Antoine Thomas

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Antoine Thomas (25 janvier 1644, Namur - 29 juin 1709, Pékin) est un prêtre jésuite belge, missionnaire et astronome à la cour impériale de Chine.

Sommaire

[modifier] Formation

Né à Namur en 1644 il entra dans la Compagnie de Jésus en 1660 et, après la formation initiale à la vie religieuse et spirituelle, fut envoyé enseigner dans les collèges d’Armentières, Huy et Tournai. Il se spécialisa ensuite en mathématiques et astronomie et fut envoyé, à sa propre demande, comme missionnaire en Chine (1677). Un long et difficile voyage - passant par Goa (Inde), le Siam (Thaïlande) et Malacca - l’amena finalement à Macao (1682), alors la porte d’entrée obligée pour la Chine, juste à temps pour y observer une éclipse du soleil (1683).

[modifier] A la cour impériale de Pékin

Le Père Ferdinand Verbiest, alors âgé, l’appela à Pékin où il fut rapidement nommé ‘Vice-Président du tribunal des Mathématiques’ une position aussi importante (pour la fixation du calendrier impérial) qu’influente (car proche de l’empereur lui-même) dans l’empire chinois. A la mort de Ferdinand Verbiest il le remplaça comme mathématicien et astronome officiel de la cour. Pendant 20 ans le Père Thomas fut alors un conseiller proche de l’empereur Kangxi qui, au-delà des problèmes scientifiques, le consultait fréquemment sur des questions morales et religieuses. En 1692 il obtint un ‘édit de tolérance’ qui donna aux missionnaires une liberté quasi-totale de prêcher la foi chrétienne.

[modifier] Querelles des Rites Chinois

A un moment où l’avenir du christianisme en Chine semblait prometteur la querelle dite des ‘Rites Chinois’ devenait de plus en plus acrimonieuse en Europe. On accusait les jésuites d’autoriser aux nouveaux convertis chinois la pratique de certains rites (comme la Vénération des Ancêtres) considérés comme païens en Europe. Charles-Thomas Maillard de Tournon, légat pontifical, fut envoyé à Pékin en 1705 pour enquêter sur l’orthodoxie de ces rites que les jésuites disaient être une simple coutume sociale. Il parut immédiatement clair que son opinion était faite avant même qu’il ne débarque en Chine. Négligeant les coutumes chinoises et ne tenant aucun compte de l’étiquette officielle il froissa gravement l’empereur qui l’avait d’abord bien reçu. Les mises en gardes de Thomas, alors supérieur des jésuites en Chine, n’empêchèrent pas Tournon de promulguer un décret (Nanking, 1707) obligeant les missionnaires à abolir ces rites sous peine de graves sanctions ecclésiastiques. Une dernière supplique de Thomas implorant le légat d’en suspendre l’application, le temps de permettre un ultime recourt au pape, fut rejetée. Les conséquences en furent désastreuses. De bienveillant qu’il était l’empereur devint de plus en plus soupçonneux. La confirmation du décret de Tournon par le Pape Clément XI (1715) entraîna ensuite une vive réaction de l’empereur qui bannit les missionnaires chrétiens de l’empire (1721).

[modifier] Mort

Ces derniers développements ne furent pas connus du Père Antoine Thomas car il mourut en 1709, à Pékin, et fut enterré près de son ami et prédécesseur Ferdinand Verbiest, dans le cimetière jésuite de Pékin. L’entretien régulier des tombes des pères jésuites par les autorités chinoises, quels que furent les troubles et changements de régime, soulignent le fait que les Chinois ont tout au long de l’histoire gardé de l’estime pour ces ‘Sages venus de l’Ouest’.

[modifier] Oeuvre principale

Synopsis mathematica, Douai, 1685.

[modifier] Références

  • F. Bontinck, La lutte autour de la liturgie chinoise au XVIIe et XVIIIe siècles, Louvain, 1962.
  • Yves Thomaz de Bossierre, Un Belge, mandarin à la cour de Chine, Paris, 1977.