Bataille d'Anghiari

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Bataille d’Anghiari

Copie de Rubens (1603) de l’œuvre perdue de Léonard de Vinci : Bataille d’Anghiari
Informations générales
Date 29 juin 1440
Lieu Anghiari
Issue Victoire des Florentins
Belligérants
Florentins Milanais
Commandants
Micheletto Attendolo et Giampaolo Orsini Niccolò Piccinino

La Bataille d'Anghiari entre les Milanais et les Florentins (vainqueurs) eut lieu le 29 juin 1440 près d'Anghiari en Toscane.

Sommaire

[modifier] Une bataille aussi impressionnante que décisive

[modifier] Une bataille impressionnante

La renommée d'Anghiari en Toscane provient principalement du fait d'avoir été, le mercredi 29 juin 1440, le théâtre d’une bataille qui vit la victoire des Florentins guidés par Micheletto Attendolo et Giampaolo Orsini sur les Milanais menés par Niccolò Piccinino. Machiavel parle de cette bataille sur un ton ironique : « Et dans une aussi longue confrontation qu’elle dura de vingt à vingt-quatre heures, il ne mourut qu’un seul homme, non suite à ses blessures ou d’un quelconque valeureux fait d’arme, mais après une chute de cheval où il fut piétiné ».

[modifier] Une bataille décisive

Cependant, Piero Bargellini rappelle que si le bilan militaire s’est révélé modeste, le bilan politique de la bataille d'Anghiari ne le fut pas, car les Florentins célébrèrent cette bataille comme une grande et décisive victoire. En effet, Machiavel souligne, cette fois avec plus de profondeur historique, que « … la victoire fut beaucoup plus utile pour la Toscane que nuisible pour le duc de Milan. En effet, si les Florentins avaient perdu lors de cette journée, la Toscane lui appartenait, et en perdant lors de cette même journée, il n’a rien perdu d’autre que les armes et les chevaux de son armée que l’on peut récupérer avec assez peu d’argent… ».

[modifier] De Vinci entre en scène

Mais, la bataille aurait été sûrement oubliée de l'histoire, si les magistrats de Florence, pour décorer la salle du Grand conseil du Palazzo Vecchio avec des œuvres rappelant les principales actions de la République, n’eurent confié à Léonard de Vinci, en compétition avec Michel-Ange, le soin de peindre la « Bataille d'Anghiari ». Après la réalisation des esquisses, la partie centrale, c'est-à-dire le combat autour du drapeau, fut posée au mur.

[modifier] La controverse

Comment expliquer la disparition d'une fresque de cette importance ? Deux hypothèses s'ouvrent aux historiens de l'art :

[modifier] La thèse de la destruction

Elle est partagée par la plupart des analystes : gravement endommagée par un processus de séchage non naturel (trop rapide) inspiré d'une recette de Pline l'Ancien, la peinture, inachevée, fut effacée pour faire place à la décoration de Vasari commandée par les Médicis (les Médicis, maîtres de Florence, ne voulaient plus voir cette bataille dans laquelle ils n'avaient rien à voir). Les célèbres dessins de Léonard de Vinci qui, comme Cellini l’affirme, furent l’« école du monde », seraient ainsi perdus à jamais… Mais il en reste témoignage à travers ceux de Rubens, aujourd'hui au musée du Louvre à Paris, et d'une œuvre, datée d'autour de 1470 et attribuée au peintre Biagio d'Antonio de l'école de Paolo Uccello qu'on trouve aujourd'hui au National Gallery of Ireland à Dublin.

Plusieurs spécialistes des arts, comme Daniel Arasse ou Valérie Morignat, ont analysé le destin singulier de la fresque disparue de Léonard, mais aussi celui du dessin attribué à Pierre Paul Rubens qui a fait l'objet de plusieurs expertises au sein du département de restauration des œuvres du musée du Louvre[1]

[modifier] La thèse de la conservation

Pour d'autres (beaucoup moins nombreux), Vasari aurait été victime d'un dilemme : exécuter rapidement la commande des Médicis ou sauver coûte que coûte le chef-d'œuvre d'un maitre qu'il admirait par dessus tout.

Il aurait résolu ce dilemme en faisant monter un second mur de briques devant la fresque du Vinci (déjà peinte sur un mur de briques) en laissant un espace de quelques centimètres entre les deux murs. Vasari aurait même laissé des indices en ce sens. Il a utilisé une technique similaire pour préserver d’autres œuvres. Et d’estimer que Vasari pourrait bien être l’auteur de ce mystérieux « cerca, trova » écrit sur un étendard vert de sa propre fresque.

C'est ce que veut démontrer Maurizio Seracini, 73 ans, ingénieur de formation qui utilise pour ce faire des technologies de pointe (aussi bien médicales et militaires : échographie, radar, scanneur, etc…). Malheureusement la « timidité » des Offices et l'appel à des fonds aussi rares que privés ne permettent pas aux recherches de Seracini d'aboutir.

Alessandro Vezzosi, directeur du musée d'art Léonardo da Vinci de Florence qui partage cette opinion, déclare en mai 2005 : « Nous pouvons voir dans les écrits de Vasari qu’il considérait vraiment Léonard comme très important… et qu'il a déjà utilisé des techniques similaires pour protéger d'autres chefs-d'œuvre, victimes toutes désignées de l'égoïsme des grands ».

[modifier] Notes

  1. Comme l'évoque l'analyse en ligne extraite de la thèse de Valérie Morignat : [(fr) Thèse de Valérie Morignat (page consultée le 17 novembre 2007)]

[modifier] Liens externes