Torpille

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Salle des torpilles du sous-marin Le Redoutable
Salle des torpilles du sous-marin Le Redoutable
Chargement d'une torpille dans le USS Adder (SS-3), l'un des premiers sous-marin américain mis en service en 1903
Chargement d'une torpille dans le USS Adder (SS-3), l'un des premiers sous-marin américain mis en service en 1903
Laché d'une torpille par un Sopwith Cuckoo entre 1916 et 1923
Laché d'une torpille par un Sopwith Cuckoo entre 1916 et 1923

Une torpille est un engin automoteur, se déplaçant sous l'eau et destiné à la destruction de navires de surface ou de sous-marins. Elle peut être lancée depuis un navire de surface, un sous-marin, un avion de patrouille maritime, un hélicoptère ou encore portée par un missile.

Sommaire

[modifier] Historique

A partir de 1825, de nombreuses armes sous-marines sont mises au point [1]. Le terme "torpille" a d'abord inclus les mines, mais rapidement il s'est spécialisé. En 1866, l'ingénieur britannique Whitehead présente la première torpille automobile dont la découverte est attribuée au capitaine de frégate Luppis.

Initialement, la torpille fit son apparition au cours de la guerre de Sécession des Etats-Unis (1861-1865). Elle pouvait être ancrée (actuellement elle serait nommée mine flottante, voir la Bataille de Mobile en exemple) et nommée "torpille dormante", soit être portée par une embarcation au bout d'une hampe. Cette manière d'opérer permit, en 1864, au sous-marin confédéré CSS H.L Hunley de couler le USS Housatonic.

Des navires de surface furent également employés comme plate-formes de tir. Une chaloupe nordiste attaquera ainsi, le 26 octobre 1864, le cuirassé sudiste CSS Albemarle sur la rivière Roanoke. Le sudiste est coulé, entraînant avec lui la chaloupe.

Durant la guerre russo-turque de 1877-1878, le monitor turc Hivzi-Rahman fut coulé le 25 mai à neuf kilomètres en amont de la ville de Bräila, sur le Danube, par les chaloupes Czarewitch et Xenia, munies d'une torpille fixée à leur proue[2].

En 1885, à Shei-Poo, ce sont 2 torpilleurs français qui couleront 2 bâtiments chinois à l'aide de leurs torpilles portées.

Les torpilles ont été très utilisées durant les deux conflits mondiaux et le sont toujours actuellement. Elles sont l'arme principale des sous-marins et de certains navires de guerre. Le lancement de la torpille s'effectue au moyen de tubes lance-torpilles (TLT) ou de rampe de lancement. L'aéronautique navale les utilise également pour la lutte anti-sous-marine (ASM) (le bombardier-torpilleur spécialisé a disparu après la fin de la seconde guerre mondiale).

Le développement après la seconde guerre mondiale de torpilles guidées a permis de les employer également contre les sous-marins. Les torpilles sont alors généralement acheminées par un aéronef (hélicoptère ou avion de patrouille maritime) et larguées dans la zone où le sous-marin est détecté. Les navires de surface possèdent également des torpilles montées au bout de missiles qui permettent de projeter très rapidement une torpille dans la zone où le sous marin est détecté.

[modifier] Description

Les torpilles ont une forme allongée et cylindrique, mesurent typiquement aujourd'hui environ 6 m de long pour 30 à 70 cm de diamètre, pesant une tonne environ. Elles contiennent à l'avant plusieurs centaines de kilogrammes d'explosifs, ainsi qu'un système pyrotechnique incluant un détonateur. À l'arrière la torpille contient un système de guidage, ainsi que le moteur (turbine à vapeur ou moteur électrique). Un jeu de pièces de plomb peut être disposé dans le corps de la torpille pour l'équilibrer. À l'extérieur de la partie arrière, se trouvent les gouvernails et le système de propulsion.
Dans les torpilles d'exercices, l'explosif est remplacé par un poids équivalent.
Plusieurs des éléments d'une torpille peuvent contenir des métaux ou produits toxiques.

[modifier] Fonctionnement

Torpille légère de défense anti-sous-marine Mk-46 tirée depuis un bâtiment de surface
Torpille légère de défense anti-sous-marine Mk-46 tirée depuis un bâtiment de surface

Une torpille se dirige vers son objectif et explose lorsqu'elle détecte la proximité de celui-ci, ou s’il y a impact. Les explosifs qu'elle contient sont conçus pour briser la coque de la cible, et provoquer des voies d'eau. Les torpilles modernes sont les armes marines les plus efficaces mais elles bénéficient d'une portée bien plus faible que les missiles antinavires.

[modifier] Propulsion

Plusieurs systèmes de propulsion sont aujourd'hui utilisés ou en tests. Ces systèmes étant l'objet de secrets technologiques stratégiques, les détails sont difficiles à obtenir. Les caractéristiques d'un système de propulsion sont :

  • la vitesse procurée à la torpille (le milieu liquide pose des problèmes de pénétration à grande vitesse) ;
  • la signature sonore de la propulsion (propulsion à poudre très bruyante, permettant la détection de la torpille).

Les différents systèmes sont :

  • habituellement deux hélices contrarotatives (ce système permet d'éviter que la torpille ne tourne sur elle-même) ;
  • la propulsion à poudre (fusées). En outre, en ménageant une sortie de gaz à partir de sa tête, il est possible d'envelopper la torpille d'une bulle de vapeur, avec pour effet de minimiser les frottements avec l'eau et d'augmenter considérablement la vitesse (facteur 3 à 5, officiellement): c'est ce qu'on appelle la supercavitation. Ce mode de propulsion, mis au point par l'URSS dans les années 1970, équipe aujourd'hui les torpilles de type Shkval pouvant atteindre 400 km/h ;
  • la propulsion magnétohydrodynamique, induisant dans le fluide (l'eau) des forces permettant de contrôler l'écoulement, réduire la pression en tête et la dépression en queue, ainsi qu'éventuellement par réaction une poussée ; ce type de propulsion serait à l'étude ou déjà actif et relève du secret stratégique qu'établissent les États sur leurs recherches militaires.

[modifier] Guidage

Résultat d'un tir d'exercice en 1999 d'un torpille Mk 48 tiré depuis un  sous-marin "Collins" australien sur le HMAS Torrens, un destroyer de 2 700 t.
Résultat d'un tir d'exercice en 1999 d'un torpille Mk 48 tiré depuis un sous-marin "Collins" australien sur le HMAS Torrens, un destroyer de 2 700 t.

[modifier] Guidage primitif

Les première torpilles n'avançaient qu'en ligne droite à profondeur constante. Le lancement devait donc être orienté dans la bonne direction. Elles possédaient néanmoins un système de stabilisation gyroscopique.

[modifier] Guidage autonome

La plupart des torpilles modernes peuvent être complètement autonomes. Elles possèdent un sonar actif et/ou passif et sont capables de se diriger elles-mêmes vers la cible qu'on leur a désignée avant le lancement. D'autres types de torpilles autonomes possèdaient par exemple, et surtout pendant la seconde moitié de la Seconde Guerre mondiale, un capteur acoustique (un sonar passif) qui leur permettait de se diriger vers le bruit émis par les moteurs de la cible. Cependant, il arrivait que ce genre de torpille se vérouille sur le bruit des moteurs du sous-marin lanceur, c'est pourquoi, la procédure standard consistait à plonger à vitesse réduite après un tel tir.

[modifier] Guidage par filoguidage

Une torpille tirée d'un sous-marin peut être filoguidée. Dans ce cas elle déroule derrière elle un câble qui permet à l'équipage du sous-marin de la diriger. Le sous-marin utilise les informations de son propre sonar pour guider l'arme vers son but.

Cette technique de guidage est largement utilisée, car elle est plus fiable et plus flexible que le guidage totalement autonome et robotisé. Les torpilles filoguidées des sous-marins modernes sont aussi capables d'être autonomes (pour le cas où le câble casse ou doit être coupé).

[modifier] Références

  1. amiral Henri Darrieus - capitaine de vaisseau Jean Quéguiner, Historique de la Marine française (1815 – 1918), édition L’ancre de Marine, St-Malo, 1997, 241 p.
  2. Paul Bourde, Russes et turcs : la guerre d'Orient Vol. 1, Edition Librairie de la société, Paris, 1878, 568p. Source : Gallica.
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