Tournant de la rigueur

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Le « tournant de la rigueur » désigne le changement radical de politique économique, décidé en mars 1983 par François Mitterrand suite à l’échec du programme commun et à la menace qui pèse sur le Franc ; Laurent Fabius, ministre de l’industrie et de la recherche, met en place une politique de rigueur à partir d’octobre 1983, qu’il continuera comme Premier ministre à partir de juillet 1984 (Gouvernement Laurent Fabius).

Sommaire

[modifier] Nécessité économique

Mis en place à partir de l'élection de François Mitterrand en mai 1981, le Programme commun a été un échec ; la politique économique menée provoque une perte de confiance et à une fuite importante de capitaux.

« Au plan économique, le gouvernement pense réduire le chômage par une politique de relance par la consommation. Cependant, la situation économique se détériore : pour juguler l’inflation, le gouvernement met en œuvre un blocage des prix et des revenus en juin 1982 ; le déficit budgétaire se creuse, et le franc est dévalué trois fois en 1981, 1982 et 1983. Il est impossible d’envisager la poursuite d’une telle politique sans sortir le franc français du système monétaire européen. Mais, avec le soutien de Jacques Delors, ministre de l’économie, le Président Mitterrand décide au contraire le maintien dans les mécanismes de solidarité communautaire. Il faut donc changer de politique économique. Le tournant décisif est pris en mars 1983, avec la politique de rigueur. »[1]

[modifier] Changements économiques

Mitterrand fait le choix de rester au sein du Système monétaire européen (SME), et de réduire le différentiel d'inflation (et de hausse des salaires) français vis-à-vis du partenaire allemand, qui pèse sur la valeur du Franc sur le marché des changes.

Face à la crise et à la situation de « désastre » économique, le président doit revenir sur ses changements économiques de début de mandat ; Pierre Bérégovoy, ministre de l'Économie, des Finances et du Budget du Gouvernement Laurent Fabius, privatise certains secteurs. Les marchés financiers sont partiellement dérégulés. La plupart des entreprises qui ont été nationalisées entre 1981 et 1984 seront privatisées sous le Gouvernement Jacques Chirac entre 1986 et 1988 ; on peut considérer qu’à partir de 1984, la France quitte un fonctionnement économique très étatisé et adopte davantage un fonctionnement d'économie sociale de marché.

[modifier] Impact sur les partis politiques et l'électorat

Dans l'électorat de gauche, le désarroi est grand face à l'échec du programme de la gauche (grands travaux, relance par la consommation). La gauche était sûre de sa réussite et depuis le premier choc pétrolier, cette idée de la superiorité du programme commun et de la politique de gauche s'était même renforcée. La crise économique était censée montrer un certain essouflement du modèle capitaliste. Face à cette même crise, le projet de la gauche se veut une réponse globale, sociale et politique, et non pas uniquement économique comme la réponse proposée par les libéraux, qui ne sera mise en place, initiallement, qu’au Royaume-Uni et aux États-Unis.

L'échec d'un tel projet global de société apparaît dans l'histoire de la France comme une remise en cause d'un pan entier de la culture de gauche (politique de relance, État-providence). Le passage à une culture de gouvernement conduit, du point de vue économique et social, à un réajustement qui crée les "déçus du socialisme"; il sera une des causes de la faiblesse de la gauche au cours des années suivantes.

[modifier] Notes et références

  1. Histoire de l'Assemblée nationale, site de l'Assemblée nationale. Consulté le 6 février 2008

[modifier] Voir aussi