Thibaut d'Orléans

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Thibaut Louis Denis Humbert Marie d'Orléans, « Fils de France » et « comte de La Marche », est né à Sintra, au Portugal, le 20 septembre 1948, et est décédé à Bamangui, en Centrafrique, le 23 mars 1983. C’est un prince de sang royal et un écrivain français.

Sommaire

[modifier] Famille

Thibaut d’Orléans est le dernier des cinq fils et des onze enfants du prince Henri d’Orléans (1908-1999), comte de Paris et prétendant orléaniste au trône de France, et de son épouse la princesse franco-brésilienne Isabelle d’Orléans et Bragance (1911-2003).

Ses parrains sont le roi Humbert II d’Italie et la reine Amélie du Portugal.

Contre l’avis de son père, le prince épouse, le 23 septembre 1972, à Édimbourg, en Écosse, la roturière chileno-britannique Marion Gordon-Orr (1941), fille de James Gordon-Orr et de son épouse Mercédès Devia. De cette union naissent deux garçons, dont l’un meurt au berceau :

  • Robert d’Orléans (1976), comte de La Marche.
  • Louis-Philippe d’Orléans (1979-1980).

[modifier] Biographie

Surnommé « P’tit beau » par sa famille, le futur comte de La Marche est, comme ses frères et sœurs, profondément marqué par le caractère froid et autoritaire de son père, le comte de Paris.

En grandissant, le prince marque son opposition au prétendant en se construisant une allure de rebelle (avec cheveux longs et moustaches « à la guérilleros »), en participant aux événements de mai 1968 puis en épousant une roturière de 7 ans plus âgée que lui. Ce dernier geste met particulièrement en colère le comte de Paris qui déclare alors la future descendance de Thibaut d’Orléans « non dynaste » et éloigne ce dernier du reste de sa famille.

L'union du prince Thibaut et de Marion Gordon-Orr est pourtant d’abord heureuse. Il s’agit d’un mariage d’amour et les deux époux font montre d’une forte complicité. Mais comme on ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche et que le comte de Paris refuse d’aider financièrement son fils, les deux jeunes gens se lancent dans différents projets artistico-financiers qui connaissent des succès inégaux. Ainsi, entre 1973 et 1974, le comte et la comtesse de La Marche publient une série de romans historiques qui connaissent, à l’époque, un certain succès de librairie. Mais, plus tard, le couple ouvre une galerie d’art, rue de Nesle, à Saint-Germain-des-Prés, et celle-ci ne tarde pas à faire faillite.

Or, aux soucis financiers s’ajoute la perte douloureuse du deuxième enfant du couple qui meurt brutalement de septicémie en 1980. Ce décès est d'ailleurs suivi d’humiliantes funérailles publiques où le comte de Paris fait savoir à tous qu’il considérait son petit-fils comme inférieur au reste de la famille en refusant de placer son petit corps dans la crypte des Orléans[1] !

Après cet événement tragique, les choses vont de mal en pis dans la vie du prince Thibaut. Dans les mois qui suivent les obsèques de son fils, il est impliqué dans une tentative de vol de tableaux et écroué pour complicité à la prison de Tarbes pendant quatorze mois avant d’être condamné, lors de son procès, à « seulement » un an d’incarcération et d’être donc libéré après l’audience, le 28 juin 1981. Evidemment, l’affaire fait grand bruit et les problèmes du prince Thibaut se retrouvent à la Une de nombreux journaux.

Quelque temps après sa sortie de prison, le comte de La Marche quitte la France pour se rendre en Centrafrique et y organiser des safaris pour de riches touristes. C’est dans ce pays que le prince trouve mystérieusement la mort, le 23 mars 1983. A l’époque, la presse déclare que le prince est décédé d’une « infection foudroyante »[2] ou de l’attaque d’un virus virulant. Pourtant, les analyses réalisées par l’Institut Pasteur écartent définitivement ces deux pistes et la thèse officielle –qui ne s’appuie sur aucune autopsie– parle d’« épanchement péricardiaque volumineux ». Marion d’Orléans et plusieurs de ses beaux-frères et belles-sœurs (dont le prince Jacques) pensent plutôt à un assassinat mais gardent le silence, probablement pour éviter un nouveau scandale.

Toutefois, le 27 décembre 1989, le mystère de la mort du prince Thibaut rebondit après que le procureur de la République a ouvert une instruction contre X pour homicide volontaire sur sa personne. Dans le cadre d’une mise sous écoute téléphonique d’un trafiquant de drogue, l’Office central pour la répression du trafic de stupéfiant a en effet été le témoin d’une conversation entre deux hommes évoquant la mort du comte de La Marche comme un assassinat. Le prince Jacques d’Orléans se constitue alors partie civile pour sa famille et le juge en charge de cette affaire fait exhumer le corps de Thibaut d’Orléans pour pratiquer sur lui un examen autopsique et radiologique. La thèse de l’épanchement péricardiaque est alors totalement abandonnée tandis que les analyses virologiques confirment que le prince n’était atteint d’aucune maladie. Mais finalement, malgré de forts soupçons, le juge n’obtient aucun élément dans son enquête qui accrédite la thèse d’un assassinat et signe, en 1991, une ordonnance de non-lieu. Le mystère de la mort du prince Thibaut reste donc entier.

La dépouille mortelle du comte de La Marche est aujourd’hui enterrée dans la crypte des Orléans, à la Chapelle royale de Dreux. Comme pour le jeune fils du prince, le comte de Paris a refusé, en 1983, de placer son corps au milieu des autres membres de la famille, dans la crypte, et l’a relégué dans une chapelle latérale pour bien souligner sa déchéance. Cependant, l’un des premiers actes du nouveau comte de Paris, Henri d’Orléans (1933-), après son investiture a été de déplacer les dépouilles de son frère et de son neveu afin de les réinstaller aux côtés du reste des Orléans. Le nouveau prétendant orléaniste a également rendu à son neveu survivant, Robert d’Orléans, comte de La Marche, son caractère dynaste. La mesure est certes purement symbolique –et même un peu désuète à une époque où la très grande majorité des Français est loin de souhaiter une restauration– mais elle est au moins honorable d’un point de vue familial.

[modifier] Notes et références

  1. Le jeune prince est alors enterré dans une chapelle latérale et non dans la crypte familiale elle-même
  2. C'est d'ailleurs la thèse dont fait toujours état Georges Poisson dans son livre (voir bibliographie)

[modifier] Œuvres

Le comte de la Marche et son épouse Marion ont coécrit une saga historique publiée sous le titres des Princes du sang :

  • Les Princes du sang, 1, Les Princes du sang 1, Un Château en Bavière, Paris, Tallandier, 1973 (roman également traduit en anglais sous le titre de A Castle in Bavaria par H. Weaver et publié chez William Heinemann en 1977).
  • Les Princes du sang, 1, Les Princes du sang 2, La Mort du petit prince, Paris : Tallandier, 1973
  • Les Princes du sang 2, Le Temps des aventuriers 1, Les Mémoires de Maria, Paris, Tallandier, 1973
  • Les Princes du sang 2, Le Temps des aventuriers 1, Les Temps nouveaux, Paris, Tallandier, 1973
  • Les Princes du sang 3, L'Ombre de la guerre. 1, Le Mariage de Cécilia, Paris : Tallandier, 1974
  • Les Princes du sang 3, L’Ombre de la guerre. 2. L’Amour de Juan, Paris, Tallandier, 1974
  • Les Princes du sang 4, Le Sort des armes, Paris, Tallandier, 1974

Chacun de ces ouvrages a été réédité ensuite en poche chez Presse Pocket.

[modifier] Sources

  • Philippe de Montjouvent, Le Comte de Paris et sa descendance, Du Chaney Eds, Paris, 1998 (ISBN 2913211003).
  • Isabelle d’Orléans, comtesse de Paris, Tout m’est bonheur (t. 1), Editions Robert Laffont, Paris 1978, (ISBN 2-22-100107-9).
  • Isabelle d’Orléans, comtesse de Paris, Tout m’est bonheur, Les Chemins creux (t. 2), Editions Robert Laffont, Paris 1981, (ISBN 2-22-100834-0).
  • Jacques d’Orléans avec la collaboration de Bruno Fouchereau, Les ténébreuses affaires du comte de Paris, Albin Michel, Paris, 1999 (ISBN 2-22-611081-X).
  • Georges Poisson, Les Orléans, une famille en quête d'un trône, Perrin, Paris, 1999 (ISBN 2-26-201583-X).
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