Yves Velan

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Yves Velan est né le 29 août 1925 à Saint-Quentin (France). C'est un écrivain suisse romand.

Une "recherche fondamentale": c'est ainsi que le critique Ph. Renaud définit le travail du romancier suisse romand Yves Velan.

"Je", son premier roman (1959, Le Seuil), a reçu un accueil chaleureux à sa sortie à Paris; la critique relevait sa nouveauté, tout en le classant dans le "Nouveau roman". Mais Velan allait vite se révéler difficilement classable, réinventant à chaque livre une forme nouvelle: quatorze ans plus tard, avec "La Statue de Condillac retouchée" (Le Seuil), roman difficile, il donnait le pivot de son œuvre, qui apparaissait dès lors comme un système rigoureux malgré la variété des formes, et révélait la très forte cohérence de l'ensemble. Celui-ci se prolongeait avec "Soft Goulag" (1977, Bertil Galland), et un an plus tard avec un pamphlet ("Contre-pouvoir", B. Galland), sorte de volet théorique de l'œuvre, qui précisait les positions idéologiques et esthétiques de l'écrivain. Ce "cycle" romanesque se terminera avec un quatrième roman encore inédit, "Le Narrateur et son Energumène"; il faut y ajouter de nombreuses publications en revues, ainsi qu'un conte, "Le Chat Muche" (1986, Eliane Vernay).

La singularité de l'entreprise, Velan l'a formulée lui-même: son travail est "moins une œuvre qu'une expérimentation, laquelle est repérable à des traces appelées livres". A la base de cette "expérimentation", une question unique où se croisent l'individu et la Cité. Roland Barthes écrivait déjà dans ses "Essais critiques", à propos de "Je": "Tout le paradoxe, toute la vérité de ce livre tient [...] à ce qu'il est à la fois et par le projet même qui le fonde, roman politique et langage d'une subjectivité éperdue". Quant à la jaquette de "La Statue", elle avertissait: "Une psychanalyse dont l'idéologie occupe les détours". Ainsi, à travers des romans radicalement différents les uns des autres, qui à chaque fois interrogent le fait littéraire et renouvellent le genre romanesque, Velan revient inlassablement aux mêmes problèmes: la place du sujet dans la société, les rapports avec l'Autre, la nécessité d'une production culturelle exigeante, qui lutte contre l'uniformisation rampante et joue un rôle de perpétuelle mise en question politique et esthétique.

Références: Pascal Antonietti, "Yves Velan", New York/Amsterdam, Rodopi, 2005