Âge d'or

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L'âge d'or, par Lucas Cranach l'Ancien (1530)
L'âge d'or, par Lucas Cranach l'Ancien (1530)

L’âge d'or fait partie du mythe des âges de l'humanité, avec l'âge d'argent, l'âge d'airain et l'âge de fer.

Sommaire

[modifier] Sources du mythe

La description des quatre âges apparaît dans la Théogonie (littéralement naissance des dieux) et dans Les Travaux et les Jours d’Hésiode ; deux ouvrages datant environ du septième siècle avant JC. Le poète romain Ovide (Publius Ovidius Naso) a repris le mythe au début des métamorphoses.

L'âge d'or est celui qui suit immédiatement la création de l'homme alors que Saturne règne dans le ciel : c'est un temps d'innocence, de justice, d'abondance et de bonheur; la Terre jouit d'un printemps perpétuel, les champs produisent sans culture, les hommes vivent presque éternellement et meurent sans souffrance, s'endormant pour toujours.

L'âge d'or symbolise alors une période relative à un passé prospère et devenu mythique. Au Moyen Âge, l'âge d'or devient en revanche une promesse, celle d'un futur paradisiaque.

[modifier] Caractéristiques

Cette époque mythique appelée également « règne de Saturne » est donc le premier âge de la création, un éternel printemps : « En l’absence de tout justicier, spontanément, sans loi, la bonne foi et l’honnêteté y étaient pratiquées. (...) La Terre elle-même, aussi, libre de toute contrainte, épargnée par la dent du hoyau, ignorant la blessure du soc, donnait sans être sollicitée tous ses fruits. »

Mais Saturne fut précipité dans les ténèbres du Tartare et ce fut Jupiter qui devint le maître du monde. L’âge d’argent débutait.

On retrouve également des évocations de l'Âge d'Or chez d'autres auteurs et poètes latins tels que Tibulle, dans l'une de ses élégies, et chez Virgile, dans Les Géorgiques. Le mythe de l'âge d'or prit une importance particulière sous Auguste qui apparaissait alors comme l'homme capable de ramener l'humanité, sinon à l'âge d'or, du moins à un nouvel âge meilleur que celui dans lequel vivaient ses contemporains et qu'ils comparaient à l'âge de fer. L'Empire romain sortait en effet d'une seconde guerre civile et les Romains voyaient en Auguste celui qui était parvenu à rétablir l'ordre. L'âge d'or est évoqué aussi chez Fénelon dans le livre XIII des Aventures de Télémaque.

[modifier] Interprétation du mythe

En réalité, les Romains ne croyaient pas à ce mythe mais il symbolisait la nostalgie d'un passé meilleur, les premiers temps de Rome, lorsque les citoyens étaient naturellement bons et vertueux.

  • L'absence de saisons est symbolique de la fuite du temps, considérée dans la Rome antique comme l'origine de la décadence, d'une déterioration progressive, Tempus edax rerum ("le temps qui dévore les choses").
  • Certaines parties du mythe montrent la vision qu'avaient les Romains des premiers Hommes : des êtres nomades, sans toit, vivant de cueillette et méconnaissant l'agriculture.

Quam bene Saturno vivebant rege, priusquam
tellus in longas est patefacta vias!
Nondum caeruleas pinus contempserat undas,
effusum ventis praebueratque sinum,
nec vagus ignotis repetens compendia terris
presserat externa navita merce ratem.
Illo non validus subiit juga tempore taurus,
non domito frenos ore momordit equus,
non domus ulla fores habuit, non fixus in agris
qui regeret certis finibus arva, lapis;
ipsae mella dabant quercus, ultroque ferebant
obvia securis ubera lactis oves.
Non acies, non ira fuit, non bella, nec ensem
immiti saevus duxerat arte faber.

Que l'homme était heureux sous le règne de Saturne, avant
que la terre fût ouverte en longues routes !
Le pin n'avait point encore bravé l'onde azurée,
ni livré une voile déployée au souffle des vents.
Dans ses courses vagabondes, cherchant la richesse sur des plages inconnues,
le nautonier n'avait point encore fait gémir ses vaisseaux sous le poids des marchandises étrangères.
Dans cet âge heureux, le robuste taureau ne portait point le joug ;
le coursier ne mordait point le frein d'une bouche domptée ;
les maisons étaient sans porte ; une pierre fixée dans les champs
ne marquait point la limite certaine des héritages ;
les chênes eux-mêmes donnaient du miel ;
les brebis venaient offrir leurs mamelles pleines de lait aux bergers sans inquiétude.
On ne connaissait ni la colère, ni les armées, ni la guerre ;
l'art funeste d'un cruel forgeron n'avait pas inventé le glaive.

Tibulle, Élégies, livre I, Élégie 3, vers 35 à 48 [1] (traduction de Héguin de Guerle, 1862 [2]).

Cette définition a donné de nombreuses peintures allégoriques à compter de la Renaissance, où figure notamment le laurier, emblème d'Apollon.

Isaïe, le prophète hébreu du VIIe siècle av. J.-C. a décrit l'âge d'or en se faisant l'interprète de l'Éternel : [réf. nécessaire]

« Vous vous réjouirez et vous serez pénétrés de joie à cause des choses que je vais vous créer, parce que je m'en vais rendre Jérusalem une ville d'allégresse et son peuple un peuple de joie...
Les hommes bâtiront des maisons et ils les habiteront; ils planteront des vignes et ils en mangeront les fruits. Ils ne bâtiront point des maisons afin qu'un autre y habite; ils ne planteront pas de vigne afin qu'un autre y mange le fruit...
Ils ne travailleront plus en vain, et n'engendreront plus des enfants avec crainte; car ils seront la postérité de bénis de l'Éternel et leurs petits-enfants le seront comme eux...
Et il arrivera qu'avant qu'ils crient, je les exaucerai, et lorsqu'ils parleront encore, je les aurai déjà entendus. Le loup et l'agneau iront ensemble paître, et le lion mangera de la paille et de l'herbe comme le bœuf, et la poussière sera la nourriture du serpent; ils ne nuiront point, ne tueront point et ne feront aucun dommage dans toute la montagne de ma sainteté. »
    — Prophète Isaïe

On notera que les évocations d'un Âge d'or passé se multiplient périodiquement dans les discours nostalgiques des sociétés contemporaines. On a par exemple désigné de la sorte la Belle époque ou les années 1940. Raoul Girardet propose une analyse critique de ce mythe dans son ouvrage Mythes et mythologies politiques.[réf. nécessaire]

[modifier] Notes et références

  1. Tibulle, Élégies, Livre I, Élégie 3, 35-56
  2. Tibulle, Élégies, Livre I ; traduction de Héguin de Guerle, 1862

[modifier] Article connexe