Valentin Weigel

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Valentin Weigel (1533-1588) fut un penseur mystique allemand (Saxe) et le précurseur de la théosophie[1] allemande.


Il est né de parents catholiques à Hayn près de Dresde. Il étudia à Meissen, Leipzig, et Wittenberg. Il devint pasteur en 1567 à Zschopau, près de Chemnitz. Il termina sa vie dans cette ville où il rédigea paisiblement son œuvre. Par crainte de l'Église, il tenait ses écrits secrets et ne les confiait qu'à des amis sûrs. Il put comme cela continuer à développer ses idées sans être persécuté, comme ce fut le cas de Jakob Böhme. Ses travaux sont consignés dans environ 6000 pages imprimées ou manuscrites. Il administra humblement sa paroisse sans publicité. Ce n'est que par les écrits qu'on a retrouvé après sa mort et qui furent publiés au siècle suivant que l'on prit connaissance des conceptions remarquables qu'il avait développées concernant la nature de l'être humain. Par la suite, Johann Arndt, Gottfried Arnold et Leibniz ont contribué à répandre les idées de Weigel. Son mysticisme est marqué par l'enseignement du mystique alsacien Jean Tauler et par les doctrines de Paracelse, mais il eut aussi comme précurseurs, Sebastian Franck[2] et Caspar Schwenckfeldt[3]. Comme ses deux précurseurs, il met l'accent sur l'approfondissement de la vie intérieure. Pour eux, comme pour lui, ce n'est pas le Jésus dont parle l'Évangile qui importe, mais le Christ qui peut prendre naissance dans les profondeurs de l'âme humaine qui peut l'amener à se libérer de sa nature inférieure et lui montrer le chemin vers l'idéal qu'il doit atteindre.

Weigel éprouve le besoin de se situer exactement vis-à-vis des doctrines religieuses. Et cela l'amène à analyser les fondements de toute connaissance si bien qu'il en arrive à la conviction que tout ce que les choses extérieures peuvent nous apprendre ne peut émaner que de notre propre intériorité. Si l'homme veut connaître le monde sensible, il ne peut demeurer passif et le laisser simplement agir sur lui. Il lui faut être actif et puiser en lui-même la connaissance. La représentation de la chose observée n'éveille la connaissance que dans l'esprit. La connaissance ne pouvant venir du dehors pour le monde sensible, il doit aussi en être de même pour la connaissance des choses spirituelles. Ne pouvant venir de l'extérieur, elle ne peut prendre naissance que dans l'âme. Il n'est donc pas question de révélation venue de l'extérieur, mais d'un éveil intérieur. Pour prendre connaissance du monde extérieur, l'homme doit être actif et aller à la rencontre des objets qu'il veut connaître. Pour la connaissance supérieure, il doit demeurer passif car c'est en lui-même qu'est la représentation de l'objet à connaître. Il doit accueillir en lui son essence. C'est pour cette raison que la connaissance de l'esprit lui apparaît comme étant le résultat d'une illumination venue d'en haut.(illuminisme) Le Verbe divin, le Christ, réside en l'homme et donc point n'est besoin de rechercher Dieu dans la nature comme le fait Paracelse. Le visible naît de l'esprit invisible, et c'est ce dernier qui explique l'activité de la Nature. Ce sont les anges qui engendrent le visible, eux-mêmes étant engendrés par la lumière divine. Pour donner naissance au monde visible, les anges utilisent les quatre éléments, des forces invisibles, qui sont à l'origine de toute matière.

[modifier] Notes

  1. Ne pas confondre cette théosophie avec la théosophie moderne orientalisante de Mme Blavatsky.
  2. Sebastian Franck (1499-1542) théologien et écrivain allemand, fut rejeté des communautés religieuses à cause de l'indépendance de ses points de vue.
  3. Caspar Schwenckfeldt (1489-1561) théologien allemand persécuté pour ses idées.

[modifier] Bibliographie

  • Faivre Antoine, Accès de l'ésotérisme occidental, 2 tomes, Bibliothèque des Sciences Humaines, Editions Gallimard, 1996
  • Steiner Rudolf, Mystique et Anthroposophie, Editions Anthroposophiques Romandes.
  • Gorceix Bernard, La mystique de Valentin Weigel 1533–1588 et les origines de la théosophie allemande, (diss.) Paris 1971