Bernard Natan

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Bernard Natan (1886-1942) (né Natan Tannenzaft) est un producteur franco-roumain des années 1920 et 1930.

Natan entra dans le cinéma généraliste, où il acquit le grand studio de cinéma Pathé en 1929. Pathé s'effondra en 1935, et Natan fut accusé d'escroquerie. Il contribua cependant à fonder l'industrie du cinéma moderne en France et à révolutionner la technologie cinématographique dans le monde.

[modifier] Biographie

Né de parents juifs en Roumanie en 1886, il s'installa en France après la première Guerre mondiale et prit la nationalité française en 1921, changeant son nom en Bernard Natan.

Il fonda son propre studio, « Rapid Film », pour développer ses films.

Dans les années 1920, il travailla aussi pour Paramount Pictures. La réputation de Rapid Film devint telle que Natan devint membre du comité exécutif de la fédération des employeurs cinématographiques. En 1926, son laboratoire de film était respecté, il avait construit deux ateliers pour le son. Il produisait également les films d'autres studios[1][2].

En février 1929, Bernard Natan acheta la société Pathé, alors la plus grande compagnie de cinéma de France. Il accepta de fusionner son propre studio, Rapid Films (qui valait 25 millions de l'époque) avec Pathé en échange de 50 millions de francs en actions. Après la fusion, Natan renomma la société Pathé-Natan[2][3][4].

Pathé subissait déjà une situation financière difficile à la reprise de Natan. La Grande Dépression atteignit l'économie au même moment.[5][3][4]. Natan tenta de renflouer les caisses de Pathé et de moderniser le studio et les méthodes de travail de l'industrie du film. Il reprit un autre studio, Société des cinéromans, d'Arthur Bernède et Gaston Leroux, ce qui permit à Pathé d'étendre ses activités à la manufacture électronique et à la projection. La presse française, cependant, attaqua Natan sans pitié sur sa façon de diriger Pathé. Plusieurs de ces attaques étaient antisémites.

Entre 1930 et 1935, la compagnie Pathé-Natan gagna 100 millions de francs de profits, et produisit plus de 60 films (autant que les studios américains de l'époque). Il produisit à nouveau les films d'actualité Pathé Journal, qui n'avaient plus vus le jour depuis 1927.

En novembre 1929, Natan instaura la première compagnie de télévision de France, Télévision-Baird-Natan. Un an après, il achetait une station de radio à Paris et constituait un holding (Radio-Natan-Vitus) qui allait devenir un véritable empire radiophonique[2][5][3][4].

Mais en 1935, Pathé tomba en banqueroute. Dans le but de financer l'expansion de la société, le conseil de direction (qui comprenait toujours Charles Pathé) avait voté en 1930 la vente de 105 millions de francs d'actions. Mais avec la dépression, seuls 50% des actions furent vendues. L'une des banques qui avait investi s'effondra, et Pathé fut forcé de continuer à acheter des chaînes de salles de cinéma, sans en avoir financièrement les moyens. La compagnie finit par perdre plus d'argent qu'elle n'en gagnait[2][5][3][4].

La chute de Pathé mena les autorités françaises à mettre en examen Bernard Natan pour escroquerie. Il fut accusé d'avoir créé des sociétés fictives, et de mauvaise gestion des affaires. On l'accusa même d'avoir caché ses origines roumaines et juives en changeant de nom. Il fut arrêté et emprisonné en 1939. Il fut libéré en septembre 1942[2][5][3][4].

Après la sortie de prison de Natan, le gouvernement français le livra aux forces d'Occupation allemandes. Elles l'envoyèrent au camp de concentration d'Auschwitz, où il mourut quelques semaines après.

[modifier] Notes

  1. Willems, Gilles. "Rapid-Film et ses Branches Production." Pathé, Premier Empire du Cinéma. Jacques Kermabon, ed. Paris: Centre Georges Pompidou, 1994. ISBN 2858507937
  2. abcde Willems, Gilles. "Les Origines du Groupe Pathé-Natan et le Modele Americain." Vingtième Siècle. 46 (April-June 1995).
  3. abcde Abel, Richard. The Red Rooster Scare: Making Cinema American, 1900-1910. Berkeley: University of California Press, 1999. ISBN 0520214781
  4. abcde Abel, Richard. French Cinema: The First Wave 1915-1929. Paperback ed. Princeton: Princeton University Press, 1987. ISBN 0691008132
  5. abcd Willems, Gilles. "Les origines de Pathé-Natan." In Une Histoire Économique du Cinéma Français (1895-1995), Regards Croisés Franco-Américains. Pierre-Jean Benghozi and Christian Delage, eds. Paris: Harmattan, Collection Champs Visuels, 1997. Traduction anglaise disponible sur http://www.latrobe.edu.au/screeningthepast/classics/rr1199/gwrr8b.htm.

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