Technique du tango dansé

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Le tango est une danse de bal qui se danse à deux, au cours des milongas. (Cet article traite du tango qui est aujourd'hui le plus pratiqué dans le monde : le tango rioplatense. Pour le tango de salon, voir Le tango en danse de salon et Opposition entre « tango rioplatense » et « tango de salon »)

Le tango une danse d'improvisation, au sens où les pas ne sont pas prévu à l'avance pour êtres répétés séquentiellement, mais où les deux partenaires marchent ensemble vers une direction impromptu à chaque instant, en fonction de la musique, et de l'espace libre sur la piste.

Un partenaire (traditionnellement l'homme) guide le poids du deuxième, lequel suit, en laissant aller naturellement son poids, le corps du premier, sans chercher à deviner les pas.

Il n'existe pas de pas ou séquence conventionnelle qu'il faudrait reproduire, ou apprendre par cœur. Le « pas de base », dit «  salida » , est enseigné aux débutants car il a des vertus pédagogiques, mais il est rarement pratiqué en bal : un danseur qui guide sa partenaire n'a pas de raison d'effectuer cette séquence particulière, et il apprend à ce déplacer sur la piste sans penser aux pas. Les pas ne forment pas des séquences. Chaque danseur danse selon son propre ressenti. Il n'y a pas, et il n'y a pas lieu d'avoir, d'« école » de tango proprement dite. Deux personnes ayant suivi les mêmes cours, pourront avoir des styles très différents.

Sommaire

[modifier] Techniques de bases

[modifier] Abrazo

[modifier] Marche et tours

Le tango est une d'abord une marche. On marche principalement sur les temps forts du rythme. (les temps 1 et 3 de la mesure à 4 temps du tango. le temps 1 de la mesure à 3 temps de la valse.) Lorsque l'on danse un contretemps, la marche s'accélère brièvement (on danse alors sur les temps forts et faibles.)

Ensuite, les tours et les rotations d'un danseur par rapport à l'autre, constituent un deuxième élément structurant du tango. En effet, la structure du déplacement de la femme autour son partenaire, qui s'articule de la manière suivante, est une structure de tour : pas avant, pas coté, pas arrière, pas coté, pas avant, pas coté, pas arrière, pas coté, etc...

[modifier] Guidage/Connexion

Le partenaire qui guide (traditionnellement l'homme), ne guide pas littéralement avec les bras, ni avec les mains, mais avec le buste, avec le poids du corps. Ce guidage qui semble imperceptible vu de l'extérieur, est en fait infiniment plus clair, pour le partenaire qui suit, que s'il était effectué directement avec les bras. De fait, plus le guidage vient de l'intérieur du corps, plus il est naturel, clair et fonctionnel. (Et un danseur qui a « du mal à guider une partenaire » pour quelque raison, aura parfois tendance à « en rajouter avec les bras ».)

[modifier] Improvisation

Les pas ou séquences que l'on apprend sont fait pour être oubliés : Ils ne sont pas destinés à être reproduits et justaposés, mais à être multipliés, mélangés dans un mouvement qui, plus il est inconscient, meilleur il sera.

Mais l'improvisation n'est pas seulement une question d'inspiration, c'est d'abord une question technique : Lorsque l'on débute le tango, ou que l'on est pas trés bien connecté avec sa/son partenaire, on aura tendance à reproduire des séquences de modifs dansés, parfois assez répetitif. Lorsque la qualité du mouvement et de la connexion s'améliore, on est alors capable de danser des motifs plus divers qui se seront de moins en moins répetitifs. A l'extreme, si les danseurs trouvent une connexion ou une fusion ideale, la sensation de l'improvisation pourra parfois être totale.[1]

[modifier] Figures ou pas particuliers

Cette marche improvisée à quatre jambes s'est enrichie au fil du temps

sont apparues ensuite des figures plus complexes, comme les sacadas, boleos[2], barridas, ganchos, colgadas, etc...

[modifier] Barrida

La barrida est une figure consistant à déplacer avec son pied celui de sa partenaire en le faisant glisser sur le sol. En fait, pour de nombreux danseurs contemporains ce n'est pas le pied de l'homme qui guide littéralement le pied de la femme dans ce mouvement, mais le buste, le déplacement naturel du poids du corps qui fait reculer la femme et son pied avec, le pied de l'homme se déplaçant du même mouvement. Le mouvement inverse se guide aussi: Cela donne l'illusion que la femme déplace à son tour le pied de l'homme.

[modifier] Chaussures et vêtements

Il n'existe pas de « chaussures de tango traditionnelles », bien que de nombreux vendeurs de chaussures prétendent le contraire. Dans les années 40, le tango se dansait avec les chaussures de ville. En partie parce qu'à l'époque les femmes portait souvent des chaussures à talons, celles-ci sont maintenant synonymes de tango. Si les haut-talons sont pratiques pour les pas en arrières (les femmes marchent souvent en arrière dans le tango), ils le moins pour faire de grands pas en avant ou cotés. Ainsi, les danseuses qui ne sont pas particulièrement amatrices de grands pas peuvent choisir parfois des haut-talons, alors que les danseuses amatrices de grands pas choisissent fréquemment des petits talons. Certaines danseuses débutantes choisissent des hauts-talons pour commencer à danser alors qu'elles ont du mal à marcher avec... Là où certaines danseuses professionnelles dansent même avec des chaussons de danse ou « zapatillas de tango[3] ».

Des vêtements permettant les mouvements libres des jambes sont indispensable. Pour les femmes qui portent des jupes, celles-ci devront êtres assez larges, ou bien, fendues. Il est souvent conseillé de porter des vêtements souples et d'éviter les vêtements empêchant les mouvements lâches des jambes, comme les jeans ou pantalons serrés. Culturellement, la tenue n'a pas d'importance particulière, sauf pour quelques rares amateurs européens. ( Olivier Manoury, bandoneoniste : « Il reste encore quelques "gominés" qui semblent tout droit sortis d’un film de Gardel, mais je pense qu’il y en a davantage en Europe qu’en Argentine. »[4])

[modifier] Styles de tango dits « historiques »

Il est impossible de définir avec précision différents styles de tango, car le tango n'a jamais été une danse figée. (sauf peut-être dans ses formes européanisés dans les années 20, musette ou danse de salon ) C'est une danse par essence très creative ou chaque danseur aura un peu sa propre façon de danser et parfois ses propres pas, Il n'y a donc pas de styles figés et clairement distincts de tango qui auraient chacun leur technique propre et précise, mais plutôt un certains nombres de tendances, historiques ou non, dont la nature et la posture sont plus ou moins définies.

[modifier] Tango canyengue

Historiquement, le style de tango le plus ancien, de caractère populaire, des bas-quartiers.

Telle qu'il est décrit et dansé aujourd'hui, (mais qui peut être assez diffèrent de ce qu'il a été à la naissance du tango [5] ), c'est un tango avec une posture enlacée, le buste de la femme collé sur le flanc de l'homme, la poignée de mains est en bas (au niveau du bassin), les jambes peuvent être très pliées, de manière parfois exagéré. [6] [7]

[modifier] Tango orillero

Terme apparu dans les années 20-30. Danse à caractère populaire et faubourien ( que certains opposent au « tango salon » des salons de Buenos Aires , plutôt danse de riches.), Il est la continuation du tango canyengue, c'est un style joyeux et joueur, dont le vocabulaire s'enrichit (sacadas, ganchos, boleos, etc...)

[modifier] Tango salon

Littéralement, Le tango qui se danse dans les salons de Buenos Aires à l'âge d'or du tango, les années 40. Style doux et élégant, chaque danseur est sur son axe, mais ils peuvent être proches, ou en posture ouverte (c'est à dire, se tenant par les bras, mais sans contact buste à buste ni tète contre tète) En général, les danseurs commencent et finissent proches, et n'ouvrent la posture que pour les pas qui le nécessitent. (A ne pas confondre avec le tango dit « de salon »)

[modifier] Tango fantasia

Le terme « tango fantasia », assez employé autour des années 70/80, définit un style très « scénique » , en posture ouverte, avec des pas souvent complexes, voire des sauts. Le terme est un peu passé de mode aujourd'hui.

[modifier] Le Tango moderne

Tango improvisé de Vincent Morelle et Maryline Lefor. Brussels Festival 2006.
Tango improvisé de Vincent Morelle et Maryline Lefor. Brussels Festival 2006.

Depuis la renaissance du tango, les styles et recherches se confrontent et se mélangent. Deux tendances simples se dégagent - même si elle peuvent bien sûr se mélanger l'une à l'autre au sain d'une même danse - : Le tango « en posture fermée » et le tango « en posture ouverte ».

Certaines expressions perdurent néanmoins, par exemple, certains professeurs ou danseurs d'aujourd'hui se revendiquent du « tango canyengue[8] », ou du « tango salon ». Et le style « tango salon » des années 40 est toujours pratiqué dans de nombreux lieux historiques à Buenos Aires (Villa Urquiza[9], Sunderland,...)

[modifier] Le Tango « en posture fermée » ou « proche »

On appelle aujourd'hui simplement « danser proche » ou « danser en fermé » (ou bien encore « tango serré » (« tango serado »), etc...), le fait que les deux danseurs soit proches, c'est à dire qu'en plus des bras, au minimum les têtes se touchent.

Bien que cette proximité puisse rendre les déplacements difficiles pour les complets débutants sans se marcher sur les pieds, celle-ci rend la connexion entre les danseurs, nécessaire au guidage et à l'improvisation, plus facile, plus directe et évidente. Ainsi, quelque que soit leur style, deux danseurs confirmés qui ne se connaissent pas entameront le plus souvent leurs tango en posture « proche ».

Parfois les danseurs sont enlacés buste contre buste, on parle alors de « tango milonguero » (en temps que style, ce terme est apparu dans les années 90) ou de « tango apilado ». Les plus célèbres représentants de ce tango enlacé sont Tété Rusconi et Silvia[10], Susana Miller. Ce style simple avec peu de figures est très populaire en Europe.

[modifier] Le Tango « en posture ouverte »

Alors que jusque dans les années 1980, les danseurs de bal n'ouvraient la posture que par intermittence pour quelques pas au milieu de la danse (tango salon), ou en tout cas n'ouvraient pas fortement la posture, ou bien alors lors de démonstrations (tango fantasia), un tango en posture très ouverte est apparu dans les bals du monde entier, dans un style organique d'abord influencé par les danseurs du groupe de recherche formé autour de Gustavo Naveira à la fin des années 90. ( Gustavo Naveira [11] , Pablo Veron [12], Fabian Salas, etc...) En Europe, ces danseurs argentins ont influencé des danseurs européen qui, eux même, enseignent aujourd'hui à travers toute l'Europe, et parfois au delà. (Tel que par exemple Vincent et Maryline )

Certains danseurs européens de retour de Buenos Aires - où ils n'ont dansés que dans les milongas du centre ville, centre ville où la plupart des vieux danseurs dansent proche car les pistes sont plus serrées et peuplées - défendent parfois l'idée erronée que le tango de bal authentique se danse seulement en posture fermée. A l'inverse, Certains danseurs de tango en posture ouverte définissent leurs tango comme moderne en utilisant le terme de tango nuevo. (Terme qui est d'origine commerciale, d'abord utilisé par des professeurs de tango sur leurs tracts pour attirer des élèves). Lors d'un interview, le maestro Gustavo Naveira répond ceci :

« Cette discussion qui existe aujourd’hui entre le tango ouvert et le tango fermé est une invention un peu étrange. Lorsque j’ai commencé à danser, je me souviens qu’il y avait des danseurs qui utilisaient différentes formes d’abrazo et l’on ne considérait pas forcement ceux qui dansaient serré (apretado) comme des traditionalistes. Ce n’était pas la seule possibilité, c’était beaucoup plus mélangé. Aujourd’hui on prétend que le tango apretado est le tango traditionnel et que l’autre non. Cette polémique me paraît une invention moderne. » Gustavo Naveira [13]

[modifier] Citations

« On ne connaît pas le fondement structurel et technique du tango. [...] Un danseur classique peut connaître jusqu’au dernier détail du travail de chacun de ses muscles lorsqu’il exécute tel ou tel mouvement. C’est-à-dire qu’il connaît la structure de son mouvement jusqu’aux plus petits détails. Il n’en est pas ainsi pour le tango. On en est encore à discuter si l’on doit ouvrir l’abrazo, qu’elle est la bonne distance, qu’elle est la lecture que l’on doit faire de la technique. Et il y a plus. Il n’y a pas de discussion consistante de quels sont les éléments constitutifs du tango. Dans le fond, on ne sait pas encore ce que l’on est en train de faire. » Gustavo Naveira[14]

[modifier] Notes

[modifier] Liens Internes