Vissarion Djougachvili

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Vissarion Ivanovitch Djougachvili (en géorgien : ბესარიონ ძე ჯუღაშვილი Bessarion dze Djoughachvili) (Didi-Lilo vers 1850 - Tiflis (Tbilissi) ?, 1890 ou 1909 ?), était le père de Joseph Staline. Son patronyme serait dérivé du village géorgien de Jugaani, d'où sont originaires ses ancêtres.

Sommaire

[modifier] Biographie

On ne sait pas grand chose du père de Staline, puisque les témoignages écrits dans les villages géorgiens sont très rares : la communication orale prédominait. Bezo[1] comme on le surnommait était un homme brutal. Originaire, d'un petit village géorgien, il serait né dans une famille orthodoxe paysanne vers 1850 ; certains auteurs lui donnent des origines ossètes. Son père s'appelait Vano (Ivan) et il avait un frère Georgy.

Le professeur Irémachvili, a déclaré que Vissarion était "un homme inculte et brutal comme tous les Ossètes des hautes montagnes du Caucase". Selon Arsoshvili, il n'aurait pas eu les moyens de payer une taxe et dut déménager pour chercher un emploi. Certains pensent qu'il aurait travaillé dans une fabrique de pavés et d'autres qu'il tenait encore des vignes à Didi-Lilo et qu'il y aurait rencontré Ekaterina Gavrilovna Gueladzé (1858-1937) lors d'une foire aux vins. Ils se marient peu de temps après en 1874.

De cette union, deux de leurs enfants sont morts en bas âge : Mikhail et Georgy : cela affecte profondément la famille. Vissarion s'enivre et bat une femme qui serait de nature volage. A une date indéterminée, ils quittent Didi-Lilo pour s'installer à Gori, un bourg de 6000 habitants, dans la rue Sobornaïa. Vissarion travailla dans la cordonnerie Adelkhanov à Tiflis. Il n'évoqua que très rarement son père, uniquement pour se faire le fils d'un "ouvrier à la cordonnerie de Tiflis". Selon Boris Souvarine, le rattachement de quelques doigts (prouvé) et une main gauche infirme (non prouvé) du dictateur viendrait d'une "hérédité alcoolique". En 1883, il quitta la maison familiale, pour aller vivre à Tiflis.

[modifier] Quand est mort Vissarion ?

Les circonstances et la date précise du décès de Vissarion ne sont pas claires. Une première version, celle de la fille de Staline, Svetlana Allilouieva, explique dans une de ses lettres que son grand-père serait mort dans une bagarre de taverne en 1890 ou en 1909. Une seconde version, officielle et soviétique, prétend qu'il serait décédé d'une mort naturelle en 1906. Ni sa femme ni son fils ne semblent avoir regretté la perte de Vissarion. D'autres éléments viennent encore compliquer l'enquête. Un rapport de police faisant suite à l'arrestion de Staline en 1909 déclare : « Joseph Vissarionovitch Djougachvili est originaire d'une famille géorgienne paysanne. Son père a 55 ans et sa mère s'appelle Ekaterina... ». En 1912, Staline déclara : « papa est décédé et maman vit encore à Gori ».

[modifier] Staline fils illégitime de Vissarion : mythe ou réalité ?

Certains auteurs, en reprenant une série de témoignages, parlent aujourd'hui d'une origine paternelle différente pour Joseph Staline : un prêtre ? le comte Iakov Egnatachvili ? ou l'explorateur Nikolaï Mikhaïlovitch Prjevalski (mort en 1888) ? En 1878, ce dernier prit une convalescence à Gori. Il fut accueilli par un prince local qui lui proposa le service de Ekaterina, femme tombée en plein dénuement suite à la violence de son mari. Nikolaï et Ekaterina restèrent proches longtemps, et après son départ, celui-ci continua à lui envoyer de l'argent.

Plusieurs éléments pourraient faire penser que Vissarion ne fût pas le père naturel de Joseph Staline. D'abord le mystère de la date de naissance du dictateur : pourquoi avoir continué à nier la date de 1878 même lorsqu'il n'avait plus d'ennuis avec la police ? Peut-être pour brouiller tout rapprochement avec une autre paternité ? Joseph fut toujours accueilli chaleureusement dans la famille Egnatachvili, dans laquelle sa mère a été ménagère et nourrice. Staline fit frapper une médaille au nom de Prjevalski et fit venir son "frère" Alexandre Egnatachvili au Kremlin alors qu'il détestait la noblesse. Même si elle reconnaît toujours Vissarion comme son arrière-grand-père, Galina, la petite-fille de Staline a néanmoins reconnu une certaine ressemblance entre Egnatachvili et Staline. La petite-fille de Staline, Nadejda, prétend que la photographie officielle de Vissarion était truquée puisque celui-ci n'avait jamais été photographié, mais on ne peut affirmer cela.

[modifier] Bibliographie

  • Irémachvili, Stalin und die Tragödie Georgiens, Berlin, 1932.
  • R. Medvedev, La Famille du tyran.
  • L. Marcou, Staline : vie privée, Calmann-Lévy, 1996.
  • Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.
  • Staline, dictateur rouge au sang bleu ?, Courrier international, 17-01-2002.

[modifier] Références

  1. Pour certains auteurs, Bézo viendrait d'un dialecte local qui signifierait "saucisson sec". Certains y voient simplement un diminutif du prénom Bessarion (Béso, Bézo)