Base antarctique Concordia

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Concordia est une station de recherche permanente franco-italienne en Antarctique au Dôme C.

Sommaire

[modifier] Histoire

C'est la signature d'un accord entre les instituts polaires Institut Polaire Français - Paul Émile Victor (IPEV) et Ente per le Nuove Tecnologie, l'Energia e l'Ambiente (ENEA) en 1993, qui a permis la construction de cette troisième station permanente à l'intérieur de l'Antarctique, après celle de la Russie, Vostok et des États-Unis, Amundsen-Scott.

[modifier] Premier hivernage

Le premier hivernage a débuté à la mi-février 2005, avec 13 hivernants. En septembre 2005, la température la plus élevée a été de -48°C, avec une moyenne en août de -60,2°C et un record de -78,6°C le 1er septembre.

À ces températures extrêmes, les sorties doivent être effectuées avec le maximum de précautions. Les personnes doivent sortir au minimum à deux, équipées de radio, de piles de rechange et bien évidemment d'une combinaison polaire intégrale, où seul les yeux dépassent, parfois... Le glaciologue italien, Emanuele Salvietti, doit effectuer des échantillons de neige tous les jours à un kilomètre de la base. Comme il doit se déplacer à pied (car aucun véhicule ne fonctionne à ces températures), il s'est construit un masque intégral, où seul un tuyau dépasse pour respirer. Et à la moindre erreur, c'est la blessure assurée comme l'explique l'astronome Karim Agabi, « Brûlures sur les joues et cils collés à l'objectif du télescope », après une exposition au froid glacial.

[modifier] Équipe

  • Michel Munoz, chef de Mission
  • Roberto Dicasilati, médecin
  • Christophe Mozer, chef de la centrale électrique
  • Pascal Bordais, radio électronicien/informaticien
  • Emanuele Salvietti, glaciologue
  • Claire Le Calvez, responsable technique
  • Michel Galland, électromécanicien
  • Jean-Louis Duraffourg, cuisinier intendant
  • Karim Agabi, astronome
  • Stéphane Beausire, chaudronnier soudeur
  • Jean Elegoet, mécanicien véhicules
  • Jean-François Jurvilliers, technicien d'aménagement
  • Guillaume Dargaud, climatologue

[modifier] Second hivernage

Le second hivernage s'est déroulé de février à novembre 2006 avec une équipe de dix hivernants (six français et quatre italiens) :

  • Minh-Ly Pham-Minh,chef mission.
  • Miguel Ravoux, responsable technique.
  • Shaun Deshommes, mécanicien.
  • Eliseo d'Eramo, électricien.
  • José Dos Santos, cuisinier.
  • Loic Le Béchec, informatique.
  • Michele Impara,
  • Lucia Agnoletto,
  • Omar Cerri,
  • Eric Aristidi,

Le record de température pendant cet hivernage a été mesuré à -80 °C le 5 septembre 2006 à 02h37.

[modifier] Troisième hivernage

15 hivernants fev-nov 2007

température minimale : le 5 septembre avec un "redoux" : -81.9°C

la température moyenne est -65°C

15 missions

[modifier] Domaines de recherche

Les domaines de recherche sont nombreux :

  • géophysique: la station sismologique a parfaitement enregistré le séisme de Sumatra-Banda-Aceh.
    • les balises GPS permettent, avec celles de Dumont d'Urville et de Terra Nova Bay (Italie) , de mesurer la dérive continentale et de compléter ainsi les données globales de tectonique.
    • la station permet de corroborer au sol les mesures satellitales (travail de calibration d'instruments).
    • la station météo enregistre en permanence température, hygrométrie et vitesse du vent (faible sur ce Dôme C : rien à voir avec les blizzards catabatiques de la station Dumont d'Urville). Record de froid le 4 sept 2007 : -81.9°C.
  • astronomie : Les trois mois de nuit polaire et la position à 3 300 m d'altitude offrant une atmosphère très pure et un ciel dégagé plus de 80% du temps font de Concordia un lieu d'observation privilégié. Les premières observations indiquent que l'essentiel des turbulences se situent dans une couche d'air proche du sol ne dépassant pas 30 m d'épaisseur. De telles dimensions permettent d'envisager une structure plus haute supportant les appareils d'observation, leur permettant de disposer d'une qualité optique proche de celle de l'espace. Par ailleurs, le Laboratoire universitaire d'astrophysique de Nice (LUAN) envisage désormais d'installer un interféromètre intitulé Keops. Il se constituerait de 36 télescopes de 1,5 m disséminés dans un cercle d'un kilomètre de diamètre autour de Concordia [1].

Le caractère désertique (moins de 2.5cm de neige pan an à cette altitude) fait que les observations en infra-rouge sont remarquables. Un réseau de la Commission Européenne, ARENA, est consacré à la prospective astronomique de la station CONCORDIA.

Le programme exo-planètes complète celui entamé par le satellite Corot lancé en 2007.

Les cailloux micro-météoritiques se voient très bien dans les strates de glace : essaim des Léonides , etc.

  • glaciologie : Dans le cadre du programme européen de recherche EPICA, le Dôme C a été choisi car les strates de glace se sont peu déplacées (dôme): des carottages sont effectués dans la calotte glaciaire. Les prélèvements réalisés jusqu'à 3 270 m de profondeur permettent de retracer l'histoire du climat sur une période de plus de 800 000 ans. Les carottes de diamètre 10cm , de longueur maximale 3m remontent d'une température de -2°C au fond à -54°C au sol. Le laboratoire à -20°C permet des études sur place. Une carothèque à -55°C permet de conserver en patrimoine-mondial l'état de l'air sur la période de 800 000 ans (CO2, CH4, poussières).
  • climatologie : Des ballons-sondes sont lancés depuis la base pour étudier la couche d'ozone. Les mesures au lidar permettent de surveiller du sol le trou d'ozone et complètent les mesures satellitales.
  • sociologie et médecine humaine : L'isolement pendant une longue durée d'un petit groupe d'êtres humains est idéal pour définir des portraits types en vue de l'exploration de la planète Mars [2]. L'esa-medecine étudie aussi l'hypoxie d'altitude, la déshydratation (paradoxal sur 3000m de glace! mais l'atmosphère est très sèche ; la climatisation doit réguler l'hygrométrie de la station), la nuit en continu de mai à août (perturbation des rythmes circadiens, lumière artificielle en permanence), le froid sec, etc.
  • technologie : équipements technologiques spéciaux notamment pour leur résistance au froid extrême : par exemple, les panneaux de construction de la station sont brevetés pour leur résistance thermique sur des variations de -80°C à 20°C; le site est garanti pour 30 ans. La logistique est primordiale dans cet ISOLEMENT total : fuel et centrale énergétique, eau, traitement de l'eau-usée, médecine du froid et vêtements, alimentation : tout relève d'une expédition quasi-militaire.

[modifier] Station

Concordia se trouve à 75° 06' sud et 123° 20' est, à 3 233 mètres d'altitude. Elle se trouve à environ 1 100 km de la base française Dumont d'Urville et à 1 200 km de la base italienne Terra Nova Bay.

La station est composée de deux bâtiments principaux de 3 étages en forme de polygone à 18 côtés, pour une surface totale habitable de 1 500 m² :

  • un bâtiment est dédié aux activités calmes (les chambres, les laboratoires, etc.)
  • l'autre bâtiment aux activités bruyantes (la cuisine, le restaurant, les ateliers, etc.)

Ces bâtiments sont montés sur 6 pilotis qui montent ou descendent grâce à des vérins hydrauliques pour compenser les variations du niveau du sol gelé.

D'autres installations à proximité des deux bâtiments principaux peuvent accueillir une quarantaine de personnes supplémentaires durant l'été. Durant les hivers, une quinzaine de personnes peuvent y résider en totale autonomie durant 9 mois.

L'hiver, les communications avec le monde extérieur se font par liaisons satellite (Inmarsat et Iridium).

Dans Concordia, le recyclage n'est pas un vain mot, grâce à un prototype de l'Agence spatiale européenne (ESA), 80 % des eaux usées sont recyclées et le chauffage s'effectue par récupération de chaleur produite par la centrale électrique (cogénération).

La station est approvisionnée durant l'été par un convoi composé d'une dameuse, suivie d'une dizaine de tracteurs à chenilles, tirant quelques centaines de tonnes de matériel ( en particulier les cuves de fuel!). Ils parcourent les 1 100 km en environ une quinzaine de jours, montant de 3300 m , quelles que soient les conditions météorologiques (choix différent des USA pour leur station pole-Sud : pont aérien , pas toujours possible...): exploit de raid annuel, moins médiatique que certains, mais absolument nécessaire.

[modifier] Référence

  1. (fr) Concordia : l'observatoire du futur en Antarctique
  2. Les limites des voyages habités vers Mars (résumé d'une conférence de Christophe Bonnal et Antonio Güell), dans Pour la Science du mois d'avril 2007, pages 12 à 15

[modifier] Bibliographie

  • En Antarctique, Concordia a bien passé l'hiver, de Sylvestre Huet, dans l'édition du 16 septembre 2005 du quotidien Libération.
  • La station Concordia, bibliothèque mondiale du climat, de Paul de Brem, Pèlerin n° 6477, 18 janvier 2007.
  • Concordia, de Lucia Simion, Belin, 2007

[modifier] Liens externes

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