Discuter:Tragédie grecque

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[modifier] Remarques de Chriss1

J'ai retiré de l'article les ajouts signés de Chriss1, non pas qu'ils manquent d'intérêt (au contraire !), mais parce qu'ils ne sont pas rédigés de manière encyclopédique. Il faut donc les réintégrer sous une forme correcte dans l'article. Jastrow| 10 mars 2008 à 09:28 (CET)

Non la tragédie grecque n'est en aucun cas un genre littéraire ! Elle faisait partie d'une tradition orale et ne devait être représentée qu'une seule fois dans le cadre strict d'un concours de la Cité athénienne lors des fêtes dionysiaques (cf. Florence Dupont, L'invention de la Littérature). Elle n'est devenue "oeuvre littéraire", c'est-à-dire institutionnellement destinée à être lue, que lorsque Lycurge, entre 338/7 et 326/7, alors même que l'époque qui avait vu l'apogée des tragédies était morte, fit voter une loi qui "ordonnait d'exécuter en bronze des effigies des poètes Eschyle, Sophocle et Euripide, et de transcrire leur tragédies pour en conserver aux archives la copie dont le secrétaire de la cité devait donner lecture aux acteurs avec défense d'en modifier le texte à la représentation" (P. Vidal-Naquet, citant le Pseudo-Plutarque, Vie de Lycurge, 15, dans sa préface à la traduction par P. Mazon des tragédies grecques). En revanche, au Ve siècle, si la tragédie se présentait comme un assemblage codé et rituel, articulant texte (comme version tragique et personnelle de l'auteur par rapport au mythe de référence, car la tragédie devait toujours se référer aux mythes fondateurs), musique, déclamation, chants, danses, masques, déguisements, acteurs (masculins), choryphée et choeurs, elle n'était conçue que pour une représentation unique dans le cadre d'un concours institutionnel. Ce concours clôturait des festivités rituelles, les Lénéennes fin janvier, et les Grandes Dionysies fin mars. Elle n'était qu'un objet éphémère, sans lendemain, rien d'autre, et surtout pas une oeuvre littéraire.--Chriss1 (d) 10 mars 2008 à 09:06 (CET)
Les "origines" de la tragédie n'expliquent pas la tragédie (Voir P. Vidal-Naquet, J.-P. Vernant, F. Dupont, N. Loraux), cette étoile filante (durée de vie courte, un siècle environ) apparue dans le ciel de la cité athénienne et nulle part ailleurs, l'une ne pouvant survivre à l'autre. J.-P. Vernant écrivit : "Le moment tragique est celui où une distance s'est creusée au coeur de l'expérience sociale des Grecs, assez grande pour, qu'entre la pensée juridique et politique d'une part, les traditions mythiques et héroïques de l'autre, les oppositions se dessinent clairement, assez courte cependant pour que les conflits de valeur soient encore douloureusement ressentis et que la confrontation ne cesse pas de s'effectuer. La situation est la même en ce qui concerne les problèmes de la responsabilité humaine tels qu'ils se posent à travers les progrès tâtonnants du droit. Il y a une conscience tragique de la responsabilité quand les plans humain et divin sont assez distincts pour s'opposer sans cesser pourtant d'apparaître inséparables." (Préface à Mythe et Tragédie en Grèce ancienne, 1972) Dans L'insignifiance tragique (2001), Florence Dupont, considéra que cette analyse "était une belle théorie qu'il ne s'agit pas de renier", proposant cependant de "substituer à la raison historique de la tragédie une raison esthétique" (p. 194). Ma lecture, tout en reprenant ces deux lectures parmi les plus pertinentes, ne se situe pas au même niveau, me réclamant de la psychanalyse (de S. Freud et de J. Lacan) et de la linguistique (de Saussure, Benveniste, Jacobson). Si la tragédie grecque relève encore de l'unarité du mythe, du gonique - avant l'avènement de la science et de la philosophie, du logos -, il m'est effectivement apparu qu'une distance s'était creusée entre le sujet (le mortel) et l'Autre (les Dieux). Cette distance n'existait pas dans lIliade comme dans lOdysée : les Dieux comme les oracles n'y étaient jamais énigmatiques, jamais obscurs. A la différence de la tragédie, le rapport des héros aux dieux était un rapport de transparence et d'évidence. La question d'Oedipe "Ah ! que songes-tu donc, Zeus, à faire de moi ?" était impensable chez les héros homériques. Dans cette question (tragique), je vois tout simplement l'avènement du sujet qui se sépare de l'Autre. Depuis, chaque humain répète cette question et la psychanalyse n'a fait que reprendre le "témoin", c'est tout à son honneur.--Chriss1 (d) 10 mars 2008 à 09:06 (CET)