Au revoir les enfants

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Au revoir les enfants est un film franco-allemand de Louis Malle sorti en 1987.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Le film se déroule durant l'hiver 1944, dans une France occupée. Julien qui a 12 ans, fils d'une famille bourgeoise, est pensionnaire au petit collège Saint Jean de la Croix, tenu par les pères carmes. Il retrouve le chemin de l'école sans joie après les vacances de Noël, pour le second trimestre. Une rentrée presque comme les autres jusqu'à ce que le père Jean vienne présenter trois nouveaux élèves. L'un d'entre eux, le jeune Jean Bonnet, est le voisin de dortoir de Julien.

Les deux élèves se jaugent, Julien est intrigué par Jean, garçon fier, mutique et mystérieux un temps rejeté par l'ensemble de la classe. Après s'être observés mutuellement, ils s'apprivoisent au jour le jour et un lien d'amitié se crée entre eux. Julien finit par comprendre le secret de son ami, son nom n'est pas Bonnet mais Kippelstein, il est juif. Un froid matin de janvier, suite à une dénonciation, la Gestapo fait irruption dans le collège. Le père Jean, résistant clandestin, et les trois enfants juifs sont emmenés. Julien ne devait plus jamais les revoir. Les enfants furent déportés à Auschwitz et le Père Jean à Mauthausen.

[modifier] Analyse

[modifier] Genèse

Ce film est en partie autobiographique. Louis Malle a vécu cette histoire qui a longuement occupé son esprit, selon ses propres dires:

« Pendant longtemps, j'ai purement et simplement refusé de m'y attaquer, parce que cet évènement m'avait traumatisé et qu'il a eu une énorme influence sur ma vie. »[1]

Le projet de départ s'intitulait d'ailleurs "My little madeleine" (en référence à la madeleine de Proust) avant de s'intituler Le nouveau puis finalement Au revoir les enfants[2].

Néanmoins, le réalisateur n'a jamais prétendu raconter la vérité à la façon d'un documentaire, c'est une fiction faite des souvenirs qu'il a de cette histoire vécue, à laquelle il a rajouté des éléments et anecdotes récupérés ailleurs, et des éléments purement fictionnels.

De façon générale, l'amitié approfondie entre Julien et Jean est purement fictionnelle[3]. Le jeune Malle n'a pas réellement développé d'amitié avec le vrai Bonnet (il déclarera dans plusieurs interviews que c'est ce regret qui a motivé le film). Le personnage de Julien corrige ce que Louis Malle n'a pas eu le temps, l'occasion ou la présence d'esprit de faire à l'époque. Sa façon de chercher des indices sur l'identité de Jean (à la façon d'un Sherlock Holmes) peut être vue comme l'investigation que le réalisateur fait a posteriori sur son passé.

[modifier] Liens avec d'autres films de Malle

Le réalisateur avait déjà abordé le sujet de la collaboration dans Lacombe Lucien où le personnage principal était le collaborateur. Il peut être fait un lien entre le personnage de Lucien et celui du collaborateur Joseph dans Au revoir les enfants. A l'époque de l'écriture de Lacombe Lucien, Louis Malle avait imaginé le personnage de Lucien à l'identique du futur Joseph, mais avait ensuite abandonné cette piste[4]. Louis Malle décrit le personnage de Joseph comme « le petit cousin de Lucien »[5].

On peut aussi faire un parallèle entre Au revoir les Enfants et un autre film de Malle, Le Souffle au cœur, concernant le thème de la relation fusionnelle entre la mère et le fils, le père absent et le milieu bougeois. Dans les deux films se trouve aussi une scène quasi identique, lorsqu'un prêtre touche la jambe du garçon lors de la confession (dans le premier film cette scène évoque plutôt un attouchement alors que dans le second il s'agit d'un geste tout à fait innocent).

[modifier] L'histoire réelle

Au revoir les enfants est donc une version romancée d'événements que Louis Malle a vécu. Dans les faits réels, le jeune Jean Bonnet s'appelait Hans-Helmut Michel (6 juin 1930, 6 février 1944)[6] et il est resté environ un an dans le collège d'Avon près de Fontainebleau. Il est en fait arrivé dans cet internat quelques mois avant Louis Malle et son frère Bernard.

Après que la gestapo l'eût arrêté (avec les autres enfants et le père) le 15 janvier 1944, il fut envoyé à Drancy puis déporté à Auschwitz où il fut immédiatement envoyé en chambre à gaz[7].

Le Père Jean du film a lui aussi existé et s'appelait Père Jacques (29 janvier 1900, 2 juin 1945). Pour avoir caché les trois enfants juifs dans le collège d'Avon il fut lui déporté à Mauthausen[8]. Il mourrut une semaine après la libération du camp[9]. Il est honoré à Yad Vashem en tant que Juste parmi les Nations.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

  • Gaspard Manesse : Julien Quentin
  • Raphaël Fejtö : Jean Bonnet/Kippelstein
  • Francine Racette : Mme Quentin
  • Stanislas Carré de Malberg : François Quentin
  • Philippe Morier-Genoud : Père Jean
  • François Berléand : Père Michel
  • François Négret : Joseph
  • Peter Fitz : Müller
  • Pascal Rivet : Boulanger
  • Benoît Henriet : Ciron
  • Richard Lebœuf : Sagard
  • Xavier Legrand : Babinot
  • Arnaud Henriet : Negus
  • Jean-Sébastien Chauvin : Laviron
  • Luc Etienne : Moreau
  • Daniel Edinger : Tinchaut
  • Marcel Bellot : Guibourg
  • Ami Flammer : Florent
  • Irène Jacob : Mlle Davenne (NB: son 1er rôle)
  • Jean-Paul Dubarry : Père Hippolyte
  • Jacqueline Staup : l'infirmière
  • Jacqueline Paris : Mme Perrin

[modifier] Récompenses

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. "Conversation avec... Louis Malle" de Philip French (1993)
  2. Dossier "Collège au Cinéma" N°129, Centre national de la cinématographie (CNC)
  3. "Louis Malle, le rebelle solitaire" de Pierre Billard, 2003
  4. « La vérité, c'est que le tout premier scénario de Lacombe, avant que je ne travaille avec Modiano, commençait dans une école, et le personnage, c'était le Joseph d'Au revoir les enfants (...) puis très vite on l'a enlevé », interview de Louis Malle dans Positif n°320 (octobre 1987)
  5. interview de Louis Malle dans Positif n°320 (octobre 1987)
  6. Article du New-York Times intitulé Malle Confronts Haunting Memory du 7 février 1988 (lien)
  7. Article du New-York Times intitulé Malle Confronts Haunting Memory du 7 février 1988 (lien)
  8. "Les déportés d'Avon" de Maryvonne Braunschweig et Bernard Gidel
  9. Article du New-York Times intitulé Malle Confronts Haunting Memory du 7 février 1988 (lien)

[modifier] Bibliographie

  • "Au revoir, les enfants" : scénario, Louis Malle, éditions Gallimard, 1987.
  • "Cinémascopie : propos sur le cinéma contemporain", Jean Désobrie, 1989.
  • "Les déportés d'Avon: Enquête autour du film de Louis Malle, Au revoir les enfants", Maryvonne Braunschweig et Bernard Gidel.
  • "Le père Jacques, Au revoir les enfants", M. Carrouges, éditions Cerf.

[modifier] Liens externes

[modifier] Vidéos

[modifier] Autre