École juive du Nouveau Testament

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Sommaire

[modifier] Problématiques[1] et contextes

Depuis les Lumières, nombre de chercheurs et théologiens, tant juifs que chrétiens, analysent les attitudes chrétiennes envers les juifs et le Judaïsme. Les attitudes juives face au christianisme, sans être totalement ignorées, ont reçu moins d'attention.

L'explication de cette indifférence réside dans cette vue largement partagée de la réalité historique que les relations entre Juifs et Chrétiens ont été tragiques. Du fait que les chrétiens furent longtemps les oppresseurs des juifs, l'étude de leurs relations est d'un grand intérêt pour les uns comme pour les autres. Cette prise de conscience résulte du désir exprimé par les deux parties, tant juive que chrétiennes d'étudier et d'expliquer le passé et, pour une partie d'entre eux, d'en tirer des leçons morales, religieuses, sociales, et politiques [2]

La controverse théologique sur l'identité et l'importance de Jésus s'enracine dès le début dans le contexte de l'histoire et de la religion juive. Cette communauté spirituelle espère une libération messianique, une attente fondée dans la révélation prophétique de YHWH. Des communautés juives du Ier siècle se divisent sur le rôle messianique de Jésus. Les évangiles et les Actes détaillent le conflit entre les contemporains religieux de Jésus sur le point de recevoir ou rejeter comme le messie promis le Nazaréen et le conflit entre les composantes du mouvement de Jésus. De même, les penseurs juifs ont toujours discuté, comme cela va de soi, le concept de Nouvelle Alliance supposée se substituer à une plus ancienne, l'accusation de nier la messianité du Christ et quelques autres thèmes oppressifs comme les diverses campagnes de conversion[3] plus ou moins forcées au cours des siècles.

Le séisme de la Sho'a conduit à reconsidérer toutes ces questions et à faire émerger une histoire du christianisme post-holocauste.

[modifier] Les intellectuels juifs et l'identité de Jésus

La New Standard Jewish Encyclopedia escamote largement la question de Jésus par un commentaire général "certaines sections [des évangiles] semble refléter des idées et des situations du développement des églises du Christianisme débutant plutôt que celles de Jésus en son temps."

Sous un aspect plus historique, des relations symbiotiques se tissent entre les chercheurs du domaine Nouveau Testament, les historiens de la période du Second Temple et du Judaïsme Rabbinique, ceux traitant du Christianisme des premiers temps et encore les spécialistes des relations entre juifs et chrétiens.

[modifier] Principales œuvres et chercheurs

[modifier] La Somme

  • 1922-1961 Hermann Leberecht Strack.[4] & Paul Billerbeck, Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrash,[5] Munich

[modifier] les sujets les plus souvent retenus

[modifier] la litterature juive contemporaine de la littérature évangélique et leur rencontre

  • C. Montefiore,[6] Rabbinic Literature and Gospel Teachings, London, 1930, New York, repr. New York, 1970;
  • Martin Buber, (1878-1965) Deux types de foi: foi juive et foi chrétienne, Cerf, Paris, 1991 (original anglais : Two Types of Faith, London, 1951);
  • David Flusser, Jewish Sources in Early Christianity, Tel Aviv, 1979 [Hebrew], E.T. New York, 1987 (Collected Papers);
  • David Flusser, Judaism and the Origins of Christianity, Magnes Press, Jerusalem, 1988
  • B. Finkelstein, L'écrivain juif et les Évangiles, Beauchesne, Paris, 1991; etc.
  • Armand Abécassis En vérité, je vous le dis. Une lecture juive des Évangiles. Éditions n°1, 1999; LGF, coll. Le livre de poche, 2001)
    • Judas, Jésus. Une liaison difficile, Editions n° 1, 2001
    • Judaïsmes. De l'hébraïsme aux messianités juives, Albin Michel, 2006
  • Daniel Boyarin, Mourir pour Dieu, Bayard, 2004 [7]

[modifier] La réhabilitation des Pharisiens

  • Israël Abrahams, Studies in Pharisaism and the Gospels, Cambridge, 1917, reprint. New York, 1967;

[modifier] Le cas Paul de Tarse

  • C. Montefiore, What A Jew Thinks about Jesus, en 1935, C. Montefiore, Judaism and St. Paul (1914).
  • William David Davies (xxx-2001), Paul and Rabbinic Judaism, London 1948;
  • Daniel Boyarin, Paul, a radical Jew
  • Hyam Maccoby, The Mythmaker: Paul And The Invention Of Christianity (1986)
  • ----, Paul And Hellenism (1991)
  • Schalom Ben-Chorin, "Paul, un regard juif sur l'apôtre des Gentils", 1999, DDB éd.

[modifier] La restitution de sa judaïté à Jésus

On a adopté le classement chronologique, sachant que tous les auteurs se réfèrent à Joseph Klausner comme étant le père du genre.

[modifier] Joseph Klausner
  • son livre : Jésus de Nazareth, son temps, sa vie, sa doctrine, Paris, 1933 [8];
  • son concept : Klausner considère le texte reçu comme un document historique ou proche d'un document historique. A partir de quoi, il développe son concept de la façon suivante.

Jésus développe un judaïsme pharisien dont les enseignements s'enracinent chez Hillel ou Rabbi Akiba. Après un travail intense sur les textes évangéliques, Klausner montre que Jésus n'a aucune idée de l'Incarnation non plus que de sa filiation divine. Il pense que les malédictions sur les pharisiens sont dûes à une transcription tardive datant d'une époque où les judéo-chrétiens étaient exclus de la synagogue.

Il relève quelques divergences entre les pratiques religieuses de Jésus et les pratiques pharisiennes et considère que Paul est le fondateur du christianisme.

[modifier] Autres auteurs

[modifier] David Flusser
  • son livre : Jésus, Seuil, Paris, 1970;
  • son concept : En 1970, David Flusser ne prend pas les évangiles pour ce qu'ils ne sont pas. Il replace donc Jésus dans le contexte historique qui fut le sien, i.e. la société juive du Ier siècle, définit sa relation à la Loi. Relisant les textes à la lumière du corpus talmudique, il déclare Jésus fidèle à la Loi même dans le froissement des épis un jour de shabbat, pratique tolérée dans la tradition halakhique galiléenne (mais pas ailleurs).

La critique des pharisiens (voir Sotah 22b quand le Talmud est une production éminemment pharisienne ) est replacée dans les les luttes d'influences entre divers courants du judaïsme du 2nd Temple au premier siècle et note que Jésus assume des positions pharisiennes dans l'histoire du bœuf et du puits, l'opposition, prêtée dans le texte aux scribes et aux pharisiens, est en fait la position essénienne classique.

Jésus est un réformateur du judaïsme qui ne s'intéresse pas vraiment aux païens bien que rien dans le Talmud n'interdise de soigner un non-juif..

[modifier] Geza Vermes

Geza Vermes (voir en:WP), auteur de Jesus the Jew (Londres, 1973) est un ancien prêtre catholique et théologien, qui "prit conscience de ses propres racines" [juives] et décida d'y retourner.

Il classe Jésus parmi les hassidim, le rapprochant d'autres faiseurs de miracles comme Honi le traceur de cercle ou Hanina ben Dosa.

[modifier] autres auteurs
  • J. Maier, Jesus von Nazareth in der Talmudischen Überlieferung (Erträge der Forschung 82), Darmstadt, 1978;
  • Pinchas E. Lapide, Fils de Joseph? Jésus dans lejudaïsme d'aujourd'hui et d'hier, Desclée, Paris, 1978;
  • David Flusser [10], Die Rabbinischen Gleichnisse und der Gleichniserzähler Jesus. 1. Teil : Das Wesen der Gleichnisse, Judaica et Christiana 4. Bern, 1981;
  • Schalom Ben-Chorin, Mon frère Jésus, Seuil, Paris, 1983;
  • Harvey Falk, Jesus the Pharisee : A New Look at the Jewishness of Jesus, New York-Mahwah (N.J.), 1985;
  • L. Volken, Jesus der Jude, Dusseldorf, 1985;
  • J.P. Meier, A Marginal Jew. Rethinking the Historical Jesus, vol. I et II, Doubleday, New York, 1991 et 1994 (le troisième volume paraîtra prochainement);
  • C. Evans, Jesus and his Contemporaries. Comparative Study, Brill, Leyde - New York, Cologne, 1995;

[modifier] Hugh J. Schonfield
  • Ses livres
    • Hugh J. SchonfieldThe Passover Plot Hypothesis.((ISBN 1852308362) 1965 (très controversé)
    • Hugh J. Schonfield [11], Le mystère Jésus, Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 1989;
    • Hugh J. Schonfield,, Jésus, Messie ou Dieu? Ces incroyables Chrétiens, Pygmalion/Gérard Watelet, Paris, 1991 [12];
  • son concept (dans le complot de Pâques qui ouvrit une fameuse controverse)

Le complot de Pâques est l'œuvre très controversée de ce chercheur dans le domaine du Nouveau Testament qui le fit classer dans le courant radical. Schonfield expose que Jésus était un candidat messie innocent qui convint d'accomplir les prophéties pour soutenir sa proclamation. (Schonfield, pp 35-38).

Dans ce complot pour la foi, Jésus (Schonfield, pp 173), en secrète connivence avec un jeune homme Lazare, et Joseph d'Arimathie, feint de mourir sur la croix, de revivre dans la tombe, et démontre ainsi à ses disciples (restés ignorants du complot) qu'il est le Messie. Cependant, le plan tourne mal quand le soldat romain perce le flanc de Jésus qui meurt. Toutefois, les disciples en reconnurent d'autres pour lui et, quelques jours plus tard, crurent que Jésus était ressuscité (Schonfield, pp 170-72). C'est une adaptation de la thèse de l'évanouissement de Bardht (1780), qu'on retrouve dans la christologie des Ahmadiyya.

[modifier] autres auteurs
  • Salomon Malka, Jésus rendu aux siens : Enquête en Israël sur une énigme de vingt siècles (1999)
  • Hyam Maccoby, Jesus The Pharisee (2003)

[modifier] Le choc en retour

  • James H. Charlesworth, Jesus within Judaism, Garden City, New York, 1988;
  • James H. Charlesworth (ed.), Jesus' Jewishness. Exploring the Place of Jesus within Early Judaism, The American Interfaith Institute, Philadelphia (Pen.), 1991;
  • James H. Charlesworth Hillel and Jesus, Comparisons of Two Major Religious Leaders
  • Charles Perrot, L'invention du Christ, naissance d'une religion, 1998, Paris, Odile Jacob
  • Charles Perrot, Jésus et l’histoire, Desclée, Paris, 1979;

--- notes

  1. Cet article doit beaucoup à la contribution de Dan Jaffé, chargé de conférences à l'Institut de science et de théologie de religions de Marseille (France) et à l'institut d'études et de culture juive d'Aix-en-Provence (France) dans le Monde de la Bible n°170 sans négliger les emprunts à D.F. Sandmel, Rabbin à la K.A.M. Isaïah Israël de Chicago.
  2. comme on le voit chez Marc Bloch.
  3. Cf. évangélicalisme paragraphe juifs pour Jésus
  4. (1848—1922, un protestant qui figure dans toutes les bibliographies pour les études juives)
  5. ouvrage dans lequel il n'est pas question de composition par accumulation de midrashim non plus que par inflation du texte !
  6. (Claude Joseph Goldsmid Montefiore (18581938
  7. (original en anglais Dying for God)
  8. (original anglais : Jesus of Nazareth. His Time, his Life, his Teaching, Londres, 1925)
  9. Jules Isaac, l’historien, le fondateur de l’amitié judéo-chrétienne 1877-1963
  10. David Flusser (1917-2000)
  11. 1907-1988
  12. (original anglais : Those incredible Christians, 1968)

[modifier] Voir aussi