Clément de Metz

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Saint Clément conduit le Graouilly sur les bords de la Seille
Saint Clément conduit le Graouilly sur les bords de la Seille

Clément de Metz est réputé être le premier évêque de Metz. On pense qu'il a vécu au IIIe ou au IVe siècle. Il est fêté le 23 novembre.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il est le fondateur de l’Église de Metz, qui est l’une des plus anciennes de Gaule puisqu’elle remonte à l’an 280. Saint Clément vint installer son premier oratoire dans les « cavernes » — couloirs souterrains — de l’ancien amphithéâtre.

Apôtre de la contrée messine, il fut le premier évêque de Metz, qui portait encore à l'époque le nom de Divodurum. Si l'on en croit la légende, Clément arriva dans une ville maudite : un énorme dragon du nom de Graouilly sévissait alors à Divodurum et terrorisait la population. Celui-ci particulièrement impressionnant avec son corps recouvert d'écailles pouvait voler dans les airs tel un gigantesque oiseau, grâce à une paire d'ailes de chauve-souris géante. Mais le plus effrayant restait sa gueule qui crachait des flammes d'une odeur de soufre et surtout lui permettait de happer en plein vol ses proies. Il affectionnait particulièrement les jeunes filles.

Clément apparut comme un sauveur et la foule lui demanda aussitôt de la débarrasser de ce monstre hideux. Il pria sur la colline de Sainte-Croix puis reprit sa route au milieu d’une foule jacassante, qu’il fit taire d’un ferme « Taisons-nous », dans une rue qui fut baptisée à partir de ce moment « rue Taison ». Il arriva à l'amphithéâtre, domicile du dragon et se précipita sur le monstre, l’encerclant de son étole. Pétrifié, le Graouilly se mit à le suivre, tel un petit chien bien dressé, jusqu'à la Seille, dans laquelle il se jeta avec sept petits Graouilly ; juste après que le saint homme se soit signé.

Un des trésors de la cathédrale de Metz, que les visiteurs ne se lassent pas d'admirer au fond du choeur, derrière le maître-autel est « le siège » attribué à saint Clément par la tradition. Ce fauteuil en marbre cipolin est composé de deux pièces principales taillées assez grossièrement.

L’histoire dit, que depuis la nuit des temps, tous les évêques qui se sont succédé à Metz sont venus s'asseoir sur « le siège » de saint Clément, dès leur entrée en fonction.

[modifier] Autres sources

Une tradition rend la fondation de l’évêché de Metz beaucoup plus ancienne. Selon elle, Clément aurait été un disciple de saint Pierre et l'oncle du pape Clément Ier[1]. Envoyé de Rome avec prêtre Céleste et le diacre Felix, il aurait exercé son ministère messin vers l’an 95[2].

[modifier] Légende et croyance populaires

Ces légendes furent recueillies d'après les Bénédictins :
Metz était depuis vingt-deux ans en proie à un grand fléau : un dragon - le « Graoully » - ravageait la région et causait des dégâts sur lesquels même les conjurations des prêtres de Jupiter étaient impuissants.
Il avait établi sa demeure sous les voûtes de l’amphithéâtre impérial, d’où il exhalait un souffle pestilentiel.
Ce monstre sortait toutes les nuits de son repaire et décimait en détail la population de notre cité. Il inspira une telle terreur, que le Prêteur, Orgus, transporta son gouvernement en sa villa de Gorze.
Saint Pierre occupait alors la chaire pontificale de Rome et présidait, en sa qualité de prince des apôtres, à la conservation du monde.
Metz, la plus ancienne ville de l’Europe, fut l’objet de ses premières sollicitudes, et, dès l’an XV de notre ère, il lui envoya trois de ses disciples :
Clément, Félix et Céleste.
Les trois délégués du vicaire de JC résolurent de se préparer à leur mission par la retraite, et Dieu guida leurs pas vers la forêt de Gorze.
En apercevant par une trouée de la forêt, l’imposante cité qui trônait dans la vallée, Clément tomba à genoux sur un rocher qui conserva depuis l’empreinte de ceux-ci, car il revint plusieurs jours de suite dans ce lieu pour prier à la conversion de la noble cité.
Un jour qu’ils étaient en oraison, un cerf vint se coucher humblement à leurs pieds ; il était poursuivi par la meute du préteur.
Clément, que saint Pierre avait consacré évêque de Metz, bénit le bel animal et, à l’instant, les chiens tombèrent en défaut.
Les piqueurs rendirent compte à leur maître de la puissance de l’anachorète ; ils l’affirmèrent par de si grands et solennels serments qu’Orgus voulut se rendre compte par lui-même de la véracité de ses valets. Le cerf fut donc lancé de nouveau et trouva derechef un refuge près de l’apôtre.
-« Qui es-tu, lui demanda impérieusement le préteur, pour exercer un si grand pouvoir ? » -« Clément, fils d’un sénateur de Rome, que Dieu a retiré de la voie de l’erreur et admis à sa communion divine ; j’ai donc abandonné le culte des idoles pour suivre celui du rédempteur des hommes ; Pierre, le prince des apôtres, a daigné m’imposer les mains et me charger d’annoncer au peuple confié à vos soins l’évangile d’un Dieu mort sur la croix pour le salut de tous » -« Ainsi, tu es Nazaréen, s’écria Orgus !et, jetant un regard de mépris sur le fils du sénateur, il reprit le chemin de sa villa.
Mais le miracle de Gorze avait eu un grand retentissement dans la région et les Messins conçurent l’espoir d’être délivrés de l’affreux dragon. Ils envoyèrent des émissaires et accueillirent les trois missionnaires comme des envoyés du ciel.
Sur l’entrefaite, la fille du préteur mourut subitement ; le père, au comble de la douleur, court au nazaréen, se prosterne à ses genoux et le conjure de rappeler à la vie son seul et unique enfant. L’apôtre part pour Gorze, s’humilie devant le signe de sa mission et commande à la fille d’Orgus de quitter sa couche funèbre ; elle se lève et confesse avec ses parents la divinité de Jésus-Christ.
Orgus, régénéré par les eaux du baptême, supplia alors le saint évêque de purger Metz du fléau qui, depuis vingt sept ans, le couvrait de deuil.
Clément, après s’être préparé au combat par le jeûne et la prière, marche vers l’amphithéâtre avec croix et bannières : il va droit au monstre et lui passe son étole autour du cou. Il lui commande de le suivre, et le dragon rampe avec la docilité d’un chien aux côtés du saint prélat qui le promène en laisse par toute la ville et le conduit dans une petite île de la Seille où, sur l’ordre de l’apôtre, il s’enfonça dans les entrailles de la terre.
Clément scella d’une énorme pierre, encore visible aujourd’hui, l’entrée de la voie souterraine qui s’ouvrit pour recevoir le suppôt de Satan et le rendre aux flammes éternelles. C’est en mémoire de cette éclatante victoire du premier évêque de Metz sur les puissances infernales, que l’on promène aux processions de saint Marc et des rogations, une espèce de crocodile appelé (phonétiquement) « Graoully » ou « dragon de saint Clément »,

« Effigie monstrueuse, ridicule, hideuse, et terrible aulx petits enfants, ayant les œilz plus grants que le ventre et la teste plus grosse que tout le reste du corps avecqueamples, larges,et horrificques maschouères bien endentelées tant au dessus comme en dessoubs lesquelles ont faict clicqueter terrificquement l’une contre l’aultre avecque l’engin d’une petite chorde cachée dans le baston au boust duquel est l’effigie. »

La marche s’ouvre par le corps des tonneliers, arrive ensuite celui des perruquiers, l’épée au côté, puis les diverses confréries et corporations de la ville avec leurs bannières armoiriées. Immédiatement avant le clergé s’avance le maire de Woippy portant le Graully. Ce magistrat jouit du droit de lever un gâteau sur toutes les boutiques de boulangers et pâtissiers devant lequel passe le cortège. Le chef de la municipalité de Woippy est entouré de six vigoureux manants bien embastonnés et suivi d’un prêtre tenant une étole destinée à garrotter le monstre s’il voulait se jeter sur le populaire. La procession, après avoir fait le tour de la ville, conduit le Graully dans les cours de l’abbaye Saint-Arnould, où il est fouetté par une troupe d’enfants avant d’être rendu aux caveau de la cathédrale ».
On fait également remonter à saint Clément l’usage de brûler treize chats la veille de la saint Jean.
On prétend que vers l’an 25 de notre ère chrétienne, Metz fut atteinte d’une danse forcée que ni remèdes, ni exorcisme ne pouvaient arrêter. On ne voyait par les rues et carrefours que les bourgeois et artisans sautants sur une jambe, sautant sur une autre, tandis que prêtres et magistrats officiaient et jugeaient en gambadant.
On était au plus fort de ces étranges saturnales lorsqu’un chevalier en haut renom de piété vint loger dans une hôtellerie attaquée de la contagion. À peine le preux fut-il au lit, qu’il vit apparaître un chat énorme dont les yeux scintillaient comme des escarboucles. Le chevalier se signe et saute à ses armes, mais le chat s’échappe en proférant d’affreux blasphèmes et emporte avec lui le principe de danse forcée, car il est certain qu’à partir de ce moment là, le quartier fut débarrassé à l’instant de ce fléau de sauter et de gambader à tout va ! A ces marques, saint Clément reconnut la présence du diable et ordonna un autodafé de tous les chats de la ville.
-« Il m’est avis, dit le sage prélat, que Satan, fort couard de sa nature,craindra d’être saisi sous sa forme empruntée et se sauvera dans les flammes éternelles pour se soustraire à celles de ce monde ».
Les prévisions du saint évêque furent réalisées et ses ouailles retrouvèrent leur gravité caractéristique.
Mais, dans l’appréhension, d’une reprise de la danse forcée, il fut établi qu’une brûlade annuelle et commémorative de treize chats, chiffre toujours fatal au démon, aurait lieu à perpétuité la veille de la saint Jean….« Une brûlade annuelle qui se faisait en grande pompe et simple appareil ; le maître échevin, revêtu de son costume et des insignes de sa charge, accompagné de MM les conseillers, des « treize », des trois mayors(maires) et des représentants des cinq paraiges, de l’aide major de la milice bourgeoise, des sergents de ville et de six hallebardiers, se rend d’abord à l’hôtel du gouvernement, dit « de la Haute Pierre » (à l’angle de l’actuelle rue des Clercs et de la rue du Petit Paris), où il est reçu par le gouverneur de la place au son des plus brillantes fanfares et au bruit du canon de la Place. La marche s’ouvre par la musique de la ville de garnison, viennent ensuite la garde suisse, la garde particulière du gouverneur, les six hallebardiers du maître échevin et de deux sergents de ville portant une torche de cire blanche. Le gouverneur et le Maître échevin paraissent ensuite, marchants sur la même ligne et suivis des autorités civiles et militaires. Arrivés sur le lieu de l’exécution (l’esplanade actuelle), les deux chefs de notre cité font trois fois le tour du bûcher surmonté des treize victimes dans une cage de bois, reçoivent les torches des mains des sergents de ville et mettent le feu à la mèche d’artifice. La flamme s’élance, brûle la cage, et les chats à demi rôtis tombent dans le brasier d’où quelquefois ils s’échappent. Durant ce temps, le commun et le peuple crie : « Noël » ! Danse en cercle autour du bûcher en chantant la ronde de saint Jean jusqu’à ce que le bois soit entièrement consumé. Les tisons qui proviennent de cette « burre » ont, ainsi que les charbons de la souche de Noël, la propriété de protéger de la foudre. Cette seconde victoire de l’évêque de Metz, porta un coup mortel à l’idolâtrie. Ses dernières traces furent peu à peu extirpées de nos murs par la démolition des bains publics de Métius et de l’amphithéâtre d’Octave. Saint Clément utilisa leurs débris dans les constructions des églises de « Sainte croix » et de « Saint Pierre le Viel ». Puis, l’apôtre s’endormit glorieusement dans le seigneur, après avoir gouverné son diocèse depuis vingt cinq ans et trois mois.

[modifier] Références


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