Antonio Ferrara

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Antonio Ferrara (dit « Succo » ou « Nino »), surnommé le « roi de la belle », est une figure du grand banditisme français, certainement le plus célèbre des truands actuels.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né en Italie dans une famille modeste le 12 octobre 1973 à Cassino (Latium), près de Naples, ses parents émigrent pour la France avec ses six frères et sœurs au début des années 80 lorsqu'il a 10 ans, et Antonio Ferrara grandit dans le Val-de-Marne, en banlieue parisienne, à Choisy-le-Roi (Cité Gabriel). Comme le dit plus tard l'un de ses avocats, le jeune Antonio Ferrara bascule dans la délinquance vers l'âge de 18 ans par « manque de perspective(s) » pour l'avenir, par « manque de diplôme(s) », et aussi à cause du fait qu'il a toujours des « difficultés à maîtriser la langue française » après son arrivée en France.

Son père, qui a travaillé chez Fiat en Italie, devient en France un vendeur ambulant de sandwichs et de pizzas tandis que sa mère devient femme de ménage. Le chef de la section d'éducation spécialisée de son collège se souvient « d'un jeune souriant, poli, mais qui jouait déjà les petits caïds ». Il quitte l'école à 16 ans, devient plombier pendant un mois, puis nettoyeur de trains pendant moins de deux mois et enfin, serveur durant deux mois. « Nino » en a eu marre de trimer pour gagner le SMIC. « C'est les enquêteurs qui disent ça, mais c'est comme les psys, ils font des déductions, corrige l'accusé. En Italie, j'ai été vendeur de tableaux et de pastèques, j'ai bien aimé ».

Fiché au Grand banditisme depuis le milieu des années 90, soupçonné d'une quinzaine de braquages et d'une tentative de meurtre, il est surtout connu pour sa spectaculaire évasion de la prison de Fresnes dans le Val-de-Marne, le 12 mars 2003. En relation avec le milieu corse (notamment avec Joseph Menconi), peut-être avec les Hornec, il est, jusqu'à son arrestation en juillet 2003, la priorité numéro 2, après Yvan Colonna, de Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l'Intérieur.

[modifier] Évasion et arrestation

Le 12 mars 2003, Ferrara est en prison depuis son arrestation le 13 juillet 2002, alors qu'il est en cavale depuis 1998. Dans la nuit, vers 4 heures et quart du matin, un commando lourdement armé et très bien organisé attaque la maison d’arrêt de Fresnes à l’explosif pour le délivrer. L'évasion de Ferrara est très bien préparée : ce dernier fait tout pour se retrouver au « mitard » de la prison, l'endroit le plus efficace pour l'opération d'évasion. Il refuse donc une fouille de cellule et de cette manière, se retrouve au quartier disciplinaire proche de la porte arrière de la maison d’arrêt. En milieu de nuit, ses complices incendient des voitures en banlieue pour occuper les pompiers et forces de l'ordre. Lors de l'attaque, de nuit, les gardiens, dépassés, réagissent à peine depuis un mirrador, attaqué au fusil d'assaut AK-47 et l’opération, qui ne dure pas plus de dix minutes, est un succès. Le commando fait sauter deux portes blindées, à l'explosif et au lance-roquettes, tandis que Ferrara fait exploser lui même les grilles de sa cellule grâce à des explosifs fournis par ses complices. Ferrara fuit pour le sud de la France tandis que dans les mois qui suivent, quatorze auteurs et complices sont arrêtés, dont des bandits corses.

En début de soirée du 10 juillet 2003, alors qu'il se trouve à Paris, probablement pour faire un nouveau coup, il est localisé dans un bar du XIIe arrondissement avec deux pointures du Grand banditisme, dont l'un est en cavale depuis 1998. Ferrara a les cheveux décolorés et le nez refait. C'est l'OCRB (Office Central de Répression contre le Banditisme) et la BRB (Brigade de répression du banditisme) qui mènent l'opération d'arrestation. Une opération délicate étant donné la nombreuse population estivale qui se trouve au dedans et en dehors du bar. Quarante policiers issus de ces deux services sont mobilisés pour cette arrestation. Ferrara, armé et détenteur de faux-papiers d'identité, n'a pas le temps de dégainer, bien qu'il soit prêt à le faire.

Il est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis après que le juge l'ait mis en examen pour « évasion avec usage d'armes et d'explosifs », « infraction à la législation sur les armes », « complicité de tentative d'homicides volontaires avec préméditation à la fois sur des surveillants pénitentiaires et sur des fonctionnaires de police », « destruction de biens avec explosifs en bande organisée », « association de malfaiteurs », et « détention de faux documents administratifs ». Il est également mis en examen pour « port et transport d'armes de première catégorie », dans le cadre de son arrestation.

Après son arrestation, il est placé à l'isolement et doit être jugé à partir du début de l'année 2006. En prison, il est régulièrement changé de cellule. Avant ce jugement, Antonio Ferrara est donc, selon la loi française, présumé innocent.

[modifier] Procès du braquage de la Poste

Le lundi 6 février 2006 s'ouvre le procès de Antonio Ferrara devant la Cour d'assises du Val-de-Marne.

Lors du procès, son avocat estime pourtant qu'« il n'y a rien dans ce dossier ». Il a fait valoir qu'aucune confrontation n'avait été réalisée et que les 25 agents de la poste séquestrés n'avaient pas reconnu son client. Le 7 février, ceux-ci expliquent que les agresseurs sont la plupart du temps cagoulés. Les deux automobilistes pris ensuite en otage par Ferrara ne l'ont pas non plus reconnu à l'audience. « Vous n'avez absolument aucune preuve contre Ferrara, le plus petit doute que vous avez doit bénéficier à l'accusé », conclu l'avocat devant la Cour.

Le jeudi 9 février, Antonio Ferrara est reconnu coupable de « vol avec arme », « séquestrations », « prises d'otages », et de trois des quatre « tentatives d'homicides volontaires sur policiers », dont il est accusé.

Il est donc condamné à 15 années de réclusion criminelle pour le braquage d'un bureau de poste de Joinville-le-Pont en juillet 1999, et pour trois tentatives d'homicides volontaires sur policiers.

Ferrara, à l'énoncé du verdict, se montre détendu et souriant, comme durant tout son procès d'ailleurs. Au moins 20 années de réclusion criminelle avaient été requis à son encontre. « Ils ont bâclé un dossier (…) je ne suis pas coupable dans cette affaire » avait-il déclaré d'une voix posée, à l'issue de la plaidoirie de la défense.

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[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

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