Acouphène

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L'acouphène est une impression auditive correspondant à la perception d'un son. Il s'agit de sensations sonores qui ne sont pas liées à une onde acoustique extérieure, c'est-à-dire qui sont seulement perçues par le sujet. Le son perçu ressemble à un bourdonnement, un sifflement ou même à un tintement ressenti dans le crâne ou dans l'oreille interne, d'un seul côté ou des deux.( 2 types d'acouphènes : acouphènes objectifs et acouphènes subjectifs.)

Sommaire

[modifier] Description

Les acouphènes sont souvent d'origine pathologique. Ils peuvent être permanents, intermittents ou temporaires. On distingue différentes appellations en fonction de la tonie perçue par le sujet acouphénique : le tintement, le bourdonnement, le chuintement ou le sifflement. Ce sont très rarement des sons purs.

Le ou les bruits perçus peuvent avoir des niveaux divers. Selon les cas, les personnes atteintes peuvent endurer des bruits, allant d'un simple rasoir électrique à une tondeuse à gazon ou à un réacteur d'avion. Ceux-ci peuvent s'accompagner (ou non) de surdité ou d'hypersensibilité aux sons (extérieurs) : l'hyperacousie. Ils ne s'accompagnent généralement pas de lésions du tympan.

Les acouphènes peuvent être uni- ou bi-latéraux (perçus sur un ou deux côtés), selon ce qui les a provoqués. Ils peuvent en effet avoir différentes causes : souvent dus au vieillissement de l'oreille (donc, chez les sujets âgés et fréquemment des deux côtés), ils peuvent être dûs à une tumeur, notamment un neurinome (unilatéralement le plus souvent, chez des sujets de tous âges), mais ils peuvent aussi survenir à n'importe quel âge après un traumatisme auditif, un choc infectieux ou viral. Les chocs auditifs sont en forte augmentation, notamment chez les jeunes : le choc peut être dû à une exposition trop violente ou trop répétée à des bruits très forts, dans les boîtes de nuit ou dans les raves, en écoutant un baladeur, sur un lieu de travail très bruyant, à cause d'un pétard qui explose ou d'une alarme de voiture, etc.

Pour toute sensation de perte auditive brusque ou dans les heures qui suivent un traumatisme auditif (de préférence dans les 6 à 12 heures suivant ce dernier), il est impérativement nécessaire de se présenter à un service d'urgence au plus vite afin qu'un traitement adapté soit appliqué tel que par exemple : hémodilution, oxygénation hyperbare et vasodilatateurs.

[modifier] Causes

Voici différentes causes possibles :

Il peut être difficile pour les personnes non touchées de comprendre le problème, mais à titre d'exemple, toute personne ayant assisté à des concerts a probablement perçu ensuite un léger sifflement. Ce sifflement est déjà un acouphène, bien qu'il ne dure généralement que quelques minutes ou quelques heures.

Selon différentes études, le nombre de personnes atteintes d'acouphènes serait très important. Les cas mineurs et psychologiquement bien acceptés sont une minorité. Les cas graves sont assimilables à de véritables douleurs chroniques[2],[3].

Le problème est aussi bien connu des musiciens. C'est par exemple le cas de Phil Collins[4], du guitariste des Who Pete Townshend[5], d'Ozzy Osbourne[6], Danny Elfman[7], Barbra Streisand[8], Eric Clapton[9] et de beaucoup d'autres musiciens.

[modifier] Prévention

Les traumatismes auditifs étant la première cause d'acouphènes, il est important de les éviter.

Des réglementations existent qui limitent le volume sonore dans les lieux publics (105 dB en France[10], 90 dB en Belgique[11]) et celui des baladeurs (100 dB en France[12]). Cependant, elles ne sont pas assez sévères et/ou ne sont pas respectées.

Au niveau individuel, il est possible d'utiliser des bouchons avec filtre, moulés ou non (à ne pas confondre avec les bouchons de mousse).

Une protection auditive (casque ou bouchons de mousse) doit impérativement être utilisée lorsqu'on se sert d'un outil électrique bruyant (meuleuse d'angle, disqueuse, ponceuse à bande…), en particulier dans un lieu clos, comme une cave. Il suffirait de quelques secondes à un niveau sonore trop élevé pour abimer les cellules cilliées de l'oreille interne et provoquer un acouphène définitif[réf. nécessaire].

Faute de traitement à ce jour, les services de santé devraient mettre l'accent sur la prévention quant aux traumatismes auditifs. À ce sujet, le Royaume-Uni a réellement compris le problème et a engagé des campagnes de prévention. En France, le respect de la législation et le seuil acceptable de décibels sont souvent bafoués et ne sont pas vérifiés dans les lieux publics (notamment dans les boîtes de nuit, pubs et concerts). La recherche dans ce domaine reste balbutiante, faute de moyens financiers et humains.

[modifier] Diagnostic

Les acouphènes ne sont pas une maladie mais un symptôme. Ne pouvant être entendus par une autre personne, seule la personne touchée peut témoigner de son mal. De ce fait, ils sont difficilement diagnostiquables et encore mal connus. Dans certains cas consécutifs à une surdité totale unilatérale, ces acouphènes sont dits périphériques lorsqu'ils sont localisés au niveau de l'oreille lésée. Après un délai variable, ils se centralisent et deviennent des acouphènes chroniques perçus dans un hémisphère cérébral ou les deux. Les chirurgies de section nerveuse du VIII n'ont pas montré de résultats et ont été abandonnées. Pour un nombre important de patients, ils représentent de véritables douleurs chroniques dites de déafférentation, par défaut d'afférences vers l'aire auditive du côté concerné.

Lorsqu'un patient décrit ce symptôme, il arrive parfois que les oto-rhino-laryngologistes (ORL) effectuent des recherches de surdité et estiment de façon erronée que l'absence de perte auditive équivaut à une absence de problème quelconque. Or les acouphènes ne s'accompagnent pas obligatoirement de pertes auditives (surtout lorsqu'ils restent à un niveau mineur).

Les acouphènes sont parfois accompagnés de vertiges, d'autant plus s'ils ont été causés par un traumatisme auditif.

[modifier] Solutions et traitements

Il n'existe pas de traitement miracle des acouphènes permettant de les guérir totalement, mais différentes thérapies et surtout des comportements à adopter permettent pour certains patients de « s'y habituer »[13].

  • Dans 75 à 80 % des cas, les acouphènes sont plus ou moins tolérés : certains parlent d'habituation neuro-psychologique.
  • Dans les 25 % de cas restants, les acouphènes sont intolérables, allant jusqu'à une forte détérioration de la vie quotidienne, de la concentration et du sommeil.
  • Le manque de sommeil est avec le stress l'une des causes essentielles de l'accentuation d'un acouphène, il convient donc d'adopter une bonne hygiène de vie.

Les solutions envisageables sont alors les suivantes[14] :

  • Des attitudes personnelles : prendre conscience que plus on prête attention aux acouphènes et plus on essaie de lutter contre eux, plus ils deviennent gênants. Il faut alors éviter le silence (par exemple avec une musique de fond relaxante), ne pas s'isoler et développer ses contacts extérieurs. Le but étant simplement d'essayer de « vivre avec eux », dans l'attente de traitements efficaces.

Après consultation d'un médecin ORL, on pourra recourir :

  • aux thérapies cognitivo-comportementales qui ont un rôle essentiel et complémentaire des autres thérapies : soutien psychiatrique, consultation de la douleur; l'hypnose apporte un soulagement dans 65 à 75% des cas ;[réf. nécessaire]
  • aux traitements médicaux allothérapeutiques (vasodilatateurs, anxiolytiques, antidépresseurs...) ; certains antiépileptiques qui atténuent considéralement la perception d'un acouphène, permettent de retrouver le sommeil et de passer le cap difficile des premiers mois d'habituation.
  • aux appareils auditifs, très utiles lorsque les acouphènes sont associés à une perte auditive modérée. À cet effet, un audioprothésiste pourra proposer divers types de générateurs de bruit blanc.
  • aux traitements médicaux chirurgicaux, comme l'implantation de Yo-yo, pour réduire notamment l'accumulation de liquides en pression dans la caisse du tympan.

Par ailleurs, des essais thérapeutiques en stimulation magnétique trans-crânienne répétitive ont été utilisés, suivis de stimulations électriques après implantations d'électrodes corticales par voie neurochirurgicale[15]. D'autres essais sont en cours en France (Paris, Lyon).

De fait, les possibilités de soulagement existent et il est important de ne pas se résigner sans explorer toutes les pistes existantes.

[modifier] Notes et références

  1. [1] (France Acouphènes)
  2. Tonndorf J, "The analogy between tinnitus and pain: a suggestion for a physiological basis of chronic tinnitus", Journal of Hearing Research 1987;28(2-3):271-5
  3. Meric C, Gartner M, Collet L, Chery-Croze S "Psychopathological profile of tinnitus sufferers: evidence concerning the relationship between tinnitus features and impact on life". Audiol Neurootol. 1998 Jul-Aug;3(4):240-52
  4. Music Making Fans Deaf?: Phil Collins : Rolling Stone
  5. Neil Young Interview MOJO Magazine Pt#2
  6. Torpedo Magazine
  7. Famous People with Tinnitus
  8. http://www.barbra-archives.com/about_barbra_trivia.html
  9. Article not found | December 30, 2007 | AHN
  10. Décret n°98-143 du 15 décembre 1998 [2][pdf] (page 31, ADEME)
  11. Arrêté royal du 24 février 1977 [3] (Ministère de la Région wallonne)
  12. Arrêté du 24 juillet 1998 [4][pdf] (Legifrance)
  13. Le guide de l'audition, Éditions du Dauphin, 2006, p. 110
  14. Le guide de l'audition, Éditions du Dauphin, 2006, p. 107-116
  15. De Ridder, « Primary and secondary stimulation for intractable tinnitus », Journal of Clinical Neurophysiology, 2006

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

wikt:

Voir « acouphène » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens externes