Šolta

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43° 22′ N 16° 19′ E / 43.37, 16.31

Šolta
Image:CroatiaSolta.PNG
Pays Croatie
Localisation Mer Adriatique
Latitude 43° 22′ N
Longitude 16° 18′ E
Superficie 57 886 km²
Côtes 731 km
Point culminant Vela Straža
237 m
Population 1 479 hab. (2001)
Densité 26 hab./km²
Vue satellite de Šolta
Vue satellite de Šolta
Vue de Šolta
Vue de Šolta

Šolta (prononcer Cholta) est une île et une municipalité du comitat de Split-Dalmatie en Croatie. Elle est située dans la mer Adriatique, sur la côte dalmate en face de la ville de Split et fait partie d'un archipel qui comprend notamment à l'Est les îles de Brač et de Hvar et à l'Ouest Drvenik. Son nom original vient du grec olyntha (figue non mûre), mais il est aussi parfois rapproché du latin (Solenta qui signifie l’Île du Soleil).L'ancienneté de son peuplement est attestée et l'île a d’ailleurs accueilli des pêcheries de l'Empereur Dioclétien alors installé à Split.

Sommaire

[modifier] Géographie

Šolta à une superficie de 57,886 km² ou 58,875 km² avec les sept îlots en face de Maslinica qui lui sont rattachés. Elle est formée d'un plateau central cultivé en partie (vignes, olives) et dont le point culminant (Vela Straža, Grande garde en référence à l'époque où l'on protégeait l'île des incursions des pirates) est à 237 mètres d'altitude. Ce sommet offre une vue panoramique sur l'île, le continent ainsi que de nombreuses îles voisines comme Brač, Hvar ou Vis. Le littoral est découpé de nombreuses baies dont les plus animées sont celles de Rogač et de Nečujam. La côte méridionale de l'île est comprend de nombreuses petites anses calmes et elle est plus sauvage et difficile d'accès à partir du plateau par manque de chemin.

[modifier] Population

Šolta comptait lors du recensement de 2001 une population de 1 479 personnes. Le chef-lieu Grohote, situé sur le plateau au centre de l'île, est le village le plus peuplé avec 425 habitants et accueille la municipalité de l'île, l'école et de nombreuses boutiques. Les autres villages sur le plateau sont Donje Selo, Srednje Selo et Gornje Selo. Les quatre ports de l'île sont Maslinica, Nečujam, Rogač et Stomorska. Maslinica et Stomorska sont des ports de pêche traditionnels, alors que Rogač qui s’étale le long d’une très grande baie est devenu le premier port de l’île en raison du débarcadère des ferries. et Stomorska. Nečujam, bien que possédant une bâtisse liée au grand humaniste Marko Marulić (1450-1524), est une localité récente, construite autour d’une plage et d’un complexe touristique. Durant l'été, la population se trouve multipliée par plus de dix en raison de l'afflux de touristes venant de Split, du reste de la Croatie ainsi que du reste de l'Europe.

[modifier] Histoire

Des recherches archéologiques récentes menées par l’université de Birmingham ont recensé plus de 200 sites sur l’île, dont 33 sites préhistoriques. Parmi ces derniers, on a identifié plusieurs sites funéraires près de Gornje Selo dans lesquels ont été trouvés des restes de métaux datant de l’Age de Bronze tardif. Des sites encore plus nombreux datent de l’époque romaine allant de villas romaines à des restes de poterie, souvent localisés à proximité des terres les plus fertiles non loin de Grohote et suggérant donc une forte activité agricole. Des fragments de mosaïques, de colonnes ou de sarcophages ont été identifiés, mais également ceux d'une église chrétienne. L'île est mentionnée (sous le nom d'Olyntha) dans le grand périple de Pseudo-Skylax, qui décrit en détail le littoral dalmate aux alentours du IVe siècle avant J.-C.

L'île devint chrétienne avant l'arrivée des populations croates, puisque qu'on trouve aux abords de l'église actuelle de Grohote les ruines d'une basilique ancienne du VIe-VIIe siècle. D'autres églises anciennes se trouvent à Necujam (XVe siècle) ou encore à Gornje Selo. L’île reçut au fil des siècles de nombreux immigrants du continent, notamment ceux chassés de Salon par les Avars ou encore des chrétiens de Bosnie fuyant l’avancée ottomane. Elle a été également menacée par les Uskoks au XVIe siècle, pirates luttant originellement contre les Turcs, mais qui attaquèrent également les territoires sous contrôle vénitien. À la Biblioteca Marciana à Venise, on trouve une carte manuscrite de Šolta de cet époque (1590, carte d'Antonio Millo), avec un commentaire qui évoque les villages de l'île. La petite citadelle défensive de Rogac date du XVIIe siècle, de même que les tours de Grohote (abritant aujourd'hui la municipalité) et celle du port de Maslinica. Un petit château baroque attenant y a ajouté en 1708, portant le blason de la famille des Martinis-Marchi, et la formation du village de Maslinica ne date que de cette époque.

Šolta est passés en de nombreuses mains, ayant été vénitienne depuis le XIVe siècle, brièvement française (1805-1809), puis autrichienne jusqu’en 1918. L’île est alors devenue yougoslave jusqu’en 1991, avec un dernier petit épisode italien en 1941-43 quand l’État croate indépendant (NDH) avait « cédé » des morceaux de la Dalmatie au régime de Mussolini. La plupart des noms de villages avaient d’ailleurs des équivalents, aujourd’hui oubliés, en italien : Grohote/Grocote, Srednje Selo/Villa media, Gornje Selo/Villa Superiore, Maslinica/Porto Oliveto, Rogač/Porto Carober etc. Certaines localités mentionnées sur la carte de 1590 comme Porto Rosso au sud ont perdu toute importance.

La population de l’île a enregistré un déclin dramatique durant les cent dernières années, passant de 3687 en 1900 à 1479 aujourd’hui. Comme ailleurs dans les îles dalmates, souvent affaiblies par la crise de la viniculture (phylloxéra, importation italienne, etc.), les habitants de Šolta ont émigré en grand nombre à partir de la fin du XIXe siècle vers le continent mais également vers des destinations plus lointaines comme l'Australie, le Chili ou le Canada où de nombreuses communautés d'origine dalmate se sont installées. En 1943, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'île a été évacuée par les britanniques et une large part de sa population civile a été transférée jusqu'en 1946 dans les camps de réfugiés égyptiens de El-Shatt dans le Sinaï. D'intenses combats entre Allemands et Alliés (Anglais et Partisans) ont eu lieu sur l’île durant la première semestre 1944.

De nombreux Croates originaires de Šolta et aujourd'hui installés au Canada, aux États-Unis ou encore en Australie (notamment dans la région de Perth) manifestent leur attachement à l'île en dépit de leur éloignement et s'y rendent parfois en touristes à la recherche de leur village ancestral. Du fait de cette émigration séculaire, de nombreuses maisons de famille ont toutefois été abandonnées. Les familles des émigrés laissent souvent les demeures à l'abandon, pour des questions d'héritage non réglées. Elles se trouvent aujourd'hui partiellement détruites, avec une toiture en pierre plate effondrée ou des fenêtres éventrées, même si un autre pan de la maison est au contraire parfaitement entretenue et habitée. Cela donne aux villages traditionnels du centre de l'île comme Donje Selo, Grohote ou encore Srednje Selo un aspect parfois fantomatique.

Les villages côtiers ont au contraire connu un fort renouveau immobilier du fait du tourisme depuis les années 1960 : cela est particulièrement vrai à Nečujam qui accueille un complexe touristique et reçoit des milliers de visiteurs durant l'été même si l'architecture récente a moins de charme que les grandes bâtisses de pierre épaisse aux volets verts qui décorent les villages de l'intérieur de l'île. La fin de la guerre dans l'ancienne Yougoslavie a annoncé une très forte reprise de l'activité touristique qui a largement bénéficié à l'île avec l'arrivée de nouveaux touristes venant d'Europe centrale. Les collines de l'intérieur de l'île et les pentes côtières restent toutefois largement inhabitées et sont recouvertes d'une garrigue typiquement méditerranéenne parsemée d'oliveraies. La colline faisant face à Srednje Selo, auparavant occupée par l'armée yougoslave (qui surveillait l'Italie depuis ses bunkers), accueille désormais les actions de l'ONG écologiste croate Zelena Akcija. L'île a été malheureusement fortement déboisée, y compris dans les parties les moins habitées où l'on venait par voie de mer installer des fours à chaux alimentés par le bois local. On trouve sur l’île une faune variée, avec de nombreux faisans et quelques chouettes (cuvitar) qui sont d’ailleurs l’animal mascotte de Šolta.

L’île est également connue pour ses peintres naïfs, à commencer par Eugen Buktenica de Grohote (1914-1997).

[modifier] Économie

L'économie de l'île est fondée sur l'agriculture et la pêche. Les villageois ont souvent des vignes, des amandiers et des figuiers et l’île est également réputée pour son miel. Elle possédait également à l'époque yougoslave une petite usine de produits plastiques (Jugoplastika) qui donnait un emploi à plus d'une dizaine de personnes. Mais la ressource touristique saisonnière est devenue la première de l'île, qui comprend des hôtels ou résidences, de nombreuses habitations à louer, des bars-restaurants et des boutiques estivales. La proximité de Split, accessible par l'autoroute, l'avion ou encore les bateaux venant d'Italie, font de Šolta une destination assez fréquentée.

De nombreux habitants travaillent également à Split et, tout comme les adolescents allant au lycée, font la navette quotidiennement grâce à l'hydroglisseur (appelé katamaran) qui relie Rogač au continent. Un ferry accueillant les véhicules fait également le trajet plusieurs fois par jour. Deux lignes de bus relient le port de Rogač aux deux extrémités de l'île (Maslinica et Stomorska) et desservent l'ensemble des villages. Pour aller travailler aux champs, certains habitants utilisent encore leurs ânes (localement appelés tovar).

[modifier] Article connexe

[modifier] Sources