Toponymie de Tournai

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La toponymie de Tournai est l'étude des différentes graphies et théories étymologiques du toponyme « Tournai ».

Tournai, ville belge se situant aujourd'hui dans la province de Hainaut, est une cité âgée de plus de 2 000 ans. Ce toponyme a connu de nombreuses graphies au travers des siècles et son origine a fait l'objet de divers études étymologiques plus ou moins sérieuses.

Sommaire

[modifier] Évolution historique des graphies

Icône de détail Article connexe : Histoire de Tournai.

[modifier] Antiquité et Haut Moyen Âge : Turnaco, Turnacum, Tornacum

Détail de la table de Peutinger. Tournai (Turnaco) sur la droite.
Détail de la table de Peutinger. Tournai (Turnaco) sur la droite.

La plus ancienne mention écrite de Tournai se trouve sur la table de Peutinger où la cité y figure comme station postale sous le nom « Turnaco »[1].

[modifier] Moyen Âge classique : Tornai

[modifier] Tournay, Tournaÿ

[modifier] Tournai

[modifier] Théories étymologiques

[modifier] Origine celtique ou gallo-romaine

[modifier] Du celte ou gaulois « turno- » signifiant « hauteur »

Dans un ouvrage de référence consacré au vocabulaire gaulois, Xavier Delamarre attribue le toponyme Tournai comme venant directement du gaulois « turno- » signifiant « hauteur »[réf. insuffisante][2].

Cette théorie est également avancée par Daniel Blampain qui explique que le toponyme latin « Turnacum » a pour origine le terme celte « turn- » signifiant « hauteur » et qu'il s'applique au quartier de la Loucherie où l'on a retrouvé les plus anciennes traces de présence humaine de la cité[3]. L'auteur rappelle cependant la théorie de Maurits Gysseling soutenant que la Belgique actuelle — à l'exception de l'Ardenne — était déjà partiellement germanisée avant l'arrivée des Romains : les toponymes préhistoriques auraient subi une influence germanique[4].

[modifier] Les monnaies « durnaciennes »

L'origine de pièces de monnaie gallo-romaines frappées au nom de « DURNACUS » a fait l'objet d'une polémique durant le XIXe siècle entre ceux qui l'attribuaient à la ville de Tournai et ceux qui l'attribuaient à une ville du territoire éburon ou éduen.

Un collectionneur et spécialiste de l'époque, le marquis Roger de Lagoy, attribue ces pièces à Tournai comme il attribue à Verdun celles portant « VIRODU » et aux Éburons celles portant la légende « EBURO »[5]. Ce classement se conforme au « concert presque unanime » sur la question mais des analyses contraires vont apparaître puisque le marquis de Lagoy révèle que ses pièces sont principalement retrouvées en masse dans le midi[6]. En effet, ces pièces ne sont retrouvées qu'en très faibles quantités dans le nord de la Gaule alors même qu'elles y sont classées ; les principales découvertes se font au contraire dans le midi où on les retrouve en masse[7].

Dans sa Description des médailles gauloises faisant partie des collections de la bibliothèque royale de 1846, Adolphe Duchalais défend l'idée selon laquelle ces pièces doivent être attribuées à une localité du nom de Durnacus située dans le territoire éburon en soulignant que les affixes « dur » et « acum » sont extrêmement fréquents dans les mots d'origine celtique et que Tournai n'est en aucun cas le seul endroit de Gaule qui se soit nommé « Tornacum » ou « Durnacum » puisque « durum » signifie « cours d'eau » et « acum » se traduit par « habitation »[8].

Dans un article de 1865 consacré aux monnaies gallo-romaines attribuées à Tournai et paru dans le 11e tome des « Bulletins de la Société Historique et Littéraire de Tournai », le Comte Georges de Nédonchel défend l'hypothèse tournaisienne de ce qu'il appelle « une nouvelle attaque contre l'opinion que nous défendons » venant de l'édition de 1863-1864 de la Revue numismatique française. Il avance notamment l'ancienneté de la ville de Tournai et la possibilité pour ses chefs de battre monnaie et souligne que les adversaires de l'origine tournaisienne ne savent prouver l'existence d'un lieu nommé Durnacum et que les lieux supposés avoir vu fabriquer ces pièces n'ont pas qualité pour les revendiquer. Il reconnait cependant la validité de l'objection principale à l'hypothèse tournaisienne : on retrouve ces pièces beaucoup plus fréquemment dans la partie centrale de la Gaule plutôt que dans le nord de la France ou en Belgique. Il invoque cependant le fait que les découvertes de ce type en Belgique sont souvent de piètre conservation et fortement oxydées à cause de la forte humidité du sol, ainsi que le soutien de nombreux intellectuels à l'origine tournaisienne[9].

Aujourd'hui, ces pièces sont sans conteste attribuées à la vallée du Rhône et il ne fait désormais aucun doute que les légendes portées sur ces monnaies sont les noms des chefs qui patronnaient ces émissions[5].

[modifier] Origine romaine

[modifier] Fondation légendaire de la cité

Article principal : Fondation légendaire de Tournai.

[modifier] Turris Nervium, Turris Nerviorum ou Turris Neronis

[modifier] Origine germanique

[modifier] Ascendance thuringe

[modifier] Étymologie tudesque ou germanique

Selon les théories étymologiques privilégiant une origine tudesque (c'est-à-dire germanique), Tournai proviendrait de Dornyk ou Doornyk. Sa signification n'est cependant pas unanime.

Ainsi, Adrien Alexandre Marie Hoverlant de Beauwelaere déclare que Doornyk signifie « Voici l'ishme » en tudesque et aurait comme origine le fait que la ville n'était développée que d'un seul côté de l'Escaut et qu'elle était entourée d'un fossé vraisemblablement rempli d'eau[10].

[modifier] Théories anecdotiques

  • Nom dû au nombre de ses tours :

Adrien Alexandre Marie Hoverlant de Beauwelaere écrit en 1805 que, selon certaines personnes, le nom de « Tournay » aurait pour origine Tornacum à cause du nombre important de tours que possèdent la ville. Il juge cependant cette hypothèse comme improbable[10].

[modifier] Évolution de la prononciation

[modifier] Exonymes

Icône de détail Article connexe : Exonyme.

[modifier] Historiographie

[modifier] Chronologie des publications ayant traité du sujet

  • 1805 : Essai chronologique pour servir à l'histoire de Tournay de Hoverlant de Beauwelaere Adrien Alexandre Marie
  • 1840 : Histoire de Tournai et du Tournésis de Alexandre-Guillaume Chotin.
  • 1853 : « Essai historico-philologique sur le nom de Tournai » de Frédéric Hennebert in Mémoires de la Société historique et littéraire de Tournai, tome 1.
  • 1857 : « Mémoire sur l'étymologie historique et l'orthographe des noms des villes, bourgs et hameaux de la province de Hainaut » de Alexandre-Guillaume Chotin in Mémoires et publications, IIe série, tome 4.
  • 1864 : Tournai Ancien et Moderne de Aimé-François-Joseph Bozière.

[modifier] Des recherches teintées de patriotisme local

[modifier] Genèse de la frontière linguistique entre parlers gallo-romains et germaniques

[modifier] L'état de la question

[modifier] Notes et références

  1. Euratlas.net : Mise en évidence de Turnaco sur la table de Peutinger
  2. Delamarre Xavier, Dictionnaire de la langue gauloise, 2008, (ISBN 978-2877723695)
  3. Blampain Daniel (dir.), Le français en Belgique, Duculot et C.F.B., Louvain-la-Neuve, 1997, p. 8, (ISBN 978-2-8011-1126-0), [prés. en ligne] [prés. en ligne].
  4. Blampain Daniel (dir.), ibid, p. 49.
  5. ab Deroc Antoine, Les monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône, Les Belles Lettres, Paris, 1983, p.47-48, [lire en ligne]
  6. Hucher Eugène, « Bulletin Bibliographique » in de Witte Jean et de Longperrier Adrien (dir.), Revue numismatique, IIe série, Tome VIII, Paris, 1863, p. 53-54.
  7. Hucher Eugène, idem
  8. Duchalais Adolphe, Description des médailles gauloises faisant partie des collections de la bibliothèque royale, Paris, 1846, p.207-211, [lire en ligne]
  9. de Nédonchel Georges, Des monnaies gallo-romaines, attribuées à Tournai in « Bulletins de la Société Historique et Littéraire de Tournai », Tome XI, Tournai, 1866, p. 122-138, [lire en ligne]
  10. ab Hoverlant de Beauwelaere Adrien Alexandre Marie, Essai chronologique pour servir à l'histoire de Tournay, Tome I, chez l'auteur Quai des Salines, Tournai, 1805, [lire en ligne].

[modifier] Annexes

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Blampain Daniel (dir.), Le français en Belgique, Duculot et C.F.B., Louvain-la-Neuve, 1997, 530 p., (ISBN 978-2-8011-1126-0), [prés. en ligne] [prés. en ligne].
  • Delamarre Xavier, Dictionnaire de la langue gauloise, 2008, (ISBN 978-2877723695).
  • Deroc Antoine, Les monnaies gauloises d'argent de la vallée du Rhône, Les Belles Lettres, Paris, 1983, 121 p., [lire en ligne]
  • Duchalais Adolphe, Description des médailles gauloises faisant partie des collections de la bibliothèque royale, Paris, 1846, p.207-211, [lire en ligne]
  • Hennebert Frédéric, « Essai historico-philologique sur le nom de Tournai » in Mémoires de la Société historique et littéraire de Tournai, tome 1, Société historique et archéologique de Tournai, 1853, Tournai.
  • Hoverlant de Beauwelaere Adrien Alexandre Marie, Essai chronologique pour servir à l'histoire de Tournay, Tome I, chez l'auteur Quai des Salines, Tournai, 1805, [lire en ligne].
  • Hucher Eugène, « Bulletin Bibliographique » in de Witte Jean et de Longperrier Adrien (dir.), Revue numismatique, IIe série, Tome VIII, Paris, 1863.
  • de Nédonchel Georges, Des monnaies gallo-romaines, attribuées à Tournai in « Bulletins de la Société Historique et Littéraire de Tournai », Tome XI, Tournai, 1866, p. 122-138, [lire en ligne]