Claude Malleville

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Diverses poésies de l'Académiede Claude Malleville (1664)
Diverses poésies de l'Académie
de Claude Malleville (1664)

Claude Malleville, né et mort à Paris (1597-1647) est un poète français, l'un des premiers membres de l'Académie française en 1634.

Sommaire

[modifier] Sa vie et son œuvre

La vie de Claude Malleville n'est guère connue que par cette notice de son contemporain Paul Pellisson  :

« Claude de Malleville était parisien. Son père avait été officier dans la maison de Retz, et sa mère était de bonne famille de Paris. Il étudia fort bien au collège, et avait l'esprit fort délicat. On le mit pour s'instruire dans les affaires chez un secrétaire du roi nomme Potiers, qui était dans les finances ; mais il n'y demeura guère, par l'inclination qu'il avait aux belles-lettres. Il fit connaissance avec M. Porchères-Laugiers, qui le donna au maréchal de Bassompierre. Il fut longtemps auprès de ce seigneur, en qualité de secrétaire, mais sans y avoir que fort peu d'emploi, et comme il avait beaucoup d'ambition, il s'en ennuya, et le pria d'agréer qu'il le quittât pour être au cardinal de Bérulle, qui était alors en faveur. Mais n'y ayant pas mieux fait ses affaires, il retourna à son premier maître, auquel il rendit beaucoup de services dans sa prison, et qui en étant sorti, et ayant été rétabli en sa charge de colonel des Suisses, lui donna la secrétairerie qui y était attachée. Cet emploi lui valut beaucoup, et en peu de temps il gagne 20 000 écus. Il en employa une partie à une charge de secrétaire du roi, dont il se fit pourvoir : sur quoi il y a dans ses œuvres quelques vers à M. le Chancelier. Il avait accompagné M. de Bassompierre en son voyage d'Angleterre ; mais non pas en celui de Suisse. Il mourut âgé d'un peu plus de cinquante ans. Il était de petite taille, fort grêle ; ses cheveux étaient noirs, et ses yeux aussi, qu'il avait assez faibles. Ce qu'on estimait le plus en lui, c'était son esprit, et le génie qu'il avait pour les vers. Il y a un volume de ses Poésies, imprimées après sa mort, qui ont toutes de l'esprit, du feu, un beau tour de vers, beaucoup de délicatesse et de douceur, et marquent grande fécondité ; mais dont il y en a peu, ce me semble, de bien achevées.[1] »

Membre du cercle de Conrart et de Mlle de Gournay, habitué de l'hôtel de Rambouillet, Malleville contribua une dizaine de poésies, qui furent toutes très appréciées, à la Guirlande de Julie. Son sonnet le plus célèbre, La Belle Matineuse, fut composé à l'occasion d'une joute poétique avec Vincent Voiture sur un thème emprunté au poète latin Catulus, puis repris successivement par Clément Marot, Joachim du Bellay, François Ier, Annibal Caro et Tristan L'Hermite. Quelques-uns de ses poèmes furent appréciés à demi-mot par Boileau[2]. Selon le jugement d'Émile Faguet, Claude Malleville fut « tout simplement un bon ouvrier en vers[3]. »

[modifier] Deux poèmes

La Violette (Guirlande de Julie)

De tant de fleurs par qui la France
Peut les yeux et l'âme ravir,
Une seule ne me devance
Au juste soin de te servir.
Que si la rose en son partage
Fait gloire de quelque avantage
Que le ciel daigne lui donner,
Elle a tort d'en être plus fière ;
J'ai l'honneur d'être la première
Qui naisse pour te couronner.

La Belle Matineuse

Le silence régnait sur la terre et sur l'onde ;
L'air devenait serein et l'Olympe vermeil,
Et l'amoureux Zéphyre affranchi du sommeil
Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.

L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde
Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
Qu'il soit jamais venu pour éclairer le monde,

Quand la jeune Philis au visage riant,
Sortant de son palais plus clair que l'Orient,
Fit voir une lumière et plus vive et plus belle.

Sacré flambeau du jour, n'en soyez point jaloux !
Vous parûtes alors aussi peu devant elle
Que les feux de la nuit avaient fait devant vous.

[modifier] Publications

  • L'Almerinde (1646) et La Stratonice (1649). Traduits de l'italien de Luca Assarino par Pierre d'Audiguier le jeune et Claude de Malleville.
  • Poésies du sieur de Malleville (1649) Texte en ligne
  • Diverses poésies de l'Académie. Divers sonnets, stances, élégies, chansons, madrigaux, épigrammes & rondeaux (1664) Texte en ligne
  • Mémoires du maréchal de Bassompierre, contenans l'histoire de sa vie (4 volumes, 1723)
  • Œuvres poétiques, édition critique publiée par Raymond Ortali, Didier, Paris, 1976.

[modifier] Notes, sources et références

  1. Paul Pellisson, Histoire de l'Académie françoise, volume I, 1653, p. 265-267. Orthographe modernisée.
  2. Nicolas Boileau, Art poétique, chant II, v. 94-98 : « Un sonnet sans défauts vaut seul un long poëme. / Mais en vain mille auteurs y pensent arriver ; / Et cet heureux phénix est encore à trouver. / À peine dans Gombaut, Maynard et Malleville, / En peut-on admirer deux ou trois entre mille. »
  3. Émile Faguet, Histoire de la poésie française de la Renaissance au Romantisme. III. Précieux et burlesques, Boivin, Paris, 1923-1936, p. 211.

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