Aumisme

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L'Aumisme est un mouvement syncrétique, fondé par Gilbert Bourdin (dit « sa Sainteté le Seigneur Hamsah Manarah » et « Messie Cosmo-planétaire » ) en 1969. Classée comme secte par une commission parlementaire en 1995[1], qualifiée de "religion mystique" par ses membres, l'Aumisme se présente comme « la Religion universelle de l'Unité des visages de Dieu », et se veut donc une synthèse de toutes les religions.

Son but avoué est de favoriser "le rapprochement profond des peuples et des Églises". A la base du mouvement se trouve "l'Association des Chevaliers du Lotus d'Or" devenue "l'Association du Vajra Triomphant" depuis le 9 août 1995, une association qui se décrit comme un "ordre initiatique en 17 degrés, axé sur la recherche de la libération spirituelle ou réintégration divine", dont le mot d'ordre est "le service de l'humanité par la conquête de soi".

Le terme aumisme vient du mantra (parole sacrée, formule de concentration mystique) aum (ou om), qui, dans les traditions religieuses hindouistes et bouddhistes, représente le son à l'origine de la création de l'univers. Cette cosmogonie par le verbe étant commun à un grand nombre de religions, il est le symbole choisi par ce mouvement pour montrer sa volonté de rassemblement. Les membres, se déclarant non-violents et méditatifs revendiquent des milliers de pratiquants dans le monde, dont 2 000 en France.

Le Mandarom, « cité sainte » de l'aumisme dans les Alpes françaises, ayant été au centre des polémiques qui touchèrent ce mouvement religieux, son nom est parfois utilisé (notamment par ses détracteurs) pour nommer le mouvement religieux en lui-même. Ainsi, il est souvent qualifié de « secte du Mandarom ».

Sommaire

[modifier] Doctrine

Selon son fondateur, « l'Aumisme est une religion active et dynamique, nous permettant par des moyens simples, concrets, accessibles à tous, de construire ensemble au-delà des races, des classes, des croyances, les nouvelles valeurs de notre humanité. ». Son dogme est l'« Unité des visages de Dieu ».

[modifier] L'hexamide

Le symbole de l'aumisme est l'hexamide, une pyramide dont la base a la forme d'un hexagramme (d'où le terme "hexamide", hexa + mide) aux sept couleurs de l'arc-en-ciel, avec douze faces représentant chacune, une religion, se rapprochant en montant, culminant dans une sphère contenant la lettre sanskrite OM, symbolisant Dieu ou l'Absolu, Source de toute vie et de toute manifestation, l'infini invisible au cœur de chaque être :

  • Bleu : Christianisme
  • Mauve : Judaïsme
  • Rouge : Religions naturelles (Chamanisme, Animisme, etc.)
  • Orange : Hindouisme
  • Jaune : Bouddhisme
  • Vert : Shintoïsme
  • Bleu clair : Mazdéisme
  • Mauve : Taoïsme
  • Rouge : Religions disparues
  • Beige : Jaïnisme
  • Jaune : Sikhisme
  • Vert : Islam

C'est un symbole de l'Unité intrinsèque des toutes les religions, considérées comme divers chemins conduisant à l'Absolu. "Celui qui va au cœur de sa religion va au cœur de toutes les religions", cette citation de Gandhi illustre bien le message de l'hexamide. Selon cette représentation, celui qui s'élève vers le Divin, Allah, le Tao, OM, par sa propre religion, se rapprocherait de plus en plus des autres religions ou voies, à mesure qu'il se rapproche du Centre, du sommet de l'hexamide, du OM, représentant la source de toute vie.

L'aumisme est représenté à la base circulaire de l'hexamide, comme un ciment entre les traditions, ainsi que comme une colonne blanche au centre de l'hexamide, la lumière blanche réintégrant l'arc-en-ciel religieux, au cœur de l'hexamide.

[modifier] Culte

Par-delà sa présentation comme un mouvement de rassemblement de toutes les confessions religieuses, l'aumisme déclare viser à l'équilibre du corps et de l'esprit.

Pour préserver la santé du corps et de l'esprit, les adeptes favorisent le végétarisme, la naturopathie, le hatha yoga, les arts martiaux, la maîtrise du souffle et des énergies vitales et du mental. Ils utiliseraient de nombreux talismans. [réf. nécessaire]

La prêtrise est divisée en deux branches : les moines - résidents permanents du monastère ou ashram du « Mandarom », ayant fait vœu de chasteté, et les prêtres et prêtresses, vivant "dans le monde", pouvant être mariés, où ils mènent une vie familiale et professionnelle. Les adeptes pratiqueraient quatre heures de méditation et prière commune, quatre heures d'étude et prière personnelle, cinq heures de travaux divers sur dix-sept heures de veille par jour. D'après les adeptes, le mantra « Aum » est scandé ou répété en méditation de 10.000 à 100 millions de fois au cours des ascèses individuelles s'échelonnant au travers de la vie, parce que la shakti (ou puissance spirituelle) du mantra grandirait avec le nombre de répétitions.

[modifier] Le Mandarom

Le « Mandarom Shambhasalem » est le nom de la « cité sainte » de l'aumisme qui se situe près des gorges du Verdon à 10 kilomètres au-dessus de Castellane, dans les Alpes françaises, et s'étend sur 55 hectares. Cet « ashram » se veut un rassemblement de toutes les religions et possède des temples de plusieurs confessions. Le Mandarom est un monastère mixte où vivent des moines et moniales, mais également un centre de méditation pour les croyants vivant à l'extérieur. Le Mandarom était formé de quatre temples principaux, dont une statue monumentale appelée « la Statue du Messie Cosmo-Planétaire », qui fut une curiosité touristique accueillant, selon l'association, jusqu'à dix mille visiteurs par an, et qui fut détruite sur ordre de justice en 2001.

Lors de la Guerre froide, le Mandarom était surveillé par le contre-espionnage français qui suspectait certains adeptes d'être des agents de l'Est. En effet, le site du Mandarom était stratégique car il surplombe un lac où avaient lieu des essais hydrodynamiques pour les sous-marins français.

[modifier] Origine du mouvement

Selon ses propres dires, le français Gilbert Bourdin aurait reçu en 1961 d'un maître indien nommé Swami Sivananda, le nom d'Hamsananda Sarasvati, qui signifie la « Félicité dans l'absolu ». De retour en France, et après une retraite solitaire dans une grotte du Vaucluse, il fonde en 1969 l'« Association des chevaliers du lotus d'or » et s'installe dans les gorges du Verdon (France), au-dessus du village de Castellane, où sera bâtie la « cité sainte du Mandarom » « Mandarom Shambhasalem ».

Gilbert Bourdin est alors appelé par ses fidèles Sa Sainteté le Seigneur Hamsah Manarah.

En 1990, il prend le nom d'Hamsah Manarah et se proclame devant les médias comme le « Messie cosmo planétaire ». Il devient un personnage médiatique, faisant plusieurs passages sur des télévisions nationales. Son mouvement prend de l'ampleur et sa « cité sainte » attire de nombreux curieux.

Vers le milieu des années 1990, les affaires de sectes qui secouent la France, toucheront également l'« Association des chevaliers du lotus d'or » qui sera listée en 1995 comme « mouvement sectaire » par un rapport parlementaire français. Le Mandarom conteste le sérieux de ce rapport et présente une liste de vingt-cinq points jugés faux ou diffamatoires[2]. En 1995, puis en 1996, Gilbert Bourdin est accusé de « viols, tentatives de viols et agressions sexuelles » sur deux anciennes adeptes. Il meurt de maladie avant jugement, en 1998, à l'âge de 74 ans. Après son décès, la direction des affaires profanes est assurée par Christine Amory ; le mouvement a changé de nom trois ans avant son décès, devenant l' « Association du vajra triomphant ». Sa Sainteté le Seigneur Hamsah Manarah était considéré comme le Premier Hiérokarantine, et les Aumistes attendent son retour, sous les traits du Deuxième Hiérokarantine.

Au début du XXIe siècle, l'aumisme est présent en France, en Italie, en Suisse, en Allemagne, au Canada, aux États-Unis, au Congo, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie.

[modifier] Un point d’interrogation

Bien que ses adeptes soient relativement peu nombreux et son prosélytisme discret, la religion de Gilbert Bourdin a suscité, chez certaines personnes, curiosité et interrogation, à cause du contraste qu'on y trouverait entre le contenu, que certains trouvent puéril, de son message, et le niveau de formation d’un certain nombre de ses fidèles qu'un parcours universitaire et professionnel apparemment rationnel prédisposait à des choix plus rigoureux.

La communauté du Mandarom compte en effet des enseignants, des psychologues scolaires, des docteurs en sciences de l’éducation, voire, dans le rôle de la Présidente de l'Association, un membre du CNRS.

Gilbert Bourdin, désigné par ses disciples du titre de Messie cosmo-planétaire, réincarnation autoproclamée de Napoléon et de Gengis Khan, disait être redescendu sur terre pour conduire l’humanité « de l’Âge de Fer à l’Âge d’Or », transition rendue nécessaire par le fait que « le Christ en croix, c’est terminé » [sic]. Il prétendait avoir empêché une guerre mondiale en livrant bataille à des créatures cosmiques et, ce faisant, avoir détruit non seulement des « milliers de milliards de démons » s’acharnant contre lui, mais encore plusieurs autres « milliards de dieux et de demi-dieux », entités également grouillantes et maléfiques. Ce même messie affirmait en outre avoir déployé, au cœur de « l’astral », un « bouclier psychique » couvrant les quelques « milliards de galaxies de notre univers » [sic]. Terrassant aussi bien « les Bouddhas » [sic] que Satan et Lucifer, il s’employait parallèlement à anéantir les « envahisseurs de l’espace-temps », partis à bord d’aéronefs de la planète Marx [sic], dans la constellation de Sirius, pour conquérir la Terre… [réf. nécessaire]

[modifier] Les affaires judiciaires

Ce groupement fut l'objet de vives polémiques dans les années 1990, avec les accusations de viols sur mineures, portées à l'encontre de Gilbert Bourdin, la contestation de légalité de la construction d'une statue, à la référence à des trafics occultes d'argent en provenance d'Afrique ainsi qu'à des accusations de fraude fiscale.

Le mouvement a mis à disposition sur le site aumisme.org, un certain nombre de documents qui ont été utilisés pour assurer sa défense dans ces diverses affaires.

[modifier] Accusations de pédophilie et de viols envers Gilbert Bourdin

Au printemps 1995, puis en 1996, Gilbert Bourdin est l'objet de plaintes [3] pour « viols et agressions sexuelles » de la part de deux anciennes adeptes du mouvement, et mis en examen. La première plainte est classée sans suite. Grâce à une campagne médiatique, la première affaire sera relancée et donnera lieu à la deuxième plainte, suivie de 2 autres.

Gilbert Bourdin est rapidement libéré pour raisons de santé et après versement d'une caution. Par la suite, l'action publique est abandonnée, après décès de M. Bourdin en 1998.

Selon Christine Amory, Présidente de l'Association du Vajra Triomphant, une des plaignantes a reconnu ne pas avoir remarqué de signes particuliers sur le corps de son violeur alors que celui de Gilbert Bourdin était couvert de tatouages.

Le 27 juin 2000, la Commission d'indemnisation des Victimes d'Infraction (CIVI) décide d'indemniser les deux plaignantes, Florence Roncaglia et Francine Grad. Le 26 janvier 2000, la commission d'indemnisation des victimes du tribunal de Digne-les-Bains alloue respectivement 200 000 F et 50 000 F aux deux plaignantes, après arrêt du procès, suite au décès de Gilbert Bourdin[4]. Par contre, le 8 décembre 2004, le TGI de Versailles a renversé cette décision en déboutant le Fond de garantie des victimes qui voulait indemniser les deux plaignantes. Il n'y a pas eu d'appel de cette dernière décision.

[modifier] Permis de construire de la statue du Mandarom

Une statue monumentale fut construite en 1990 sur le terrain de la « cité sainte » à la gloire de Gilbert Bourdin. Le 6 septembre 2001, la statue, devenue cible emblématique du combat des médias contre le mouvement, est dynamitée suite à une décision de justice, par les autorités françaises.

[modifier] Déroulement de l'affaire

En 1977, sur le terrain de la « Cité sainte », un premier édifice de 11 mètres, le Temple Lotus, est édifié. Ce temple a été imaginé par une certaine Peter Shirley Mc Boutin, une architecte reconnue à l'époque.

En 1981 est édifié le plus haut Bouddha assis du monde occidental, le Mahabouddha Maitreya, de 22 mètres de haut. En 1989, la Statue sera rénovée et transformée pour revêtir l'iconographie propre à l'Âge d'Or.

En 1987 est édifiée une statue du Christ-Roi de 17 mètres, faisant face au Bouddha, les deux face-à-face symbolisant la rencontre le l'Orient et de l'Occident mystiques. Elle est transformée en 1989, pour revêtir l'iconographie du Christ Cosmique et Solaire propre à l'Âge d'Or ; elle est rénovée en 2007 (fin du chantier, 11 août).

En 1989 sont édifiés :

- une reproduction à plus petite échelle du Temple de Salomon détruit à Jérusalem il y a presque 2000 ans, dit "Temple d'Or" dédié au Hiérokarantine (Judaïsme) ; - la Mosquée de l'Unité de l'Imam Mahdi Manarah (Islam) ; - et le Temple de Kalki, maître de la Maha-Kundalini, dixième avatar de Vishnou (Hindouïsme).

Les cinq principales religions mondiales sont ainsi représentées en la Cité Sainte.

En 1990, pour couronner le tout, une statue de 33 m de haut, à l'image du Seigneur Hamsah Manarah, Messie Cosmo-Planétaire, est édifiée. En son socle, un petit temple où viennent prier les adeptes. La statue du « Messie Cosmo-Planétaire » est aussi connue sous le nom de statue du Mandarom.

Selon la presse[5], cette construction, et surtout la "Révélation du Messie cosmo-planétaire" qui accompagne sa consécration, sont mal reçues. En effet, la même année - du 22 août 1990 au 22 août 1991 inclus - ont lieu les Sept Cérémonies de la Révélation du Septuple Couronnement du Messie Cosmo-planétaire - une pour chacune des cinq principales religions mondiales - avec la première et la septième cérémonies englobant l'ensemble. La presse internationale est conviée à chaque fois. Dès lors, toute la campagne anti-secte cible systématiquement la petite communauté (petite en nombre) des Chevaliers et Résidents (Disciples) du Mandarom.

En 1992, une première campagne de protestations commence contre la construction du "Temple-pyramide de l'Unité des Visages de Dieu" que le mouvement veut bâtir sur la colline. Le 22 juin 2000, le journal Nice Matin écrira que le maire de Castellane « refuse le permis de construire ». Il sera cependant délivré, puis annulé par le Conseil d'état en 1995.

[modifier] Histoire d'un permis de construire controversé

Source "les pièces du dossier sur le site de l'aumisme" [6]

Le 19 mars 1990, une demande de permis de construire pour la Statue du Messie Cosmo-planétaire est déposée à la Mairie de Castellane. Le 24 avril 1990, un permis tacite écrit lui est accordé par la préfecture des Alpes de Haute-Provence. Il y était stipulé que le permis définitif serait délivré le 12 juillet 1990 et qu'en l'absence de permis définitif, le permis tacite deviendrait un permis définitif. Le 11 juillet 1990, un permis définitif est délivré par la Préfecture des Alpes de Haute-Provence. Le 10 mars 1992 - la Statue existait déjà depuis deux ans - les Aumistes ont obtenu le certificat de conformité pour le dossier n°0399000039, certificat signé par le Directeur départemental de l'Équipement.

Le 24 août 1993, L'association "pour la protection des lacs et sites du Verdon" et deux voisins portent plainte contre la statue du Messie Cosmo-planétaire, plus de 3 ans après sa construction, soit hors-délai légal, en arguant que toutes les constructions du Monastère seraient sans permis de construire, donc illégales, et devraient toutes être détruites. Le juge Bernard Fréry a conclu que tous les édifices religieux du Monastère avaient un permis de construire sauf un : La Statue du Messie Cosmo-planétaire. L'Association, dirigée par Robert Ferrato, reprochait notamment à cette statue de «défigurer le paysage de la région». Michel Carle, le maire de Castellane déclarait: «Je ne souhaite qu'une chose, c'est qu'on détruise cette statue et qu'on n'en parle plus!»[7].

Le 30 juillet 1998, le tribunal de Grande Instance de Digne, présidé par le juge Hugue Vérita, a déclaré la statue sans permis de construire. La Présidente de l'Association des Chevaliers du Lotus d'Or (dissoute en 1995) fut condamnée à payer diverses amendes et fut chargée de la destruction de la statue.

Le 15 juin 1999, la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence, présidée par le juge Mme Viangalli, confirme le jugement de première instance. Les Aumistes se pourvoient en cassation.

Le 20 juin 2000, La Cour de Cassation rejette le pourvoi. Les adeptes déposent alors un recours devant la Cour européenne des droits de l'homme. En septembre, la chambre criminelle de la Cour de cassation annule son arrêt, la cour ayant omis de statuer sur l'un des arguments avancés par les avocats du mouvement. Le même mois, le 19 septembre, la Cour de cassation rejette le pourvoi formé contre l'arrêt de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence par la première présidente de l'association, et oblige l'association à détruire la statue du « messie » dans les deux mois. À partir d'octobre, le mouvement doit payer une astreinte de 500 F par jour de non-exécution.

Le 19 juin 2001, le préfet des Alpes-de-Haute-Provence, M. Bernard Lemaire, après une ultime tentative de conciliation avec la présidente du Vajra Triomphant, demande l'autorisation au Tribunal de Grande Instance de Digne d'envahir le Monastère du Mandarom afin de procéder à la démolition de la Statue du Messie Cosmo-planétaire. Le 6 juillet 2001, le tribunal lui accorde cette autorisation.

Le 5 septembre 2001, le Préfet, sans attendre l'audience prévue le 10 septembre, fait envahir le Monastère par 200 militaires de l'armée française, qui arrivent à 6 heures du matin, escortés par des journalistes du monde entier, conviés au spectacle par le Préfet, qui avait pris la peine de leur donner des badges pour entrer sur le site du Monastère - pourtant une propriété privée. En revanche, le Préfet n'avait pas pris la peine de prévenir ni de faire évacuer les maisons proches, sans considération des règles de sécurité.

Le 6 septembre 2001, à 17h20 la statue est dynamitée par l'armée française. L'événement est suivi en direct par le monde entier.

Le 24 juillet 2002, après la destruction de la statue du Messie Cosmoplanétaire, une première requête est déposée par l'Association du Vajra Triomphant devant le Tribunal administratif de Marseille, contre le Préfet, pour demander des dommages et intérêts pour destruction abusive d'un édifice religieux ayant un permis de construire. Le Préfet ayant renvoyé l'affaire à la Mairie, une deuxième requête identique est déposée contre le Maire le 5 février 2003.

Le 22 juin 2006 - retournement de situation : le Tribunal administratif de Marseille rejette les deux requêtes, refusant l'indemnisation demandée par l'Association du Vajra Triomphant, au motif que ... la Statue du Messie Cosmo-planétaire avait toujours eu un permis de construire en bonne et dûe forme !

Lors de l'audience du 22 juin 2006, le Commissaire du Gouvernement a conclu en évoquant 3 possibilités : "1° ou bien, et c'est ce qu'a jugé l'autorité judiciaire, la statue a été construite sans permis de construire et alors, en l'absence de décision légale de l'administration, sa responsabilité sans faute ne peut être engagée" ; (pas de permis = pas d'indemnisation) ; "2° ou bien, les requérantes étaient titulaires d'un permis de construire légalement accordé et alors l'ordre de démolition résulte d'une erreur de l'autorité judiciaire, ce dont il n'appartient pas au juge administratif de connaître" ; (permis légal = pas d'indemnisation par l'autorité administrative, c'est la faute à l'autorité judiciaire) ; "3° ou bien, enfin les requérantes étaient titulaires d'un permis de construire illégalement accordé et alors seule la responsabilité administrative pour faute peut être recherché" (permis de construire illégal = indemnisation).

Il n'a pas été fait appel de ce jugement, ce qui implique que l'administration admet aujourd'hui que la Statue du Messie Cosmo-planétaire a toujours eu un permis de construire.

Le principe de l'existence et de la légalité du permis ayant été reconnus, les deux autorités (administrative et judiciaire) se relancent la balle. Du point de vue de l'observateur extérieur, il semble que l'existence du permis soit niée pour pouvoir détruire la statue (30 juillet 1998), mais que la même validité du permis soit enfin reconnue (22 juin 2006), mais cette fois-ci pour refuser aux Aumistes l'indemnisation à laquelle ils semblent pourtant avoir légalement droit.

La suite des événements reste encore à écrire : les excuses, le rétablissement public de la vérité, les indemnités, et la reconstruction de ce monument d'unité religieuse, construit initialement dans les mêmes circonstances administratives que le Bouddha (1981), le Christ (1987), la Mosquée, le Temple d'Or, le Temple de la Para-Trimurti d'Age d'Or et le Temple de Kalki Manarah (1989).

[modifier] La polémique du permis de construire

La décision de justice repose sur l'existence ou la non-existence, ou la non-validité d'un permis de construire. Alors que la presse avait semblé unanimement confirmer l'inexistence de ce permis de construire pendant les années précédant la destruction de la statue et même après, son annulation ou sa « non-conformité », le Mandarom affirme qu'un permis de construire N° 52 391 a été délivré en 1983 « pour un ensemble de bâtiments, temples et statues », et qu'une demande de « modification » de permis de construire no 90 a été déposée le 19 mars 1990 (voir suite plus haut).

Le 22 juin 2006, le Tribunal administratif de Marseille refusait d'indemniser le Monastère pour la destruction de la Statue du Messie Cosmo-planétaire au motif que cet édifice religieux avait un permis de construire valable (décision du Tribunal administratif de Marseille du 22 juin 2006). Il n'a pas été fait appel de ce jugement, ce qui implique que l'administration admet donc aujourd'hui que la Statue du Messie Cosmo-planétaire a un permis de construire.

[modifier] La cristallisation de l'affaire

Par ailleurs, l'affaire de la statue a fini par cristalliser une certaine attitude vis à vis de l'association. Le dynamitage de la statue par les autorités françaises, mit fin à une vive polémique largement relayée par les médias faisant état de pratiques des plus inquiétantes, comme des messes noires, des rites sataniques, des pratiques occultes, indignes, ridicules ou abrutissantes et invoquant même des risques de suicide collectif justifiés par la personnalité même du «gourou» présenté comme un «paranoiaque», «charlatan», «farfelu», «pédophile», «voleur» et «escroc» (Le terme de « gourou » s'appliquant à Mr Bourdin, décédé en 1998, soit 3 ans avant la destruction de la statue).

[modifier] Enterrement de Gilbert Bourdin

Suite à la mort de Gilbert Bourdin, une vive résistance populaire et administrative empêcha celui-ci d'être enterré dans un cimetière de la région ou au Mandarom. Les autorités eurent recours à la force publique et à des entrepreneurs pour empêcher un enterrement dans un ossuaire désaffecté et réputé illégal en raison de la proximité d'une rivière. Le tombeau fut scellé dans du béton armé de sorte à ce qu'il soit inviolable[8].

[modifier] Accusations fiscales et financières

Le mouvement aumiste a été accusé de blanchiment d'argent par Me E. Ludo, avocat au barreau de Reims.

Le Trésor Public cherche à empêcher début 2001 la fuite de certains biens pour plus de 4 millions de francs d'impôts impayés au Liechtenstein, où est le nouveau siège de la fondation. Le mouvement s'estime alors diffamé et porte plainte contre le Trésor Public. Il affirme que c'est à la suite d'une campagne médiatique diffamatoire que l'association, placée devant le refus de toutes les banques de leur maintenir ou d'ouvrir un compte, fut contrainte de solliciter un compte au Lichtenstein. L'extrait du jugement du 10 juillet 2001 déclare:

Sur les demandes reconventionnelles: Il convient d'ordonner la suppression dans les conclusions du TRESOR PUBLIC, du passage diffamatoire: « Or, il est connu et même prouvé par une enquête des services secrets allemands publiée dans le journal Le Monde il y a quelques semaines que le Liechtenstein soit une des plaques tournantes pour l'investissement de fonds d'origine frauduleuse, ce qui est ici le cas. »

Par ailleurs, dans l'émission « Pièces à conviction » diffusée le 3 mai 2001 sur France 3, le député J-P. Brard accuse les sectes comme le Mandarom de blanchir l'argent et d'être en relation avec des réseaux mafieux.

[modifier] Une secte ?

En 1995, l'« Association des Chevaliers du Lotus d'or » est listée comme mouvement sectaire d'inspiration orientaliste par le rapport parlementaire français de 1995 sur la base de faits que l'association conteste[9]. Sur le fond, le Mandarom entend dénoncer l'atteinte aux libertés religieuses en France et ramener le débat à une dimension plus rationnelle en présentant des avis scientifiques pour sa défense.

Depuis la mort de Gilbert Bourdin, la perception du groupe par les pouvoirs publiques s'est améliorée. Début 2008, le responsable de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), indiquait que des « mouvements, un temps mis en cause, "étaient rentrés dans les clous", citant "le Mandarom ou Hare Krishna"[10] ».

[modifier] Le Mandarom vu par des universitaires

Le mouvement présente plusieurs universitaires pour soutenir son argumentation afin de ne pas être jugé comme une secte.

Le professeur Thimothy Miller de l'Université du Kansas atteste « n'avoir pas vu le moindre élément à l'effet que ce mouvement présente un quelconque danger pour le public ou pour ses membres propres ».

Le Dr Gregory Baum, théologien et professeur à l'Université McGill de Montréal s'exprime en ces termes : « Cette communauté pacifique et contemplative a été la victime de l'hystérie des mouvements anti-sectes [...] la France de l'après Révolution a hérité d'une tradition rationaliste qui revendique la validité universelle, un legs intellectuel qui laisse peu de place au pluralisme culturel et religieux. »[11]

Enfin, Maurice Duval, ethnologue au CERCE, maître de conférences à l'université de Montpellier, qui s'est immergé pendant quatre ans parmi les adeptes du Mandarom, a publié en 2002 un livre sur son expérience : Un ethnologue au Mandarom. Enquête à l'intérieur d'une « secte » (Paris, Presses Universitaires de France).

Dans des interviews il déclare notamment ceci : « J'ai vu l'essentiel de ce qui se passe au Mandarom, car personne ne peut tricher pendant quatre années. J'ai constaté qu'il ne s'y passe rien de dangereux »[12]. «À ma connaissance, il n'y a pas d'entrave au droit au sein du Mandarom » ; « Les enfants ? Il n'y a pas d'enfants au Mandarom. » ; « La mission parlementaire c'est complètement bidon. Il faut envoyer des chercheurs et ne pas se baser uniquement sur les rapports des RG. » (cité par Le Figaro du 24 Janvier 2002[13], « Ils ont une éthique de vie, un rapport à l'autre tout à fait respectable. », « Le mot « secte » me gêne dans la mesure où il crée l'amalgame entre des groupes criminels comme le Temple Solaire et un mouvement mystique tel que m'apparaît le Mandarom. », « Cet amalgame, c'est la tirelire de certains médias ; on joue avec la peur et ça se vend bien. » [14]

Maurice Duval soutient que l'opinion générale en défaveur du Mandarom n'est pas fondée sur des faits, et qu'elle repose plutôt sur un réflexe de refus de l'inconnu et de l'inhabituel (« il existe un religieusement correct et un religieusement incorrect »), et sur la pression sociale qui rend difficile la critique de la pensée dominante, même dans le monde scientifique.

[modifier] Notes et références

  1. Le rapport disponible en ligne : Rapport n° 2468
  2. (fr) http://www.aumisme.org/fr/an/le990904.htm#annexe
  3. (fr) http://www.bretagne-online.com/telegram/htdocs/archive/1998/19980320/article/3451825.htm
  4. (fr) http://www.prevensectes.com/rev0001.htm#27b
  5. (fr) http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vernag/EH/F/cause/lectures/La%20statue%20du%20Mandarom.htm
  6. [1]
  7. (fr) http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/vernag/EH/F/cause/lectures/La%20statue%20du%20Mandarom.htm
  8. (fr) http://www.cesnur.org/press/Manarah.htm
  9. (fr) http://www.aumisme.org/fr/an/le990904.htm#annexe
  10. « Critiquée, la Miviludes défend le principe d'une "liste" des sectes », Stéphanie Le Bars, Le Monde du 5 avril 2008.
  11. (fr) http://www.aumisme.org/fr/doc/baum.htm
  12. cité par L'Express du 4 avril 2002
  13. (fr) http://www.cesnur.org/2002/duval.htm
  14. interview au « Midi Libre » 23 mars 1998

[modifier] Voir aussi

[modifier] Filmographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

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