Voodoo Soup

En publiant coup sur coup Jimi Hendrix :Blues et Jimi Hendrix :Woodstock en 1994, Alan Douglas était revenu dans les bonnes grâces de plus d'un amateur de Jimi Hendrix. C'est un peu contre toute attente qu'il publia en 1995 l'album le plus déconcertant de toute sa carrière de producteur : alors qu'il venait de rééditer de versions remastérisées des trois albums studio du Jimi Hendrix Experience, il écarta The Cry Of Love et décida de lui substituer Voodoo Soup.

Le titre choisi par Douglas a son importance. D'une part, il voulait indiquer que publier First Rays Of The New Rising Sun tel que Jimi Hendrix l'aurait souhaité relevait de l'impossible car l'album est à jamais inachevé. Mais d'autre part, il voulait proposer un album élargissant la base de The Cry Of Love, trop centré à son sens sur le dernier trio de Hendrix. Chaque période post-Electric Ladyland était ainsi représentée, à l'exception du Gypsy Sun & Rainbows. Ce que Jimi Hendrix n'avait pas eu le temps de finir était ainsi remplacé par des sessions plus anciennes : grâce à la continuité conceptuelle de l'œuvre de Jimi Hendrix, la soupe vaudou ne serait ainsi pas indigeste.

Douglas estimait que certains titres étaient datés, ou tout simplement pas assez bons pour figurer dans son recueil. Si l'absence de My Friend pouvait se justifier, plus d'un amateur du guitariste fit un bon au plafond en constatant que Straight Ahead, Astro Man, Dolly Dagger, Earth Blues et Hey Baby (New Rising Sun) avaient été écartés de la sélection. D'autant que Douglas leur substituait des titres d'intérêt mineur en comparaison.

[modifier] Les titres

The New Rising Sun
Belly Button Window
Stepping Stone
Freedom
Angel
Room Full Of Mirrors
Midnight
Night Bird Flying
Drifting
Ezy Ryder
Pali Gap
Message To Love
Peace In Mississippi
In From The Storm

[modifier] L'inédit

Il ne faut pas confondre The New Rising Sun avec Hey Baby (New Rising Sun) : les deux titres n'ont rien à voir. Le morceau qui ouvre Voodoo Soup est un instrumental enregistré aux TTG Studios où Hendrix joue sans doute tous les instruments.^[1] La version présentée par Douglas est sévèrement éditée (le titre approche en fait les neuf minutes) et relève plus de l'ébauche que du produit abouti. Ce voyage sonore avait toutefois un intérêt de taille : celui de faire passer au tiroir-caisse l'amateur ne voulant pas passer à coté d'un inédit du guitariste...

Avec la découverte des crédits de Voodoo Soup, les dents grincent un peu plus : Bruce Gary, le producteur associé de Douglas, a lui-même ré-enregistré les parties de batterie de Stepping Stone et de Room Full Of Mirrors.

Ces overdubs post mortem ne constituent pas le seul élément nous renvoyant au tristement célèbre Crash Landing : la sélection des titres, ainsi que les notes de pochettes militent pour une réhabilitation de ce dernier. Pour autant, la version studio de Message To Love reste toujours aussi inutile 20 ans plus tard. Et si la version non altérée de Peace In Mississippi est supérieure à celle publiée naguère, elle n'en reste pas moins mineure comparée aux titres écartés. On notera d'ailleurs que les deux titres issus des sessions de l'Experience aux TTG Studios sont redevenus inédits.

Sur le reste, il n'y a pas grand chose à rajouter si ce n'est que le mixage n'est pas le même que celui des versions disponibles sur les albums post mortem historiques ou sur First Rays Of The New Rising Sun (où seul le mastering était refait). La guitare lead qui ornemente les couplets de Freedom a une couleur différente, Drifting quelques traits de guitare à l'envers supplémentaires en début de titre, Pali Gap a perdu son introduction et Angel est peut-être moins brute.

[modifier] Un disque étrange

Il explique largement la décision d'Experience Hendrix LLC de lui substituer First Rays Of The New Rising Sun deux ans plus tard. Irrespectueux à bien des égards, mais pourtant loin d'être désagréable à écouter : le matériel utilisé est, il est vrai, la plupart du temps exceptionnel. Cet ultime disque d'Alan Douglas est peut-être celui qui est le plus à l'image de son producteur.