Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne

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L'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne, communément connue sous son acronyme Agrif, est une association fondée en 1984 d'inspiration chrétienne traditionaliste. Elle a pour but de lutter, principalement par voie juridique, contre les « atteintes à la dignité de l'identité chrétienne » et « nationale ».

Sommaire

[modifier] Organisation

L'Agrif a pour président Bernard Antony. Elle édite un bulletin trimestriel sous le nom homophone La Griffe[1], et revendique plus de 6 000 adhérents[2].

Initialement, la notion de lutte contre le racisme n'était pas présente dans l'objet social de l'Agrif. Suite à plusieurs revers en justice, elle introduisit dans ses textes fondateurs la notion de « racisme anti-blanc » et de « racisme anti-chrétien »[3]. Ainsi l'organisation souhaitait entrer dans le cadre du racisme tel que défini par la loi Pleven (« l'hostilité à un individu ou à un groupe en raison de leurs origines religieuses, ethniques, ou raciales »). Bien qu'il fut relevé lors de procès que cette notion contrevenait à l'esprit de la loi[4], sa légitimité fut reconnue par la Cour de cassation le 16 avril 1996[2],[3]. L'Agrif affirme une prédilection à défendre les victimes des « racismes antifrançais et antichrétien »[5], mais aussi de tous les racismes[2].

[modifier] Actions

L'Agrif s'est surtout fait connaître pour ses procès, visant à faire interdire ou censurer des propos ou représentations dont elle estimait qu'ils portaient préjudice au catholicisme ou aux chrétiens, visant notamment :

L'Agrif a obtenu, la condamnation, en appel, de Marek Halter et du Figaro, suite à une tribune publiée par ce quotidien sur le carmel d'Auschwitz qui mettait en cause la responsabilité du catholicisme[7].

Ses actions restent peu médiatisées, car elles ne sont généralement relayées que par quelques médias « amis » tels que le quotidien Présent, Radio Courtoisie ou certains blogs comme Le Salon beige. Cela peut, entre autres raisons, expliquer ses difficultés à rassembler un nombre important de manifestants.

Pour l'essentiel, les procédures judiciaires de l'Agrif sont relatives aux profanations de tombes —chrétiennes et autres— par des groupes gothiques et/ou néonazis.

[modifier] Relations avec l'extrême droite

Parmi ses dirigeants se retrouvent des cadres, actuels ou anciens, du Front national. Son président est Bernard Antony, ancien député européen, qui représentait au Front National le courant national-catholique. Parmi ses membres, on peut noter la directrice du quotidien Présent, Jeanne Smits; Wallerand de Saint-Just[8] (avocat de Jean-Marie Le Pen et de Samir Geagea) en tant que vice-présidents, la musicologue Judith Cabaud, Yves Daoudal, directeur de National-Hebdo, ainsi que le journaliste Serge de Beketch (décédé en 2007) et l'essayiste Henri de Fersan (qui ont notamment travaillé avec Jean-Marie Le Chevallier à Toulon).

Alors que Michel Guiniot, membre du bureau politique du Front National, a désigné l'Agrif comme une « entité du FN » dans l'Aisne Nouvelle, l'organisation affirme son indépendance vis-à-vis des partis politiques[9]. Pour les auteurs du Dictionnaire de l'extrême droite, « les communiqués officiels de l'association, qui réaffirment "l'indépendance" de l'Agrif vis à vis de "tous les partis politiques", n'ont jamais été pris au sérieux par personne. La séparation des structures au sein de cette mouvance a surtout permis de ne pas trop rendre de comptes à l'appareil frontiste, tout en bénéficiant de ses réseaux. »[10], mais une rupture entre l'Agrif et la direction du Front national (notamment Marine Le Pen) est cependant constatée depuis les années 2000[11].

En novembre 1993, le préfet du Var refuse qu'elle participe à la cellule départementale de lutte contre le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme. L'Agrif dépose alors un recours devant le tribunal administratif de Nice (Alpes-Maritimes). Elle est déboutée en 1997, le tribunal estimant que l'Agrif « ne constitue pas une organisation indépendante mais est une simple émanation d'un parti politique, le Front national, puisque son délégué dans le département du Var est précisément M. Le Chevallier, seul député de ce parti » et que « le caractère très restreint de son objet social, à savoir la lutte contre le racisme antifrançais et antichrétien, est en réalité directement contraire au caractère général et universel de la lutte contre le racisme, comme d'ailleurs, et au surplus, du message évangélique »[12].

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. (ISSN 1169-4378)
  2. abc Dictionnaire de la réplique, Godefroy de Bouillon, 2004, p. 15 (article de Bernard Antony).
  3. ab Charlie Hebdo, 18 juin 1997, article de Anne Kerloc'h et Fiammetta Venner
  4. Une cour d'appel avait estimé qu'elle ne justifiait d'« aucune action en faveur de la lutte contre le racisme, la xénophobie et l'antisémitisme »
  5. L'AGRIF contre les propos racistes de Houria Bouteldja, par Bernard Antony dans Voix des Français, mars 2008.
  6. CQFD, n° 12, mai 2004.
  7. « PRESSE : Marek Halter et Le Figaro condamnés pour "diffamation publique et raciale" », dans Le Monde, 15 décembre 1993.
  8. Source : communiqué de compte rendu de l'Assemblée générale du 11 janvier 2007.
  9. Communiqué de Bernard Antony, président de l'Agrif, du 20 juin 2006 en réponse a des propos de Michel Guiniot dans l'Aisne Nouvelle : « l'Agrif n'est pas une "entité du FN". Elle ne l'a jamais été et ne le sera jamais, pas plus que l'entité de tout autre parti. ».
  10. Article « Agrif », p. 50.
  11. op. cit., p. 51. Voir également Devoir de réponse à Marine Le Pen et à Philippe de Villiers par Bernard Antony, Godefroy de Bouillon, 2006.
  12. Article « Le tribunal administratif conteste l' "antiracisme" d'une association satellite du Front national », sous la plume de Jean-Pierre Laborde, Le Monde, 28 décembre 1997.