Abbaye de Montmajour

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Abbaye de Montmajour
Ville Arles (à 4 km)
Pays France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Culte Catholique romain
Type Ancienne abbaye
Rattaché à Propriété d'Etat
depuis 1945
Début de la
construction
XIe siècle
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style(s)
dominant(s)
Roman cistercien
Classé(e) Monument historique (1845)

L'abbaye de Montmajour est un monastère fondé en 948[1], à environ quatre kilomètres au nord-est d'Arles dans le département des Bouches-du-Rhône (France).

Sommaire

[modifier] Histoire

Montmajour, l'église Saint-Pierre (XIe siècle).
Montmajour, l'église Saint-Pierre (XIe siècle).
Montmajour, l'église Notre-Dame (XIIe siècle) - vue extérieure.
Montmajour, l'église Notre-Dame (XIIe siècle) - vue extérieure.
L'église Notre-Dame (XIIe siècle) - vue intérieure.
L'église Notre-Dame (XIIe siècle) - vue intérieure.
Montmajour, la chapelle de Sainte-Croix (XIIe siècle).
Montmajour, la chapelle de Sainte-Croix (XIIe siècle).
La Chapelle de Sainte-Croix de nos jours
La Chapelle de Sainte-Croix de nos jours
Montmajour, le cloître (XII-XIIIe siècles).
Montmajour, le cloître (XII-XIIIe siècles).
Montmajour, la Tour dite de Pons de l'Orme (XIVe siècle).
Montmajour, la Tour dite de Pons de l'Orme (XIVe siècle).
Ruines du Monastère Saint-Maur (XVIIIe siècle).
Ruines du Monastère Saint-Maur (XVIIIe siècle).
Le cimetière des moines.
Le cimetière des moines.

[modifier] Le Moyen Âge

En octobre 949, Teucinde, une femme de l’aristocratie Bourguignonne qui a suivi Hugues d'Arles en Provence, également soeur du prévôt du chapitre Gontard, achète l’île de Montmajour qui appartient à l'archevêché d'Arles Manassès et en fait donation aux religieux qui y vivent ; l’abbaye est fondée[2],[3]. Teucinde confirme sa donation en 977. Dès 960, de nombreuses autres donations sont effectuées en faveur de l’abbaye à l’époque de son premier abbé Mauring et de son premier prieur Pons. En 963, le pape Léon III place le monastère sous son autorité directe.

Construite sur un rocher entouré de marais par des moines bénédictins, la petite abbaye Saint-Pierre étend rapidement son influence à Arles et en Provence grâce à un vaste réseau de prieurés (jusque cinquante-six au XIIIe siècle) et au pèlerinage de la Sainte-Croix, fondé en 1019. Le 3 mai 1019, le pèlerinage de Montmajour appelé Pardon de Montmajour est créé ; ce pardon est institué sous l’abbé Lambert, lors de la consécration de la première église Notre-Dame, en cours de construction, par l’archevêque d’Arles Pons de Marignane qui accorde à cette occasion la première indulgence historiquement attestée. Pendant tout le Moyen-Âge, l'abbaye draîne tous les 3 mai de nombreux fidèles de la région, jusqu'à 150.000 pélerins d'après Bertrand Boysset[4], un chroniqueur arlésien de la fin du XIVe siècle. En 1426, on compte 12 à 15.000 pélerins venant par le Rhône jusqu'à Arles pour le pélerinage de Montmajour[5].

L'abbaye devient au XIe siècle nécropole des comtes de Provence. En effet, en 1018 a lieu l'inhumation du comte Guillaume II, en 1026, celle de la comtesse Adelaïde et en 1063, celle du comte Geoffroy. Tous les trois sont inhumés initialement dans la crypte du XIe siècle avant d'être transférés au XIIe siècle au cloître.

En 1405, l'abbaye perd l'indépendance de son abbatiat et se trouve rattachée à l'archevêché d'Arles. Commence alors un long conflit avec son prieuré de Saint-Antoine-en-Viennois qui réussit même à s'annexer temporairement Montmajour en 1490. Les dissenssions portent en particulier sur les reliques de saint Antoine disputées par les deux monastères. Le querelle apaisée, l'abbaye mise en commende et ses prieurés ne cessent de régresser. Beaucoup passent à d'autres ordres ou à des laïcs contre un cens versé à l'abbaye-mère.

[modifier] L'Ancien régime

L'archevêque d'Arles, Jean Jaubert de Barrault y introduit la réforme bénédictine de Saint-Maur, mais il se heurte à une forte opposition des moines. Il doit faire appel en 1638 à des lettres patentes du roi l'autorisant si nécessaire à recourir à l'Intendant de Provence pour imposer le concordat de 1639. Les Mauristes prennent possession de ce monastère à la Saint-Michel 1639[6].

Sous leur direction, des extensions sont entreprises : le lundi de Pâques 1703 l'archevêque d'Arles, François de Mailly pose la première pierre des nouveaux bâtiments conventuels de l'abbaye[7].

En 1726, un incendie très important nécessite des travaux de reconstruction, dirigés par l'architecte Jean-Baptiste Franque.

Le dernier abbé de Montmajour est le cardinal de Rohan, connu par l'Affaire du collier de la reine[8]. L’abbaye est sécularisée en 1786.

[modifier] Les Temps modernes

A la Révolution, l'ensemble monastique est vendu comme bien national. Les bâtiments, pour la plupart fort dégradés ou partiellement détruits, sont rachetés par la ville d’Arles en 1838. L'abbaye est classée Monument historique à partir de 1845 et les bâtiments restaurés sous le Second Empire, sous la direction d'Henri Antoine Révoil. Depuis 1945, l’abbaye est propriété d’État.

[modifier] Description

L'ensemble de Montmajour est composé d'un ermitage (XIe siècle), d'un monastère de type médiéval (XIIe siècle), d'une tour de guet (XIVe siècle) et d'un monastère classique (début XVIIIe siècle).

  • Une première église Notre-Dame, édifiée entre 1016 et 1069[9] peut-être à l'emplacement de l'église du XIIe siècle ;
  • la chapelle Saint-Pierre, vers 1030 ;
  • l'église Notre-Dame, édifiée en deux campagnes entre 1130-1150 et 1170-1180 ;
  • le cloître, entre 1140 et 1290; pratiquement terminé en 1182 ;
  • la chapelle Sainte-Croix, vers 1170-1180, à l'époque de la seconde campagne de construction de l'église Notre-Dame ;
  • la tour et les constructions des XIVe et XVe siècles ; ces édifices sont construits à l'époque des grandes compagnies qui ravagent la Provence ; toutefois, le mur d'enceinte de l'époque est aujourd'hui totalement détruit ;
  • le monastère Saint-Maur du XVIIIe siècle, en très mauvais état.

[modifier] Les abbés

Selon la règle de saint Benoît, l'abbé devait être élu par la communauté des moines, toutefois cela ne fut pas toujours le cas. Ainsi certains abbés n'appartenaient pas à la communauté de Montmajour. De même, au XVe siècle, les cardinaux-archevêques d'Arles portent le titre d'abbé, puis à partir du XVIe siècle, par le concordat de Bologne de 1516, le titre abbatial sera décerné par le roi.

  • 955 : Norgalde, suppreamus monachorum[10]
  • 960 : Mauring
  • 990 : Riculf ou Riculfe[11], évêque de Fréjus et neveu de Teucinde
  • 1019 : Rambert
  • 1020 : Archindric[12] ; il se trouvait déjà à Montmajour autour de 1005[13].
  • 1058-1072 : Rolland
  • 1080 : Bermond dit aussi Brémond[14], proche de l'archevêque d'Arles Aicard.
  • 1081 : Guilhem
  • vs 1090 : Richard, oncle maternel de l'archevêque d'Arles Aicard; il avait pris le parti du pape et du comte dans le conflit les opposant à son neveu.
  • 1203-1234 : Guillaume de Bonnieux; en 1204, il se rend à Rome pour recevoir l'investiture

spirituelle et temporelle.

  • 1257 : Raymond de Pastea alias d'Ansouis
  • 1266-1286 : Bernard de Montmirat
  • 1287-1297 : Étienne de Sola de Montarene (décès en 1298). Moine de Saint-Gilles du Gard (1288), il n'appartenait pas à la communauté de Montmajour.
  • 1294 : Guillaume de Mandagout; il établit les statuts du monastère.
  • av. 1316 : Bertrand de Maussang, mort en 1316; la chapelle Notre-Dame-le-Blanche incluse dans l'église Notre-Dame, contient sa sépulture.
  • 1316 : Isnard de Pontevès. Abbé du Mont-Cassin (1316), il n'appartenait pas à la communauté de Montmajour.
  • 1353-1361 : Jaubert de Livron, mort en 1361.
  • 1368-1380[15] : Pons de l'Orme, mort en 1382; il est la bâtisseur de la tour sur laquelle figurent ses armes. Moine de Saint-Victor de Marseille (1368), il n'appartenait pas à la communauté de Montmajour.
  • av. 1430 : Jean Hugolin, mort en 1430.
  • 1438 : Louis Aleman, archevêque d'Arles et abbé commendataire de Montmajour
  • vs 1450 : cardinal de Foix, archevêque d'Arles et abbé en 1450.
  • av 1786 : cardinal de Rohan, le dernier abbé.

[modifier] Notes

  1. Parc naturel du Luberon, Autour de l’An Mil en pays de Forcalquier, catalogue d’exposition, p 7
  2. Congrès archéologique de France - 134e session, 1976 - Pays d'Arles, page 185:
    ... une bienfaitrice, du nom de Teucinde, acquiert d'abord par un échange avec l'archevêque Manassès en 949 "l'île de Saint-Pierre que l'on appelle Montmajour", puis à sa mort en 977 lègue définitivement par testatment la montagne de Montmajour à la petite communauté ...
  3. Voir aussi sur le site du patrimoine ici :
    C’est sur ce site, aux portes d’Arles, que s’établit une première communauté de Bénédictins en 949, inaugurant huit siècles de vie monastique.
  4. Il précise que les pélerins sont amenés contre rétribution, les arlésiens exigeant le monopole de ce service, sur des bateaux à fond plat sur l'île de Montmajour isolée au milieu des marais.
  5. AMAR, CC 143
  6. Congrès archéologique de France - 134e session 1976 - Pays d'Arles, pages 220 et suivantes.
  7. Op. cit., page 223
  8. Annie Tuloup-Smith - Rues d'Arles qui êtes-vous ?, page 205.
  9. Congrès archéologique de France - 134e session, 1976 - Pays d'Arles, page 188.
  10. Op. cit., page 185
  11. Neveu de Gondard, il lui succède sur l'évêché de Fréjus et devient vers 990, abbé de Montmajour (d'après La Provence au Moyen Âge de Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet, page 20).
  12. D'après La Provence au Moyen Âge de Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet, page 40
    ...Isarn élu à la tête de Saint-Victor en 1020 grâce à l'intervention d'Archindric, abbé de Montmajour ...
  13. Ibidem, page 41
    ... Les évêques et les vicomtes de cette ville (NDLR : Marseille) conservent un important contrôle sur cette institution (NDLR : Abbaye de Saint-Victor de Marseille) jusqu'autour de 1005 : à cette date, l'évêque Pons (978-1008) met l'abbé Guifré à sa tête sous les conseils des réformateurs Garnier de Psalmody et Archindric de Montmajour ...
  14. Dans La Provence au Moyen Âge (page 46) de Martin Aurell, Jean-Paul Boyer et Noël Coulet, il est précisé :
    les légals pontificaux, Hugues de Die et Richard de Millau, abbé de Saint-Victor, le (NDLR : l'archevêque d'Arles, Aicard) déposent sans doute davantage pour son parti pris favorable à Henri IV et à l'antipape Clément III que pour l'irrégularité de son accession à l'épiscopat. Brémond, abbé de Montmajour, proche d'Aicard, est chassé de son monastère par la même occasion.
  15. Congrès archéologique de France - 134e session 1976 - Pays d'Arles, page 444.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

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[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • L'abbaye de Montmajour, Provence de Jean-Maurice Rouquette et Aldo Bastié / ISBN 285822398X
  • L'abbaye de Montmajour de Remi Venture (Equinoxe) / ISBN 2908209071
  • Abbaye de Montmajour de Mognetti/Breton / ISBN 2737312337
  • Abbaye de Montmajour de Paul Gauthier (Golias Eds) / ISBN 2911453379 (épuisé)
  • Congrés archéologique de France 134e session 1976 PAYS D'ARLES, pages 182-239 - Société française d'Archéologie, Paris 1979