Écotoxicologie

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L'écotoxicologie est une discipline à l'interface entre l'écologie et la toxicologie, née de la reconnaissance du fait qu'un nombre croissant de toxiques ont contaminé et continuent à contaminer toute la biosphère.
Cette discipline scientifique étudie le comportement et les effets de ces toxiques d’agents d’origine anthropique sur les écosystèmes, ou bien d’agents d’origine naturelle dont l’homme modifie la répartition dans les différents compartiments de la biosphère.
Il est de plus en plus demandé aux écotoxicologues de prévoir les effets de pollutions, en nature, intensité et durée.

Sommaire

[modifier] Éléments de définition

L'écotoxicologie - comme son nom l'indique - tente de combiner deux sujets très différents :

  • l'écologie
  • et la toxicologie est "l'étude des effets nuisibles des produits chimiques sur les écosystèmes" (Walker et al, 1996).

François Ramade la définit comme science « dont l'objet est l'étude des polluants toxiques dans les écosystèmes et la biosphère toute entière »[1]


[modifier] Histoire de l'écotoxicologie

L'écotoxicologie est une jeune discipline, apparue après la toxicologie et reprenant ses méthodes, mais en les élargissant au champ de l'environnement des humains et de la biosphère tout entière. Elle est issue de la « toxicologie de l'environnement » apparue peu après la Seconde Guerre mondiale, qui se souciait de l'impact des rejets toxiques sur l'environnement. Le terme apparaît en 1969 sous la plume du toxicologue René Truhaut. En France deux universités (Metz et Orsay) ont fortement contribué à l'extension de cette discipline dans les années 80/90, mais de nombreux laboratoires d'écotoxicologie ont du fermer ou réduire leur champ d'activité au champ biomédical faute de crédit de recherche ou de soutien des universités[2].

Alors que la toxicologie classique limite ses études aux organismes, l'écotoxicologie tente de mesurer l'impact des substances chimiques, physiques ou biochimiques, non seulement sur les individus mais aussi sur les populations et les écosystèmes entiers et sur les équilibres dynamiques qui les caractérisent.

[modifier] Champ de recherche

L'écotoxicologie a depuis sa naissance travaillé parallèlement à la compréhension des impacts de toxiques ou de cocktails de toxiques sur des individus et populations, à partir de la pollution d'un ou plusieurs milieux et/ou des réseaux trophiques. Les écotoxicologues se sont d'abord intéressé aux impacts des polluants classiques (chimiques), puis, plus récemment, de polluants tels que la radioactivité, les transgènes, les prions, etc..
Les sources de pollutions les plus étudiées sont l'industrie, la production d'énergie, les transports, les déchets et leur gestion ainsi que l'agriculture moderne (engrais, pesticides, émanations (eutrophisants, gaz à effet de serre..), contaminations biochimique..).
Les modes d'action des polluants dans l'environnement, dont sur la santé, la croissance, la productivité biologique, la santé reproductive, le potentiel biotique, les mutations, les relations prédateur/proie, les symbioses et mutualismes, etc.
Les résistances naturelles ou stratégies des organismes et populations face aux toxiques (tolérance, résistance, phénomènes de détoxication..)
Les polluants dispersés en petites quantités, mais de manière chronique, et les synergies entre polluants sont deux domaines dont les enjeux sont particulièrement importants pour l'écotoxicologue
Cycle biogéochimique des polluants, et circulation dans les réseaux trophiques, via la bioturbation et leur bioaccumulation dans la biomasse, et leur devenir dans la nécromasse, selon leur biodégrabilité et durée de demie-vie.

[modifier] Objectifs de l'écotoxicologie

  • obtenir des données sur les cause et conséquences (immédiates et différées, et éventuellement synergiques, toxicité chronique et/ou aigue, etc.) de l'introduction de polluants dans la biosphère.
  • obtenir des données sur les facteurs de risques environnementaux, et la gestion de l'environnement.
  • établir les exigences légales pour le développement et l'élimination des nouveaux produits chimiques.
  • développer des principes empiriques (ex : tests en mésocosme standardisés) et théoriques pour améliorer la connaissance du comportement et des effets des produits chimiques dans les biosystèmes.
  • valider et améliorer les procédures de « monitoring » des toxiques environnementaux, et de monitoring de leurs effets, via par exemple le suivi d'« espèces sentinelles », bioaccumulatrices, ou bioindicatrices et de manière plus complexe et large via l'évaluation de la Richesse spécifique et d'indices (ex : indices biotiques) ou indicateurs de (bio)diversité.
  • Fournir des éléments de prospective écologique ; par une meilleure prévision (et quand cela est possible par une meilleure anticipation et atténuation) des effets.


[modifier] Méthode

La déduction de phénomènes toxicologiques et écotoxiques observés in situ (ex : Catastrophe de Minamata), la méthode expérimentale, des tests et la modélisation sont mises en oeuvre.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. Ramade, Écotoxicologie, Ed : Masson (1ère édition) 1977
  2. F.Ramade, Précis d'écotoxicologie, Collection d'écologie 22, Masson, mai 1992 ISBN:2-225-82578-5