Anātman

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Anatta (Pali ; sanskrit anâtman) est le concept bouddhique d'impersonnalité, par opposition en la croyance hindouiste en l'âtman. Il n'existe selon cette vue aucune âme, aucune essence à trouver, mais une simple agrégation de phénomènes conditionnés.

Anatta est souvent exposé selon la formule "Chaque chose est sans Soi". C'est l'une des Trois caractéristiques. Tandis que les deux premières caractéristiques, Dukkha (ou l'insatisfaction) et Anicca (ou l'impermanence) ne s'appliquent qu'aux phénomènes conditionnés, Anatta s'applique à toutes choses, y compris en dehors du Samsara : le Nirvāna (l'Absolu) est également vide d'essence.

A noter que l'école Pudgalavada (personnaliste) est la seule à considérer un soi.

Sommaire

[modifier] Anatta dans le bouddhisme hînayâna

L'ancien véhicule distingue deux niveaux de croyance :

  • l'opinion philosophique considérant un soi ;
  • la croyance, le sentiment de soi.

Annihiler l'opinion philosophique ne suffit pas à supprimer le "sentiment même de soi". Selon la formule du Visuddhimagga, Seule la souffrance existe, mais on ne trouve personne qui souffre, les actes sont, mais on ne trouve pas d'acteur.

Il y a cinq "agrégats d'attachement", skandhas :

  1. Le corps (rūpa] ;
  2. les sensations (vedanā) ;
  3. les perceptions (samjñā) ;
  4. les "fabrications mentales" (samskāra) ;
  5. la conscience (vijñāna).

Ces cinq agrégats d'attachements ne sont pas "soi" ; la croyance au soi (satkayadrsti) émerge de ces cinq agrégats. Les cinq agrégats provoquent l'attachement et la croyance que ces parties sont "soi".

On trouve dans Milinda Panha une métaphore comparant la personne à un char : aucun des deux n'a d'existence propre.

[modifier] Anatta dans le mahâyâna

Les écoles Mahâyâna ne réfutent pas seulement l'existence du soi de la personne, mais bien l'inexistence du soi des phénomènes ; il y a donc double vacuité.

[modifier] Métaphore de Chandrakirti

L'enseignement de Chandrakirti appartient au bouddhisme Madhyamika.
Dans le Madhyamakavatara, Chandrakirti reprend la métaphore du char et l'approfondit :

  • Le char n'est pas différent de ses parties. On ne perçoit pas le soi indépendamment de la perception de agrégats.
  • Le char n'est pas identique à ses parties, autrement il y aurait plusieurs soi.
  • Le char n'est pas possesseur de ses parties, autrement il faudrait concevoir un soi distinct des parties qui en soit le maître.
  • Le char ne dépend pas de ses parties, au sens où changer une roue n'abolit pas le char, ne l'empêche pas de paraître exister.
  • Le char n'est pas à la base de ses parties, car il s'agirait d'un concept dépourvu de tout.
  • Le char n'est pas simplement la réunion de ses parties, autrement les constituants du char empilés seraient un char.
  • Le char n'est pas la forme de la réunion de ses parties.

[modifier] Débats au sein du Mahâyâna

Anatta amènera différentes écoles du mahâyâna à postuler différentes compréhensions de ce soi qui en définitive, n'existe pas :

Certaines écoles sont idéalistes (Cittamatra, c'est-à-dire l'Esprit Unique). Dans ce cas les phénomènes n'existent tout simplement pas et la double vacuité s'applique à la relation sujet-objet : il n'y a ni sujet ni relation sujet-objet.

[modifier] Anatta et les mathématiques

En mathématique, l'autoréférencement (qui correspond plus ou moins à la notion de soi) entraîne facilement des paradoxes. Par exemple, la phrase suivante est-elle vraie ou fausse ?

Cette phrase est fausse.

C'est un phrase qui parle d'elle-même. On voit qu'elle n'est ni vraie, ni fausse, ce qui mathématiquement est embarrassant si l'on admet le principe du tiers exclu. Cela signifie que, d'un point de vue mathématique, la notion de soi ne peut pas être utilisée pour constituer une théorie complète, c'est-à-dire où toutes les propositions sont vraies ou fausses.

Icône de détail Article détaillé : Incomplétude.

Le hétéroréférencement peut engendrer aussi des paradoxes lorsque cela revient à un autoréférencement. Par exemple

Phrase A: La phrase B est vraie
Phrase B: La phrase C est vraie
Phrase C: La phrase A est fausse

Si A est vrai, alors B est vrai, alors C est vrai, alors A est faux... On obtient à peu près le même paradoxe que tout à l'heure.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  • l'Atman-Brahman dans le bouddhisme ancien , K.Bhattacharya, 1973, EEFO.


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