Chemin creux

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Chemin creux de type bocager à Saint-Bômer-les-Forges (Orne, France)
Chemin creux de type bocager à Saint-Bômer-les-Forges (Orne, France)
Chemin creux relique d'une ancienne voie de transport de charbon par wagonnets
Chemin creux relique d'une ancienne voie de transport de charbon par wagonnets
Sur pente, l'érosion tend à creuser les chemins
Sur pente, l'érosion tend à creuser les chemins

Un chemin creux est un chemin ou simple sentier de terre situé entre deux talus en général plantés d'arbres formant haies.

C'était la voie traditionnelle de circulation dans les paysages de bocage. Ils y reliaient les parcelles dispersées, entre elle, aux villages et aux fermes (l'habitat étant dispersé).

Ils ont joué un rôle de protection pour les chouans et pour les soldats et la population lors de la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

[modifier] Les talus

Ils ont constitués de roches ou de touffes d'herbe avec leurs mottes de terre empilées au cours du temps. Ils jouaient un rôle agronomique essentiel dans le bocage (conservation de l'eau et de la matière organique) et supportaient une strate buissonnante et arborée importante. Là où ils ont été conservés, moins fragmentant que les routes, ils augmentent la biodiversité locale et jouent encore un rôle de corridor biologique et même de réseau écologique pour de nombreuses espèces.

La morphologie en creux résulte de l'élévation par l'Homme de deux talus sur les côtés. Le substrat du talus pouvant parfois provenir d'un fossé le longeant. Le creux peut aussi avoir été accentué par l'érosion sur les chemins en pente. Cet enfoncement relatif ou réel par rapport au niveau moyen du sol rend en tous cas le chemin ombragé, frais voire humide. En hiver, le double talus arboré protège le chemin contre les congères.

[modifier] Entretien

Ces chemins souvent étroits étaient entretenus de manière communautaire, par la population, mais aussi par le passage du bétail.

[modifier] Régression

Un chemin creux comme il y en avait encore au XIXème siècle, huile par L. Goville, 1830.
Un chemin creux comme il y en avait encore au XIXème siècle, huile par L. Goville, 1830.

Ils ont été détruits en grand nombre au XXe siècle pour trois raisons principales :

  • ils ne permettaient pas le passage des gros engins agricoles ;
  • leur surface pouvait être récupérée pour agrandir les parcelles ;
  • les talus arborés ont été considérés comme obstacles aux développement des grandes cultures
  • l'herbage et la polyculture-élevage perdaient de leur valeur marchande apparente (défavorisées par les subventions nationales et de la PAC en Europe qui ont encouragé l'élevage hors sol et la culture de maïs, soja, colza sur les anciennes prairies).

Le remembrement des années 1970-1990 a été leur première cause de disparition. Le recul des chemins creux s'est souvent accompagné d'une forte augmentation de l'érosion des sols, des inondations (et sècheresses induites par la non rétention de cette eau), ainsi que d'une augmentation de la pollution des nappes et eaux superficielles par les engrais, pesticides, phosphates et lisiers.

[modifier] Tendance actuelle

On tend depuis les années 1990 à préserver (et rarement restaurer) les reliquats de réseaux de chemins creux qui ont échappé aux remembrements. Ils prennent une valeur en tant que patrimoine culturel, paysager, agro-environnemental et écologique, mais aussi en tant qu'espaces de loisirs (randonnées pédestres, équestres ou à VTT).

[modifier] Voir aussi