Château de Blois

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Le château de Blois, représenté au début du XXe siècle.
Le château de Blois, représenté au début du XXe siècle.

Le château royal de Blois, situé dans le département de Loir-et-Cher, fait partie des châteaux de la Loire. Il fut la résidence favorite des rois de France à la Renaissance.

Situé au cœur de la ville de Blois, sur la rive droite de la Loire, le château royal de Blois réunit autour d’une même cour un panorama de l’architecture française du Moyen Âge à l’époque classique. Les appartements royaux restaurés sont meublés et ornés de décors polychromes.

Sommaire

[modifier] Histoire

Plan du château de Blois au Moyen Âge
Plan du château de Blois au Moyen Âge

[modifier] Moyen-Âge

Durant le règne de Charles le Chauve, en 854, « Blisum castrum » (« le château de Blois »), édifié sur les bords de la Loire, est attaqué par les Vikings. La forteresse reconstruite est au cœur de la région dont sont maîtres les comtes de Blois, puissants seigneurs féodaux aux Xe et XIe siècles dont les possession s'étendent à la région de Blois et de Chartres, et à la Champagne. La première forteresse fut élevée par Thibault le Tricheur au Xe siècle. Au XIIIe siècle, le château est reconstruit par la famille de Châtillon. Leur dernier descendant, Guy II de Blois-Châtillon, vend en 1392 Blois à Louis d'Orléans, frère de Charles VI. En 1429, avant son départ pour lever le siège d'Orléans, Jeanne d'Arc est bénie dans la chapelle du château par l'archevêque de Reims. Lorsque Louis d'Orléans est assassiné à Paris sur ordre Jean sans Peur, duc de Bourgogne, sa veuve, Valentine Visconti, part vivre à Blois où elle s'éteint l'année suivante, après avoir fait graver sur les murs du château : « Rien ne m'est plus, plus ne m'est rien ». Le fils de Louis d'Orléans, Charles, à son retour en 1440 de captivité en Angleterre, fait du château de Blois un centre culturel ; il y lance un concours de poésie où s'illustre François Villon avec sa Ballade du concours de Blois.
De la forteresse de cette période ne restent dans le château actuel que la grande salle, datée du XIIIe siècle, et la tour cylindrique de Foix[1].

[modifier] Renaissance

Statue équestre de Louis XII, sous laquelle se trouvent le porc-épic symbole du roi (dont la devise était « Qui s’y frotte s’y pique. »), la lettre L pour Louis XII et la lettre A, emblème d’Anne de Bretagne.
Statue équestre de Louis XII, sous laquelle se trouvent le porc-épic symbole du roi (dont la devise était « Qui s’y frotte s’y pique. »), la lettre L pour Louis XII et la lettre A, emblème d’Anne de Bretagne.

Le 27 juin 1462, Louis, fils de Charles d'Orléans, naît au château de Blois. Il devient roi de France en 1498 sous le nom de Louis XII; le château médiéval des comtes de Blois devient résidence royale et Louis en fait sa demeure principale, au détriment d'Amboise. Au début des années 1500 (entre 1498 et 1503), Louis XII entreprend avec Anne de Bretagne (son épouse depuis 1499) une reconstruction du château dans un style gothique tardif sans fortifications sous la direction des architectes Colin Biart et Jacques Sourdeau, et la création d'un jardin Renaissance aujourd'hui disparu. Il édifie également la chapelle Saint-Calais.

Claude de France, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, épouse en 1514 son cousin François d'Angoulême, arrière-petit-fils de Louis d'Orléans. Il monte sur le trône en 1515 et Claude de France, avec l'intention de quitter le château d'Amboise, remeuble alors le château de Blois pour y installer la Cour. Cette même année, François Ier lance la construction d'une nouvelle aile, de style Renaissance, et y commence une des plus importantes collections de livres de l'époque. La direction des travaux est donnée à l'architecte italien Dominique de Cortone à qui l'on doit l'escalier monumental. Mais après la mort de sa femme au château, en 1524, la construction s'arrête ; François Ier délaisse le château de Blois au profit du château de Fontainebleau où il envoie l'impressionnante bibliothèque pour fonder la Bibliothèque nationale.

Le château de Blois reste la résidence principale de ses successeurs et en particulier de François II et Charles IX. C'est à Blois que leur frère Henri III convoque les États généraux en 1576 : ceux-ci se tiennent dans la grande salle aujourd'hui appelée salle des États. Puis Henri III doit convoquer les États généraux de 1588-1589. Dans le château, dans sa chambre au deuxième étage, il fait tuer le 23 décembre 1588 son ennemi, le duc de Guise ; le frère de celui-ci, le cardinal de Lorraine, est assassiné le lendemain.

[modifier] Époque moderne et contemporaine

Le château de Blois par Jacques Rigaud.
Le château de Blois par Jacques Rigaud.

Le château est occupé par le successeur de Henri III, Henri IV. À la mort de ce dernier, il devient lieu d'exil pour sa veuve Marie de Médicis, et est habité par Richelieu. Reléguée à Blois en 1617 par son fils Louis XIII, le reine-mère s'évade du château le 22 février 1619 à l'aide d'une échelle de corde, à la suite de quoi elle finit par se réconcilier avec son fils.

En 1626, Louis XIII alloue le comté de Blois à son frère Gaston d'Orléans en guise de cadeau de mariage. En 1635, une nouvelle tentative de développer le château voit le jour avec la mise en œuvre d'une nouvelle aile dessinée par François Mansart. Mais des problèmes financiers stoppent en 1638 la réalisation du projet et Gaston, ne pouvant y résider, est contraint d'occuper l'aile François Ier (qui aurait été détruite si le projet avait été conduit à son terme). Des modifications des appartements royaux datent de cette époque. À la mort de Gaston en 1660, le château est abandonné.

Au moment de la Révolution, le château est à l'abandon depuis 130 ans, et les révolutionnaires soucieux de faire disparaître tout vestige de la royauté le pillent en le vidant de ses meubles, statues et autres accessoires. L'état du bâtiment est tel que sa démolition est même envisagée, cependant sa transformation en caserne en 1788 sauve le bâtiment de la disparition. En 1841[2], sous le règne de Louis-Philippe, le château est classé monument historique grâce à l'action de Prosper Mérimée. Félix Duban est chargé en 1846 de la restauration des appartements royaux de l'aile François Ier ; il associe des couleurs profondes (rouge et bleu) à de l'or[3]. Le château est alors transformé en musée.

Le 23 mai 1960, un timbre-poste représentant le château est émis.

Le château est aujourd'hui la propriété de la ville de Blois. Gilles Clément, paysagiste, a été chargé de travailler sur le parc. Pour faire vivre le château, un son-et-lumière utilisant les voix de Robert Hossein, Pierre Arditi ou Fabrice Luchini, écrit par Alain Decaux et mis en musique par Éric Demarsan, a été conçu dans les années 1990 : Ainsi Blois vous est conté...[4].

[modifier] Architecture et décoration intérieure

Le château de Blois, tel qu'il peut être admiré de nos jours, est principalement constitué de trois ailes où se mêlent les styles gothique, Renaissance et Classique, même si des traces subsistent du château du Moyen Âge.

[modifier] Château médiéval

Salle des États
Salle des États

Construite par le comte Thibaut VI avant 1220, la salle des États est la plus ancienne salle civile gothique de France[5], et un élément architectural marquant du gothique du XIIIe siècle. Lambrissée, elle est composée de deux nefs, séparées par une file de six colonnes supportant les deux voûtes en berceau juxtaposées à la charpente en chêne. Le décor peint est l'œuvre de Félix Duban vers 1861, mais s'inspire de la polychromie en usage au XIIIe siècle. Salle de justice sous les comtes de Blois, elle abrite les États généraux en 1576 et 1588. En 2007, elle est en cours de restauration, notamment afin de préserver d'importantes traces de polychromie et de concerver la charpente en chêne. Elle est située à l'extrémité nord de l'aile François Ier.

Le musée lapidaire, accolé à la salle des États, dans les anciennes cuisines de François Ier, rassemble les sculptures des XVIe et XVIIe siècles des différentes ailes du château, le produit de fouilles du Loir-et-Cher, des objets provenant du promontoire du château à l'époque médiévale, un ensemble daté de la période carolingienne, ainsi que les moulages et les études en plâtre réalisés par Félix Duban.

La tour du Foix, située à l'opposé, près de l'aile Gaston d'Orléans, est un vestige des fortifications du XIIIe siècle. Plus caractéristique d'une forteresse médiévale, elle offre un panorama sur la ville de Blois, la Loire et l'église Saint-Nicolas.

[modifier] Aile Louis XII

Vue de l'aile Louis XII, avec à droite la chapelle Saint-Calais et la galerie Charles d'Orléans, depuis l'aile François Ier
Vue de l'aile Louis XII, avec à droite la chapelle Saint-Calais et la galerie Charles d'Orléans, depuis l'aile François Ier

On pénètre dans le château par l'aile Louis XII, remarquable par son appareil de brique rouges chaînées de pierres blanches. L'entrée est surmontée par la statue équestre du souverain (copie réalisée au XIXe siècle d'un original perdu) présentée plus haut. Cette aile, construite entre 1498 et 1503, est de style gothique comme peuvent l'attester les moulurations, les trilobes, les pinacles des lucarnes. Certains éléments, comme un petit candélabre, sont toutefois déjà de style Renaissance.

Le château de Louis XII est souvent comparé au château du Verger, où Colin Biart aurait également travaillé.

Un couloir dessert les différentes pièces, afin d'éviter de devoir parcourir toutes les pièces en enfilade pour traverser l'aile, ce qui est une nouveauté par rapport à l'agencement du château médiéval[6].

L'aile contient le musée des Beaux-Arts de la ville de Blois depuis 1869. Les huit salles de la galerie présentent un choix de peintures et de sculptures allant du XVIe au XIXe siècle ainsi que l'importante collection de ferronnerie (legs La Houssaye-Frank) et de serrurerie. La galerie regroupe un ensemble de tapisseries françaises et flamandes des XVIe et XVIIe siècles. Les cheminées ont été refaites à l'emblématique de Louis XII et de sa femme, d'après le célèbre livre d'heures de la reine ; destinées au comte de Chambord, elles sont l'œuvre de Louis Delcros. Le cabinet des portraits contient des tableaux des XVIe et XVIIe siècles provenant des châteaux de Saint-Germain-Beaupré dans la Creuse et de Beauregard. Dans une salle des XVIIe et XVIIIe siècles, est conservée une série de cinquante médaillons en terre cuite de Jean-Baptiste Nini.

La chapelle Saint-Calais est située au bout de l'aile Louis XII, dans la cour intérieure du château. Il ne subsiste aujourd'hui de cet oratoire privé du roi (construit à partir de 1498 et consacré en 1508) que le chœur gothique, la nef ayant été détruite par Mansart lors des travaux de l'aile Gaston d'Orléans. Des vitraux modernes de Max Ingrand, datant de 1957, évoquent plusieurs figures de l'histoire.

La galerie Charles d'Orléans, collée à la chapelle Saint-Calais, était autrefois deux fois plus longue, mais fut, comme la chapelle, détruite en partie au XVIIe siècle. Construite au milieu du XVe siècle, il s'agit du premier édifice dans lequel la pierre et la brique sont employés simultanément[7]. La galerie est portée par des arcades en anse de panier très surbaissées. Des colonnes aux fûts losangés, timbrés de la fleur de lys et de l’hermine royales, alternent avec des piliers dont le dessin superpose cercle et carré.

[modifier] Aile François Ier

Façade des Loges
Façade des Loges
Chambre des secrets
Chambre des secrets
Façade intérieure
Façade intérieure

Dans l'aile François Ier, de style Renaissance, l'architecture et l'ornementation sont marquées par l'influence italienne. L'élément central de cette aile est l'escalier monumental, de type vis hors-œuvre. L'escalier, « fouillé comme un ivoire de Chine » selon Balzac, couvert de fines sculptures, s'ouvre par de larges baies sur la cour du château. Sa voûte dallée, de forme hélicoïdale, soutenue par des contreforts rectangulaires extérieurs en font un symbole récurrent de l'architecture française à la Renaissance.

Au revers de l'aile, accessible depuis la galerie de la Reine, se trouve la façade des Loges, caractérisée par une suite de niches non-communicantes. Ces loges, bien qu'inspirées par les façades de Bramante au Vatican, montrent dans leur construction quelques gallicismes (arcs en anse de panier, ordonnance irrégulière, ouvrages en surplomb etc.). Cette façade donnait autrefois sur les jardins créés par Louis XII.

Côté cour, la façade est ornée de fenêtres à pilastres aux chapiteaux italianisants. La corniche au sommet de cette façade présente, superposés, une série de motifs de la première Renaissance.

Malgré son apparente homogénéité, l'aile François Ier englobe la salle des États, à gauche de la façade des Loges.

Le carrelage de la galerie de la Reine, créé par Félix Duban en terre cuite vernissée sur un modèle du XVe siècle, a été restauré à la fin du XXe siècle.

Les appartements royaux situés dans cette aile ont été restaurés. Ils avaient été reconstitués par Félix Duban dans l'esprit romantique de son époque. En effet, Gaston d'Orléans détruisit un quart de l'aile François Ier, dont les appartements privés de Francois Ier. Félix Duban s'inspira du principe selon lequel les appartements publics donnaient sur la cour du château et les appartements privés sur les jardins aujourd'hui disparus.

On trouve dans cette aile le cabinet de Marie de Médicis ou studiolo, dans lequel des panneaux de bois dissimulent quatre placards à mécanisme secret, ce qui lui a donné le nom de chambre des secrets. Les panneaux de bois sont d'origine mais la cheminée ainsi que le plafond ont été recréés par Félix Duban. Les 237 panneaux sculptés de candélabres à l'italienne datent des années 1520. Les placards n'étaient pas destinés à dissimuler des poisons comme certains auteurs romantiques le prétendent, mais servaient à exposer des œuvres d'art et des livres précieux.

La chambre de la Reine, autrefois galerie des appartements de François Ier, devint la chambre royale de Catherine de Médicis qui y mourut le 5 janvier 1589. Le monogramme de Henri II et de Catherine de Médicis composé d'un H et de deux C entrelacés est omniprésent dans cette pièce.

La salle des capitaines des gardes, formée par la réunion de deux pièces, est ornée de deux cheminées au décor Renaissance, sur lesquelles sont visibles la salamandre de François Ier et l'hermine de Claude de France. La salle des gardes, quant à elle, fut construite de part et d'autre de la courtine médiévale de l'édifice. Les vitrines sont consacrées à l'histoire de la monnaie et aux faïences néo-Renaissance produites à Blois au XIXe siècle.

L'oratoire, lambrissé, s'inspire de celui de la bibliothèque du Connétable de Montmorency au château d'Écouen vers 1550. Les vitraux datent du XIXe siècle.

Au premier étage figure le cabinet neuf, reconstitué par Félix Duban d'après un fragment représentant une sirène. Sur le balcon subsistent les boiseries peintes d'un cabinet du XVIIe siècle. On trouve également la galerie Duban, dans laquelle sont exposés dessins, gravures et objets évoquant l'œuvre de l'architecte, ainsi que la salle des Guises, abritant une collection de tableaux présentant les principaux personnages et les événements tragiques liés aux guerres de Religion. De nombreux peintres historicistes du XIXe siècle ont été inspirés par l'assassinat du duc de Guise. La salle du conseil réunit de riches meubles réalisés au XIXe siècle dans le style Renaissance, rappelant le luxe princier du XVIe siècle.

La chambre du roi est celle dans laquelle la légende veut que le duc de Guise soit mort, se jetant au pied du lit du roi après avoir été frappé par huit spadassins. Pour évoquer le roi, Duban a volontairement enrichi d'or le décor de la salle.

La tour Château-Renault, ouverte au public par beau temps, dévoile un panorama sur les anciens jardins royaux où subsistent le pavillon Anne de Bretagne et l'orangerie.

[modifier] Aile Gaston d'Orléans

Façade intérieure de l'aile Gaston d'Orléans
Façade intérieure de l'aile Gaston d'Orléans

La réalisation de l'aile Gaston d'Orléans a été confiée à François Mansart entre 1635 et 1638 date à laquelle le manque de subsides contraint à l'arrêt des travaux. Elle est de style classique. Cette aile occupe le fond de la cour, face à l'aile Louis XII. L'avant-corps central comporte trois travées où l'on peut distinguer la superposition des ordres dorique, ionique et corinthien.

François Mansart y a construit un escalier d'honneur surmonté de deux coupoles superposées, ornées de sculptures allégoriques.

L'aile abrite une salle d'histoire du château et des salles destinées à des expositions temporaires et à des congrès.

[modifier] Bibliographie

  • Henri Bidou, Le château de Blois, Paris, 1931.
  • Frédéric Lesueur, Le château de Blois tel qu'il fut, tel qu'il est, tel qu'il aurait pu être, A. & J. Picard, 189 pages, 1970.

[modifier] Notes

  1. Pour ce paragraphe, voir un historique du château sur le site Richesheures.net
  2. Ou en 1840 selon le site Richesheures.net.
  3. Restauration rafraîchie en 2003 par la ville de Blois.
  4. Informations sur le site de la ville de Blois.
  5. D'après le site de la ville de Blois.
  6. D'après Richesheures.net
  7. Selon 37-online.net.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Liens externes

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47° 35′ 08″ N 1° 19′ 51″ E / 47.585501, 1.33095