Associationisme

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L'associationisme (qui s'écrit aussi associationnisme) est un système philosophique qui prétend expliquer par l'association des idées toutes les opérations intellectuelles, tous les principes de la raison et même tout l'ensemble de la vie mentale.

John Stuart Mill a donné de la théorie associationiste cette remarquable formule : « Ce que la Loi universelle de la gravitation est à l'astronomie, ce que les propriétés élémentaires des tissus sont à la physiologie, les lois de l'association des idées le sont à la psychologie. » Ainsi, l'association des idées serait le fait auquel tout se ramène, le mode d'explication le plus général.
Telle est la thèse que soutient également Alexandre Bain dans ses deux grands ouvrages : Les Sens et l'Intelligence et Les Émotions et la Volonté.

Sommaire

[modifier] Histoire

Stuart Mill et Bain avaient eu pour précurseurs Hartley (1705-1757), David Hume (1711-1775), James Mill (1773-1836). Herbert Spencer a réformé et complété la philosophie de l'association en y introduisant les deux idées de l'évolution et de l'hérédité.

[modifier] Concept

Pour apprécier l'associationnisme, il faut, tout d'abord, s'entendre sur le sens du terme association : il n'a pas, ici, le sens général de liaison (sans quoi cette théorie serait indiscutable, car il est évident qu'à tous ses degrés la pensée opère des liaisons entre certains faits psychiques élémentaires) ; l'association dont il s'agit dans le cas présent, c'est l'évocation automatique et spontanée d'états psychologiques par d'autres états psychologiques. L'associationnisme consiste à soutenir que toute la vie mentale, y compris ses manifestations les plus élevées, s'explique par des évocations associatives automatiques déterminées par l'ordre dans lequel se sont succédé antérieurement nos impressions nerveuses et les sensations concomitantes de ces impressions.

Que l'association telle que la conçoivent les philosophes de cette école joue un rôle important dans la vie mentale tout entière, c'est chose incontestable ; il s'agit de savoir si ce rôle est exclusif, s'il suffit pour tout expliquer.

Toutes les inclinations humaines, tous les instincts des animaux se ramènent ils, en dernière analyse, à des associations invincibles entre certaines représentations, certains états affectifs, et certains mouvements? Pour des phénomènes aussi complexes, et dont l'origine est encore si obscure, la question est loin d'être résolue.

Pour ce qui concerne la connaissance, dont la psychologie est plus avancée que celle des instincts et des sentiments. il est une opération qu'il semble particulièrement difficile de ramener à une évocation automatique, c'est le raisonnement, car il est perçu par la conscience comme étant essentiellement un effort de réflexion volontaire. Mais, d'après l'associationnisme, les principes directeurs du raisonnement (principes d'identité, de causalité, principe des lois) dérivent d'associations invincibles que l'accumulation des expériences, soit de l'individu (Stuart Mill), soit de l'espèce (fI. Spencer), aurait créées dans l'esprit. Ainsi, en admettant même que le raisonnement ne se ramène point à une simple évocation associative, il reposerait du moins sur des jugements qui sont des résultats de l'association. «De même, dit Spencer, que l'être vivant subit et reflète toutes les variations de son milieu, de même l'être pensant doit refléter les événements extérieurs, successifs et simultanés: l'intelligence est une correspondance. »

L'associationnisme s'est particulièrement attaché à l'explication du principe de causalité : l'ordre régulier des consécutions dans les phénomènes extérieurs aurait associé invinciblement dans l'esprit à l'idée de phénomène l'idée de cause, c'est-à-dire de circonstances dont tout phénomène est la conséquence invariable.

[modifier] Critiques

Les critiques adressées à cette théorie associationiste du principe de causalité portent sur deux points :

  • la conception de la cause et du rapport de causalité dans l'école associationiste ;
  • la question de savoir si notre croyance dans la causalité universelle peut être le résultat de la simple accumulation des expériences. A la différence de Hume, de Bain et de Stuart Mill, Spencer considère les principes de la raison et l'ensemble de nos facultés comme résultant des expériences de générations antérieures, mais comme étant innés, grâce à l'hérédité, chez les individus actuels. Par la forme qu'il a donnée à la théorie de l'association, il a donc concilié avec l'empirisme la théorie de l'innéité.

[modifier] Voir aussi