Basilique de Paray-le-Monial

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La basilique romane de Paray-le-Monial, aujourd’hui placée sous le vocable du Sacré-Cœur, donne une image complète, bien que de dimensions réduites, de ce que fut Cluny : trois nefs contre cinq à Cluny, transept simple et non pas double, mais, de l'avant-nef à la cascade des toitures du chevet, étagées dans une subtile harmonie, en passant par les voûtes ordonnées de la même manière qu'à la grande abbatiale.

Sommaire

[modifier] Historique

En 973 le comte Lambert de Chalon fonda un cloître qui dès 999 fut placé par l'évêque d'Auxerre sous l'autorité de l'abbaye de Cluny, ce qui en fit, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, un prieuré clunisien.

On ne possède aucune trace d'une première église (Xe siècle). À partir du début du XIe siècle, fut édifié un bâtiment que les fouilles récentes, conduites par Gilles Rollier, ont permis de découvrir ; cette construction se termina probablement par le massif occidental (porche et deux clochers) au début du XIIe siècle. Une nouvelle construction, bien plus ambitieuse, ne débuta certainement pas avant le milieu du XIIe siècle, et commença alors par l'édification d'une grande abside avec déambulatoire, qui engloba d'abord l'abside précédente. Les travaux progressèrent avec une extrême lenteur, et ne furent pas achevés avant le début du XIVe siècle (étage gothique du clocher principal, remplacé au XIXe par un pastiche néo-roman). L'essoufflement final du chantier fit que les travaux s'interrompirent alors que moins de la moitié de la nef prévue avait été bâtie, ce qui laissa un édifice qui apparaît curieusement proportionné[réf. nécessaire].

Depuis la fin du XIXe siècle, Paray-le-Monial et son église sont un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de France. L'objet de ces pèlerinages est l'adoration du Sacré-Cœur, due aux visions de Marguerite-Marie Alacoque dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et plus encore à l'action du Jésuite Claude La Colombière.

[modifier] Description

[modifier] La basilique

L'église d'aujourd'hui est une basilique dont le bâtiment principal compte trois travées avec un transept d'une seule nef, deux petites tours à l'ouest et une grande tour de transept. L'église a une longueur totale de 63,5 m (y compris le vestibule et la chapelle orientale faisant partie des chapelles rayonnantes) et une largeur de 22,35 m (sans le transept). Avec ses 40,50 m par rapport à la nef presque carrée (22 m de longueur jusqu'à la croisée) le transept donne l'impression d'être disproportionné. La grande nef du bâtiment principal a une hauteur de 22 m, y compris la tour de transept et la hauteur totale de l'église est de 56 m.

[modifier] l'extérieur

L’extérieur de la basilique est caractérisé par l’austérité et le dépouillement : de vastes murs nus rappellent la puissance de l’architecture germanique des Xe et XIe siècles (abbatiales d’Hersfeld ou de Limburg-an-der-Haardt). Les baies, en files serrées et de petite taille, présentent une ouverture sans ébrasement, ce qui repousse les vitraux au fond d’une loge obscure. Cette disposition est archaïque. La porte qui ouvre sur le bras gauche du transept est décorée d’élégants motifs floraux et géométriques.

[modifier] L'intérieur

[modifier] La nef

Les arcs doubleaux brisés, dans le style roman bourguignon, le long de la nef, occupent deux tiers de la hauteur, le tiers restant est dévolu aux deux rangées d’arcatures. C’est une disposition inspirée de l’église de Cluny qui elle-même trouve sa source dans l’imitation des portes gallo-romaines d’Autun. Ces dernières sont surmontées d’arcatures ouvertes, d’une hauteur égale à la moitié de celle des portes.

De même que dans l’immense édifice que fut Cluny, dans chaque travée, trois baies, tantôt aveugles tantôt ouvertes sur les combles des bas côtés, sont surmontées de trois fenêtres hautes, de taille identique, entourées d’une arcature. On ne peut s’empêcher de songer au modèle architectural des trois portes de chaque mur de la Jérusalem céleste, telle que Saint Jean la décrit dans l'Apocalypse, à moins qu'il ne s'agisse de rappeler la Trinité. De même, les niveaux d’arcades sont trois, il y a trois travées dans la nef, et trois piliers supersposés entre chaque travée. Ces piliers sont disposés en chiasme : une série de pilastres élevés est prolongée en hauteur par des pilastres aux écoinçons des arcs doubleaux, les deux pilastres ainsi superposés sont nettement séparés par le chapiteau du pilastre inférieur et la base de celui qui le surmonte. Par contre, les deux rangées d’arcatures sont reliées par un même pilastre, simplement séparé en deux par la bague de la moulure entre les deux étages d’arcatures.

Les différents niveaux sont soulignés, soit par des cordons moulurés continus (sous l’arcature aveugle du deuxième niveau), soir par une corniche soutenue par des modillons (sous les fenêtres hautes).

[modifier] Le chœur avec déambulatoire et ses absides

On compte trois chapelles rayonnantes (il y en avait cinq à Cluny). Comme dans l’abbatiale de Cluny des XIe et XIIe siècles, le déambulatoire est nettement plus étroit que les bas côtés correspondants qui jouxtent le chœur, et il existe une forte dénivellation entre l’abside et le déambulatoire, d’une part, et entre le chœur et ses collatéraux.

[modifier] Les chapiteaux

Ils sont principalement décorés de feuilles d’acanthe mais on y trouve trois chapiteaux historiés d’interprétation délicate et quelques chapiteaux à animaux.

  • Deux chapiteaux à aigles  : l’aigle est l’image de l’âme s’élevant au-dessus des contingences terrestres. Equivalent spirituel du pouvoir temporel du lion, l’aigle est un oiseau solaire (le roi des oiseaux). L’apôtre Jean a été identifié à l’aigle de l’Apocalypse.
  • Sept chapiteaux à lion : le lion symbolise le pouvoir royal, la puissance et l’honneur dans le monde matériel. Lié au soleil en astrologie, il l’est dans la symbolique romane. Enfin l’évangéliste Marc a été identifié au lion de l’apocalypse. On dit parfois de Jésus qu’il est le lion de Juda.
  • Trois chapiteaux à griffons : le griffon : certainement d’origine perse, c’est un lion à tête d’aigle, qui est dès lors doublement solaire et qui relie l’âme spirituelle (aigle) à la puissance matérielle (lion). Il associe le ciel et la terre.

[modifier] Les alentours

À la solennité de la basilique répond la paix du cloître adjacent, reconstruit au XVIIIe siècle mais en parfaite harmonie avec l’église. Son aile méridionale abrite le musée de la Faïence où sont exposées des pièces de Charolles, mais aussi des faïences anciennes de Moustiers-Sainte-Marie et de Nevers tandis que, dans la galerie opposée, du côté du nord on découvre le portail, richement orné de sculptures romanes de facture inégale, par lequel les moines gagnaient l'église. Mais c'est surtout le portail nord, du côté de la ville, qui est un joli exemple d'ornementation romane, même en l'absence de tympan figuratif.

Au chevet de la basilique, se trouve l'espace Saint-Jean, lieu d'accueil et d'information destiné principalement aux pèlerins. À l'intérieur, l'espace Sainte-Marguerite-Marie et saint Claude La Colombière, présente l'histoire de la vie et des apparitions de sainte Marguerite - Marie Alacoque et le message de Paray. Dans le parc des Chapelains, à l'est de la basilique, le Diorama propose un montage son et lumière sur sainte Marguerite-Marie. Non loin de là, se situe la chapelle des Apparitions où se trouve la chasse contenant les reliques de la sainte.

[modifier] Photos

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Eliane Vergnole, L'art roman en Bourgogne, Flammarion, Paris, 1994 (ISBN 2-08-010763-1)
  • Jean-Noël Barnoud, Nicolas Reveyron, Gilles Rollier, Paray-le-Monial, Edition du Zodiaque, 2004 (ISBN 2-7369-0310-2)
  • Robert-Jacques Thibaud, Dictionnaire de l'art roman, éditions Dervy, 2007 (ISBN 978-2-84454-438-4)

[modifier] Liens internes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Basilique de Paray-le-Monial.

[modifier] Liens externes


Autres langues