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Sommaire

[modifier] LA RÉPUBLIQUE HELVÉTIQUE

La République Helvétique (en allemand : Helvetische Republik, en italien : Repubblica Elvetica) est une « république-soeur » que la France tenta de créer pour exporter la Révolution sur le territoire de l'ancienne Confédération. Instaurée le 12 avril 1798, elle fut dissoute le 10 mars 1803. Cette partie de l'histoire suisse est qualifiée d'« helvétique ». La dénomination « Helvétie » faisait référence à l'ancien peuple des Helvètes, conformément à l'engouement d'alors pour l'Antiquité, .

[modifier] Histoire

[modifier] Situation avant la Révolution

(image) Frédéric-César Laharpe, précepteur du tsar Alexandre Ier et patriote vaudois.

Les différents États qui s'étaient associés dans la vieille Confédération sur le territoire actuel de la Suisse jusqu'en 1798, ne réussissent pas, du déclenchement de la Révolution française à 1798, à adapter leurs constitutions propres aux exigences des temps nouveaux. Ils ne parviennent même pas à une réforme pour renforcer les liens qui les unissaient. Les dysfonctionnements de l'ancienne confédération sont cependant de plus en plus évidents et l'Ancien Régime -en particulier dans les villes-cantons dirigées par l'aristocratie- s'efforce de réduire au silence les voix contestataires. A Berne en 1792 puis à Zurich en 1795, les sujets sont durement réprimés pour avoir sollicité des réformes de leurs « bons seigneurs» (Mémorial de Stäfa). Les partisans d'une révolution, autrement dit de réformes politiques et sociales, sont désignés dans la vieille confédération sous le nom de « Patriotes ». Leur revendication primordiale est l'abolition des privilèges des familles régnantes, l'abolition des rapports de sujétion, du féodalisme, l'instauration de constitutions modernes, des libertés en matière d'économie, de commerce et d'opinion.

En dépit de l'agitation patriotique, la situation reste pourtant calme dans la confédération jusqu'en 1797. Le coup de boutoir pour l'effondrement de l'Ancien régime va être la fondation de la République Cisalpine en Italie. Le général français Napoléon Bonaparte, mandaté par le Directoire, qui menait une offensive en Italie du Nord contre l'Autriche et le Piémont-Sardaigne, établit avec cette république-soeur un État vassal de la France qui rassemble les différents États du Nord de l'Italie. De ce fait, et pour des raisons stratégiques, Napoléon pousse la Confédération vers un processus révolutionnaire afin d'établir un pont entre la France et ses nouvelles zones d'influence en Italie.

Jusqu'à la chute de Louis XVI, les relations entre la France et la Confédération étaient restées excellentes, d'autant que cette dernière accueillait les réfugiés politiques fuyant la France et était devenue un véritable havre de la contre-révolution. Le retour au pays de presque tous les soldats et officiers de la garde suisse, après la prise des Tuileries le 10 août 1792, et la relation qu'ils font des événements parisiens, contribuent encore à détériorer l'opinion des bourgeois et aristocrates de la Confédération à l'égard de la Révolution. Inversement, une multitude de patriotes s'enfuient de Suisse après 1789, particulièrement des districts vaudois vassaux de Berne. L'agitation entretenue par les Émigrés français dans la Confédération fournit à la France un nouveau motif pour encourager un changement politique durable qui soit conforme à ses vues. En octobre 1797, le traité de Campo-Formio met fin aux guerres de la première coalition. La France obtient toutes les régions du Saint-Empire romain situées sur la rive gauche du Rhin, ainsi que l'annexion de la principauté épiscopale de Bâle, qui devient le département du Mont-Terrible. La France entreprend dans le même temps des pressions diplomatiques sur la Confédération et commence à soutenir financièrement et par la propagande le parti patriote. La France trouve là l'appui des patriotes vivant en exil, et tout particulièrement le Vaudois Frédéric-César Laharpe.

Peter Ochs, grand-maître des corporations à Bâle, portant les attributs d'un « Directeur helvétique »

L'aide française des patriotes dans la Confédération rencontre un écho particulièrement positif dans les parties du territoire qui se considéraient comme les plus défavorisées. Dès 1797, les districts vassaux des Trois Ligues (Grisons) dans la Valteline se rattachent à la République Cisalpine, l'égalité des droits restant exclue pour eux. La sécession des bailliages communs tessinois paraît de même n'être qu'une question de temps. L'émeute gronde dans les districts vaudois assujettis à Berne. La Confédération ne se sent pas en mesure de réagir. Les audiences qui se tiennent à Aarau en décembre 1797 et janvier 1798 ne parviennent même pas à un consensus sur le point d'envoyer une délégation à Paris, de crainte que la France n'exige des réformes politiques de la Confédération. Hormis une supplique des vieilles fédérations et une déclaration apaisante aux autorités communes envisageant de déposer par écrit leurs revendications, aucune décision n'est prise.

Entretemps à Paris, les 8 et 9 décembre 1797, le Directeur français Jean-François Reubell, Napoléon Bonaparte et le Grand-Maître des corporations de Bâle Peter Ochs décident de transformer la Confédération en un État unitaire. Ochs est chargé d'établir un projet de constitution pour la nouvelle république. Il est entendu que c'est aux patriotes suisses de conduire leur propre révolution, la France se bornera à un soutien indirect. Pour engager l'opération, Bonaparte ramène sur Versoix une division de l'armée d'Italie et fait occuper militairement la partie méridionale de l'ancienne principauté épiscopale de Bâle, Moutier, Erguël, Montagne de Diesse et Bienne. Les confédérés de Bienne restent cois. Dans la foulée, la France s'institue protectrice et porte-parole du pays vaudois.

[modifier] La Révolution helvétique 1798

Carte : la Révolution Helvétique et l'intervention française 1797-98 La révolution démarre dans le quartier des pouvoirs politiques à Bâle. A Liestal, un arbre de la Liberté est planté le 17 janvier 1798, et les sujets prennent d'assaut les châteaux et le siège des autorités urbaines. Le gouvernement de la cité abdique et le 5 février se réunit l'Assemblée nationale de Bâle, premier parlement révolutionnaire de Suisse. Vaud, où avait été proclamée dès le 24 janvier une « République Lémanique », se soulève à son tour, ainsi que le Bas Valais. A Fribourg, Berne, Soleure, Schaffhouse et pour finir Zurich, les autorités cèdent face aux revendications de leurs sujets, entreprennent des révisions constitutionnelles et acceptent la souveraineté du peuple et l'égalité des droits campagne-ville comme bases de la Réforme. C'est encore en février que la plupart des bailliages communs[1] et des ci-devant districts dépendants se déclarent « libres » et sont affranchis de leurs cités de tutelle (Bas-Valais et Toggenburg le 1er février, Sax le 5, la République de Saint-Gall-campagne le 14, Lugano, Mendrisio, Locarno et la vallemaggia le 15, Thurgovie le 3 mars, la Vallée du Rhin et Sargans le 5, Werdenberg le 11, l'Argovie, le Freiamt (Beinwil) et Baden du 19 au 28, Léventine, Bellinzone, Blenio et Riviera le 4 avril). En quelques semaines, la vieille Confédération est radicalement transformée. Les différentes ex-autorités communes s'instituent maintenant cantons souverains et sollicitent des treize cantons d'alors d'être admis dans la Confédération. Cependant, le Directoire français ne voulait en aucune façon d'une extension de la Confédération, mais plutôt une république centralisée sur le modèle français. C'est bien ce qui se dégage de la première constitution unitaire présentée par Peter Ochs à la mi-janvier, aussitôt imprimée en France et mise en oeuvre dès le début février dans la Confédération. Cette constitution va provoquer un tollé dans les milieux conservateurs et fédéralistes, qui ironisent sur le « fascicule d'Ochs ».

Carte : projet de réorganisation de la Suisse comme « République helvétique » le 15 janvier 1798. Fête de la réunification de Bâle-ville et -campagne le 20 janvier 1798 autour de l'arbre de la liberté érigé sur la Place du Moutier. L'érection de l'Arbre de la liberté a été perçu dans tous les anciens districts dépendants comme l'acte symbolique de l'affranchissement.

Entretemps, les ci-devant districts-vassaux de Berne dans le Valais sont occupés par les troupes françaises, afin de protéger la République du Léman contre Berne. Le 1er mars, les généraux Brune et Schauenburg retournent leurs régiments du Jura et du Valais contre Berne. L'ordre vient du Directoire, qui percevait cette ville comme le coeur de l'opposition à la Constitution unitaire. La résistance de Soleure est brisée par Lengnau, celle de Berne par Fraubrunnen et Grauholz. La victoire bernoise près de Neuenegg n'a pas de suite. Le 5 mars, les troupes françaises occupent Berne.

[modifier] Affrontements autour de la nouvelle organisation de l'État

(carte) Projet d'une division de la Suisse en trois Républiques (16 au 19 mars 1798 - Guillaume Brune). De janvier à mars 1798, une lutte complexe s'engage sur la question de la nouvelle constitution de la Suisse. A côté de la constitution unitaire promulguée depuis Paris, bien d'autres projets circulent dans les cantons, prévoyant plus ou moins d'autonomie pour ceux-ci. C'est dans ces conditions que le Directoire ordonne le 27 janvier au général Brune de partager la Confédération, en premier lieu pour sécuriser les liaisons entre la France et l'Italie du Nord par les cols du Simplon et du Grand Saint-Bernard. Brune fonde donc le 16 mars la République Rhodanienne qui se compose du Valais, de Fribourg, des Lacs et de l'Oberland bernois, du Valais et du Tessin. La capitale en serait Lausanne. Le reste de la Confédération formerait deux Etats : la République helvétique réunissant douze cantons, capitale Aarau, et le Tellgau, constitué de la Suisse intérieure et des Grisons. Sur l'intervention de Laharpe à Paris, le Directoire renonce cependant à ce plan de partage, de sorte que Brune l'invalide le 22 mars. Le commissaire du gouvernement français Marie Jean François Philibert Lecarlier annonce par conséquent le 28 mars que le projet parisien de constitution helvétique n'est pas négociable et ordonne la mise en place immédiate de la République helvétique. Le 12 avril, sous la pression de l'occupant français, 121 députés sont réunis à Aarau, qui représentent les cantons d'Argovie, de Bâle, Berne et Fribourg, du Léman, de Lucerne, de l'Oberland, ainsi que Schaffhouse, Soleure et Zurich. Cette assemblée fonde le nouvel État unitaire. Les cantons de l'intérieur et de l'Est refusent d'y adhérer. On choisit le vert, le rouge et le jaune comme couleurs nationales. Le premier Directoire helvétique -autrement dit le gouvernement- se compose de Johann Lukas Legrand, Pierre-Maurice Glayre, Urs Viktor Oberlin, David Ludwig Bay et Alphons Pfyffer. Par d'habiles manœuvres électorales, les maigres rangs des républicains s'adjugent tous les postes ; mais les patriotes Ochs et Laharpe ne sont pas élus. Ainsi, dès l'origine, la position du Directoire se trouve compromise du fait qu'il n'est pas soutenu par les Patriotes, et que les bonnes relations que ceux-ci entretenaient avec les Français allaient contribuer à saper la politique des Républicains.

«L’or de la Suisse achètera l’Egypte». Caricature française de 1798 sur le financement de la Campagne d'Égypte par le pillage de la Confédération.

Image : La population de la ville de Zurich prête le serment civique à la Constitution helvétique.

On l'a vu, dès la création de la République helvétique, la dissension entre cantons était flagrante puisque ceux du centre et de l'Est étaient absents. Les Landsgemeinde ne voulaient pas sacrifier leur souveraineté, la foule des petits cantons et républiques de Suisse orientale qui avaient obtenu leur émancipation pendant la révolution helvétique tenaient fermement à cette liberté conquise. Quant aux vieilles républiques du Valais et des Trois Ligues, elles ne se considéraient désormais plus liées à la Confédération. Particulièrement dans les secteurs catholiques, sous l'influence du clergé, la population s'opposait à la constitution helvétique dans laquelle on voyait rien moins qu'un "bréviaire du diable", car la liberté religieuse qui y figurait était perçue comme une agression contre l'Église. Enfin, les familles patriciennes craignaient non seulement de perdre leur influence politique, mais aussi leurs revenus, qui provenaient essentiellement des pensions acquises en qualité de mercenaires "Suisses".

(image) Alois von Reding, chef du gouvernement de Schwytz, figure de proue des Fédéralistes.

Sur les instances conciliatrices des envoyés français et des représentants de la République Helvétique, seul Obwald rejoint la République, suivi par les Etats de l'est suisse après un ultimatum de 12 jours du 11 avril 1798. Sur ce, Uri, Schwytz, Zoug et Nidwald passent à l'attaque sous le commandement du chef du gouvernement de Schwytz, Alois von Reding et portent l'assaut jusque dans le Freiamt, vers Rapperswil, Lucerne et par le Col de Brunig. Néanmoins, quand le général Schauenburg passe à la contre-offensive, la résistance est brisée en trois jours. Reding, en dépit de succès militaires, doit concéder une reddition honorable à Rothenthurm le 4 mai 1798. Le 17 mai, la résistance du Valais est brisée de la même manière par les troupes françaises. En juillet et août, les cantons helvétiques de Bellinzone et Lugano peuvent enfin se constituer dans les anciens bailliages communs tessinois.

(carte) Carte historique de la République Helvétique en 1798. Les nouvelles limites cantonales sont imprimées sur une carte plus ancienne. Après la résistance de la Suisse intérieure, le découpage initial des cantons de la République Helvétique est à nouveau revu et corrigé. Les cantons à Landsgemeinde Uri, Schwytz, Zoug, Glaris, Appenzell et Unterwald devaient à l'origine garder leur rang de canton malgré leur modeste population, car on espérait ainsi gagner leur sympathie à la nouvelle constitution. Mais comme il avait fallu les conquérir de vive force, Uri, Schwytz, Zoug et Unterwald sont rattachés au canton de Waldstätten, Glaris et le Sarganserland au canton de Linth et Appenzell avec Saint-Gall au canton de Säntis. Le poids politique des cantons ruraux se retrouve ainsi réduit de 48 à 12 sénateurs et de 40 à 15 représentants dans le Grand Conseil.

(Caricature sur la Révolution helvétique :tandis que la population de Zurich danse autour de l'arbre de la Liberté, les Français font main basse sur le Trésor public (1848).

La République helvétique se heurte d'entrée à un problème majeur avec cette occupation française à qui elle doit tout de même le simple fait d'exister. Le financement des frais d'occupation par les impôts de guerre épuise à l'extrême les possibilités financières de la Suisse : non seulement la France a confisqué toutes les ressources publiques et les stocks des arsenaux de Berne, Fribourg, Soleure, Lucerne et Zurich (pour la seule Berne, cela représente dans les six millions de francs en liquide et 18 millions en obligations), mais il faut encore y ajouter quelques 16 millions de francs à acquitter comme impôt de guerre proprement dit, qui étaient à la charge du patriciat. Au total, la campagne de Suisse allait rapporter -selon les estimations françaises- la somme exorbitante pour l'époque de vingt millions de francs. Et encore, cela n'inclut pas l'hébergement des garnisons, les spoliations, les détournements et pots-de-vin divers...

La majeure partie de ces fonds abonde directement le financement de la Campagne d'Égypte. Le poids de l'occupation est tel qu'il entretient une tension permanente entre le Directoire helvétique et le commissaire de la France, Jean-Jacques Rapinat (sic ! NdT). C'est ce qui amène en juin la révocation des directeurs Bay et Pfyffer et leur remplacement par deux pro-Français, Laharpe et Ochs. Les relations entre la République Helvétique et la France sont formalisées le 19 août 1798 dans un Traité d'alliance entre les deux pays. Les deux États s'engagent à un soutien réciproque défensif et offensif : la neutralité de fait que, sous protection française, la Suisse avait maintenu aux XVIIème et XVIIIème siècles prenait ainsi fin. La France se voit garantir la libre circulation des routes stratégiques à travers le Valais par le Simplon et le long du Rhin et du Lac de Constance, que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix. La France s'engage de son côté à assurer le ravitaillement de la Suisse en sel, à garantir son territoire et sa constitution et -par des conventions secrètes annexes- à lui rattacher le Fricktal, les Grisons et le Vorarlberg. Les troupes d'occupation doivent être retirées trois mois après la ratification du Traité. Après l'échange officiel des titres de ratification, le 19 septembre 1798, la République Helvétique est reconnue diplomatiquement par tous les États alliés de la France ainsi que par l'Espagne.

[modifier] La soumission de Nidwald et la seconde Guerre de Coalition, 1799

(image) L'empereur romain François II, représenté ici en empereur François Ier d'Autriche (1832)

L'empereur du Saint-Empire Romain, François II de Habsbourg, n'a pas reconnu la République Helvétique qui, par le Traité d'alliance était devenue un État vassal de la France. Dès lors, c'est la fuite vers les possessions des Habsbourg de tous les ennemis de la République helvétique, depuis les conservateurs, aristocrates et patriciens, jusqu'à des libéraux, fédéralistes contrariés, qui vont essayer depuis cet exil d'organiser la résistance. L'or des Habsbourg va essentiellement entretenir l'agitation en Suisse orientale. Le plan des Émigrés consistait à inciter les Trois Ligues -qui n'étaient pas encore rattachées à la République Helvétique- à demander la protection impériale contre la France. Dans la foulée, les Suisses se soulèveraient, libèreraient le pays avec le concours des troupes autrichiennes, et l'ordre ancien serait enfin rétabli. Au mois d'août 1798, l'agitation commence à porter ses fruits. Depuis le 12 juillet, chaque citoyen de la République était légalement tenu de prêter serment à la constitution, il devait jurer de servir fidèlement la patrie, la liberté et l'égalité. Dans la quasi-totalité des cantons, les citoyens prêtent ce serment publiquement sans rechigner. Cependant, en Schwytz et Nidwald, échauffée par le clergé et les émigrés, une partie du peuple s'y refuse et c'est ainsi que commence le 18 août une insurrection contre la République, insurrection qui compte bien sur une aide des Habsbourg. Après de vaines tentatives de médiation, des troupes françaises pénètrent pour la seconde fois le 9 septembre en Suisse intérieure, où elles écrasent la résistance avec une extrême férocité (Terreur du Nidwald). Derechef, les quelques privilèges qui subsistaient en Suisse intérieure sont abolis, et en octobre 1798 les Conseils helvétiques sont transférés dans la capitale constitutionnelle, Lucerne.

C'est également au mois d'août que la tension monte d'un cran dans les Trois Ligues. Sous l'influence conjuguée des Habsbourg, de l'Église catholique et des clans patriciens, les Hautes juridictions des Trois Ligues votent le 29 juillet : 11 seulement se prononcent pour un rattachement à la République Helvétique tandis que 34 s'y opposent fermement. 16 souhaitent que le rattachement soit ajourné jusqu'à ce que la situation de la République helvétique soit « clarifiée ». Les Patriotes entreprennent alors, dans les circonscriptions favorables à la Révolution, de planter des arbres de la liberté. Les juridictions de Maienfeld et Malans, une dépendance commune des Ligues, sollicitent même par dérogation leur intégration à la République Helvétique. Le gouvernement des Trois Ligues en appelle aussitôt à l'empereur, et des troupes autrichiennes occupent le pays le 18 octobre 1798. Il ne reste plus alors aux Patriotes qu'à fuir vers la République Helvétique.

(image) Le général français André Masséna Entretemps, en Italie, une guerre a éclaté entre la France et une alliance Piémont-Sardaigne / Royaume de Naples. Fin octobre 1798, la France exige que la République Helvétique mette à sa disposition un corps auxiliaire de 18 000 hommes de troupe. André Masséna, nouveau commandant de l'armée française en Helvétie, rencontre cependant les plus grandes difficultés pour recruter ce régiment, car au même moment les autorités helvétiques sont en train d'essayer de constituer leur propre armée. On ne peut ainsi réunir que 4 000 hommes. En mars 1799, la France engage la Seconde guerre de coalition contre les possessions des Habsbourg. Les généraux français Masséna et Demont occupent les Trois-Ligues et, le 29 mars, un gouvernement provisoire formé des patriotes revenus d'exil sollicite l'annexion à la République Helvétique. C'est chose accomplie le 21 avril.

(image) Le « général-poète » de la République Helvétique, Johann Gaudens von Salis-Seewis

Mars-avril 1799 : la France subit des défaites en Allemagne et Italie, et ce retournement de situation met la République Helvétique dans une situation stratégique difficile. Les troupes de la Coalition progressent simultanément vers les cols alpins du sud, de l'est et du nord. Le 13 avril, les troupes de l'Autriche des Habsbourg occupent Schaffhouse, mais ne franchissent pas encore le Rhin. Les autorités helvétiques s'affairent fébrilement à mettre en place l'armée helvétique et à réunir les moyens financiers nécessaires. Augustin Keller est nommé général de l'armée helvétique, tandis que Johann Gaudenz von Salis-Seewis devient chef de l'État-major général. Quelques 22 000 hommes sont rassemblés jusqu'au 20 avril dans ces régiments qui sont d'ailleurs mal équipés et très inexpérimentés. Le Directoire n'obtient cependant pas encore des Conseils l'autorisation de déclarer la guerre à l'Autriche des Habsbourg, une partie notable d'entre eux continuant à espérer qu'un conflit pourrait être évité.

A l'été 1799, l'approche de l'ennemi encourage les adversaires intérieurs de la République à des insurrections contre-révolutionnaires, d'autant qu'une formation d'émigrés suisses, la Légion de la Vieille Helvétie, placée sous l'autorité d' Alexandre de Rovéréa, a pris place dans les rangs ennemis. On voit ainsi se soulever les cantons de Säntis, Linth, Lucerne, Fribourg, Soleure, l'Oberland et l'Argovie. Dans ceux d'Uri et Schwytz, le peuple se révolte une fois de plus, ainsi que le Tessin et les Grisons, et pour finir le Valais. Le Directoire se trouve une nouvelle fois obligé d'appeler des troupes françaises à la rescousse. Sous le commandement du lieutenant-colonel Nicolas Jean-de-Dieu Soult, celles-ci écrasent rapidement les insurgés. Une fois de plus, de violents combats ravagent des pans entiers du Haut-Valais, d'Urseren et Disentis. Le général Masséna dispose au total en Helvétie plus de 60 000 hommes de l'armée française répartis au long du Rhin. Quant à Soult, il est chargé avec quelque 10 000 hommes d'assurer le maintien de l'ordre à l'intérieur du pays. En face, sur l'autre rive du Rhin, trois armées sont positionnées, soit une centaine de milliers d'hommes sous le commandement de Karl von Österreich-Teschen, Friedrich von Hotze et Heinrich von Bellegarde. Le 30 avril les Autrichiens engagent les hostilités en Suisse. Ils s'emparent d'abord des Grisons, puis de l'est et chassent les Français de Zurich. Après la première bataille aux abords de Zurich, le 4 juin 1799, Masséna doit se replier, tandis que les Autrichiens prennent la Suisse intérieure, le Tessin et le Haut-Valais. Dans les fourgons de l'armée impériale reviennent aussi les Émigrés qui vont tenter de restaurer leur pouvoir perdu dans les contrées « libérées », par exemple le prince-abbé Pankraz Forster à Saint-Gall. Le maître à penser des forces de la Restauration était le juriste d'État bernois Karl Ludwig von Haller. Dans l'un de ses projets déclarés pour réviser la constitution de la Confédération, il envisageait un rétablissement de la souveraineté des Treize cantons et une restauration des districts vassaux. La Confédération devait toutefois disposer d'un pouvoir central plus fort qu'avant 1798. On imagine bien que ces plans ne rencontrent guère d'enthousiasme dans les districts en question, que la révolution avait libérés. Et c'est bien pourquoi le soulèvement tant attendu des « Suisses libres » contre l'occupation française n'aura pas lieu.

(image) l'armée du général russe Souvarov franchit les Alpes. Image de propagande russe (1899)

La perspective angoissante d'un effondrement français plonge la République Helvétique dans une situation très critique. L'armée helvétique se disloque dans la déroute qui suit Zurich, la première bataille. Seules tiennent bon les troupes issues des cantons de Thurgovie, Säntis et Zurich, ceux qui sont occupés par les Autrichiens. Le 25 juin, le Directoire helvétique contraint à la démission Peter Ochs, qui passait pour francophile. Par ce geste, on croit obtenir in extremis de la France comme de la coalition la reconnaissance de la neutralité helvétique. Cependant, dès le 13 août, la situation tourne à nouveau à l'avantage de la France avec la contre-offensive du général Masséna. En l'affaire de quatre jours, il chasse les Autrichiens de la Suisse orientale et prend possession du secteur du Gothard et du Glarnerland. La Coalition échafaude alors une riposte qui consisterait à prendre en tenaille et écraser Masséna. Les généraux russes Korsakov et Souvarov attaqueraient la Suisse par le nord et le sud, tandis que, posté à l'est dans le secteur de Linth, Hotze attendrait l'intervention russe pour frapper à son tour au moment décisif. Sauf que Masséna bouscule la Coalition par une contre-attaque préventive. Les 25 et 26 août, Hotze et Korsakov sont battus, le premier à Schänis, le second à la deuxième bataille de Zurich. Certes, Souvarov réussit, lui, à repasser le Gothard, mais au prix de lourdes pertes, et de plus il doit évacuer Altdorf par les Cols de Pragel et de Panixer, replier ses troupes sur les Grisons encore occupés par l'Autriche. Et finalement, il doit également évacuer les Grisons.

La Seconde Guerre de Coalition a conduit la République Helvétique à l'extrême limite de ses capacités. Certes, après le retour des Français, on replante un peu partout les Arbres de la Liberté, mais l'enthousiasme est bien émoussé non seulement du fait des dégâts considérables occasionnés par la guerre, mais aussi des charges qui frappent une fois de plus le pays. Le général Masséna va ainsi passer l'hiver dans la Suisse de l'est avec toute son armée. Le cas de l'Urserental est particulièrement bien connu, une abondante documentation sur les charges de guerre nous en laisse une idée précise. Pendant l'été et l'automne 1799, les 1034 habitants de la Vallée ont subi le cantonnement de pas moins de 48044 officiers et 913731 soldats des deux camps. Ils y ont laissé pratiquement tout leur bétail, leurs biens et leurs réserves. Par dessus le marché, les récoltes de l'année 1799 sont mauvaises, ce qui aggrave la cherté, la misère et le désespoir dans la population. Quant à la République Helvétique, privée de rentrées fiscales, ses caisses se vident et elle est bien en peine d'apporter quelque aide que ce soit aux cantons dévastés.

[modifier] Le premier coup d'État (8 janvier 1800)

(image) Hans Conrad Escher, de Zurich, un des chefs de file des Républicains

L'ébranlement de la République Helvétique par la seconde Coalition conduit à une scission des partisans de la Révolution. D'un côté les Patriotes, qui se considèrent comme le parti du peuple et s'appuient surtout sur les anciens districts vassaux, c.a.d. les autorités communes. De l'autre, les Républicains qui approuvent certes l'égalité des droits et l'État unitaire, mais représentent plutôt la bourgeoisie intellectuelle et urbaine. A ce titre, ils s'opposent au suffrage universel qu'ils souhaitent remplacer par un suffrage censitaire. Surtout, ils combattent avec acharnement toute tentative du Directoire pour redresser une situation financière bien critique par des prélèvements extraordinaires sur les villes et la bourgeoisie. Étant donné que dans les anciennes villes dirigeantes l'éducation était l'apanage des familles patriciennes, on peut définir les Républicains comme des aristocrates modérés. D'ailleurs, leurs figures de proue étaient toutes issues de la "meilleure société", tels Hans Conrad Escher, Paul Usteri, Albrecht Rengger ou encore Bernhard Friedrich Kuhn.

(image) Paul Usteri, directeur de publication du journal Der Republikaner (Le Républicain)

L'accession de Napoléon au rang de 1er consul, en décembre 1799, modifie le paysage : la France préfère désormais soutenir les Républicains modérés plutôt que les Patriotes radicaux. C'est ainsi que, dès le 7 janvier 1800, les Républicains parviennent à faire passer dans les deux Chambres du Parlement helvétique une décision qui révoque les directeurs Laharpe, Oberlin et Secrétan , mais surtout abroge le Directoire en tant qu'institution.

En lieu et place, on voit s'installer après ce coup d'État une Commission exécutive provisoire où l'on retrouve d'anciens directeurs comme Glayre, Dolder et Savary, l'ancien ministre Finsler tout comme trois représentants des Républicains, Karl Albrecht von Frisching, Franz Müller et Carl Heinrich Gschwend.

L'éviction des Patriotes calme provisoirement le jeu politique. Une amnistie permet aux Émigrés de rentrer au pays, ce qui va évidemment encore renforcer le camp des réactionnaires. Face à la France, la Commission Exécutive défend bec et ongles la neutralité mais aussi l'indemnisation des coûts occasionnés par l'armée française. Du moins, alors que la guerre continue, la République helvétique est-elle épargnée par les combats et obtient-elle à l'été la restitution des territoires de Schaffhouse, du Tessin et des Grisons que la France avait reconquis.

[modifier] Le second coup d'État (7 août 1800)

Depuis le coup d'État, le gouvernement et le Parlement de la République se consacrent quasi-exclusivement à la révision de la Constitution. Divers projets circulent, les uns visant à restreindre les droits civiques par des procédures électorales sophistiquées, à plusieurs degrés, tandis que d'autres veulent au contraire une meilleure représentativité. Patriotes et Républicains ne pouvant s'entendre au Parlement, la Commission Exécutive dissout celui-ci, avec l'aval de la France, le 7 août 1800 et met en vigueur une nouvelle Constitution qui partagera le pouvoir entre un Conseil Législatif de 43 membres et un Conseil Exécutif de 7 personnes. La Commission Exécutive recrute à cette fin 35 conseillers du Parlement dissous, qui rallient eux-mêmes à la cause 8 autres membres. Le nouveau Conseil ainsi constitué élit enfin l'exécutif, qui associe à quelques anciens de la Commission exécutive trois nouveaux venus : Karl Friedrich Zimmermann, Johann Jakob Schmid et Vinzenz Rüttimann.

(image) Napoléon Bonaparte en Premier consul de la République française, lithographie de 1798-99

Depuis le coup d'État de 1800, tous les partis de Suisse manoeuvrent auprès de Paris pour peser sur l'évolution de la République Helvétique. Désormais, les partis s'articulent sur le clivage Unitaires / Fédéralistes. Alors que les premiers préconisent le maintien d'un État centralisé et recrutent chez des révolutionnaires plus ou moins radicaux, les seconds veulent restaurer la souveraineté des cantons et revenir à une souveraineté populaire restreinte au profit des grandes familles. A Paris, le principal porte-parole de ces Fédéralistes était l'ambassadeur français en Helvétie, Karl Friedrich Reinhard, tandis que Pierre-Maurice Glayre représentait le camp des Unitaires et le gouvernement helvétique. En janvier 1801, Albrecht Rengger transmet un projet secret de constitution à Glayre, afin qu'il soit soumis à Napoléon. Certes, cette ébauche reconduisait la forme unitaire de l'État, mais au prix d'une structure institutionnelle bien plus complexe. Les principales innovations résidaient dans la création d'un président de l'exécutif et dans une limitation du droit de vote par un système censitaire. Seulement, Napoléon n'y prêta guère attention, non seulement parce qu'il était à ce moment-là absorbé par la conduite de la guerre, mais aussi parce qu'un gouvernement helvétique trop fort n'aurait pas fait son affaire.

9 février 1801 : la Paix de Lunéville met fin à la Seconde Guerre de Coalition et contraint l'Autriche à reconnaître la République Helvétique. De surcroît certaines clauses annexes et secrètes laissent à la France toute latitude pour intervenir dans la constitution de celle-ci. Quant aux souhaits territoriaux du gouvernement helvétique, ils ne sont pas pris en considération. Par contre, Napoléon se fait céder le Fricktal par l'Autriche, dans l'intention de l'utiliser comme monnaie d'échange avec les Suisses, car il convoite le Valais. En effet, il construit une nouvelle route stratégique par le Simplon pour assurer les positions françaises dans le Nord de l'Italie. Napoléon se réserve même un autre atout pour faire pencher la balance lors des tractations: la France pourrait reconnaître la neutralité de la République Helvétique.

[modifier] La constitution de la Malmaison 1801

(image) Le château de la Malmaison, résidence privée de Napoléon et siège temporaire du gouvernement français 1799–1802

Le 29 avril 1801, Napoléon reçoit dans son château de la Malmaison Pierre-Maurice Glayre et Philipp Albert Stapfer pour s'entretenir avec eux de la future constitution de la République Helvétique. Rapidement, Napoléon rejette le projet du gouvernement helvétique et, après quelques échanges, tend le 9 mai aux deux envoyés son propre projet, qu'il leur enjoint de transmettre comme un ultimatum à leur gouvernement. Cette Constitution dite "de la Malmaison" prenait certes acte de l'unité de la République Helvétique, tout en lui donnant une structure fédérale. A côté du pouvoir central, on prévoyait 17 cantons qui devraient définir leur propre constitution interne. Le pouvoir central se composait d'une Diète fédérale et d'un sénat. La Diète fédérale réunissait 77 représentants des cantons, au prorata de la population. Cette Diète choisissait les 25 sénateurs qui exerceraient à la fois les pouvoirs exécutif et législatif. Deux Landammans présidaient le Sénat; un exécutif restreint de 4 personnes siégeant sous la présidence des deux Landammans tournants. En fait, la Diète fédérale n'intervenait que si un projet de loi du Sénat n'était accepté par plus de 12 cantons.La compétence fédérale incluait la police, la défense nationale, le droit civil et le droit pénal, ainsi que les pouvoirs régaliens traditionnels de la poste, des mines, des douanes et de la monnaie. Les constitutions cantonales n'étaient pas aussi minutieusement encadrées, si ce n'est dans le fait qu'elles auraient à leur tête un gouverneur nommé par un des Landammans. Si on la compare à la première constitution helvétique, la "constitution de la Malmaison" représente clairement une victoire des Fédéralistes. A titre de concession on notera que le canton de Waldstätte éclatait et que l'on retrouvait les 4 cantons originels. En contrepartie, il y avait une "pilule" amère : le Valais ne retrouvait pas son statut de canton mais était destiné à être rattaché à la France. Cependant,le Fricktal, cédé par l'Autriche à la France, devait servir de compensation. En définitive, le suffrage universel se retrouvait réduit au point que l'on fixa un revenu minimum pour être éligible dans les institutions.


(image) Les limites des cantons d'après la constitution provisoire "de la Malmaison".

(image) Pierre-Maurice Glayre, protagoniste des Unitaires de Vaud.

Dans les faits, au bout de quelques jours de délibérations secrètes, le Conseil législatif de la République Helvétique se trouve contraint à entériner le projet de Napoléon. Cependant, les fédéralistes et les conservateurs sont déçus de la nouvelle constitution. Au fond, ils espéraient une restauration plus complète du statu quo d'avant 1798, et en particulier un rétablissement total de la souveraineté cantonale, et même dans le cas des Bernois, la récupération du Vaud et de l'Argovie. Au mois de juillet les cantons élisent leurs propres parlements. Le scrutin est indirect, 100 citoyens actifs élisant un grand électeur. Il était même question de limiter le droit de vote par un cens de 4000 francs, mais ce projet fut bloqué par l'opposition des patriotes. Finalement les constitutions sont adoptées plus ou moins facilement dans la plupart des cantons. Dans les cantons urbains, la principale pomme de discorde est la répartition des pouvoirs entre la ville et la campagne. Les élections à la Diète de la République sont un raz-de-marée des Unitaires, qui remportent presque les deux tiers des 77 sièges. Le reste se répartit entre les Patriotes et quelques conservateurs.

[modifier] Le troisième coup d'État des 27 et 28 octobre 1801

(image) porte-drapeau avec le Tricolore Helvétique

La Diète se réunit pour la première fois le 7 septembre 1801 à Berne et entreprend aussitôt de réviser la Constitution de la Malmaison selon les vues des Unitaires et des Patriotes. Cela exaspère Napoléon, d'autant plus que le Valais se retrouve réintégré parmi les cantons. Appuyés par Paris, les Fédéralistes passent dans l'opposition, de sorte qu'au 17 septembre, les députés de 9 cantons se sont déjà retirés de la Diète. Finalement, à Berne, les 27 et 28 octobre 1801, les Fédéralistes s'emparent du pouvoir par un nouveau coup d'État, avec le soutien du nouvel ambassadeur français en Suisse, Raymond Verninac, et du général Monchoisy, qui commandait l'armée française en Helvétie. La Diète, le Conseil exécutif et le Conseil législatif sont aussitôt dissous, tandis que le pouvoir est provisoirement confié aux fédéralistes Dolder et Savary. Toutes les modifications constitutionnelles sont déclarées nulles, et le Sénat de 25 membres prévu par Napoléon se retrouve constitué presque exclusivement de Fédéralistes. Certes, les Fédéralistes ne pouvaient pas liquider l'État unitaire, mais ils purgent l'administration, à tous ses échelons, des Unitaires et des Républicains. Alois Reding,aristocrate et héros de la résistance en Suisse intérieure, devient Premier Landamman. Quant au second, c'est à l'aristocrate bernois Johann Rudolf von Frisching qu'échoit le titre. Ce duo incarne bien la convergence anti-révolutionnaire chez les élites conservatrices rurales et urbaines. Napoléon refuse de reconnaître le nouveau gouvernement de la République Helvétique. Reding et Frisching représentaient en effet la Suisse aristocratique et avaient par le passé déjà manifesté leur francophobie. Aussi Reding se rend-t-il personnellement à Paris pour porter au Premier consul les desiderata des Fédéralistes. Napoléon le reçoit et se montre même ouvert à certaines de ses requêtes (cession du Fricktal,rattachement des vallées méridionales du Jura à l'Helvétie, créer à nouveau 23 cantons, garantir la neutralité). Mais en contrepartie il exige que six unitaires soient intégrés dans le Conseil restreint.

(image) carte de la République Helvétique avec les limites cantonales selon la Constitution fédéraliste du 27 février 1802.

En dépit de cette concession, Fédéralistes et Conservateurs restent nettement majoritaires. En ce début d'année 1802, le Conseil restreint et le Sénat délibèrent autour d'un projet constitutionnel de David von Wyss, lequel -comme par hasard- avait participé à l'élaboration de la Constitution de la Malmaison. Toutefois, cette nouvelle mouture va plus franchement dans le sens des Fédéralistes. La liberté d'installation est encore limitée, le droit civil remplacé par le droit cantonal et celui des communes, le cens est sensiblement relevé et enfin les pouvoirs législatif et judiciaire nationaux sont transférés aux cantons. Cependant, confronté à une vigoureuse résistance des Unitaires, ce projet est amendé par le Sénat le 27 février 1802.

Les Fédéralistes s'écartant par trop de l'idéal révolutionnaire, Napoléon montre une hostilité croissante à leur encontre, d'autant qu'ils s'obstinent dans la revendication sur le Valais. Cette aversion vise en particulier Alois Reding, qui faisait ouvertement appel au soutien de l'Autriche sur la question valaisane.

[modifier] 17 avril 1802 : Quatrième coup d'État...

Le 2 avril 1802 se déroule un référendum sur le projet de constitution fédéraliste. Ce n'est pas l'ensemble des citoyens, mais seulement les Diètes cantonales qui sont appelées à voter. Ces Diètes ont été constituées dans chaque canton par une commission électorale de 12 personnes à partir d'une liste des citoyens éligibles. La commission est elle-même sélectionnée pour moitié par les autorités cantonales et pour moitié par le Sénat helvétique. Normalement, cette procédure électorale aurait dû conforter le gouvernement, puisque seuls les hommes de confiance des Fédéralistes pouvaient ainsi entrer dans les Diètes. Et pourtant, seuls Appenzell, Baden, Soleure et Zurich adoptent sans réserve la Constitution. La majorité des cantons l'admettent dans le principe, mais tantôt réclament d'autres modifications de taille (Bâle, Berne, Fribourg, Glaris, Schaffhouse, Schwytz et Vaud), tantôt font trainer le vote tant et si bien qu'ils sont hors-délais (Grisons, Uri, Unterwald), sans parler de ceux qui la refusent purement et simplement (Argovie, Lucerne, Saint-Gall, le Tessin, Thurgovie et Zoug). Ce cafouillage scelle la mort du gouvernement fédéraliste.

L'absence de beaucoup de fédéralistes catholiques pour cause de Pâques 1802 offre aux Unitaires l'opportunité de fomenter un nouveau coup d'État. Menés par Bernhard Friedrich Kuhn, 6 membres du Conseil restreint décident alors le 17 avril 1802 un ajournement du Sénat et la réunion d'une convention de notables pour résoudre la question constitutionnelle, cette fois selon les vues des Unitaires. Hirzel, Escher et Frisching démissionnent donc. Quant à Reding, lorsqu'il revient à Berne, il se fait débarquer avec pertes et fracas et il est promptement remplacé par Vinzenz Rüttimann.

[modifier] La Seconde Constitution helvétique - 1802

(image) « La bascule politique »Caricature d'époque : Pendant que le Premier consul, médiateur, amuse les guignols aristo-fédéraux et unitaro-révolutionnaires sur la balançoire politique, il met la main sur la zone stratégique du Valais.

Le 30 avril 1802, comme prévu, l'Assemblée des Notables se réunit pour débattre de la nouvelle constitution. Mais comme Albrecht Rengger et l'ambassadeur français Raymond de Verninac s'étaient déjà entendus sur un projet, il ne restait tout au plus à l'Assemblée qu'à l'amender. Bien entendu, cette prétendue « seconde constitution helvétique » s'alignait complètement sur le projet napoléonien de la Malmaison. Le nombre des cantons était ramené à 18, le Sénat et la Diète étaient reconduits. Un député à la Diète par tranche de 25 000 citoyens, avec un minimum d'un par canton. La procédure électorale est particulièrement tarabiscotée et pour le moins antidémocratique. Chaque canton est doté de deux collèges électoraux, l'un chargé de proposer les candidats, l'autre de les nommer. Les membres de ce dernier collège sont nommés à vie, au début par le Sénat, puis ils coopteront leurs collègues. Quant aux membres du collège qui fera les propositions, seuls y sont éligibles ceux qui disposent d'une certaine propriété foncière.

En pratique, et pour simplifier, les citoyens actifs établissaient une liste de grands électeurs, dans laquelle le Collège consultatif sélectionnait quelques noms pour les soumettre au Collège décisionnaire, lequel nommait les candidats retenus pour un mandat de 5 ans dans la Diète.

Pour l'exécutif, on prévoyait un Conseil exécutif nommés pour 9 ans, comprenant un Landamman, deux gouverneurs et cinq secrétaires d'État. Ces mandats longs étaient censés assurer la continuité.

On déléguait bien quelques compétences aux cantons, mais pas trop pour ne pas affaiblir le pouvoir central : ils pourraient par exemple définir leur propre constitution interne, contrôler l'éducation, payer les ministres du culte et gérer les infrastructures. On parlait aussi de leur concéder à l'avenir quelques compétences en matière juridique.

Le 25 mai, le Conseil restreint soumet à un référendum la Seconde constitution helvétique, incluant une liste de 27 sénateurs. C'est la première fois qu'a lieu une véritable consultation citoyenne sur le territoire de la Suisse actuelle. Tous les citoyens doivent exprimer leur « oui » ou leur « non » dans un délai de 4 jours. Les abstentionnistes seront comptés avec les « oui » en vertu du vieil adage juridique «qui tacet consentire videtur» (« Qui ne dit mot consent »). Artifice très utile : au bout du compte, seize cantons adoptent la Constitution, alors que 72 453 voix seulement s'étaient portées sur le « oui », contre 92 423 sur le « non », simplement parce qu'on a comptabilisé dans les « oui » les 167 172 électeurs qui n'ont pas voté !

Le 2 juillet, le Conseil restreint peut ainsi déclarer adoptée la nouvelle constitution. Dès le lendemain, le Sénat entre en fonction et procède à la formation de l'exécutif. A l'instigation de l 'ambassadeur français, on choisit le fédéraliste Johann Rudolf Dolder comme Landamman. En guise de contrepoids, ce sont deux Unitaires, Rüttimann et Füssli qui deviennent gouverneurs.

Dans l'immédiat, la République fraîchement constituée doit résoudre les litiges les plus urgents avec la France. On peut noter ici que, contrairement à ce qui s'était passé avec Reding, la nouvelle Commission exécutive est tout de suite reconnue par Napoléon. Pour ce qui est du Valais, on trouve un compromis subtil : Napoléon ne parle plus de l'annexer, mais d'en faire une République indépendante du Valais, qui serait placée sous la double protection helvétique et française.

D'un autre côté, la République Helvétique recevrait bien le Fricktal en compensation, mais pas le Sud du Jura et Bielle, comme cela était prévu au départ.

Restent les finances: comment assainir les comptes de la République ? Sur ce point, dès l'abrogation des lois sur les droits féodaux, le 15 septembre 1800, le vieux cens foncier avait bien été remis en vigueur. Sauf que la perception des revenus ne va pas de soi. Les fermiers, premiers concernés, se mobilisent au début 1802 dans certaines parties de la Suisse, et prennent d'assaut les châteaux tout comme ils l'avaient fait en 1798, mais cette fois pour détruire les vieux terriers qui confirmaient les taxes foncières médiévales (Bourla-Papey). Une certaine confusion règne toujours autour de la question du rachat (et à quel prix) des anciennes charges foncières.

[modifier] La désagrégation de la République Helvétique dans la « Guerre des bâtons » (Stecklikrieg)

(image) Le deuxième bombardement de Zurich par l'armée helvétique du général Andermatt (nuit du 12 au 13 septembre 1802)

Telles sont les circonstances critiques dans lesquelles Napoléon annonce le retrait des troupes françaises d'Helvétie. Les historiens ont toujours soupçonné Napoléon d'avoir par là sciemment sabordé la République Helvétique. Il n'est pas exclu, effectivement, qu'il y soit pour quelque chose : parfaitement informé de la situation en Helvétie par ses services secrets, et sachant que la République Helvétique n'allait pas tarder à connaître de sérieuses difficultés, il escomptait qu'elle l'appellerait à la rescousse, ce qui lui permettrait de revenir en « sauveur ». Pour autant, le retrait découlait simplement de la paix de Lunéville, par lequel les grandes puissances avaient clairement convenu de l'indépendance de la République Helvétique. Il y est donc officiellement annoncé le 20 juillet 1802.

Entretemps, les cantons mettent au point leurs constitutions, qui sont même conclues dans ceux d'Argovie, de Bâle, Berne, Fribourg, Soleure, Vaud, Zoug et Zurich. Dans les autres, l'élaboration piétine du fait de l'agitation réactionnaire, à qui le retrait français donne des ailes. Ainsi, au cours des Landsgemeinde d' août en Suisse intérieure, les citoyens réputés pro-helvétiques sont victimes d'une chasse aux sorcières et doivent fuir le pays. Les cantons insurgés en appellent d'ailleurs tout aussi bien à la protection de Napoléon qu'à celle de l'empereur romain-germanique. Et, comme en 1799, leur porte-parole est Alois Reding... Une tentative de médiation par l'ambassadeur français Verninac s'enlise et début août la Commission Exécutive mobilise des troupes, sous le commandement du général Joseph Leonz Andermatt, pour attaquer la Suisse intérieure. L'exemple de celle-ci est suivi, fin août, par Glaris et Appenzell qui restaurent à leur tour la vieille Landsgemeinde. Dans quelques districts des Grisons, on voit se réunir à nouveau les Hautes juridictions. Dans un premier temps, la répression militaire du soulèvement échoue : le 28 août 1802, la petite brigade de 1850 hommes du général Andermatt est repoussée au col de Rengg du Pilat . Il doit se borner à protéger la ville de Lucerne contre les insurgés. Le Conseil exécutif espère alors trouver l'appui de Napoléon pour contrer les adversaires de la République. Pour permettre une médiation, le Conseil exécutif conclut le 7 septembre un cessez-le-feu avec les cantons révoltés.

Seulement, l'impuissance du gouvernement face aux Suisses centraux est patente, et cela encourage tous les ennemis de l'ordre nouveau à monter au créneau, aussi bien les oligarques et patriciens, dépossédés de leurs privilèges et prébendes, que les villes privées de leurs monopoles et corporations.

En août, la résistance s'organise à Zurich contre le gouvernement helvétique tandis que les tensions s'exacerbent entre ville et campagne. Le Conseil exécutif, en nommant Friedrich May commissaire du gouvernement et en envoyant la troupe dans la ville, jette de l'huile sur le feu. Zurich ferme ses portes quand May se présente. Celui-ci réplique en faisant bombarder la ville à deux reprises (les 10 et 13 septembre 1802) par les canons du général Andermatt. En définitive, May accepte au terme de négociations une forme de compromis. Aux termes de celui-ci, May pourrait certes installer sa résidence en ville, à condition qu'aucune troupe -que ce soit de la campagne ou de tout autre régiment helvétique- ne foule le sol de la cité.

Ce compromis boiteux, autant que la résistance exemplaire et déterminée de Zurich sont l'étincelle qui va enflammer le pays. C'est la « Stecklikrieg » ou « guerre des bâtons », une brève guerre civile, qui en septembre et octobre 1802, va précipiter la fin de la République Helvétique. Courant septembre, les cantons de Säntis et Linth se dissolvent en une pléiade de micro-républiques en démocratie directe, gérées par leurs Landsgemeinde. En même temps, les cantons de Thurgovie, Lugano, Zoug, Baden, Argovie, Bâle et Schaffhouse échappent au contrôle du gouvernement. On voit même une armée se former en Argovie, qui marche sur la capitale Berne.

(image) Les principaux leaders politiques de la guerre du Steckli, emprisonnés à la forteresse d'Aarburg, attendent en 1803 le résultat de la médiation napoléonienne.

Entretemps, à Berne, le gouvernement helvétique se délite. Le 14 septembre, quelques sénateurs pro-aristocrates ou fédéralistes, contraignent les membres du gouvernement Dolder, Rüttimann et Füssli à la démission. Ils nomment au poste de Landamman un fédéraliste, l'ex-général bernois Emanuel von Wattenwyl. lequel décline d'ailleurs aussitôt l'offre et passe à l'insurrection. On en est réduit le 16 septembre à reconduire l'ancien gouvernement. Nouveau coup dur pour la République lorsque, le 18 septembre, la Suisse intérieure rompt l'armistice, et sous la conduite d'Alois Reding, les Fédéralistes appellent le pays tout entier à jeter à bas l'Helvétie et à restaurer l'ancienne Confédération.

Le 17 septembre, face à la menace, le gouvernement helvétique lance un appel au secours à Napoléon, garant de la Constitution helvétique. Cela ne dispense pas le gouvernement de devoir évacuer honteusement Berne, deux jours plus tard, quand les troupes insurgées se présentent devant la ville, pour se replier vers Lausanne sous la protection de régiments de Vaud et Berne-campagne, restés fidèles.

A Berne, Bâle, Lucerne, Soleure et Zurich, les vieux conseils aristocratiques se reconstituent et proclament la restauration de l'Ancien régime. Berne invite même l'Argovie à se soumettre à nouveau. Dans un baroud d'honneur, les régiments helvétiques de Vaud et Fribourg tentent une contre-offensive, mais en vain : ils sont défaits à Faoug le 3 octobre 1802 par le général fédéraliste Niklaus Franz von Bachmann.

Le 18 septembre, les cinq cantons de Suisse intérieure invitent leurs homologues et leurs anciens vassaux pour une Diète confédérale à Schwytz. C'est là que, le 30 septembre, une assemblée des députés des cantons de Uri, Schwytz, Unterwald, Glaris, Zoug, Zurich, Berne, Schaffhouse, Fribourg, Soleure, des Grisons, St Gall-campagne et -ville, Thurgovie, Baden et Rheintal déclarent la Confédération reconstituée, et appellent les grandes puissances à la reconnaître. Le sort de la République Helvétique semble alors scellé.

[modifier] Automne 1802 : Napoléon entre en scène

(image) Page de titre de l'Acte de Médiation, 1803

A plusieurs reprises, le gouvernement helvétique a appelé Napoléon à l'aide, jusqu'à requérir finalement une intervention militaire. Son porte-parole à Paris est l'ancien ministre Stapfer . Cependant, Napoléon voulait voir comment évoluait la situation, se gardant bien de jouer les intermédiaires entre un gouvernement légitime et des insurgés. C'est seulement au moment où les Grisons menacent de basculer à nouveau dans l'orbite autrichienne et où l'effondrement de la République helvétique ne fait plus de doute, qu'il sort de sa réserve.

Le 28 septembre, il ordonne donc au général Michel Ney, d'organiser à Genève une intervention militaire en Helvétie. De 25 à 30 bataillons sont mis en ordre de marche simultanément depuis le Valais, la Savoie, de Pontarlier, Huningue et Come. Le 30 septembre Napoléon annonce publiquement par une Proclamation au peuple suisse, qu'il se place en arbitre dans la guerre civile. Il ordonne au Sénat helvétique de se réunir dans les cinq jours à Berne, il dissout en même temps toutes les anciennes instances ou autorités qui s'étaient reconstituées ainsi que toutes les armées. Enfin, le Premier Consul de la République française „invite” le Sénat et les cantons à mandater des délégués à Paris pour y tenir ce qu'il appelle une „Consulta helvétique”. Dans un premier temps, les cantons insurgés et leurs Diètes se refusent à donner suite aux injonctions venues de Paris. Le 25 septembre, ils décident même de restaurer la pleine souveraineté des cantons par une nouvelle constitution.

Ces velléités ne résistent pas à l'entrée effective des troupes françaises en Suisse. Quand elles occupent Berne, Bâle, Zurich et la Suisse intérieure, la Diète doit se résoudre à une auto-dissolution, non sans avoir élevé une protestation de forme. Reding, Hirzel et autres meneurs du soulèvement sont arrêtés et provisoirement incarcérés dans la forteresse d'Aarburg. La contre-révolution aristocratique et fédéraliste est à l'eau.

(image) Karl von Müller-Friedberg, représentant du Sénat helvétique à la Consulta.

La Consulta helvétique est inaugurée le 10 décembre 1802 à Paris. Face à 18 fédéralistes, on trouve 45 députés unitaires. Le Sénat helvétique a mandaté Karl von Müller-Friedberg, Auguste Pidou et Vinzenz Rüttimann. Sinon, à l'exception de Laharpe qui a décliné son élection, on trouve là une représentation de tout ce qui compte dans la République Helvétique.

Dès son discours inaugural, Napoléon trace sans ambages devant les députés médusés les lignes directrices de sa „médiation” : on va mettre en place une constitution fédérale, oui mais dans le respect de l'égalité des droits. D'entrée, la pérennité de la République Helvétique n'est donc pas objet de débat. Les négociations puis l'élaboration des constitutions cantonales et fédérale pour le nouvel État occupent les délégués jusqu'à la fin janvier 1803. C'est enfin le 19 février que Napoléon remet solennellement l' „Acte de Médiation” -en fait une compilation de toutes ces constitutions- au nouveau Landamman de la Suisse, qu'il a nommé lui-même, le fédéraliste Louis d'Affry.

[modifier] La dissolution de la République Helvétique

Après l'intervention napoléonienne, le Conseil exécutif a certes repris théoriquement le contrôle de tout le pays. Dans la pratique, c'est une autre affaire, son action sera entravée jusqu'à la dissolution de la République car les Fédéralistes peuplent l'administration de la plupart des cantons. Le gouvernement va cependant engranger un dernier succès notable en matière de politique extérieure : à la dernière session du Reichstag (Diète) permanent de Ratisbonne, on devait régler la question du dédommagement des princes d'Empire, comme cela avait été convenu à la Paix de Lunéville. On les indemniserait de leurs possessions de la rive gauche du Rhin, annexées par la France, en sécularisant les territoires ecclésiastiques de l'Empire.

Or, cela concerne également la République Helvétique, et doublement, à la fois parce qu'à l'époque des princes ecclésiastiques ou laïcs, des abbayes et diverses fondations de l'Empire possédaient des biens, des droits seigneuriaux et des rentes dans la République Helvétique, mais aussi parce que la République détenait de son côté des droits sur des terres d'Empire. On entame donc les négociations dans l'automne 1802, et fin octobre, il en ressort que la République Helvétique va obtenir Tarasp ainsi que les possessions de l'évêché de Coire, en contrepartie des monastères qu'elle contrôlait dans l'Empire. La République Helvétique devrait solder les autres droits et revenus des États de l'empire en acquittant 40 annuités de revenu. L'intervention diplomatique du gouvernement helvétique, avec l'aide de la France et de la Russie, aboutit à une solution sensiblement meilleure dans la version finale du compromis d'indemnisation, lors du Recès d’Empire du 25 février 1803, puisqu'on obtient en particulier l'abolition sans indemnité de toutes les juridictions et droits féodaux que les anciens États d'empire détenaient sur le territoire de la République helvétique.

L'ultime acte administratif des anciennes autorités sera la ratification par le Sénat de l'Acte de Médiation, le 5 mars 1803. Le 10 mars, le nouveau Landamman, D'Affry, entre en fonction, ce qui met officiellement fin à la République Helvétique.

Dans le découpage classique de l'histoire suisse, on nomme „Médiation” la période qui succède à la République Helvétique, et elle s'étend de 1803 à 1813. Dès lors, la dénomination officielle de la Suisse organisée en fédération d'États sera Confoederatio Helvetica, soit „Confédération Helvétique”.

[modifier] Behörden und Verfassung der Helvetischen Republik 1798

Titelblatt des öffentlich kursierenden Entwurfs der Helvetischen Verfassung von 1798 Titelblatt des öffentlich kursierenden Entwurfs der Helvetischen Verfassung von 1798 Schema der Verfassungsstruktur der Helvetischen Republik Schema der Verfassungsstruktur der Helvetischen Republik Wilhelm Tell, legendärer Freiheitsheld aus der Innerschweiz auf dem Siegel des Kleinen Rates der Helvetischen Republik Wilhelm Tell, legendärer Freiheitsheld aus der Innerschweiz auf dem Siegel des Kleinen Rates der Helvetischen Republik

Die erste Helvetische Verfassung wurde von Peter Ochs entworfen und am 15. Januar 1798 dem französischen Direktorium vorgelegt. Mit einigen Korrekturen durch die Direktoren Merlin und Reubell wurde sie im Februar 1798 gedruckt und in der Eidgenossenschaft veröffentlicht. Sie gilt als die erste moderne Verfassung auf dem Gebiet der heutigen Schweiz. Ochs wollte ursprünglich die Verfassung nur als Entwurf zuhanden einer helvetischen Konstituanten verstanden wissen, auf Intervention des Direktoriums sah schliesslich die Helvetische Verfassung aber eine Revision frühestens nach sechs Jahren vor. Am 12. April 1798 wurde die Verfassung in Aarau von den Vertretern der Mehrheit der Kantone angenommen. Mehrfach wurden Teile der Verfassung später aufgehoben oder suspendiert, so durch die Dekrete vom 5. November 1798, 15. Februar und 18. Mai 1799. Durch den Staatsstreich vom 7. Januar 1800 wurde die Helvetische Verfassung endgültig aufgehoben.

Im Prinzip war die Erste Helvetische Verfassung stark der französischen Direktorialverfassung des Jahres III (1795) nachempfunden. Die ganze Eidgenossenschaft wurde zu einem Einheitsstaat zusammengefasst. Alle Unterschiede zwischen den Kantonen bzw. zwischen herrschenden Orten und Untertanengebieten wurden abgeschafft. Das Staatsgebiet war zwar noch in Kantone eingeteilt; diese besassen jedoch keinerlei Souveränitätsrechte mehr, sondern waren Wahl-, Verwaltungs- und Gerichtskreise. Jeder Kanton wurde von einem Regierungsstatthalter verwaltet, der direkt vom Vollziehungsdirektorium ernannt wurde. Im Sinne der französischen Revolution wurden den Einwohnern der Helvetischen Republik eine ganze Reihe von Grundrechten gewährt, die sie bis dahin noch nie gekannt hatten: Allgemeines freies Wahlrecht, Meinungs- und Pressefreiheit, Religions- und Kultusfreiheit, Handels- und Gewerbefreiheit, Recht auf Privateigentum. Jede Form erblicher Titel oder anderer angeborener Vorrechte wurde verboten. Alle Zehnten, Pfründen und anderen Elemente der Feudalität sowie das Zunftwesen wurden für abgeschafft erklärt. Amtsuniformen einiger helvetischer Beamter Amtsuniformen einiger helvetischer Beamter

Die Exekutive bildete wie in Frankreich ein fünfköpfiges Vollziehungsdirektorium, das bei fünfjähriger Amtsdauer von der Legislative gewählt wurde. Das Direktorium wachte über die innere und äussere Sicherheit der Republik und befehligte das Heer. Ihm stand allein zu, Verhandlungen und Verträge mit dem Ausland auszuhandeln. Es ernannte die Minister der Staatsverwaltung, bestimmte die Statthalter der Kantone und den Präsidenten sowie den Staatsanwalt des Obersten Gerichtshofes. Durch die kantonalen Statthalter beherrschte das Direktorium den ganzen Verwaltungsapparat der Kantone. Das Direktorium besass zudem das Recht, die kantonalen Gerichte und Verwaltungskammern jederzeit aufzulösen und bis zu den nächsten Wahlen provisorisch neu zu besetzen.

Die Legislative, das «Gesetzgebende Korps» wurde durch den 152 Mitglieder zählenden Grossen Rat und den 76 Mitglieder zählenden Senat gebildet. Im Grossen Rat waren die Kantone nach Bevölkerungszahl vertreten, in den Senat entsandte jeder vier Abgeordnete. Das komplizierte Wahlverfahren sah vor, dass das Mandat der Senatoren acht Jahre und das der Grossräte sechs Jahre dauern sollte, wobei der Senat jedes gerade Jahr zu einem Viertel, der Grosse Rat jedes ungerade Jahr zu einem Drittel erneuert werden sollte. Der Grosse Rat hatte nur das Vorschlagsrecht für Gesetze und Beschlüsse, über die der Senat wiederum nur beschliessen durfte. Die Initiative zur Verfassungsrevision lag jedoch beim Senat.

Die Judikative war auf drei Ebenen organisiert: Die Distriktgerichte entschieden über Zivil- und Polizeisachen, die Kantonsgerichte waren die letzte Instanz für Zivilsachen und die erste für Strafsachen und schliesslich fungierte ein Oberster Gerichtshof als Kassationsinstanz für Zivilsachen, als letzte Instanz für Strafsachen. Das Oberste Gericht bildete auch das Verwaltungsgericht. Die Mitglieder des Obersten Gerichts wurden indirekt vom Volk gewählt, der Präsident und der Staatsanwalt vom Direktorium. In den Gerichten der Kantone und Distrikte ernannten die Statthalter die Präsidenten und Staatsanwälte. Das Direktorium konnte weiter alle unliebsamen Kantons- und Distriktgerichte jederzeit auflösen und provisorisch neu bestellen.

Das Bürger- und das aktive Wahlrecht wurde allen Gemeindebürgern der Eidgenossenschaft über 20 Jahren zugesprochen. Sämtliche Standesunterschiede wurden abgeschafft. Auch die Niedergelassenen, Tagelöhner, Hintersassen und Ausländer erhielten das Bürgerrecht, wenn sie zwanzig Jahre an einem Ort gelebt hatten. Im Prinzip galt die Volkssouveränität, die Helvetische Republik war aber nur eine repräsentative Demokratie: Abstimmungen waren aber nur über eine Verfassungsrevision vorgesehen. Bei den jährlich stattfindenden Wahlen erfolgte die Stimmabgabe indirekt. Je 100 Bürger wählten in den Urversammlungen jedes Kantons einen Wahlmann. Die Hälfte der Wahlmänner wurden darauf durch das Los eliminiert. Die andere Hälfte wählte dann als kantonales Wahlkorps die Mitglieder der gesetzgebenden Räte der Republik: Je ein Mitglied pro Kanton an das Oberste Gericht, je vier in den Senat, je acht in den Grossen Rat. Auf Kantonsebene bestimmte das Wahlkorps das Kantonsgericht und die Kantonale Verwaltungskammer. Wikisource

Wikisource: Volltext der Ersten Helvetischen Verfassung (deutsch) – Quellentexte

[modifier] Gebietseinteilung

Die Struktur der Helvetischen Republik bis zum Anschluss Graubündens im April 1799 Die Struktur der Helvetischen Republik bis zum Anschluss Graubündens im April 1799 Die Struktur der Helvetischen Republik nach der Zweiten Helvetischen Verfassung 1802 Die Struktur der Helvetischen Republik nach der Zweiten Helvetischen Verfassung 1802

In der Helvetischen Republik waren die Kantone, die zuvor praktisch souverän waren, zu reinen Verwaltungsgliederungen heruntergestuft. Um die alten Strukturen zu zerschlagen, wurden auch die Kantonsgrenzen neu gezogen. Die ehemaligen Zugewandten Orte Genf, Mülhausen, das Fürstentum Neuenburg, Biel, La Neuveville und Moutier-Grandval sowie die Herrschaft Rhäzüns gehörten nicht mehr zur Helvetischen Republik. Zuerst wurden durch die Helvetische Verfassung 22, dann 20 Kantone geschaffen:

[modifier] Notes et références

  1. Bailliages communs en français, allemand et italien dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.