Ange Diawara

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ange Bidie Diawara est un officier et homme politique congolais (Congo-Brazzaville) né à Sibiti en 1941 et mort en 1973.


[modifier] Biographie

Diawara interrompt ses études supérieures en Sciences économiques en 1964 pour se mettre au service de la Révolution Congolaise. Il intègre la Jeunesse du parti unique, la JMNR et devient le commandant de la Défense Civile, la milice politique du régime de Massamba-Débat.

Durant le bras de fer entre le président Massamba-Débat et les officiers progressistes conduits par le capitaine Ngouabi, en juillet 1968, il opte pour le second camp. Son ralliement permet de désamorcer l'affrontement entre la Défense Civile, pro-Massamba-Débat, et l'armée.

Il devient premier vice-président du Conseil National de la révolution, mis en place le 04 août 1968. Il est également membre du Conseil d'état. Après la chûte de Massamba-Débat, la Défense Civile est dissoute et ses éléments reversés dans l'Armée Populaire Nationale. Diawara devient lieutenant dans l'armée de terre.

Ange Diawara jouit alors d'une grande poupularité auprès de la jeunesse pour son intégrité et son désinteressement, ses aptitudes aux arts martiaux et ses talents militaires, ainsi que pour ses capacités théoriques et sa connaissance de la théorie marxiste. Il est l'un des fondateurs du Parti congolais du travail, institué par le président Marien Ngouabi, le 31 décembre 1969. Membre du Bureau Politique, il est l'une des grandes figures de l'aile gauche du PCT, avec Claude-Ernest Ndalla et Ambroise Noumazalaye. A la suite du congrès extraordianire du PCT convoqué par le Président Ngouabi du 30 mars au 01 avril 1970, après le putsch manqué du lieutenant Kinganga, il entre au gouvernement comme ministre du Développement chargé des Eaux et Forêts.

Rapidement, il se démarque de l'entourage de Marien Ngouabi, dont il fustige l'embourgeoisement, la corruption et les tendances au népotisme. Il est le concepteur du néologisme obumitri (Oligarchie bureaucratique militaro-tribaliste), qu'il popularise à travers des tracts qu'il fait distribuer dans le pays.

En décembre 1971, Diawara et ses amis tentent de mettre Marien Ngouabi en minorité lors de la session extraordinaire du Comité Central du PCT, convoquée suite aux grèves estudiantines de novembre 1971. C'est l'echec. Il perd sa place au gouvernement et au Conseil d'état.

Le 22 février 1972, il prend la tête d'un putsch contre le président Ngouabi. Leur tentative qui sera baptisée Mouvement du M22 échoue, et certains conjurés perdent la vie, Prosper Matoumpa-Mpolo, Elie Itsouhou, Franklin Boukaka... Plusieurs sont arrêtés, Noumazalaye, Ndalla, Bongou, Kimbouala-Nkaya... Diawara et quelques rescapés prennent le maquis à quelques dizaines de kilomètres de Brazzaville, dans les environs de Goma Tse-Tse, village natale de sa mère dans la région du Pool.

En avril 1973, Diawara et treize de ses compagnons, dont le lieutenant Ikoko, Olouka et Bakekolo, sont capturés et abattus. Selon la plupart des temoignages, ils avaient été arrêtés au Zaïre et livrés vivants par les autorités zaïroises. Leurs cadavres sont exhibés au Stade de la Révolution, le 24 avril 1973 au cours d'un meeting populaire tenu par le Président Marien Ngouabi.

La tentative du M22 marqua durablement les esprits au Congo, du fait de la popularité dont jouissait Diawara auprès des jeunes et de la mise en scene par le régime de son echec (procession macabre à travers Brazzaville et outrages exercés sur les cadavres), et aussi parce qu'elle démeure à ce jour, l'unique entreprise politique dénuée d'arrières-pensées ethniques dans l'histoire du Congo.


[modifier] Sources

  • Les voies du politique au Congo, Rémy Bazenguissa-Ganga. Karthala, 1997.
  • Le Mythe d'Ange, Dominique M'Fouilou. L'Harmattan, 2006.
Autres langues