Blaise Diagne

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Blaise Diagne
Blaise Diagne
Blaise Diagne sur une fresque à Dakar
Nationalité Française
Naissance 13 octobre 1872
à Gorée Sénégal
Décès 11 mai 1934
Cambo-les-Bains France
Profession Haut fonctionnaire
Carrière Homme politique
Plus haut poste (Sénégal (colonie)) Ministre, député
Plus haut poste en Sénégal (colonie) Maire de Dakar

Né le 13 octobre 1872 à Gorée, Blaise Diagne est le premier député africain élu à l'Assemblée nationale française. Il est également le premier ministre noir des colonies.

Né d'un père sérère, cuisinier et marin, et d'une mère manjaque originaire de Guinée-Bissau, Gaiaye M'Baye Diagne est très tôt adopté par la famille Crespin [1] qui lui donne le prénom de Blaise.

Marié en 1909 avec Marie Odette Villain, rencontrée à Madagascar, il a eu quatre enfants [2].

Il est mort en France le 11 mai 1934.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Formation

Il apprend très tôt à lire, à écrire et bénéficie d’une éducation solide qui s'appuie sur d'incontestables qualités intellectuelles. Il figure ainsi au palmarès de la distribution des prix de l'école laïque de Saint-Louis en août 1884.

Boursier du gouvernement, le jeune Diagne va poursuivre ses études en France à Aix-en-Provence. Malade, il revient à Saint‑Louis pour suivre les cours de l'école secondaire Duval où il sera major de sa promotion en 1890.

Il entreprend avec succès le concours de fonctionnaire des douanes en 1891.

[modifier] Carrière

Blaise Diagne
Parlementaire français
Naissance {{{naissance}}}
Décès {{{décès}}}
Mandat Député 1914-1934
Début du mandat 1946
Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Sénégal
Groupe parlementaire URRRS (1914-1919)
PRS (1919-1934)
IIIème République

[modifier] Dans les autres colonies

Entré dans cette administration en 1892, il est d'abord nommé au Dahomey (actuel Bénin) en 1892, puis au Congo français en 1897, à la Réunion en 1898 et enfin à Madagascar en 1902, dernier poste où ses opinions avancées déplaisent à Gallieni.

Envoyé en Guyane en 1910, ses liens avec le gouverneur sont facilités par son appartenance au Grand Orient de France.

[modifier] En métropole

Blaise Diagne est élu en 1914 député du Sénégal. Bénéficiant du statut des « quatre vieilles » communes (Rufisque, Gorée, Saint-Louis et Dakar). Il est le premier Africain de l'histoire française à siéger au palais Bourbon, il y est surnommé "la Voix de l'Afrique"[3]. Membre du groupe Union républicaine radicale et radicale-socialiste animé par Maurice Viollette, franc-maçon lui aussi, il est réélu sans interruption jusqu'à sa mort, malgré des campagnes systématiquement hostiles de ses adversaires colonialistes, qui n'aiment pas voir un Noir à l'Assemblée, d'autant que celui-ci est aussi le maire de Dakar.

Blaise Diagne adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en décembre 1917, mais aucun document n'a été retrouvé sur la date de son départ du parti, probablement peu après son arrivée.

Il rallie ensuite le Parti républicain-socialiste puis les indépendants de Georges Mandel.

[modifier] En AOF

Blaise Diagne devient en 1917 commissaire général aux troupes noires avec rang de sous-secrétaire d'État aux colonies. Il mène avec succès des missions en Afrique occidentale française pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre. De février à août 1918 et de Dakar à Bamako, il essaye de convaincre ses compatriotes de venir se battre en France tout en leur promettant des médailles militaires, un certificat de bien manger, un habillement neuf et surtout la citoyenneté française aux combattants après la guerre. Les primes aux recruteurs sont aussi fortement augmentées. Il réussit à mobiliser 63 000 soldats en AOF et 14 000 en AEF[4]. Il retrouvera d'ailleurs cette fonction de 1931 à 1932, dans le premier gouvernement de Pierre Laval.

Diagne profita des conditions spéciales du conflit pour arracher au Parlement la loi du 29 septembre 1916 qui reconnaissait définitivement la citoyenneté française aux originaires des « quatre communes », sans les soumettre au Code Civil ni leur faire perdre leur statut personnel.

[modifier] Franc-maçonnerie

En septembre 1899, à Saint-Denis, Diagne est devenu franc-maçon.

Il est le premier noir à siéger, dès 1922, au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France.

Il bénéficie de ce parrainage jusqu'à sa mort en 1934, tout en étant largement soutenu par les milieux parlementaires auxquels il renvoie, par effet de miroir, l'image du parfait assimilé. En revanche, les nationalistes sénégalais (surtout les communistes de l'UIC comme Lamine Senghor) le prennent pour cible.

L'appartenance de Diagne à la franc-maçonnerie explique sans doute qu'il ait été enterré avant l'entrée du cimetière musulman de Soumbédioune à Dakar, les Musulmans ayant refusé qu'un franc-maçon puisse reposer à l'intérieur du cimetière.

[modifier] Postérité

Le souvenir du premier ministre noir de la République française reste vivace. Son nom est porté par plusieurs endroits comme l'Avenue Blaise Diagne, une des plus grandes de Dakar, le lycée Blaise Diagne de Dakar et, récemment, le Président Abdoulaye Wade a donné au nouvel aéroport international en construction à une quarantaine de kilomètres de Dakar le nom d'aéroport international Blaise Diagne.

[modifier] Legs

Alors que l'Afrique était encore majoritairement colonisée, Blaise Diagne défendait la participation des Africains à la politique du pays colonisateur [5].

Il demandait aussi un traitement équitable des minorités ethniques au sein de l'armée française.

Il a mené pendant toute sa carrière une action en faveur des colonisés d'Afrique et des Antilles pour les aider à s'insérer dans la société française.

À l’assemblée, Blaise Diagne, proteste contre le « massacre » de ses compatriotes lors de la première guerre mondiale.

[modifier] Pour approfondir

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

[modifier] Bibliographie

  • (de) Günther Unser, Intelligenzia und Politik im Senegal : von den Anfängen bis zur Unabhängigkeit im Jahre 1960, Université d'Aix-la-Chapelle, 1971 (thèse)
  • (fr) Centenaire de Blaise Diagne, Institut fondamental d'Afrique noire, 1972
  • (fr) Blaise Diagne : sa vie, son œuvre, Nouvelles éditions africaines : Sonapress : Éditions des Trois fleuves, 1974
  • (fr) Moussa Yoro Bathily, Édition critique des déclarations parlementaires de Blaise Diagne, Université de Dakar, 1974 (Mémoire de Maîtrise).
  • (fr) Charles Sylvain Cros, La Parole est à M. Blaise Diagne : premier homme d'État africain, 1961
  • (fr) Amady Aly Dieng, Blaise Diagne, député noir de l'Afrique, Chaka, 1990
  • (fr) Jean-Hervé Jézéquel, L'action politique de Blaise Diagne, 1914-1934 : des rapports entre les milieux coloniaux français et l'élite noire assimilée à travers l'exemple du premier élu noir africain à la Chambre des Députés, thèse, 1993
  • (fr) G. Wesley Johnson, Commémoration du centenaire de la naissance de Blaise Diagne, Institut fondamental d'Afrique Noire, 1972
  • (fr) Chantal Antier Renaud, Les soldats des colonies dans la première guerre mondiale, Éditions France Ouest, 2008 ISBN 978-2-7373-4283-7


[modifier] Notes et références de l'article

  1. Famille métisse de notables de Gorée et de Saint-Louis
  2. dont :
    • Adolphe, médecin militaire (né en 1910, mort en 1985),
    • Rolland, fonctionnaire dans les Chemins de fer
    • Raoul, footballeur professionnel, Premier footballeur africain à être sélectionné en équipe de France (de 1931 à 1940), ensuite entraineur de l'équipe nationale du Sénégal en 1963.
  3. Les soldats des colonies dans la première guerre mondiale De Chantal Antier Renaud Éditions France Ouest en février 2008 ISBN 978-2-7373-4283-7
  4. Les soldats des colonies dans la première guerre mondiale de Chantal Antier Renaud, Éditions France Ouest en février 2008 P. 38 ISBN 978-2-7373-4283-7
  5. Dans son cas particulier, il s'agissait de la France car le Sénégal faisait alors partie de l'Afrique occidentale française


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