Bombarde (musique)

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La bombarde est un instrument de musique à vent à anche double de la famille des hautbois, employé dans la musique bretonne. En breton l'instrument s'appelle ar vombard ou an talabard. Un joueur de bombarde s'appelle un talabarder ("talabardeur"). Aucun autre pays celtique ne possède cet instrument pour accompagner la cornemuse (biniou).

La bombarde aurait été rapportée d'Allemagne par des soldats bretons, combattant dans les armées françaises du roi Louis XIII sous les ordres de Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant, nommé maréchal de France, le 22 mars 1642.

La bombarde faisait autrefois partie d'une vaste famille d'instruments à vent semblables : les chalémies, eux-mêmes originaires de l'Espagne musulmane. Comme il s'agit d'un instrument non tempéré, afin d'accorder une bombarde et un biniou ou deux bombardes entre elles, il fallait soi-disant les tailler dans le même arbre, sinon leurs harmoniques différaient et l'ensemble ne sonnait pas juste. D'ailleurs, pour un musique classique, même accordés, ces instruments ne sonnent pas juste.

Une bombarde en bouteille plastique (extrêmement rare)
Une bombarde en bouteille plastique (extrêmement rare)

À partir de la Renaissance, on a « stabilisé » ou standardisé la gamme du solfège en cherchant à obtenir des instruments justes. Le hautbois est l'instrument issu de la correction progressive des instruments à vent traditionnels afin d'obtenir un instrument tempéré (c’est-à-dire sonnant juste). Les instruments à vent traditionnels furent encore utilisés parallèlement au hautbois avant de disparaître, à l'exception (mais pas seulement) de la bombarde qui a survécu en Bretagne.

Dans le milieu du XXe siècle, le nombre de sonneurs de bombarde et de binioù kozh a diminué de façon dramatique. La pratique de ces duos d'instruments a connu une nouvelle vigueur dans les années 1970 grâce à l'action conjuguée du succès d'Alan Stivell et au développement de la pratique des festoù-noz et des concours. Vers cette même époque, une intense activité de collectage d'airs, de mélodies, de marches et de danses a été engagée à l'initiative des associations SKV (Sonerien ha Kanerien Vreizh : "Musiciens et Chanteurs de Bretagne", fondée à Saint-Brieuc par Georges Epinette en 1979) et Dastum (en breton, "recueillir, rassembler" qui collecte et met en valeur la musique et le patrimoine culturel de Bretagne depuis 1972)[1].


[modifier] Facture

L'instrument se compose de trois parties :

  • le fût ou corps, légèrement conique, est percé de 6 ou 7 trous (ou plus avec l'ajout de clefs) en façade. Il est tourné dans un bois dur, le buis, le poirier, le gaïac, le palissandre ou l'ébène, et peut être ornementé de cerclages en étain, de corne, de bois différents, ou même d'ivoire.
  • le pavillon, taillé dans une autre pièce du même bois, est de forme évasée, et reçoit l'extrémité inférieure du fût.
  • l'embouchure reçoit l'anche double (aujourd'hui en roseau, elle a pu être en buis, en écorce de ronce, voir même en os bouilli), qui sera pincée par les lèvres du talabarder (joueur de bombarde).

Il se décline en plusieurs tailles et tonalités différentes. Sa tonalité est généralement en si bémol, sur deux octaves (diatoniques), la même tonalité que la cornemuse écossaise (binioù bras) telle qu'elle existe en Bretagne (la tonalité de la cornemuse en Écosse est en la, soit un demi-ton en-dessous). Il existe des bombardes dans plusieurs tonalités (Fa, Sol, Sol#, La, Sib, Si, Do, Ré), suivant le répertoire que l'on désire interpréter.

[modifier] Jeu

L'instrument est joué en couple (en duo avec le biniou kozh ou le biniou bras) pour accompagner les danses bretonnes[2].

Des anches de bombarde
Des anches de bombarde

C'est aussi un des principaux instruments d'un ensemble appelé bagad, composé de trois pupitres (bombardes / biniou bras / caisses claires et percussions) ; plus rarement on le trouve aussi accompagné par un orgue dans des représentations plus concertantes voire liturgique. Le duo traditionnel "biniou kozh / bombarde" inspire son jeu de la manière des chanteurs de kan ha diskan (chant à répons) dans lequel le chanteur principal (kaner) lance une phrase qui est répétée par le ou les autres chanteurs (diskaner). Dans ce type de morceau, la bombarde tient le rôle du chanteur principal alors que le biniou joue en permanence en accompagnant la bombarde. Le biniou kozh sonne une octave plus haut que la bombarde[3]. Dans le duo "biniou bras / bombarde", apparu plus récemment sous l'influence des bagadoù, les deux instruments jouent dans la même tessiture.

La bombarde exige beaucoup de souffle et un talabarder peut rarement jouer longtemps. C'est pourquoi les phrases musicales sont courtes et répétées : la bombarde joue une phrase musicale, puis l'instrumentiste se tait (temps de récupération) pendant que d'autres instruments répètent la phrase musicale. La bombarde a un son clair et puissant, qui porte loin.

La pratique des concours est très enracinée dans l'activité des sonneurs de couple. Chaque pays a instauré son propre concours, où les sonneurs se confrontent en trois épreuves: mélodie, marche et danse. Les meilleurs sonneurs de couple se retrouvent le premier dimanche de septembre à Gourin pour participer au Championnat de Bretagne. La première édition s'est tenue en 1955 à l'initiative de l'abbé Le Poulichet de Gourin, qui a pris contact avec l'association Bogadeg Ar Sonerion pour ajouter au traditionnel pardon de la Saint-Hervé une procession de sonneurs[4]. En 1957, Polig Montjarret[5] propose au maire de Gourin d'organiser chaque année autour du pardon un concours de sonneurs, auquel Bogadeg Ar Sonerion fournit un règlement et un jury. Depuis 1993, le championnat se déroule à Gourin sur le site de Tronjoly devant plusieurs milliers de connaisseurs y assistent.

Quelques sonneurs :

  • André Le Meut
  • Jorj Botuha
  • Christophe Caron
  • Cyrille Bonneau
  • Daniel Le Féon
  • David Pasquet
  • Fabrice Lothodé
  • Eric Beaumin
  • Jean Baron
  • Mathieu Sérot
  • Ronan Keryell
  • Serge Riou
  • Yann Kermabon
  • Youen Le Bihan
  • Ivonig Le Mestre

Quelques facteurs :

  • Hervieux & Glet
  • Jorj Bothua
  • Youenn Le Bihan
  • Dorig Le Voyer
  • Yvon Le Coant
  • Jil Lehart
  • Christian Besrechel
  • Jean Capitaine
  • Jean-Luc Ollivier
  • Rudy Le Doyen
  • Paul Larivain
Une bombarde en si bémol
Une bombarde en si bémol

[modifier] Notes et références

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les bombardes.

  1. De SKV à Dastum, revue Musique Bretonne, n°200, Janvier/Février 2007
  2. Musique Bretonne: Histoire des sonneurs de tradition, ouvrage collectif rédigé sous l'égide de la revue ArMen, Le Chasse-Marée / Armen, 1996, ISBN 2.903708.67.3
  3. Yves Castel, Sonerien daou ha daou (Méthode de biniou et de bombarde), Ed. Breizh Hor Bro, 1980
  4. Gourin, un demi-siècle de championnat, Revue Ar Soner, n°382, 4e trimestre 2006
  5. Polig Monjarret 1920-2003, numéro spécial de la revue Ar Soner, n°372, Janvier/Février 2004

[modifier] Liens externes