Testament de Louis XVI

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Le testament de Louis XVI fut rédigé le jour de Noël, le 25 décembre 1792.

Le jour de Noël, Louis XVI de France rédigea son testament. En voici quelques extraits ; ils sont le reflet fidèle d'une âme épurée des contingences et des vanités humaines, parvenue au bout de son chemin de croix, d'un homme sans illusion sur ses semblables, mais aussi d'un roi prêt à échanger sa couronne terrestre contre l'auréole des saints:

" Au nom de la très sainte Trinité, du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Aujourd'hui vingt-cinquième jour de décembre mil sept cent quatre vingt-douze, moi Louis, seizième du nom, roi de France, étant de puis quatre mois renfermé avec ma famille dans la Tour du Temple, à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant, avec ma famille, de plus impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause des passions des hommes, et dont on ne touve aucun prétexte ni moyens dans aucune loi existante ; n'ayant que Dieu pour témoin des mes pensées et auquel je puisse m'adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et sentiments".

Après avoir formulé son acte de foi, confirmé qu'il meurt dans l'union de l'Église catholique, apostolique et romaine, il demande à Dieu de lui pardonner ses péchés et, à défaut du confesseur qu'on lui refuse, de recevoir son repentir. Il demande à ceux qu'il aurait offensé par inadvertance, ou auxquels il aurait causé quelque mal de lui pardonner et d'unir leurs prières aux siennes. Puis :

"Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner, de même qu'à ceux qui par un faux zèle ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal (il s'agit ici des émigrés). Je recommande à Dieu ma femme et mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur, qui souffrent depuis longtemps avec moi ; de les soutenir par sa grâce, s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable".

Louis XVI recommande aussi ses enfants à sa sœur, Madame Élisabeth (Élisabeth de France), car il prévoit sans doute la fin prochaine de Marie-Antoinette d'Autriche, à laquelle cet homme admirable demande pardon de tous les maux qu'elle souffre pour lui l'assurant, qu'il ne "garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher". C'est ensuite au dauphin (futur Louis XVII) qu'il s'adresse :

"Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens ; qu'il doit oublier toute haine tout ressentiment, et nommément ce qui à rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des peuples qu'en régnant suivant des lois : mais en même temps qu'un roi ne peut les faire respecter, et faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, Qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire ; et qu'autrement étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile".

C'est ici le plus amer retour sur lui-même, l'analyse succincte, mais fort claire, de son comportement politique, de ses faiblesses. Il recommande également au dauphin, dont il paraît bien espérer malgré tout qu'il lui succèdera sur le trône, restauré, de se souvenir de ceux qui sont morts à son service et de leur famille, de récompenser les fidèles et de pardonner aux ingrats, voire à ceux qui ont trahi la cause de la monarchie.

Parmi ceux qui lui sont restés attachés, il ne peut nommer que quelques personnes, parmi lesquels ses trois défenseurs (Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, François Tronchet et Raymond de Sèze) et Jean-Baptiste Cléry.

"Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardent, les mauvais traitements et les gènes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes : que celles-là jouissent dans leur cœur, de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser !.... Je finis en déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi"