Une messe pour Dracula

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Une Messe pour Dracula (Taste the Blood of Dracula) est un film britannique de Peter Sasdy sorti en 1970. Il fait suite à Dracula et les Femmes réalisé par Freddie Francis en 1968. Quelques plans de la séquence finale de ce dernier sont ici réutilisés en prologue afin d'assurer la continuité.

Pour la quatrième fois, on y retrouve Christopher Lee dans le rôle de Dracula pour le compte de la firme Hammer.

[modifier] Analyse

Pour mieux comprendre la spécificité de ce titre, un petit historique de son élaboration s'impose:

A ce stade de la série, le comédien Christopher Lee ne souhaite plus jouer le personnage de Dracula tel que le conçoivent les studios de la Hammer. S'il doit un jour l'interpréter de nouveau, ce sera -affirme-t-il- dans une adaptation, sinon fidèle, du moins digne du roman de Bram Stoker.

Or le succès phénoménal remporté par le dernier épisode en date, Dracula et la Femmes (1968), n'incite guère les dirigeants de la compagnie à en rectifier la formule. En déclin financier depuis quelques années, en effet, la Hammer, pour qui la série des Dracula devient bientôt le seul filon rentable, est de plus en plus assujettie aux exigences de distributeurs américains pressés d'en exploiter de nouvelles aventures.

Devant le refus catégorique de leur vedette, une nouvelle production est malgré tout mise en chantier, avec le nom de Dracula mentionné dans le titre alors même que ce dernier n'est pas prévu à l'écran (la même technique fut utilisée en 1960 pour Les Maîtresses de Dracula).

Intraitables sur la nécessité que Christopher Lee tienne le rôle, les commanditaires américains menacent de ne plus acheter le film. Pris à la gorge, les responsables des studios finissent par obtenir l'accord de l'acteur après maintes supplications et alors même que le projet est déjà très avancé.

Si le retour de Christopher Lee en assure l'aboutissement, il n'en crée pas moins une nouvelle difficulté : comment l'intégrer dans une intrigue dont la structure dépendait justement de son absence ?

[modifier] Critique

Et c'est tout le problème de ce nouvel opus que d'avoir parachuté à toute force un personnage que rien dans le scénario ne prévoyait. N'intervenant que tardivement dans l'histoire, le héros nocturne n'a en outre guère l'occasion de faire valoir ici ses qualités de vampire.

Motivé par une vengeance peu convaincante, il promène sa sinistre silhouette avec des airs d'ennui, provoquant une série de meurtres paricides, aussi redondante que fastidieuse.

Seule la partie précédant le retour du vampire recèle en fait quelques qualités: la peinture acide d'une bourgeoisie hypocrite et moralement corrompue donne en effet droit à quelques séquences savoureuses. Servi par des acteurs de talent (Geoffrey Keen, Peter Sallis et John Carson), ce trio de quinquagénaires à l'affut de nouveaux frissons forme l'ébauche d'une satire sociale que le film renonce trop vite à étoffer. Autre attrait de ce premier acte: la création par le comédien Ralph Bates du personnage décadant Lord Courtley, éphémère instigateur de la dite messe noire...

Si, côté esthétique, aucun brio véritable ne joue particulièrement en la faveur de Une Messe pour Dracula, la partition musicale de James Bernard, en revanche, s'avère sans doute une des plus belles de sa carrière.

[modifier] Autour du film

  • Suite à un retard dans le distribution de Une Messe pour Dracula sur le territoire français, le film suivant, Les Cicatrices de Dracula, de Roy Ward Baker sortira à peine quelques mois après, dans la même année 1970.
  • L'acteur Vincent Price devait initialement assurer le rôle d'un quatrième bourgeois convié à la messe satanique. Mais le budget trop restreint obligea la production à libérer le comédien de son contrat.
  • L'actrice Linda Hayden jouera plus tard le rôle d'une femme vampire dans Vampira (1974) aux côtés de David Niven.
  • Dans la plupart des copies exploitées du film, de notables coupes furent pratiquées puis ultérieurement corrigées. L'essentiel des coupes concernait la séquence de visite de la maison close par les trois bourgeois.
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