Albert Caraco

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Albert Caraco, né à Constantinople le 10 juillet[1] 1919, dans une famille séfarade installée en Turquie depuis quatre siècles, et mort en septembre 1971, est un philosophe et écrivain francophone.

Caraco publia une œuvre volumineuse, souvent jugée comme noire nihiliste et pessimiste, comparée parfois à celle de Cioran.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après avoir vécu à Prague, Berlin, Vienne et Paris, sa famille (d'origine juive levantin) se réfugie en Amérique du Sud à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Là il reçoit une éducation catholique. Sa famille prend la nationalité uruguayenne, nationalité que gardera Caraco jusqu'à la fin de sa vie. À son retour en France, une fois la guerre terminée, sa vision du monde en est profondément bouleversée.

En 1963, la disparition de sa mère motive l'écriture de son ouvrage Post Mortem. Il se pendit quelques heures après la mort de son père, conformément à l'esprit de son œuvre.[2] Caraco était un auteur prolifique mais ignoré du grand-public, en raison peut-être de la noirceur de ses écrits, et de certains de ces propos propres à choquer. Un éditeur suisse, L'Âge d'Homme, entreprendra de publier l'ensemble de son œuvre. Il parlait couramment quatre langues (français, allemand, anglais et espagnol), et bien que ses écrits aient été rédigés en français, il n'est pas rare de trouver sous sa plume certaines phrases, des paragraphes, voire des pages entières, dans une autre langue.

[modifier] Citations

  • « La conservation d'un beau fauteuil m'importe plus que l'existence de plusieurs bipèdes à la voix articulée » (Le semainier de l'agonie, 1985)
  • « Nous mourrons pour le maintien de ce qui nous tue et l’évidence nous échappe »
  • « Les villes, que nous habitons, sont les écoles de la mort, parce qu'elles sont inhumaines » (Bréviaire du chaos, L'Âge d'Homme/Amers 1)
  • « Aucun progrès moral ne vient à bout de nos entrailles, c’est là que la raison de toute chose se ramasse et que les éléments de l’ordre se renferment, avec leur barbarie originelle. Ce qui fut bon avant cinquante siècles est bon à cette heure, ainsi du trône et de l’autel, qui dureront autant que les humains, malgré les intervalles où l’on croit au changement. Le monde est vide et la métamorphose de ce vide, appelée Dieu, ne change rien aux préalables et ne saurait remédier au défaut d’harmonie, inhérent au système, la Providence est une illusion et le progrès moral n’est qu’un délire, l’ordre corrompt l’homme plus qu’il ne l’humanise »
  • « Mais à quoi bon prêcher ces milliards de somnambules, qui marchent au chaos d’un pas égal, sous la houlette de leurs séducteurs spirituels et sous le bâton de leurs maîtres ? Ils sont coupables parce qu’ils sont innombrables, les masses de perdition doivent mourir, pour qu’une restauration de l’homme soit possible. Mon prochain n’est pas un insecte aveugle et sourd, n’est pas un automate spermatique. Que nous importe le néant de ces esclaves ? Nul ne les sauve ni d’eux-mêmes, ni de l’évidence, tout se dispose à les précipiter dans les ténèbres, ils furent engendrés au hasard des accouplements, puis naquirent à l’égal des briques sortant de leur moule, et les voici formant des rangées parallèles et dont les tas s’élèvent jusqu’aux nues. Sont-ce des hommes ? Non, la masse de perdition ne se compose jamais d’hommes » (Bréviaire du chaos)
  • « Nous tendons à la mort, comme la flèche au but et nous ne le manquons jamais, la mort est notre unique certitude et nous savons toujours que nous allons mourir, n'importe quand et n'importe où, n'importe la manière. Car la vie éternelle est un non-sens, l'éternité n'est pas la vie, la mort est le repos à quoi nous aspirons, vie et mort sont liées, ceux qui demandent autre chose réclament l'impossible et n'obtiendront que la fumée, leur récompense. » (Bréviaire du chaos, L'Âge d'Homme/Amers 1)
  • « Je n'aime pas la vie et je ne me souviens pas de l'avoir aimée, l'idée que je pouvais mourir fut de tout temps ma consolation et plus le terme approche, plus ma joie s'en augmente, je suis pressé de quitter ce bas monde. » (Ma confession, L'Âge d'Homme)
  • « Je suis vivant parmi des hommes, qui le semblent, et dont je sais bien qu'ils sont morts, aussi morts que leurs dieux. » (Ma confession, L'Âge d'Homme)
  • « L'Histoire nous enseigne que les vrais spirituels furent l'objet de persécutions fomentées souvent par les prêtres ou par les dévots subalternes : on voulait qu'ils se conformassent à la sottise générale, qu'ils rétractassent leurs vertus et qu'ils désavouassent leurs idées, on ne leur pardonnait leur richesse invisible ni leur félicité qu'on jugeait offensantes, leur personne était un reproche, leur état un défi, leur solitude une menace et si je ne craignais d'outrer ce que j'asserte, leur innocence était un crime. » (Écrits sur la religion, L'Âge d'Homme)
  • « Le Commerce est un monstre froid et le profit, sa raison d'être, nous dévoue à l'aliénation. Perdre sa vie à la gagner semble l'aliénation par excellence. Le profit retranché, le Commerce aboli, rien ne s'oppose à la félicité des peuples et tous les hommes pourront se donner la main, ils pourraient aussi bien former la chaîne entre les antipodes à s'enfiler les uns les autres, ce serait la communion des races et des classes, lesquelles n'auraient que leurs caleçons à perdre. Hélas ! le cœur est insondable, encore que le reste ait des limites. » (Abécédaire de Martin-Bâton, L'Âge d'Homme)
  • « Un tel professe que le dernier mot de la sagesse socratique se ramasse en la proposition, selon laquelle on finira, quoi que l'on fasse, par regretter ce qu'on a fait, et puis en l'interjection, selon laquelle la vie est terrible. Voilà de quoi guérir les hommes les plus délicats de leurs scrupules et les plus vicieux de leurs remords, c'est la plus belle leçon d'immoralité dont l'intéressé se souvienne. » (Supplément à la Psychopathia Sexualis, L'Âge d'Homme)

[modifier] Œuvres

[modifier] Philosophie

  • L'école des intransigeants, Ed. Nagel, Paris, 1952.
  • Le désirable et le sublime, La Baconnière, Neuchâtel, 1953.
  • Foi, valeur et besoin, Ed. E. de Boccard, Paris 1957.
  • Apologie d'Israël, Librairie Fischbacher, Paris, 1957.
  • Huit essais sur le mal, La Baconnière, Neuchâtel, 1965.
  • L'art et les nations, La Baconnière, Neuchâtel, 1965.
  • Le tombeau de l'histoire, La Baconnière, Neuchâtel, 1966.
  • Le galant homme, La Baconnière, Neuchâtel, 1967.
  • Les races et les classes, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1967.
  • La luxure et la mort, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1968.

[modifier] Littérature

  • Inés de Castro, Les Martyrs de Cordoue, Rio de Janeiro, Bel-Air, 1941.
  • Le Cycle de Jeanne d’Arc, suivi d’un choix de Poésies, Buenos Aires, Editorial Argentina Aristide Quillet, 1942.
  • Le Mystère d'Eusèbe, Buenos Aires, Aristide Quillet, 1942.
  • Contes, Retour de Xerxès, Buenos Aires, Aristide Quillet, 1943.
  • Le livre des combats de l’âme, Paris, E. de Boccard, 1949.
  • Les races et les classes, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1967.
  • L’ordre et le sexe, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1970.
  • Obéissance ou servitude, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1974.
  • Ma confession, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1975.
  • Bréviaire du chaos, Collection Amers dirigée par le Collège du Revizor, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1999, ISBN : 2-8251-0989-4.
  • Post Mortem, Éditions L'Âge d'Homme (La Merveilleuse Collection), Lausanne, Suisse, 1968 (réédité sous le titre Madame Mère est morte, Lettres Vives, Paris).
  • Supplément à la psychopathia sexualis, Collection Le Bruit du Temps dirigée par Gérard Joulié, Jil Silberstein avec le concours du Revizor, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1983.
  • Simples remarques sur la France, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1975.
  • Abécédaire de Martin-Bâton, La Fronde Collection dirigée par Slobodan Despot, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1994.
  • Écrits sur la religion, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1984.
  • Essai sur les limites de l'esprit humain, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1982.
  • La France baroque, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1975.
  • L'homme de lettres, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1976.
  • Le semainier de l'agonie, suivi de Post Mortem, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1985.
  • Semainier de l'incertitude, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 1994.
  • Semainier de l’an 1969 : du 10 mars au 27 juillet, Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, Suisse, 2001.

[modifier] Notes

  1. Selon une notice, Caraco écrit dans Le Semainier de l'agonie qu'il serait né le 8. [1]
  2. « J'attends la mort avec impatience, et j'en arrive à souhaiter le décès de mon père, n'osant me détruire avant qu'il ne s'en aille. Son corps ne sera pas encore froid que je ne serai plus au monde. »[réf. nécessaire]

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