Arno J. Mayer

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Arno Joseph Mayer, né en 1926, est un historien américain d'origine luxembourgeoise, spécialiste de l'Europe, de la diplomatie internationale et de la Shoah, professeur d'histoire à l'université de Princeton.

Sommaire

[modifier] Parcours

Dans les années 1930, devant la montée du nazisme, sa famille émigre aux États-Unis (Arno en devient citoyen en 1944). Il suit ses études à l'Université de Yale à partir de 1949 et présente une thèse en 1959, Wilson versus Lenin : political origins of the new diplomacy, consacrée aux bouleversements des relations internationales provoquées par la politique de Wilson d'une part, et la révolution russe d'autre part, à l'issue de la Première Guerre mondiale.

Son père est le fondateur du sionisme au Luxembourg. Bien que non-croyant, Arno Mayer se rendit en Israël en 1950 pour faire l’expérience du collectivisme intégral dans un kibboutz marxiste. Se définissant lui-même comme marxiste, Arno Mayer subit de nombreuses pressions dans les années 1950, dans le contexte du maccarthisme. Il occupe successivement les chaires d'histoire des universités de Wesleyan (1952-1953), Brandeis (1954-1958), Harvard (1958-1961) et Princeton (qu'il occupe depuis 1961). En 1970 il passe une journée en prison, lors d’une action de désobéissance civile contre la participation d’un département de l'Université de Princeton à la guerre du Vietnam.

[modifier] Recherches

Dans Les Furies : Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, publié aux États-Unis en 2001, Arno Mayer cherche à rendre compte du caractère contingent de la terreur révolutionnaire, produit à la fois de l'effondrement des systèmes judiciaires en temps de guerre civile et des pressions internationales visant à rétablir « l'ancien régime ».

Arno Mayer, également chargé de cours au Collège de France, est finalement devenu aux États-Unis un historien très réputé. Il peut être considéré, au même titre que Gabriel Gorodetsky ou que Jonathan Haslam, comme un héritier direct de la conception méthodologique interactive adoptée par l'historien britannique Edward Hallett Carr, lequel considérait que « ce qui intéresse l’histoire, c’est la relation entre le particulier et le général », ajoutant que « l’historien ne peut pas plus les disjoindre ou donner à l’un le pas sur l’autre qu’il ne peut séparer le fait de son interprétation »[1].

Arno J. Mayer se range résolument parmi les fonctionnalistes dans ses travaux sur la Shoah, c'est-à-dire parmi les historiens considérant que la décision d'anéantir les Juifs n'a été prise qu'en 1941 — et même l'automne 1941, selon M. Mayer. Pierre Vidal-Naquet, dans préface à l'édition française, approuve cette analyse, mais critique la théorie de M. Mayer, selon laquelle les Einsatzgruppen n’ont fait que provoquer et encourager des pogromes pendant les premières semaines. Pierre Vidal-Naquet parle également de « faux pas » à propos d’une autre théorie de M. Mayer, selon laquelle, si tous les déportés non enregistrés à Auschwitz étaient bien tués, tous ne furent pas gazés. D’autres historiens ont porté des critiques beaucoup plus dures sur une partie de ses interprétations de la Shoah et ses choix de bibliographie pour La Solution finale dans l’histoire (ne pas mentionner le rapport Gerstein, mais faire figurer un ouvrage de Paul Rassinier) qui ont été très vivement critiqués, par Lucy S. Dawidowicz notamment[2].

[modifier] Notes et références

  1. Edward Hallett Carr, Qu’est-ce que l’histoire ?, La Découverte, 1988, p. 120. Conférences prononcées dans le cadre des George Macaulay Trevelyan Lectures à l’Université de Cambridge de janvier à mars 1961.
  2. « Perversions of the Holocaust », Commentary, octobre 1989, pp. 56-61.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages

  • (en)Political Origins of the New Diplomacy, 1917-1918, 1959.
  • (en)Politics and Diplomacy of Peacemaking : Containment and Counter-Revolution at Versailles, 1918-1919, Knopf, New York, 1967, 918 p.
  • (en)Dynamics of Counter-Revolution in Europe, 1870-1956 : An Analytical Framework, 1971.
  • La Persistance de l'Ancien Régime. L'Europe de 1848 à la Grande Guerre, Flammarion, Paris, 1983, 350 p.
  • La « Solution finale » dans l’histoire, La Découverte, 2002, 568 p. (préface de Pierre Vidal-Naquet ; éd. originale : Why Did the Heavens Not Darken? The « Final Solution » in History, 1988).
  • Les Furies : Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, Éditions Fayard, 2002, 680 p.
  • L'Autre Amérique. Les Américains contre l'état de guerre (en collaboration avec Judith Butler, Noam Chomsky, Angela Davis, Mike Davis, Ronald Dworkin, Naomi Klein, Michael Mann, Manning Marable, Edward Saïd, Jeffrey Saint Clair, Gore Vidal, Immanuel Wallerstein, Michael Yates et Howard Zinn), Éditions Textuel, 2002, 248 p.

[modifier] Articles majeurs

  • (en)« Post-War Nationalisms, 1918-1919 » dans Past and Present, vol. 34, 1966, p. 114-126.
  • (en)« Lower Middle Class as Historical Problem » dans Journal of Modern History, vol. 47, 1975, p. 409-436.
  • (en)« Internal Crisis and War Since 1870 » dans Revolutionary Situations in Europe, 1917-22, 1977.
  • (en)« Memory and History : On the Poverty of Forgetting and Remembering about the Judocide », dans Radical History Review, vol. 56, 1993, p. 5-20.

[modifier] Lien externe