Ali I Bey

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Bey de Tunis
Ali I Bey
Ali I Bey
possesseur de la Régence de Tunis
Prédécesseur Hussein I Bey
Prince héritier 17 janvier 1706
Règne 8 septembre 1735
2 septembre 1756
Successeur Rachid Bey
Naissance 30 juin 1688
Lieu de naissance
Décès 22 septembre 1756
Lieu du décès
Nature du décès Strangulation
Husseinites

Ali I Bey (أبو الحسن علي باشا), né le 30 juin 1688 et décédé le 22 septembre 1756, est bey de Tunis de 1735 à 1756.

Investi comme prince héritier le 17 janvier 1706, il reçoit le titre de pacha en 1724. Remplacé par son cousin comme héritier en 1726, il parvient, avec l'aide des troupes du dey d'Alger, à déposer son oncle Hussein I Bey le 8 septembre 1735 : il fait son entrée solennelle dans Tunis, précédé de son fils aîné Younès, en promettant aux habitants que leurs biens seraient respectés.

[modifier] Installation du nouveau pouvoir

Ce qui n'empêche pas, durant les jours suivants, l'armée du dey d'Alger, campant sous les murs de la ville, de piller les magasins et les demeures particulières. Pour obtenir le départ de ces bandes, Ali Pacha paie une forte indemnité de guerre en pièces d'argent dont on charge 35 mules et s'engage à verser un tribut annuel de 50 000 piastres au dey. Lorsque Ali Pacha accède au pouvoir, ses partisans en engrangent les bénéfices tandis que ceux restés fidèles à Hussein I Bey, le bey légitime, sont exécutés. Il fait également mettre à mort des notables, des savants et des descendants du prophète selon Mohammed Seghir Ben Youssef. Cependant Hussein Bey, retranché à Kairouan, tente de gouverner, à l'abri des remparts de la ville sainte, la partie du royaume qui lui reste fidèle (Sousse et le Sahel tunisien). Mais Ali Bey donne l'ordre à son fils Younès de faire le siège de la ville. Kairouan résiste pendant cinq années mais l'assaut de Younès réussit finalement et ce dernière exécute Hussein. Ses deux fils, qui gouvernaient le Sahel ont le temps de se réfugier l'un à Constantine et l'autre à Alger.

Cette nouvelle guerre civile laisse des traces profondes dans le pays qui se divise dès lors en deux partis opposés : les partisans d'Hussein et les partisans d'Ali dont l'hostilité réciproque se manifeste pendant très longtemps et jusque sur les marches du trône. Le fils aîné d'Ali, Younès, devient une sorte de héros national : il va deux fois l'an, en qualité de bey du camp, lever les impôts à l'intérieur du pays. On nous décrit ainsi ses retours glorieux dans la capitale :

« Chaque fois qu'il revenait d'une expédition, les femmes les plus distinguées de Tunis venaient le saluer, le visage découvert, parées de fleurs et fardées comme des fiancées qui entrent la première fois chez leur époux. Lorsque l'une d'elles lui plaisait, il lui souriait, elle répondait à son sourire... »

[modifier] Révolte familiale

Ce prince finit par se rebeller contre son père à la suite d'une rivalité avec son frère. Il quitte Le Bardo clandestinement et réussit à s'emparer par surprise de la kasbah de Tunis. Puis, réunissant une milice et les autorités de la ville, il se fait proclamer bey sans opposition et prend des dispositions de défense pour résister dans la médina et la kasbah aux troupes que son père a lancé contre lui. Avec l'aide de la milice et des habitants, Younès repousse tous les assauts pendant près de deux mois mais ses partisans faiblissent peu à peu. Ali Bey finit par pénétrer dans la médina par une brèche ouverte du coté de Bab Souika. Younès parvient néanmoins à s'enfuir et gagner l'Algérie. Les troupes d'Ali, maîtresses de la médina, pillent la cité et se livrent à toutes sortes d'atrocités.

[modifier] Retour des Algériens

Réfugiés en Algérie, les princes Mohammed et Ali, fils du défunt Hussein Bey, réussissent à gagner à leur cause le dey d'Alger qui se plaint des procédés d'Ali qui règne à Tunis. Une armée algérienne, sous le commandement du bey de Constantine, se met en marche vers Tunis afin de permettre aux deux princes de recouvrer le trône de leur père. Cette armée se présente bientôt devant Tunis qu'Ali Bey a fait fortifier à la hâte dès qu'il apprit les desseins de la régence d'Alger. Les remparts de la médina sont restaurés et on détruit toutes les maisons attenantes à l'enceinte. À leur emplacement, on creuse un fossé qui fait le tour de la cité. Le faubourg sud est relié fort du Djellaz (fort de Sidi Belhassen) par un long mur en pisé qui contourne également les zaouïas de Sidi Belhassen. On achève également le fort du Djellaz, d'El Sawara (fort des Andalous) et celui d'El Rabta (ainsi appelé parce qu'il protège les silos ou l'on enferme l'orge et le blé collectés pendant l'été. Ces fortifications et les soldats qui les défendent n'empêchent pas l'armée algérienne de prendre la ville d'assaut le 31 août 1756. Fait prisonnier par les Algériens, Ali est déposé le 2 septembre. Ramené à Alger enchaîné, il est étranglé par des partisans de son cousin Mohammed le 22 septembre.