Wouter Basson

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Wouter Basson (surnommé « docteur la mort ») est un cardiologue sud-africain né le 6 juillet 1950. Il travailla pour les services secrets sud-africains dans les années 70 et 80 en tant que chef de du programme bactériologique et chimique.

Il travailla pour le corps médical de l'armée sud-africaine et fut chargé de collecter des informations sur les expériences chimiques et biologiques des pays étrangers.

Fils de policier, médecin et scientifique, il rejoint l'armée sud-africaine.

En 1981, il est encore le médecin du président Pieter Botha quand il est nommé chef du « Project Coast » chargé de développer des armes bactériennes et chimiques et que l'état-major de l'armée sud-africaine présenta comme un « programme défensif ».

Il recruta plus de 200 scientifiques. Il fut chargé par le Bureau de coopération civile (Civil Cooperation Bureau -CCB) de mettre au point des armes chimiques pour mettre hors d'état de nuire des militants anti-apartheid. Le but de ses recherches n'en restait pas moins de trouver un moyen chimique pour endiguer la montée en puissance démographique des noirs (stérilisation des femmes noires et développement de bactérie pour rendre malade ces populations). Il fut ainsi impliqué dans plusieurs attaques et assassinats de militants anti-apartheid. Plus d'une tonne de méthaqualone lui fut ainsi fournie par l'armée. Il concota plusieurs dizaines d'armes mortelles à base de poison comme de l'anthrax dans des cigarettes, du botulinium dans le lait, des tournevis et des parapluies empoisonnés ou du paraboxon dans le whisky.

En 1990, le nouveau président Frederik de Klerk fit stopper la production d'agents chimiques et ordonna leur destruction. Basson se concentra alors sur la production d'agents non interdits par le gouvernement comme l'ecstasy et le Mandrax, abondamment vendus dans les milieux anti-apartheid.

En 1993, l'activité de Basson fait l'objet d'enquêtes internes à l'administration. Le « Project Coast » est alors démantelé. À l'occasion, de nombreuses substances chimiques disparaissent des stocks. L'expert en armes chimiques avait poussé si loin ses recherches qu'il devient une référence pour ses homologues scientifiques du monde entier.

Entre 1993 et 1995, Basson se rend aussi à plusieurs reprises en Libye où il est suspecté avoir vendu des armes secrètes chimiques et bactériologiques.

En 1995, le gouvernement de Nelson Mandela l'engage pour travailler sur le projet « Transnet », une compagnie de transport et d'infrastructure. Il lui est encore confié des missions secrètes. Il est ensuite réintégré comme chirurgien dans l'unité médicale des forces armées.

En 1996, la commission vérité et réconciliation commence à enquêter sur l'activité biologique et chimique des unités de sécurités.

En 1997, Basson tente de quitter l'Afrique du Sud mais il fait l'objet d'une surveillance de la CIA qui intervient auprès du gouvernement sud-africain. Basson est alors arrêté à Pretoria alors qu'il a sur lui de larges quantités d'ecstasy et des documents officiels confidentiels.

La commission vérité et réconciliation suspecta assez vite les anciennes activités de Basson durant les années 80. Il est alors suspecté d'avoir vendu ses connaissances à la Libye et à l'Irak.

Le 31 juillet 1998, Basson comparut devant la Commission. Il refusa de demander l'amnistie.

Son procès commença le 4 octobre 1999 à Pretoria pour 67 charges relevées contre lui incluant possession de drogues, trafic de drogue, fraude, 229 meurtres et conspiration de meurtres, vol. L'accusation présenta 153 témoins.

Le 11 octobre 1999, le juge Willie Hartzenberg annula 6 charges dont celles impliquant la responsabilité de Basson dans la mort de 200 personnes en Namibie au motif que le gouvernement sud-africain n'avait pas la compétence pour poursuivre des crimes commis à l'étranger et que Basson relevait de la loi namibienne d'amnistie de 1989.

Au bout de 18 mois de procès, le nombre de charges relevés à son encontre n'était plus que de 46.

En juillet 2001, Basson commença à présenter sa défense et plaida pendant 40 jours. Son argumentation porta sur la légalité de son action et ses relations avec les services étrangers.

Le 22 avril 2002, au bout de trente mois de procès, 46 chefs d'accusation, 153 témoins à charge et plus de 40 000 documents relatant diverses méthodes d'empoisonnements et d'assassinats, le cardiologue sud-africain est acquitté par le juge Hartzenberg qui lui accorde l'amnistie. L'état sud-africain fit appel devant la Cour suprême qui refusa un nouveau procès.

Basson a continué ensuite à donner des conférences à travers le monde et a fondé son propre cabinet médical au Cap.

En septembre 2005, la cour constitutionnelle jugea que le docteur Basson pouvait être rejugé pour crimes contre l'humanité. Aucune procédure judiciaire en ce sens n'a cependant été engagée dans ce but.

[modifier] Bibliographie

  • Dr la Mort, enquête sur un bio-terrorisme d’État en Afrique du Sud, Favre, 2002 par Tristan Mendès France.
  • Article du Figaro du 28 juillet 2007 intitulé « Wouter Basson, l'obsession de la stérilisation des Noirs » par Caroline Dumay.

[modifier] Liens externes

Autres langues