certificats et autres documents; entre autres Jean Laurent Pilmant, bailli de Cugnon et Chassepierre au départ du château de Cugnon où il résidait. Il devait probablement s’agir de la tour, édifice subsistant, car l’actuel château de Cugnon aurait été construit en 1747 par le prince de Löwenstein-Wertheim sur le château féodal.

En 1430 il y avait deux familles nobles : les de Cugnon et les Thierry. Ces derniers possédaient une partie de la seigneurie de Cugnon, par achat ou alliance, on les retrouve plus tard à Ethe et Hargimont.

Ce sont les seigneurs de La Marck qui succéderont aux de Cugnon par alliance, mais ils n’étaient pas très aimés, si l'on en croit les comptes rendus de l’époque où la plèbe priait en récitant cette litanie :

« Du vin de Mouzon, du pain de Bouillon et de la justice de Cugnon, délivrez-nous, Seigneur ».

En 1610 Josine de La Marck épouse Jean Théodore de Löwenstein et l’ancienne seigneurie de Cugnon passe donc à ce seigneur qui résidait au château de Rochefort.

Comme blason, cette famille très populaire et relativement importante portait :

« un écu d’argent au lion léopardé contourné de gueules, couronné d’or et passant sur un rang de quatre rochers de sinople ».

Ce sont ces armoiries qui seront concédées au village de Cugnon par arrêté royal le 14 juillet 1951.

Cugnon, le vieux charme multicentenaire.
Cugnon, le vieux charme multicentenaire.

[modifier] Personnalité liée à la commune

[modifier] Notes

  1. Carnoy A., Origines des noms des communes de Belgique, Louvain, Éditions Universitas, 1948 (2 vol.)
  2. Herbillon (J.), Les noms des communes de Wallonie, Bruxelles, Crédit communal, collection « Histoire », n° 70, 1986

[modifier] Liens externes

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