Affaire Thalamas

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'Affaire Thalamas fait référence à une manifestation des Camelots du Roi (branche militante de l'Action française) contre le cours d'un professeur nommé Amédée Thalamas, portant sur Jeanne d'Arc.

En 1904, suite à un cours particulièrement orienté sur la mémoire de Jeanne d'Arc au Lycée Charlemagne, où Thalamas dénonçait notamment la « Jeannolâtrie » (il avait exposé un vision jugée « positiviste » de sa vie, dans son Jeanne d'Arc, l'histoire et la légende, Paris, P. Paclot, 1904), une enquête ouverte par le ministre de l'Instruction Publique Joseph Chaumié conclut à un blâme du professeur, qui dut alors enseigner au Lycée Condorcet. L'affaire donna prétexte à un duel entre Paul Déroulède et Jean Jaurès, en décembre 1904, qui fut sans succès.

Thalamas ne possédant pas de titre de docteur ès lettres, le Conseil des professeurs de la Faculté de Lettres, présidé par le doyen, Alfred Croiset, l'avait autorisé en novembre 1908 à l'ouverture d'un cours libre sur la Pédagogie de l'Histoire pour l'hiver 1908-1909.

Après la nomination de Thalamas à la Sorbonne, les Camelots du Roi dirigés par Maxime Real del Sarte interrompent chaque mercredi le cours d'Amédée Thalamas, parfois avec violence :

  • Dès le début du premier cours, le 2 décembre 1908, il fut giflé par Maxime Real del Sarte.
  • Le 17 février 1909, Maurice Pujo réussit à pénétrer dans l'amphithéâtre avec plusieurs militants, et s'emparent de Thalamas. Celui-ci est fessé par Lucien Lacour, qui lui lance : « Votre place n'est pas ici. Elle est à la synagogue ou à la rue Cadet », avant d'être assommé par une chaise que lui avait lancée le professeur.

Pendant et à l'issue des cours eurent lieu de nombreuses bagarres entre les militants monarchistes et la police, mais également avec des militants catholiques qui réprouvaient leur action, notamment les « Sillonistes » (du nom du mouvement de Marc Sangnier, Le Sillon). L'Action française organisa parallèlement plusieurs manifestations antiparlementaires.

Durant les événements, plusieurs Camelots furent arrêtés et détenus à la prison de la Santé. En février, le député Jules Delahaye, qui avait précedemment dénoncé le Scandale de Panamá, prend la parole à la Chambre des députés pour protester contre ces arrestations. Reçu par le président du Conseil, Georges Clemenceau, Maxime Real del Sarte obtint alors la libération des détenus.

L'affaire Thalamas a suscité des réactions passionnées ; les camps thalamistes et antithalamistes se sont confrontés à nouveau la même année à l'occasion de la nomination de Thalamas à la Sorbonne. Cette épisode s'inscrit dans une période de mythification de Jeanne d'Arc dans les milieux nationalistes français ; il s'agit de l'un des premiers coup d'éclat des Camelots du Roi.

[modifier] Référence bibliographique

  • Maurice Pujo, Les Camelots du Roi, 1933 (2 éd. posthume, Les Éditions du Manant, 1989, pages 33 à 171)

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes